Abuta grandifolia (Pharmacopées en Guyane)
|
Sommaire
Abuta grandifolia (Mart.) Sandw.
Synonymies
- Abuta concolor Poepp. et Endl.
Noms vernaculaires
- Créole : cannelle sauvage, bois bandé cannelle [bwa-bandé-kannèl], cannelle grand bois.
- Wayãpi : yanɨ ɨpo.
- Palikur : ihip iβatye.
- Portugais : abutuá, abuta-branca.
Écologie, morphologie
Arbuste sarmenteux assez commun en forêt primaire.
Collections de référence
Grenand 1872, 2054 ; Jacquemin 1703 ; Moretti 401, 1039.
Emplois
Les Créoles préparent divers organes de cette plante (feuilles, écorces et racines) en macération dans le rhum ; celle-ci est bue pour ses effets aphrodisiaques.
Les Wayãpi utilisent accessoirement cette espèce comme Abuta sandwithiana auquel ils donnent le même nom mais qu’ils ne confondent pas, le bois de Abuta grandifolia étant blanc et celui de Abuta sandwithiana d’un beau jaune vif.
Les Palikur, quant a eux, utilisent cette espèce comme Strychnos oiapocensis (Loganiacées) [1].
Étymologie
- Créole : bois bandé cannelle, de bois bandé, « autre espèce aphrodisiaque » (cf. Ptychopetalum olacoides, Olacacées) et cannelle, « espèce aromatique importée d’Asie (Cinnamomum verum J. Presl., Lauracées) ».
Les feuilles du cannellier, connu dans sa région d’origine comme aphrodisiaque, et celles de Abuta grandifolia sont très comparables.
Pour cette raison, il nous semble vraisemblable que nous soyons en présence d’une transposition sur la seconde espèce des vertus attribuées à la première.
Chimie et pharmacologie
Des écorces, ont été isolés trois alcaloïdes du type bisbenzylisoquinolèine, dont l’un, la krukovine, présente in vitro une bonne activité antimalarique (STEELE et al., 1999).
Tests chimiques en fin d’ouvrage.
____________________
- ↑ L'usage d’Abuta grandifolia est très connu dans toute l’Amazonie mais il est plutôt diversifié ; en Amazonie colombienne et équatorienne, les tiges et les racines sont avant tout utilisées par plusieurs ethnies amérindiennes (Siona, Karijona, Andoke...) comme composante des curares. D’autres Ménispermacées des genres Abuta, Chondrodendron et Curarea, sont également utilisées à cette fin (RIBEIRO et al., 1999). L’infusion des feuilles en Amazonie équatorienne et celle de l’écorce chez les Tiriyo, est utilisée comme stomachique. Chez les Quechua de l'Amazonie équatorienne, les feuilles préparées en compresse servent à soigner les inflammations oculaires et les morsures de serpent venimeux. L'infusion des feuilles est bue comme fébrifuge chez les Siona (CAVALCANTE et FRIKEL, 1973 ; SCHULTES et RAFFAUF, 1990). Enfin chez les Urubu-Ka’apor, l'espèce est utilisée comme contraceptif ou pour stopper les règles trop abondantes (BALÉE, 1994).