Cerfeuil (Cazin 1868)

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Centaurée (petite)
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Cerisier


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Cerfeuil

Nom accepté : Anthriscus cerefolium


CERFEUIL. Scandix cerefolium. L.

Chærophyllum sativum. G. Bauh. — Anthriscus cerefolium. Hoffm.

Cerfeuil commun, — certeuil cultivé, — herbe aiguillée ou à l'aiguillette.

Ombellifères. — Scandicinées. Fam. nat. — Pentandrie digynie. L.


Cette plante annuelle est cultivée dans nos jardins pour les usages culinaires. Plusieurs animaux, et notamment les lapins, en sont très-friands.

Description. — Racine fusiforme, de l’épaisseur du petit doigt, roussâtre en dehors, blanche au dedans, garnie, vers son extrémité, de fibres assez nombreuses. — Tiges dressées, cylindriques, rameuses, fistuleuses, glabres, de 30 à 60 centimètres, — Feuilles alternes, plusieurs fois ailées, à folioles pinnatifides, etc. — Fleurs disposées en ombelles latérales, blanches, petites (mai-juin), [dépourvues d’involucres, mais ayant des involucelles à trois folioles. — Calice presque nul.] — Cinq pétales ouverts en rose. — Cinq étamines à anthères arrondies, un ovaire inférieur, deux styles persistants. - Fruits : deux akènes accolés, oblongs, lisses, sillonnés d'un côté, plans de l'autre, noirâtres dans leur maturité.

Parties usitées. — L'herbe et les fruits.

[Culture et récolte. — Le cerfeuil se cultive dans les jardins potagers ; il aime une terre légère ; on le sème à la volée et en planches toute l’année, excepté vers la fin du printemps et le cours de l’été : il monterait alors trop tôt en graine. Pour en avoir toujours de frais, il est bon d’en semer tous les huit jours. Ses propriétés diminuent considérablement par la dessiccation.]

Propriétés physiques et chimiques. — A l’état frais, le cerfeuil exhale une odeur aromatique agréable ; sa saveur est légèrement piquante, analogue à celle de l’anis. Ses propriétés diminuent beaucoup par l’ébullition : on en retrouve à peine la trace dans les bouillons, les potages, tandis qu’elles se conservent dans les salades, les sucs, les macérations, et même dans les infusions faites à une douce chaleur. Le fruit contient une huile volatile assez abondante. C’est à l'huile volatile que contient aussi la plante, et qui s’élève pendant la distillation, qu'il faut attribuer les propriétés médicales de l'eau distillée du cerfeuil.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Infusion, 30 à 60 gr. par kilogramme d'eau bouillante, à vase clos.
Eau distillée (1 sur 3 d’eau), 30 à 60 gr. en potion.
Suc dépuré, de 50 à 100 gr., seul ou mêlé avec du petit-lait.
Sirop, de 15 à 60 gr., en potion ou seul.
Extrait, de 1 à 15 gr., en bols, pilules, etc.
Infusion des fruits, 4 à 8 gr. par kilogramme d'eau bouillante.

Poudre des fruits, 2 à 8 gr. en électuaire, bols, ou dans un liquide.

A L’EXTÉRIEUR. — Décoction, de 30 à 60 gr, par kilogramme d'eau, pour lotions, fomentations, cataplasmes.
Feuilles, en quantité suffisante pour cataplasme.


Le cerfeuil est un peu stimulant, diurétique, résolutif. Il convient dans l‘ictère, l'hépatite chronique, le catarrhe chronique, les engorgements lymphatiques, etc. A l'extérieur, il est d'un usage vulgaire dans les engorgements des mamelles, le prurit des parties génitales, les phlegmasies cutanées érythémateuses et érysipélateuses légères, les hémorrhoïdes, etc.

Cette plante a été préconisée, avec ou sans raison, dans une foule de maux. Les observations de Balthazar Ehrart, de Haller, de Gilibert, tendent à prouver son utilité dans les obstructions viscérales et dans les affections des voies urinaires. Plenck (in Murray) la recommande dans les affections cutanées chroniques. Rivière prescrit le suc à la dose de 60 gr. chaque jour mêlé avec autant de vin blanc, et vante son efficacité dans l’hydropisie. Hufeland prescrit aussi ce même suc récemment exprimé dans la phthisie


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laryngée. On l’a conseillé contre certains symptômes de syphilis rebelles au mercure. (Desbois, de Rochefort.)

« Les qualités médicamenteuses du cerfeuil, dit Biett[1], louées avec un peu trop d’exagération par Geoffroy et Desbois, de Rochefort, ne sont cependant pas à dédaigner. On a vu quelquefois le suc de cette plante produire de bons effets dans les affections légères du foie, particulièrement dans l’ictère commençant. »

Il ne faut ajouter aucune confiance, suivant Chaumeton, aux vertus antiphthisiques et anticancéreuses de cette plante, exaltées par J.-H. Lange, Hermann et Boecler. Toutefois, nous devons faire remarquer que tout récemment on a conseillé de faire entrer dans le régime alimentaire des cancéreux l'usage des ombellifères.

Deval a constaté l'efficacité du cerfeuil en topique dans l'ophthalmie.

Ces résultats avaient déjà été obtenus en 1762 par Demours, et plus récemment par Chabrely, de Bordeaux. Florent Cunier (in Dubois) a vu l’usage de cette plante réussir entre les mains d’un curé de campagne, dans un cas de photophobie scrofuleuse dont il lui avait été impossible de triompher. Moi-même j'emploie ce topique depuis plus de vingt-cinq ans, d'après l'usage tout populaire qu'en faisaient nos paysans depuis un temps immémorial. Il m'a presque toujours réussi.

Pilé et appliqué sur les mamelles en forme de cataplasme, le cerfeuil, dit Murray est un des antilaiteux les plus énergiques, surtout si on l’unit aux feuilles d’aune. J’ai souvent employé le cerfeuil en cataplasme sur les mamelles engorgées, lors même que la peau était phlogosée. La décoction est très-efficace dans l’érysipèle. Cuit dans du lait ou pilé, il soulage les douleurs hémorrhoïdales. Dubois, de Tournay, emploie, dans ce dernier cas, comme très-efficace, la vapeur d’une décoction très-concentrée de cerfeuil.

Les semences de cerfeuil sont excitantes et carminatives. Elles sont peu usitées, parce que nous possédons d’autres semences de plantes ombellifères qui présentent les mêmes propriétés à un plus haut degré.


Cerfeuil musqué

Nom accepté : Myrrhis odorata


CERFEUIL MUSQUÉ, CERFEUIL ODORANT, CICUTAIRE ODORANTE, FOUGÈRE MUSQUÉE, CERFEUIL ANISÉ. (Scandix odorata, L.; Chærophyllum odoratum, aromaticum ; Myrrhis. — Scopoli (fl. Carn.).

Description. — Fleurs plus grandes, ombelles terminales. — Tiges plus fortes, odeur plus aromatique. — Racine et semences ayant le parfum et la saveur de l’anis.

Son activité est plus grande que celle du cerfeuil ordinaire, qu’il peut remplacer. J’ai vu des asthmatiques se soulager en fumant des feuilles sèches de cette plante.


Cerfeuil sauvage

Nom accepté : Anthriscus sylvestris


CERFEUIL SAUVAGE, PERSIL D’ÂNE (Chærophyllum sylvestre, Anthriscus sylvestris, Hoffm.), se trouve dans les prés, les haies et les endroits couverts, humides.

Description. — Racine pivotante. — Tiges divisées en rameaux atteignant 4 à 12 décimètres et plus. — Pinnules des feuilles plus ou moins pliées en gouttière. — Fruits allongés, luisants. — Ses tiges teignent la laine en vert et les feuilles en jaune.

Cette espèce est délétère, à la manière des poisons âcres. Sa racine, recueillie en hiver, a produit de fâcheux effets.


Cerfeuil enivrant

Nom accepté : Chaerophyllum temulum


[Nous citerons encore le Cerfeuil noueux ou tacheté (C. Temulum, L.), qui jouit des mêmes propriétés. (Il paraît, en outre, posséder une certaine action narcotique (Brugmans). Pallas va jusqu’à dire qu'en Russie il est vénéneux)

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  1. Dictionnaire des sciences médicales, t.IV, p. 442


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Cerfeuil bulbeux

Nom accepté : Chaerophyllum bulbosum

Nous ferons mention du cerfeuil bulbeux (C. Bulbosum, L., C. Tuberosum, Cr.), à cause de son usage possible comme plante alimentaire.

[Description. — C’est une variété du précédent, qui s'en distingue par ses racines charnues et tubéreuses.]

(Culture et récolte. — Semée en août ou septembre dans une terre bien préparée, arrosée en mai et en juin, cette plante est récoltée en juillet.

Sacc, de Neufchàtel, a le premier proposé les tubercules de ce cerfeuil comme aliment. Payen en a fait l’analyse et a trouvé qu’ils renferment deux fois plus de substance que n’en contient la pomme de terre ; que la matière nutritive y est en plus grande proportion ; que les grains de fécule sont très-fins et forment une fécule excellente. En un mot, on pourrait utiliser cette plante en mangeant les tubercules entiers, cuits, ou en extrayant la fécule qu’ils renferment en abondance.)