Chou de Bruxelles (Vilmorin-Andrieux, 1904)
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Le Chou de Bruxelles présente bien quelque analogie avec les Choux de Milan, à cause de son feuillage vert foncé et passablement cloqué ; mais, d'autre part, il a le pied beaucoup plus haut qu'aucun chou pommé, et ses feuilles, quoique très nombreuses, sont toujours espacées les unes des autres et ne forment pas une véritable tête ; il constitue donc ainsi une race parfaitement distincte.
Son produit consiste dans les rejets qui se développent régulièrement à l'aisselle des feuilles principales tout le long de la tige, jets dont les petites feuilles, creusées en cuiller et très serrées les unes contre les autres, s'emboîtent étroitement et forment de petites pommes presque rondes et très nombreuses. Elles se développent d'abord en bas de la tige, puis successivement, à mesure qu'on les récolte, elles apparaissent de plus en plus près du sommet. Cette longue production, qui se soutient pendant les froids les plus rigoureux de l'hiver, ainsi que la qualité très fine de ses petits rejets, font du Chou de Bruxelles un des légumes les plus généralement appréciés et cultivés.
Il y a quelque chose d'assez étrange, au point de vue physiologique, dans le fait de ce chou dont la rosette principale de feuilles ne pomme pas, tandis que les pousses secondaires pomment régulièrement et très complètement. C'est précisément l'opposé de ce qui se passe ordinairement chez les autres choux et dans les laitues, où les feuilles de la tête principale se coiffent étroitement, tandis que celles des rejets restent espacées sur les axes qui les portent. Quoi qu'il en soit, nous devons à cette anomalie un excellent légume.
CULTURE. — La croissance du Chou de Bruxelles est assez lente, et, pour en obtenir le produit depuis la fin d'Octobre jusqu'au mois de Mars, il faut commencer les semis dès le mois de Mars ou d'Avril ; on peut les continuer ensuite jusqu'en Juin pour obtenir ainsi une succession de produits. Bien que certains auteurs indiquent le mois de Février pour les semis de première saison, il nous paraît sans intérêt de faire intervenir la chaleur artificielle dans la culture d'un légume dont la consommation n'a pas lieu avant l'automne. — Les semis se
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font en pépinière en plein air, à raison de 80 à 100 grammes de graine à l'are. Quand le plant est assez fort, c'est-à-dire ordinairement au bout d'un omis, on le repique en place, en espaçant les pieds de 0m40 à 0m50 en tous sens, et en ayant soin de les borner fortement, c'est-à-dire de les faire adhérer au sol au moyen du plantoir. — Le pincement du bourgeon terminal, recommandé par divers praticiens, n'a sa raison d'être que lorsqu'on tient à récolter de bonne heure, dès le mois de Septembre ; autrement, on laisse la tige se développer librement et, à partir d'Octobre, on peut commencer la cueillette, qui s'effectue toujours de bas en haut et peut se prolonger pendant tout l'hiver.
On obtient en moyenne de 300 à 350 kilog. de pommes par are.
Les Choux de Bruxelles aiment un bon terrain riche et frais ; il convient cependant de ne pas les mettre dans une terre trop abondamment fumée, où leur végétation deviendrait trop vigoureuse et où, souvent, les rejets ne pommeraient pas bien.
Si l'on fait usage d'engrais chimiques, il importe de se montrer très réservé à l'égard des engrais azotés. Dans une terre bien fumée pour la culture précédente, on se bornera aux proportions suivantes :
Superphosphate de chaux |
2 kil. » |
par are. |
Ce dernier sel sera, autant que possible, répandu en deux fois : 1° après la levée ; 2° à la mise en place des plants, soit en couverture, soit par arrosages.
INSECTES NUISIBLES ET MALADIES. — On a à défendre le Chou de Bruxelles contre les mêmes ennemis dont souffrent les autres choux (Voir page 112).
USAGE. — En Belgique, on recherche surtout les jets ou rosettes de petit volume qui se sont développés très serrés sur les tiges. En France, les pommes plus grosses, atteignant à peu près le volume d'une noix moyenne, sont les plus appréciées. C'est là une des nombreuses circonstances dans lesquelles la beauté du produit ne marche pas d'accord avec sa qualité, car les Choux de Bruxelles les plus petits et les plus fermes sont assurément les plus délicats comme goût.
Tige atteignant environ 0m75 à 1 mètre de hauteur, relativement mince, garnie de feuilles nombreuses mais assez espacées, à pétiole nu sur une assez grande longueur, à limbe arrondi, légèrement creusé en cuiller et très faiblement cloqué. Jets ou pommes de grosseur médiocre, très fermes, plutôt piriformes que sphériques, n'arrivant pas à se toucher les uns les autres, même quand ils sont parvenus à tout leur développement (Voy. la Fig. page 151).
Cette race est des plus cultivées en plein champ aux environs de Paris ; elle est rustique, et la production s'en prolonge pendant plusieurs mois. Elle donne des jets très fins et délicats.
Tige droite assez forte, variant de 0m50 à 0m75 au plus de hauteur ; feuilles moyennes, arrondies, très légèrement cloquées, creusées en cuiller, portées sur de longs pétioles dénudés et légèrement violacés. Pommes ou rejets nombreux, serrés sur la tige, très fermes et bien arrondis, d'un vert pâle et
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un peu grisâtre, persistant longtemps sans s'ouvrir et dépassant quelque peu la grosseur d'une Belle noisette.
Le Ch. de Bruxelles demi-nain de la Halle est une très bonne variété productive, bien régulière et remarquablement rustique ; c'est la plus estimée par les cultivateurs qui approvisionnent le marché de Paris ; ils en font en plein champ des cultures d'une étendue considérable.
Bonne variété à tige forte, raide, n'excédant pas ordinairement 0m50 de hauteur : ses feuilles sont beaucoup plus rapprochées les unes des autres que celles du Ch. de Bruxelles grand, et à très peu de chose près de même apparence, quoiqu'un peu plus cloquées. Pommes ordinairement plus grosses et plus arrondies ; par suite de ce volume plus fort des pommes et de leur plus grand rapprochement sur la tige, il résulte qu'elles sont ordinairement serrées les unes contre les autres dans cette variété, tandis que dans les deux précédentes, elles restent toujours espacées.
Le Chou de Bruxelles nain se montre habituellement un peu plus précoce que les deux autres, mais, par contre, il continue moins longtemps à produire pendant l'hiver.
En Angleterre, on recherche beaucoup, à tort selon nous, les Choux de Bruxelles qui donnent des pommes grosses comme de petites oranges. — Les races les plus vantées, Aigburth, Dalkerth et Scrymgers' giant Brussels sprouts, présentent en commun le caractère de donner des rejets d'une grosseur qu'en France ou en Belgique on traiterait de démesurée.
CHOU DE CHINE. — Voy. PÉ-TSAÏ.