Fruits (Planchon, 1888)

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Planchon, 1888. Etude sur les produits des Sapotées
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FRUITS COMESTIBLES


Les fruits des Sapotées sont en général comestibles ; il en est même que les habitants des régions tropicales considèrent comme délicieux, et qui sont servis sur les meilleures tables.


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Les Européens, plus délicats sous ce rapport que les indigènes, ne font usage que d'un petit nombre de ces fruits, et les ont transportés un peu partout dans les régions chaudes. — La culture est intervenue souvent pour les modifier plus ou moins ; mais plusieurs peuvent être mangés même à l'état sauvage, et il n'est pas douteux que des essais de culture ne puissent encore accroître le nombre déjà si grand des espèces à fruit comestible.

Les animaux sont souvent friands des fruits des Sapotées. Dans l'Amérique du Sud, c'est une remarque générale que les chauves-souris consomment ceux de bon nombre d'espèces, depuis les Antilles jusqu'au Pérou (P. Sagot, in Litt.). Les fruits des Bassia de l'Inde sont avidement recherchés par les oiseaux, qui les emportent au loin. Au Maroc, les ruminants sont nourris souvent avec la pulpe des fruits de l'Argan, tandis que l'âne ou le mulet les refusent (Schousboe).

Les caractères généraux de ces fruits peuvent être résumés en quelques mots. Ils sont en général très-doux, très-sucrés, dépourvus de toute acidité quand ils sont mûrs. Avant maturité, ils sont plutôt astringents qu'acides. — Le goût est ordinairement peu accentué, souvent même un peu fade, et l'arôme est également assez faible, mais fin et délicat.

La plupart des fruits comestibles des Sapotées restent longtemps très-durs, puis s'amollissent et mûrissent très-rapidement. M. Sagot a pu constater lui-même sur la Sapote Mammée que ces fruits mûrissent parfaitement en quelques jours, sur la paille ou autrement, après avoir été cueillis verts et encore durs. Ceci fait espérer que les navires à marche rapide pourront peut-être apporter ces fruits des Antilles en Europe, surtout s'ils emploient le froid pour les conserver plus longtemps.

Je n'ai pas la prétention de donner ici une liste complète des Sapotées dont le fruit pourrait, à un degré quelconque,


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servir d'aliment, d'autant plus que beaucoup d'arbres utilisés par les indigènes sont encore peu connus sous ce rapport, et que bien des fruits médiocres pourraient être très-modifiés par une culture intelligente et suivie (1).


Chrysophyllum

Les Chrysophyllum L. portent des fruits dont le volume varie depuis celui d'une olive jusqu'à celui d'un gros citron.

La chair en est le plus souvent blanche ou jaunâtre, juteuse, molle, sucrée. On n'y trouve, en général, qu'un seul ou un petit nombre de noyaux.

La plupart sont du Nouveau Monde. Les plus connus pour les qualités alimentaires de leurs fruits sont les suivants :

C. Caïnito L. Très-connu sous les noms vulgaires de Caïmite, Caïmito, ou Caïnito, Star-Apple. Le fruit de cet arbre atteint au moins 12 cent. sur 9 ; arrondi ou ovale, il est recouvert d'une peau de couleur très-variable, rougeâtre, violacée, verdâtre, bleuâtre ou jaune. La chair est ferme, sucrée, rafraîchissante, assez molle pour être mangée à la cuillère, remarquablement parfumée, et ayant quelque analogie avec une pommade à odeur de tubéreuse. (Commandant Masson, in Litt.)

Pour quelques personnes, ce fruit est loin de valoir ceux des Lucuma et des Achras. Ces différences d'opinion peuvent être expliquées par le fait que l'espèce a été fort améliorée par la culture, et que, lorsqu'on sème les noyaux aplatis contenus dans les baies, ou obtient tantôt des variétés excellentes, tantôt des arbres à fruit médiocre.

L'arbre lui-même est très-grand ; il atteint facilement de 15 à 25 mètres.


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(1) Des renseignements assez nombreux m'ont été donnés au sujet des fruits des Sapotées, par des voyageurs qui ont pu faire eux-mêmes l'expérience de leurs qualités ou de leurs défauts. (M. le commandant Masson, ancien gouverneur du Gabon ; M. Sagot, M. J. Triana, ainsi que plusieurs médecins de la marine.)


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Le Caïmitier est donné souvent comme sauvage aux Antilles, à la Guyane, dans l'Orénoque, etc. ; mais, en réalité, on ne connaît pas le type sauvage (1) d'une façon certaine. De Candolle, ne le trouvant mentionné ni dans Pison et Marcgraff, ni dans Hernandez, pense que l'espèce est originaire des Antilles plutôt que du continent américain.

Le nom de Caïnito s'applique aussi au fruit d'une autre Sapotée du Brésil, le Lucuma Caïnito A. DC. (Voy. Lucuma.)

C. glycyphlæum Casar. Bien connu par les propriétés médicinales de son écorce (voy. Monésia), cet arbre porte un fruit de la forme et de la grosseur d'une prune, ellipsoïde et glabre, comestible, mais assez peu estimé.

C. glabrum Jacq., nec Juss., vulgairement Bouis. Arbre de la Martinique, Cuba, Porto-Rico, Saint-Domingue, Saint-Thomas, la Guadeloupe, la Trinité, Saint-Vincent. Fruit d'un goût, dit-on, assez peu agréable, bleuâtre ; forme et grosseur d'une olive.

C. oliviforme Lam. Caïmitier ferrugineux ou marron (d'après Grosourdy). Linné en faisait une variété du C. Caïnito, dont il diffère par les feuilles et les fleurs. Mais le fruit, comestible, varie de la dimension d'une olive à celle d'une datte. Il est moins bon que celui du Sapotillier, mais cependant assez agréable. La Jamaïque, Saint-Domingue.

C. monopyrenum Swartz. Ce n'est pour de Candolle qu'un synonyme du précédent. Le fruit qui porte à la Jamaïque le nom de Damson plum est comestible. Il a l'aspect d'une prune de Damas (2).

C. bicolor Poir. Il porte à la Martinique le nom de Bouis, qui lui est commun avec d'autres espèces (C. glabrum, C. argenteum), et celui de Petit Caïmitier, qu'il partage avec le


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(l) Voy. A. DC., Géogr. bot., t. II, p. 914.

(2) Naudin et von Müller, Manuel de l'acclimateur.


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C. microcarpum. La baie a la dimension d'une grosse datte.

Le nom de bicolor vient d'un jeu de lumière qui fait paraître la face inférieure duveteuse des feuilles mi-partie rougeâtre, mi-partie argentée.

C. argenteum Jacq. Il porte également aux Antilles le nom de Bouis, d'après Naudin et von Müller.- Le fruit, assez petit, a une couleur bleuâtre plus ou moins pourprée. La chair, un peu bleuâtre, est légèrement lactescente.

C. microcarpum Swartz. Il mérite son nom, car le fruit, très-petit, ne dépasse guère le volume d'une petite groseille (A. DC). Ce fruit est de couleur foncée, presque noire, brillante. C'est l'arbre ordinairement appelé dans les Antilles Petit Caïmitier.

C. Macoucou Anbl. Les fruits en sont grands, pyriformes, de couleur orangée. Ils sont mangés à Cayenne et dans toute la Guyane comme fruits de table.

C. albidum G. Don. Ainsi nommé à cause de la couleur blanche des fleurs. Il habite l'Afrique équatoriale et est connu sous le nom de Caïmitier de Guinée. Ile Saint-Thomas, sur la ligne même de l'Equateur, en face de nos établissements du Gabon.

C. africanum A. DC. Il habite sur divers points de Sierra-Leone, et donne des fruits comestibles de grande taille et de bonne qualité.

C. Wakere Panch. et Séb., vulgairement Wakere. Grand arbre de la Nouvelle-Calédonie. Le fruit est ovoïde ; la chair, laiteuse, en est comestible, et mangée surtout par les indigènes.

C. ? Michino A. DC. De l'Amérique méridionale. Les fruits très-agréables, comestibles, sont jaunes en dehors et blancs à l'intérieur.

D'autres Chrysophyllum pourraient sans doute encore être utilisés. Dans les serres de M. Linden s'en trouvaient un certain nombre parmi lesquels un C. lancifolium ? Colombie,


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à fruit de la grosseur d'une pêche, violet, fort estimé. (P. Sagot, in Litt.)

Quant au C. macrophyllum Lam., dont on a souvent vanté le fruit de couleur jaune, c'est un Lucuma, le L. rivicoa Gaertn.


Lucuma

Lucuma Juss. — Les fruits des Lucuma sont des baies allongées, ovoïdes ou globuleuses, parfois fusiformes, dont le péricarpe est plus ou moins épais. Ils sont sucrés, nourrissants, rafraîchissants, souvent un peu fades et pâteux, mais pourtant fort estimés en Amérique.

Leurs propriétés, astringentes avant la maturité, sont parfois utilisées dans leur pays d'origine.

La plupart des Lucuma sont de l'Amérique du Sud et de l'Amérique centrale.

Beaucoup de Lucuma sont connus en Amérique sous le nom de jaune d'œuf. Cette dénomination s'applique pourtant plus spécialemeut au L. rivicoa Gaertn.

L. mammosa Gaertn. Achras mammosa L. C'est l'un des plus connus parmi les arbres fruitiers du genre.

Il porte les noms vulgaires de Grosse Sapote, Sapotille Mammée, Marmelade-tree, Joco-inco ou Joho-inco, Huevo végétal, etc., etc.

On le rencontre à la Jamaïque, à Cuba, dans les environs de Carthagène, dans les Missions de l'Orénoque. Il est probablement originaire de l'Amérique continentale. La culture s'en est aujourd'hui répandue sur quelques points de la région tropicale (Philippines, etc.).

Le fruit est une grosse baie charnue, à écorce rugueuse, couleur de rouille, ne contenant d'ordinaire qu'une seule graine, très-volumineuse. La pulpe rouge de ce fruit a quelque rapport avec la Sapotille, mais le goût en est moins fin, et, en général, on l'estime beaucoup moins ; aussi la mange-t-on surtout cuite, sous forme de marmelade.


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La graine est très-remarquable par sa taille et par le luisant de son testa. Le hile occupe toute la longueur et à peu près 1/6 de la surface. La couleur en est dite ordinairement jaunâtre ; celles que j'ai vues étaient un peu plus foncées, de couleur chocolat.

Cette graine contient de l'amygdaline et une matière grasse (Gaytan).

L. rivicoa Gaertn. ( Chrysophyllum macrophyllum Lam. nec Gaertn.). Vulgairement jaune d'œuf sur les marchés de la Guyane. Ce nom de jaune d'œuf lui vient de l'apparence de la pulpe, jaunâtre, un peu sèche et pâteuse, imitant un jaune d'œuf dur. Cette pulpe est légèrement sucrée et parfumée, mais en somme assez médiocre. Le fruit est rond, du volume d'une petite pomme à peu près. Au centre, est un seul noyau ovoïde, de grosseur assez faible, et fort beau.

L'arbre est de hauteur moyenne. Il est très-abondant sur les côtes de la Guyane (Dr Sagot). On lui donne, au Brésil, une foule de noms vulgaires qu'il serait fort long d'énumérer, et qui varient avec les provinces. L'un des plus connus est celui de Goyaba de Macaco.

L. Caïnito A. DC. (Achras Caïmito R. et Pav., Labatia Caïmito Mart.). Vulgairement Abi, Abiu ou Abi-Iba. C'est un arbre du haut Amazone, des bords du Rio-Negro et du Pérou. Le fruit comestible est estimé. Il est gros comme une petite orange, d'un jaune brillant ; la pulpe en est excellente et rappelle une poire un peu mûre. L'arbre est l'objet d'une culture suivie, dans le pays où il habite et dans tout le Brésil.

L. glycyphlæa Mart. et Eichler. Connu surtout par ses propriétés médicales (Voy. Monésia), il donne aussi un fruit comestible, à chair douce, d'un jaune orangé.

L. obovata Kunth. Il habite les régions tempérées près de Loxa, et est cultivé dans les jardins du Chili, où il porte le nom de Lucuma de Coquimbo. Le fruit, d'après Bonpland, est


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déprimé, globuleux, vert, glabre. (A. DC. Prod.). Dans le haut Amazone, les Indiens le nomment Guitiroba-assu. Peckolt lui attribue la forme et la taille d'une poire, et le déclare délicieux.

L. serpentaria Kunth. Cet arbre, dont le fruit est connu sous le nom de Sapote de Culebra, vit à Cuba et au Mexique, où on le rencontre à l'état sauvage et cultivé comme arbre fruitier. Le fruit est déprimé, globuleux.

L. salicifolia Kunth. Arbre mexicain, à fruit comestible ; on le trouve sauvage et cultivé, ce qui semble indiquer un bon fruit. Certains disent le péricarpe seulement « mangeable. » L'arbre est connu sous le nom de Sapote Borracho, ou Borrecho ; DC. l'a vu représenté sous le nom de Sapote amarillo vel Boracho.

Ce fruit passe dans le pays, pour avoir une action sur le cerveau. (?)

L. prunifolia Benth. (Niemeyera prunifolia F. von Müller). Vulgairement Caïnito d'Australie. C'est un arbre du Queensland, dont le fruit comestible a l'apparence d'une prune.

L. torta A. DC. (Labatia torta Mart.). Ainsi nommé à cause de la forme contournée de son tronc et de ses rameaux, cet arbre donne dans la province de Minas-Geraês, au Brésil, des fruits ovoïdes-globuleux, monospermes, comestibles, connus sous le nom de Grão-de-Gallo.

L. littoralis (1) Mart. Abiù de proia, Tatu. Fruit tout à fait inférieur, astringent, désagréable, mais mangé par le peuple dans le nord du Brésil.


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(1) Pour les fruits des Lucuma du Brésil, voyez Peckolt, Pharm. Journ. and Trans., 12 mai 1888 (abstract of an article published in german in Pharmaceutische Rundschau, jan. and febr. 1888). Les indications qui suivent sur les Lucuma sont empruntées à cet auteur.


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L. marginata Mart. Oaca. Les Indiens en mangent le fruit, qui est très-fade, mais peut être amélioré par la culture.

L. procera Mart., vulgò Massaranduba, nom que l'on donne aussi, comme on l'a vu, au Mimusops elata. Fruit laiteux, mangeable, mais après cuisson. La variété cuspidata Mart. et Eichl. ou Massaranduba branca, Fruit de singe, etc., est meilleure et appréciée surtout des singes, dont elle est la nourriture favorite.

L. chrysophylloïdes A. DC, du nord du Brésil, vulgairement Tuturuba, etc. ; fruit à pulpe jaune, agréable et douce. Les mêmes noms vulgaires sont donnés au L. gardneriana A. DC, dont le fruit est sans valeur.

L. psammophila A. DC. Bapeb-assu, Copan. Rio, et province de Espirito-Santo. Fruit à pulpe noirâtre, douce, agréable, jaune brun en dehors. Il paraît dans les desserts et l'on en fait aussi des conserves.

L. laurifolia A. DC. vulgô Guapeba,Guapebeira. Rio. Fruit doux, mucilagineux, à odeur de pomme.

L. lasiocarpa A. DC. Vulgò Abiurana, Abio do mato, etc. Fruit comestible après cuisson. Para, Amazone.

L. lateriflora Benth., vulgairement Cubio, Cupyo. Rio et provinces du Nord. Le fruit sert à faire une préparation que l'on exporte sous le nom de doce de Cubio.

L. Sellowii A. DC, vulgairement Canjerana, Canharana grande. Rio-Negro et provinces du Sud. Comestible.

L. neriifolia Hook. et Arn. Rives du Parana, du Rio-Grande et de l'Urugay, sud du Brésil. Le fruit n'est pas apprécié. D'ailleurs, l'arbre porte le nom caractéristique de Mata olhos (destructeur d'yeux), car le suc provoque des inflammations de la conjonctive ; or le fruit lui-même est très-laiteux.

L. montana Fr. Allem., vulgò Engasca-vaca. Le fruit rugueux est mangé par les bêtes à cornes et avec quelque difficulté, ainsi que l'indique le nom vulgaire.


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L. pomifera Peckolt, vulgairement Macaa de Mato (Pomme des Bois). Ce fruit n'est point mangeable, mais mérite d'être signalé à cause de la quantité considérable d'acide cyanhydrique qu'il contient. Le docteur Peckolt a trouvé aussi abondamment cet acide dans les feuilles. C'est le seul Lucuma dont les feuilles lui aient fourni de l'acide prussique.

Sideroxylon

Sideroxylon L. — Sideroxylon mastichodendron Jacq. (Bumelia mastichodendron Roem. et Sch.). Le nom de cet arbre est difficile à expliquer, attendu qu'il ne produit ni mastic, ni aucune exsudation résineuse. Il habite les îles Bahamas, où il porte le nom vulgaire de Mastic-tree. En français, on nomme le fruit abricot des bois. Ce fruit est une baie ovoïde et monosperme, jaune, à saveur douce comme celle du miel. Ces fruits sont identiques à ceux du S. pallidum Spreng. L'arbre est cultivé à la Jamaïque.

Le S. dulcificum A. DC. (sect. Synsepalum) ; Assarbah, Tahmé des indigènes, est un arbre du golfe de Guinée dont les fruits jouissent d'une réputation particulière. Le suc, mucilagineux, est d'une saveur telle que, lorsqu'on en a mangé, les fruits les plus âpres et les plus acides paraissent, dit-on, d'une douceur remarquable. Aussi Thoning l'appelle-t-il miraculous berry of western Africa. Signalé pour la première fois par le chevalier des Marchais (Voy. en Guinée, 1725, vol. II, p. 225), qui y fait certainement allusion dans une phrase caractéristique, il a été mieux décrit par Dalzell et complètement par Thoning, en 1798, sous le nom de Bumelia dulcifica. L'arbre habite surtout dans l'intérieur des terres, dans le Dahomey et les royaumes voisins du golfe de Guinée ; les fruits sont vendus plus ou moins cher sur les marchés de diverses villes. Le principal usage auquel l'emploient les indigènes est de rendre potable le vin de palme, qu'on leur apporte de fort loin et qui a d'ordinaire fermenté en route. Les propriétés dulci-


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fiantes de ce fruit ne paraissent pas se conserver dans l'alcool ou le sirop. L'effet est en raison du nombre de fruits mâchés, mais il peut se prolonger tout un jour.

S. cuneatum DC. (Bumelia cuneata Sw.). Baie comestible comme la Sapotille. Guadeloupe, Jamaïque, etc.


Labatia

Labatia. — Je n'ai aucun fruit vraiment comestible à citer dans ce genre. Bien au contraire, lorsque M. le Dr Sagot se trouvait à la Guyane, il eut à constater un état de malaise nauséeux fugitif chez une personne de sang blanc, qui avait eu l'idée de manger un peu de la chair jaune, juteuse et assez grossière du fruit du Labatia macrocarpa. (Dr Sagot, in Litt.)


Achras

Achras (1). — L’Achras Sapota L. (Sapota Achras Mill.) est, au point de vue du fruit, l'espèce la plus importante du genre. Ce fruit, très-apprécié dans les tropiques, porte les noms vulgaires de Sapote (2), Sapotille, Sapodille, Nispero, Zapota, Zapotille, Chicozapota, etc. L'arbre, de grande dimension, est abondant dans les forêts du Vénézuela et de la Jamaïque, mais il est en outre cultivé dans tous les pays tropicaux (Manille, Philippines, Java, etc.), et très-généralement apprécié pour la table. D'après quelques personnes, sa réputation est aussi grande que celle du Mangoustan.

Le fruit est ovoïde arrondi, de la grandeur d'un œuf de poule, à peau très-mince, grisâtre, rendue rugueuse par de petites squames épidermiques. La chair est abondante, molle, sucrée, brunâtre, un peu laiteuse. Les noyaux, moins nombreux que les loges de l'ovaire, sont très-aplatis, d'un brun


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(1) Ἀχράς signifie poirier sauvage et vient du sanskrit ahara, aliment. (M. Poisson, in Dict. bot. Baillon.)

(2) Le nom de Sapote est aussi donné parfois à une Malvacée de l'Amérique du Sud, le Quararibæa cordata H. Bn. Natissia cordata H.B. et K.


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luisant, à hile linéaire, à cotylédons assez épais, malgré la présence d'un albumen charnu.

A. australis Br. Espèce d'Australie. Les fruits, encore médiocres, pourraient être améliorés. C'est une des rares Sapotées qu'on pourrait peut-être acclimater dans la région méditerranéenne.

Les A. Vitellina Tuss. et Zapotilla Jacq. des Antilles sont, bien que cultivés, très-inférieurs au Sapotillier (1).


Bassia

Bassia. — Les B. longifolia et latifolia ont des fruits comestibles, mais l'importance de ces arbres est due à d'autres produits (voy. Mahwah, Illipé). On utilise aussi ces fruits verts ou mûrs, en les faisant bouillir en consistance de gelée et en mangeant cette pulpe avec du sel et du piment (Perrottet).

Plusieurs Bassia de la Nouvelle-Guinée, peu connus encore, semblent appelés à devenir des producteurs importants de fruits dans les tropiques. Tels sont : le B. Erskineana F. von Müll., Posi-posi des indigènes, à fruit très-gros; le B. Maclayana F. von Müll., Dim des indigènes, à fruit plus volumineux encore, et également fort recherché ; le B. Cocco, Scheff., ou Nate à fruit plus petit (2).


Payena

Payena. — Le fruit doux du P. Leerii est mangé par les Malais.


Butyrospermum

Butyrospermum. — B. Parkii Kotsch. Important par son latex et ses graines oléagineuses, ce bel arbre porte des fruits comestibles, à chair verdâtre, à peau brune, assez diversement appréciés, gros comme une noix. Heckel les dit savoureux, succulents et excellents au goût.


Mimusops

Mimusops. —- M. Elengi L. Le fruit n'a rien de remarqua-


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(1) Naudin et von Müller, Manuel de l'acclimateur.

(2) Id., ibid.


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ble, bien qu'on puisse le manger. Il est petit, doux et en même temps un peu acerbe. Inde.

M. Balata Gsertn. Fruit sucré, agréable, très-doux, à peau mince. Mais ce n'est point là le produit essentiel de l'arbre.

M. Kauki L. Meilleur que le précédent. La saveur rappelle les Diospyros. Ceylan. Vulgairement Munamal, Munghunamal (A. DC.)

M. Sieberi. Antilles et Floride. Il n'est connu que sauvage, mais la culture l'améliorerait beaucoup.

M. dissecta R. Br. Signalé par Grosourdy comme donnant un fruit comestible aux Antilles. Mais ce n'est pas l'habitat indiqué par de Candolle.

M. ?, vulgairement M'bimo. Gabon. Le fruit en est comestible.

D'après les renseignements que M. le Dr Sagot a bien voulu prendre pour moi, on trouve à l'herbier du Muséum une étiquette de M. Chapelier, portant :« Mimusops Chapelieri,Imbricaria sect. Labramia, Madagascar : un des meilleurs fruits qu'on ait à Madagascar. »

C'est le Mimusops Chapelieri Hartog (Journ. of botany, 1879, p. 357).


Imbricaria

Imbricaria. — I. malabarica (Mimusops Manilkara). Le fruit est servi comme fruit de table dans les tropiques. Inde.

I. maxima. Même usage. Inde.

I. petiolaris — Les fruits des Imbricaria ne sont pas d'ordinaire connus comme comestibles. Cependant M. de Lanessan (1) en cite deux espèces, et Naudin et von Müller (2) une troisième.


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(1) Plantes utiles des col. françaises, 569.

(2) Manuel de l'acclimateur, 316.