Astoukhodos (Ibn al-Baytar)
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Nom accepté : Lavandula stoechas
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Ibn el-Djezzâr. Ce mot veut dire : qui saisit les esprits j-l.yji’l U£y. — Dioscorides, III, 28. C’est une plante qui croît dans les îles du pays dit Ghalatia, xxx (Γαλατια, la Gaule) en face de la ville appelée Massalia. Ces îles portent le nom de Stekhadès, et cette plante a reçu son nom de l’une de ces îles. Elle a les feuilles (les rameaux) grêles et porte des capitules pareils à ceux du thym ^**aJI (Diosc. θυμος), mais avec des feuilles plus longues. Elle est âcre et très amère. Sa décoction, tout comme celle de l’hysope, est employée contre les affections de poitrine. On la fait entrer aussi dans quelques électuaires. — Galien, livre VIII. Cette plante a de l’amertume et un peu d’astringence dans toutes ses parties. Sa constitution est complexe. Elle contient des éléments terrestres et grossiers doués d’astringence, et des éléments terrestres aussi mais plus subtils et en plus grande proportion, d’où résulte l’amertume de cette plante. Par la combinaison de ces deux ordres d’éléments, elle est à la fois apéritive, subtilisante et détersive, et elle fortifie tous les organes internes du corps et le corps lui-même. — Ibn Massouîh. Elle est chaude et sèche au deuxième degré. — Ibn el-Djezzâr. Elle est chaude et sèche au premier degré. — Razès. Elle évacue l’alrabile et la pituite. Elle guérit l’épilepsie et la mélancolie si l’on en fait un usage prolongé comme purgatif. — Le même, dans le Livre de la Correction des médicaments purgatifs. Prise à la dose de deux ou trois drachmes, elle n’a pas besoin de correctif. Il est préférable de la prendre avec de l’oxymel. — Ibn Massouîh, dans le livre dit El-Camel. Elle a la propriété de purifier le cerveau. Elle est salutaire contre l’alrabile. On la corrige avec de la gomme adragante et on la donne à la dose de cinq drachmes. On l’emploie aussi comme errhin à la dose d’une drachme dans du miel, et elle purifie complètement le cerveau. — Oribase wy»\aj. Prise avec du miel, elle est efficace contre les ébranlements du cerveau causés par l’apoplexie ou par contusion. — Avicenne, dans le Livre des Médicaments cordiaux. Elle a la propriété d’évacuer les humeurs atrabilaires, particulièrement de la tête et du cœur. Elle réjouit et fortifie le cœur en dépouillant les esprits animaux du cœur et du cerveau de leurs éléments atrabilaires. Elle est légèrement astringente, c’est pourquoi elle condense les éléments des esprits et du cœur. Il semblerait qu’elle ait une propriété contraire en ce qu’elle fortifie le cœur et qu’elle aiguise l’intelligence. — Le même, dans son Livre des Simples. C’est un antiputride. Elle fortifie les organes urinaires. On l’administre comme purgatif avec du vin pur ou de l’oxymel et un peu de sel. Elle trouble les tempéraments bilieux et les excite au vomissement en même temps qu’elle les altère. — Le Cherif. Triturée et administrée pendant quelques jours, elle guérit les tremblements de tête. Sa décoction appliquée en fomentation calme les douleurs articulaires. Prise confite avec du miel ou du sucre, comme on le fait au printemps pour la rose et la violette, elle donne de l’ampleur à la respiration et évacue les humeurs atrabilaires. — Autre auteur. Elle est très efficace prise à l’intérieur contre les poisons ingérés et les morsures des serpents. — Livre des Expériences. Prendre de la stœchas une partie, de l’écorce de racine de câprier une partie, mêler parfaitement avec du miel et administrer contre le refroidissement de l’estomac et contre toutes les humeurs froides qui l’irritent. Associée à de la sarriette jZsz*2.)\ et de la graine d’ache, on la fait entrer dans les compositions purgatives pour neutraliser les coliques qu’elles peuvent susciter. — Dioscorides, V, 51. Le vin de stœchas se prépare comme les vins d’absinthe et d’hysope. On jette dans six conges u~jl.>i- de suc une mine de stœchas. Ce vin résout les humeurs, les engorgements, les douleurs articulaires, celles des nerfs et le froid excessif. On l’administre aux épileptiques avec de la pyrèthre et de l’oxymel, et cela avec succès. On prépare aussi contre ces maladies un vinaigre de stœchas. Le mode est le même que pour le vin : la seule différence, c’est qu’on jette la plante dans le vinaigre.
Voici un paragraphe qui ne se trouve pas dans notre manuscrit : « Autre. La meilleure est celle qui est brune et sèche. Elle est chaude au premier degré et sèche au second. Elle est atténuante, apéritive et détersive. Elle fortifie le corps et les viscères, combat la putréfaction et relarde la canitie. Elle est souveraine pour fortifier le corps et aiguiser l’intelligence. C’est un antidote contre les poisons ingérés et les venins. On la donne comme purgatif avec du vin pur, de l’oxymel et un peu de sel. Elle provoque des nausées et des vomissements aux sujets bilieux. »
La stœckas se dit en berbère hân et halhâl, et spécialement en Kabylie amezzir. On donne aussi à la lavande stœchas le nom de rby^l iiLw«$ « qui saisit les esprits, » et ce même nom se trouve dans le Dictionnaire de Bokhtor. Galland a lu, xxx xxx, attendu qu’il a traduit : conveniens animabus.