Cordia sulcata (Rollet, Antilles)

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
Cordia sebestena
Bernard Rollet, Arbres des petites Antilles, 2006
Rochefortia acanthophora
Planche 30 : BORAGINACEAE. XII. Cordia sulcata. A. Rameau avec fleurs et fruits. B. Plantules. C. Écorce (coupe transversale). XIII. Rochefortia acanthophora. D. Rameau fleuri E. Rameau fructifié.
écorce
tranche

[310]

Cordia sulcata DC. Prodr. 9 : 488 (1845).

Synonymes : Gerascanthus sulcatus (DC.) Borhidi (1988).

Noms vernaculaires : Fr : Mahot grande feuille, Bois flot, Bois de liège (Guadeloupe) ; Mahot grande feuille, Mapou grande feuille (Martinique) ; Mapou blanc (Guadeloupe) ; Bois bré ; Mapou grande feuille (Dominique) ; Cyp, Mapou (Ste-Lucie) ; Bois noir ravine (Marie-Galante). A : Corkwood (St Vincent) ; Hairy bois laylay (Trinidad) ; Mucilage manjack (Virgin Islands) ; Manjack (Nevis, St Kitts,


[311]

St Vincent, Antigua) ; Mandrake (Grenadines) ; Wild clammy cherry (Barbade) ; White manjack (Puerto Rico).

Description : Arbre moyen atteignant 15 m de haut et jusqu’à 70 cm (souvent moins). Pied : pattes aliformes, jusqu’à 0,5 m à 30° avec le sol. Écorce : épaisseur totale 12 mm pour un diamètre de 36 cm. Aspect externe : brun grisâtre fissuré longitudinalement peu profondément, formant des bandelettes parallèles, ou à fissures interrompues en quinconce. Rhytidome : démasclé, la face externe de l’écorce vivante est vergetée orange foncé sur fond orangé clair. Écorce vivante : tranche très fibreuse, orange, fonce très rapidement. Section transversale : rayons élargis en entonnoir orange clair, séparant des secteurs de phloème orange foncé à marron à aspect quadrillé, avec une zone interne continue de même structure. Aubier : grisâtre à orange très clair, grain grossier ; rayons fins en chicane et gros pores à parenchyme en manchon ; aspect soyeux. Rameaux : (jeunes) cannelés pubescents. Feuilles : alternes, ovales, 12-30 × 10-15 cm, scabres à la face supérieure, cordées (de tous les Cordia c’est l’espèce dont les feuilles sont les plus grandes) ; de loin elles tranchent dans la végétation par la forme en cœur, pendantes, et la couleur vert pétrole. Fleurs : en panicules terminales, à axes souvent scorpioïdes ; blanches, petites, nombreuses, odorantes. Fruits : subglobuleux, d’env. 8 mm de diamètre, blancs lisses, à pulpe mucilagineuse collante ; en masses compactes ; 1 graine, sillonnée de forme irrégulière. Phénologie : décidu ; MARSHALL le donne cependant sempervirent. Fleurs en mars, mai, juin à août (DUSS), après la chute des feuilles. Fruits en juillet-septembre. Les feuilles sont souvent mangées par une chenille qui n’en laisse que les nervures. Habitat : commun, ubiquiste entre 0 et 900 m sauf en forêt inondable, surtout en zones ouvertes et forêts secondaires. Fréquent en forêt dense rivulaire en Martinique où l’arbre atteint de grandes tailles (FIARD). Tempérament : héliophile, rejette bien à l’état jeune, fruit mangé et dispersé par les oiseaux et les chauve-souris (MARSHALL) ; plutôt hygrophile mais tolère des sols calcaires secs, plutôt alors en ravines (Grande-Terre, Guadeloupe et Marie-Galante). Plantule : Type I. La germination est épigée. Les cotylédons caractéristiques ont des dents arrondies ; leurs nervures sont larges et proéminentes, sur la face inférieure pubescente et relativement claire. Les feuilles sont alternes et parfois dentées, leurs nervures sont proéminentes à la face inférieure pubescente. La face supérieure plus sombre ne porte que des poils épars.

Usages : Bois très léger, très peu durable pratiquement inutilisé, bien que Exquemelin (p. 41) signale l’emploi pour des canots peu durables. Bois de feu, charbon (STEHLÉ). Flotteur : le nom vernaculaire bois bré en Dominique est la déformation de bois bouée. Tonnellerie (LITTLE & WADSWORTH) ; arbre de chasse. Quelquefois planté le long des routes pour l’ombrage et l’ornement (LITTLE & WADSWORTH). Les grandes feuilles pendantes en cœur sont assez ornementales.

Note sur les noms vernaculaires : se réfèrent à la légèreté (bois flot, bois de liège, bois bré), à la faible durabilité (Mapou), à l’écorce fibreuse (Mahot), aux grandes feuilles. En anglais Manjack est courant pour désigner les Cordia, aussi Lay lay, transposé du créole Lélé. Médicinal : purgatif, pectine, mucilage (Jagan).

Distribution générale : Grandes Antilles (Cuba, Hispaniola, Puerto Rico) ; Virgin Islands ; Petites Antilles ; Trinidad, Tobago ; Venezuela, Guyanes, Brésil.

Distribution aux Petites Antilles : Toutes les Petites Antilles sauf Nevis, Anguilla, St-Barthélemy, Barbuda, Désirade, Grenadines, Grenade. Nichols l’avait noté à Carriacou en 1891 mais HOWARD (1952) ne l’a pas retrouvé.

Matériel examiné : BT : STEHLÉ 2677, Petit-Bourg à Capesterre (P) ; QUESTEL 4601, Port Moustique (P). St : STEHLÉ s.n., Terre-de-Haut, Fort Napoléon, 100 m (P). M : HAHN 752, Case Pilote (P) ; HAHN 752, hauteurs de Lamentin (P) ; HAHN 855, montagne du Vauclin (P). D : EGGERS 829, Laudat, 600 m (P). NICOLSON and al. citent 9 autres spécimens. B : EGGERS 7292, Joe’s River (P).

Observations : SM : Pic Paradis, 300 m, abondant (FIARD & ROLLET). SK : flanc Sud South Range entre 100 et 400 m (FIARD & ROLLET). At : Boggy Peak, 0-150 m ; Darkwood, 50 m (DAVID & ROLLET). BT : 300 à 700 m en côte sous le vent (ROLLET & ROUSTEAU). MG : assez commun dans les ravines (ROLLET). M : Anse Couleuvre, 450-500 m ; sommet Morne Gardier, 400 m ; Base Platine, 200 m ; Absalon, 380 m (FIARD & ROLLET). SL : Bois d’Orange River, Anse Louvet (VERNA SLANE) ; Union, Chassin, 300 m (ROLLET). SV : Fenton Mountain, Sud Mayora, 300-400 m ; South River (ROLLET). B : Turner’s Hall (ROLLET).

Bibliographie : (*Iconographie). ADAMS 1972 ; BEARD 1944, 1949 ; BRITTON & WILSON 1925 ; DUSS 1897 ; Exquemelin 1969 ; FOURNET 1978 ; GOODING 1965 ; HOWARD 1952, 1989 ; JAGAN 1971 ; LITTLE & WADSWORTH* 1964 ; MARSHALL 1939 ; NICHOLSON 1979 ; NICOLSON and al. 1991 ; QUESTEL 1941 ; STEHLÉ 1941.

Anatomie du bois

Cordia alliodora : coupe transversale (en haut à gauche), coupe tangentielle (en haut à droite), coupe radiale (en bas) (P. Détienne & P. Jacquet)

Cordia alliodora, Cordia collococca, Cordia reticulata, Cordia sulcata :

  • Bois parfait beige jaune un peu grisâtre, parfois très légèrement veiné, en général non distinct de l’aubier, tendre et léger (0,40 à 0,65 g/cm3, et jusqu’à 0,70 pour C. collococca), à grain grossier, à maille bien visible.
  • Pores disséminés, isolés ou accolés radialement ou obliquement par 2 ou 3, au nombre de 3 à 10 par mm2, distincts à l’œil nu (diamètre moyen variant de 100 à 200 μm), plus ou moins fréquemment obstrués par des thylles. Perforations des éléments vasculaires uniques ; taille des ponctuations intervasculaires comprise entre 6 et 9 μm.
  • Parenchyme en lignes terminales et associé aux pores en manchon mince (C. alliodora), ou en losange et plus ou moins anastomosé dans les autres espèces. Files de cellules composées de 2 à 4 éléments. Sable cristallin souvent présent dans les échantillons de C. collococca, C. elliptica et C. sulcata.
  • Rayons 3- à 8-sériés, au nombre de 3 à 5 par mm, de structure très peu hétérogène (C. collococca) à hétérogène : cellules couchées au centre et cellules carrées et dressées en bordure et aux extrémités. Ponctuations radiovasculaires identiques en taille aux intervasculaires. Présence de cristaux chez C. alliodora, de sable cristallin chez C. collococca.
  • Fibres à ponctuations simples.