Chou vert (non-pommé) (Vilmorin-Andrieux, 1904)
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Cette variété, très répandue aux environs de Paris, se rencontre sur les marchés pendant une partie de l'hiver. De même aspect et de même taille que le Ch. frisé vert à pied court décrit plus loin, elle s'en distingue par ses feuilles plus longuement pétiolées, à limbe élargi et fortement crispé sur les bords.
C'est une race extrêmement rustique, ne valant pas, comme qualité, les Choux cabus et les Choux de Milan, mais donnant un produit abondant à une époque de l'année où les autres choux sont presque complètement épuisés.
Dans le Beaujolais, le nom de Chou chèvre s'applique le plus ordinairement au Bricoli de la Halle, qui paraît maintenant préféré au Ch. frisé d'hiver de Mosbach, auquel on donne encore parfois ce même nom de Ch. chèvre.
On pourrait croire que ce chou est un métis du Ch. frisé vert grand et du Ch. à grosses côtes, tellement il reproduit dans ses feuilles, à limbe entier et à fortes nervures blanches, les caractères de cette dernière variété. Seulement,
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il a le bord du limbe des feuilles plissé et très finement gaufré, presque comme le Ch. frisé vert grand. La tige est de médiocre hauteur, dépassant rarement 0m60 à 0m70, et porte des feuilles étagées tout le long, les supérieures seules recourbées en dehors à leur extrémité. Le feuillage se distingue par une teinte assez pâle, presque blonde.
Ce chou est bon comme légume, de même que la plupart des choux frisés ; il a aussi du mérite comme plante ornementale, mais il n'est pas très rustique.
Tige forte, droite, de 1 mètre à 1m50, terminée par un panache de feuilles assez étroites, lobées, profondément découpées, extrêmement frisées sur les bords, se renversant souvent en dehors à l'extrémité, d'un beau vert franc et atteignant 0m40 à 0m50 de longueur.
Les feuilles en sont tendres et très bonnes quand elles ont subi l'action de la gelée ; de plus, la plante tout entière est très ornementale. Ce chou est à recommander surtout pour les climats très froids. Il donne, en pleine terre, même pendant les hivers les plus rigoureux, un légume frais de qualité excellente.
Cette variété est bien décrite par son nom, elle ne dépasse guère 0m60 de hauteur et sa tige, forte et raide, est garnie de feuilles relativement larges, très finement frisées, à limbe replié et contourné plus encore que dans les variétés anciennes. Ce chou est très ornemental ; il est, en outre, parfaitement rustique et présente tous les mêmes avantages que les autres choux frisés.
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Le Siberian kale des Américains est un Chou frisé vert à pied court, moins finement frisé et d'une teinte plus bleuâtre.
Ses caractères sont les mêmes que ceux Du Ch. frisé vert grand, dont il ne diffère que par la teinte rouge violacé très intense de son feuillage.
Variété très naine, à tige presque nulle. Quand elle est bien franche, elle est de couleur très foncée, presque noire, et contraste de la manière la plus tranchée avec le Ch. frisé vert à pied court. Elle est aussi rustique que lui.
Tige pouvant atteindre une hauteur de 2 mètres et plus, marquée de cicatrices dues à la chute des premières feuilles, et se terminant par un bouquet de feuilles entières, longues de 0m60 à 0m80, larges de 0m08 ou 0m10, d'un vert foncé presque noir, et finement cloquées comme celles des Choux de Milan. Les feuilles, d'abord droites et raides, se recourbent en dehors vers l'extrémité, d'une manière assez élégante. La disposition particulière de ces feuilles, en bouquet au sommet de la tige, donne à cette variété l'aspect d'un petit palmier.
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Le Chou palmier ne fleurit souvent que la troisième année. C'est dans ces conditions qu'il atteint sa hauteur la plus considérable. Il n'est guère regardé en France que comme une plante d'ornement.
On cultive en Italie comme légume, sous le nom de Cavolo nero, un chou qui nous a paru être identiquement le même.
Tiges de 0m50 à 0m80, suivant les espèces. Feuilles divisées, déchiquetées, frisées et ondulées comme celles des variétés précédemment décrites, mais présentant cette particularité, qu'au lieu de conserver une teinte uniforme, elles se panachent, surtout après les gelées. de différentes manières : soit de vert,ou de rouge, ou de lilas sur fond blanc, soit de rouge sur fond vert.
On obtient séparément, de graine, plusieurs de ces formes, et principalement le Chou frisé panaché rouge et le Chou frisé panaché blanc.
Toutes ces races sont très ornementales : on peut en composer pour l'hiver de très jolies corbeilles de pleine terre.
Les feuilles peuvent servir à l'ornementation des tables ; elles y font un très bel effet, surtout lorsque les premières gelées ont rendu plus vives leurs teintes et fait ressortir leurs différentes panachures.
Les Choux frisés panachés résistent à des froids très rigoureux, quand on ne les laisse pas souffrir de l'excès d'humidité. — On leur applique absolument la même culture qu'aux Choux pommés tardifs.
Plante demi-naine, ne dépassant pas ordinairement 0m50 à 0m60 de hauteur, à feuilles longues, recourbées en plume d'autruche et complètement divisées en lanières presque droites ou légèrement courbées et frisées, qui leur donnent véritablement une apparence plumeuse. — Le semis produit le plus souvent des plantes sur lesquelles le rouge, le rose, le blanc et le vert sont mélangés ; après les gelées, leurs couleurs deviennent beaucoup plus vives.
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Cette variété assez curieuse est caractérisée par la production, sur la nervure principale ou même sur les nervures secondaires de la feuille, d'appendices foliacés, frisés et déchiquetés comme la feuille l'est elle-même sur son pourtour. Généralement, les Choux frisés prolifères sont en même temps panachés de blanc ou de rouge ; ils sont intéressants surtout comme plantes ornementales.
Avant de clore le chapitre relatif aux Choux verts non-pommés, nous devons faire mention des races suivantes :
Chou de Russie. — Curieuse plante qu'on serait tenté, au premier abord, de prendre pour tout autre chose que pour un chou. Tige assez grosse, un peu épaisse, de 0m40 à 0m50 de hauteur. Feuilles d'un vert grisâtre, les extérieures assez foncées et demi-étalées, celles du centre dressées et plus pâles ; toutes découpées en divisions assez étroites, séparées les unes des autres presque jusqu'à la nervure médiane, entières ou quelquefois lobées, à surface grossièrement cloquée. A l'arrière-saison, ce chou forme une espèce de petite pomme assez blanche et très ferme. Son principal mérite est de résister très bien au froid.
A part son apparence singulière, on ne voit pas trop ce qui peut faire rechercher ce chou. Ce n'est assurément pas un avantage que d'avoir les feuilles incisées comme il les a : les nervures s'y trouvant simplement bordées d'une étroite bande de parenchyme, au lieu d'être rejointes par un tissu plein, comme dans les autres espèces de choux.
Après avoir été cultivé comme plante de collection, le Chou de Russie semblait près de tomber dans l'oubli quand, il y a quelques années, il a été introduit de nouveau en Angleterre avec quelque bruit, mais ce regain de vogue n'a été que de courte durée.
Chou frisé de Naples (ITAL. Cavolo pavonazza). — Variété intermédiaire entre les Choux frisés et les Choux-raves. Sa tige, comme celle du Chou-rave, est renflée, mais, au lieu de l'être immédiatement au-dessus du collet, elle l'est à 0m06 ou 0m08 seulement de la surface de la terre. Ce renflement, ordinairement ovale, produit à son sommet un grand nombre de feuilles, et sur son côté et à la base il donne naissance à des rejetons ou espèces de renflements qui se terminent en bouquets de feuilles. Celles-ci sont longues de 0m25 à 0m30, ont le pétiole long, délié, sont très profondément découpées en lanières assez étroites, frangées, frisées, et produisent un effet assez ornemental par leur forme élégante et leur couleur vert glauque contrastant avec leurs nervures blanches.
Le renflement de la tige est charnu et peut être mangé comme le Chou-rave ; cependant le Chou frisé de Naples se cultive moins comme plante potagère que comme plante d'ornement.
Chou de Galice (Couve Gallega, de Portugal). — C'est un chou vert à feuillage très ample, fortement cloqué et boursouflé ; productif, mais sensible au froid.
Les Anglais cultivent un assez grand nombre de choux verts à feuilles entières ou laciniées, unies ou faiblement frisées.
Les principaux sont :
Cottager's kale. — Plante de caractères assez variables, verte ou violette, plus ou moins frisée, dont le principal mérite consiste dans son extrême rusticité.
Ch. vert d'Égypte (Egyptian kale). — Très nain et produisant au printemps un grand nombre de jets charnus, garnis de petites feuilles tendres.
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Jerusalem kale (SYN. Delaware K.). — Chou à feuilles frisées sur les bords et teintées de violet ; également branchu au printemps.
Ragged Jack kale. — Race à feuilles longues, irrégulièrement découpées et laciniées, à tige courte, souvent ramifiée. Plante productive et rustique.
Ch. de Milan. — Chou vert, non pommé, complètement différent de nos Choux de Milan qu'on appelle en anglais : Savoys.
Chou rosette. — On cultive aussi, en Angleterre, sous le nom de Rosette colewort ou collard un chou extrêmement distinct, qui, bien que susceptible de pommer, est habituellement employé comme chou vert, lorsqu'il forme simplement une rosette de feuilles jeunes et tendres. On ne peut mieux comparer le Ch. rosette qu'au sommet d'un Chou de Bruxelles qu'on aurait coupé et piqué en terre. C'est une plante très naine, dont la tige ne dépasse guère 0m20 à 0m25 de hauteur, et porte des feuilles nombreuses, serrées, un peu cloquées, arrondies et profondément creusées en cuiller.
Ce chou se sème habituellement vers la fin de Juin ou dans le courant de Juillet. Les plantes sont arrachées à la fin de l'automne, pendant l'hiver et au printemps, liées par les racines, et portées au marché en grosses bottes. Si l'un sème le Ch. rosette de bonne heure au printemps, il est fait dès le mois d'Août, et, laissé en terre plus longtemps, il forme une petite pomme ronde, extrêmement compacte. Mais, comme les choux de toutes espèces sont abondants à l'automne, ce genre de culture est sans intérêt ; tandis que semé plus tard, il donne son produit dans une saison où les choux verts sont plus rares et plus recherchés.
Parmi les Choux verts, il faut encore citer, quoiqu'elles soient bien plutôt employées comme plantes fourragères que comme légumes, les quelques variétés suivantes :
Ch. cavalier ou Ch. arbre. — Très grande et vigoureuse plante, pouvant atteindre 2 mètres de hauteur, avec des feuilles très larges.
Ch. Caulet de Flandre et Ch. cavalier rouge de l'Artois. — Plus rustiques que le précédent et moins élevés.
Ch. fourrager de la Sarthe, Ch. branchu du Poitou et Ch. mille-têtes. — Races très productives ; surtout cultivées dans l'ouest de la France.
Dans tout l'Anjou et les pays avoisinants, on emploie couramment au printemps, les jeunes pousses de ces variétés, notamment du Chou branchu du Poitou, soit comme légumes, soit pour faire la soupe dite « aux choux verts ».
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Les Choux moelliers blanc et rouge, très cultivés en Vendée, sont remarquables par le renflement de leur tige remplie d'une sorte de moelle ou chair tendre. Cette tige, coupée jeune, alors que la partie renflée n'excède pas un diamètre de 0m06 à 0m08, peut constituer un légume passable. Ils sont sensibles au froid.
Le Chou de Lannilis est également une variété dont la tige présente un épaississement assez notable.
On rencontre encore quelquefois dans les cultures, sous le nom de Ch. à beurre ou Ch. blond à couper, une sorte de chou branchu, à feuillage arrondi, un peu cloqué, très blond et presque jaune dans le cœur. Cette race est un peu sensible au froid.
Chou à faucher ou Ch. à vaches (ANGL. Buda kale ; ALL. Schnittkohl). — A tige très courte, presque nulle ; les feuilles, longues de 0m30 à 0m40, profondément lobées ou lyrées, d'un vert intense, à pétioles blanchâtres, dont l'ensemble forme une touffe assez fourrageuse, qui pourrait se faucher plusieurs fois. Ces feuilles peuvent être utilisées comme légume ; mais, pour cet emploi, de même que pour fourrage, le Ch. à faucher a été presque complètement abandonné en faveur de variétés améliorées qui lui sont préférables.
Il en existe en Allemagne une variété à feuilles teintées de violet, connue sous le nom de Brauner Schnittkohl.
C'est encore au Ch. à faucher qu'il faut rapporter le Chou vivace de Daubenton, sorte de Colza à tige presque ligneuse, ramifiée, pouvant vivre quatre et cinq ans, et dont certaines branches fleurissent sans que les autres cessent de s'allonger et de produire des feuilles.
Cette dernière plante est, de tous les choux cultivés, celui qui se rapproche le plus du Chou sauvage, que l'on trouve assez fréquemment sur les côtes maritimes de l'Europe occidentale : c'est précisément un de ses caractères distinctifs que de fleurir à l'extrémité de certains rameaux pendant que le reste de la plante continue à s'accroître et que d'autres ramifications se préparent à produire l'année suivante.
La culture des choux fourragers ne rentre pas dans le cadre de ce travail (1). Nous dirons seulement, au sujet des Choux frisés d'ornement et des Choux verts, quelquefois employés comme légumes, que leur culture est la même que celle des Choux pommés tardifs et des Choux de Bruxelles :
On les sème au printemps, en pépinière ; on les repique vers le mois de Mai, pour les mettre en place dans le courant de l'été. Leur production se continue pendant l'automne et l'hiver, quelquefois même pendant toute l'année suivante. La plante ne monte alors à graine qu'au printemps de la seconde année qui suit celle du semis.
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(1) Pour les Choux fourragers, voir notre brochure : « LES PLANTES DE GRANDE CULTURE.