Haricot courbé (Candolle, 1882)

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Nom accepté : Phaseolus lunatus L.

Haricot commun
Alphonse de Candolle, Origine des plantes cultivées, 1882
Haricot à feuille d'Aconit

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Haricot courbé. — Phaseolus lunatus, Linné.

Haricot de Lima. — Phaseolus lunatus macrocarpus, Bentham. — Phas. inamœnus, Linné.

Ce Haricot, de même que la variété dite de Lima, est si répandu dans tous les pays tropicaux qu'on l'a décrit, sans s'en douter, sous plusieurs noms 3. Toutes ses formes se rapportent à deux groupes, dont Linné faisait deux espèces. La plus commune maintenant dans les jardins est celle appelée, depuis le commencement du siècle, Haricot de Lima. Elle se distingue par sa

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3. Phaseolus bipunctatus Jacq., inamœnus Linné, puberulus Kunth, saccharatus Mac-Fadyen, etc., etc.


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taille élevée et par la grandeur de ses légumes et de ses graines. Sa durée est de plusieurs années dans les pays qui lui sont favorables.

Linné croyait son Phaseolus lunatus du Bengale, et l'autre forme, d'Afrique, mais il n'en a donné aucune preuve. Pendant un siècle, on a répété ce qu'il avait dit. Maintenant, M. Bentham 1, attentif à ces questions d'origine, regarde l'espèce et sa variété comme certainement américaines ; il émet seulement des doutes sur la présence en Afrique et en Asie comme plante spontanée.

Je ne vois aucun indice quelconque d'ancienneté d'existence en Asie. Non seulement la plante n'a jamais été trouvée sauvage, mais elle n'a pas de noms dans les langues modernes de l'Inde ou en sanscrit 2. Elle n'est pas mentionnée dans les ouvrages chinois. Les Anglo-Indiens l'appellent, comme le Haricot commun, French bean 3, ce qui montre à quel point la culture en est moderne.

En Afrique, elle est cultivée à peu près partout entre les tropiques. Cependant MM. Schweinfurth et Ascherson 4 ne la mentionnent pas en Abyssinie, Nubie ou Egypte. M. Oliver 5 cite beaucoup d'échantillons de Guinée et de l'Afrique intérieure, sans préciser s'ils étaient spontanés ou cultivés. Si l'on suppose l'espèce originaire ou d'introduction très ancienne en Afrique, elle se serait répandue vers l'Egypte et dans l'Inde.

Les faits sont tout autres dans l'Amérique méridionale. M. Bentham cite des échantillons spontanés de la région du fleuve des Amazones et du Brésil central. Ils se rapportent surtout à la grande forme (macrocarpus). Cette même variété est abondante dans les tombeaux péruviens d'Ancon, d'après M. Wittmack 6. C'est évidemment une espèce du Brésil, que la culture a répandue et peut-être naturalisée çà et là, depuis longtemps, dans l'Amérique tropicale. Je croirais volontiers qu'elle a été introduite en Guinée par le commerce des esclaves, et qu'elle a gagné de cette côte l'intérieur du pays et la côte de Mozambique.

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1. Bentham, dans Flora brasil., vol. 15, p. 181.

2. Roxburgh, Piddington, etc.

3. Royle, Ill. Himalaya, p. 190.

4. Aufzählung, p. 257.

5. Oliver, Flora of tropical Africa, p. 192.

6. Wittmack, Sitz. ber. bot. Vereins Brandenburg, 19 déc. 1879.