Ptychopetalum olacoides (Pharmacopées en Guyane)
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Sommaire
Ptychopetalum olacoides Benth.
Noms vernaculaires
- Créole : bois bandé [bwa-bandé] [1].
- Wayãpi : wɨla taɨ, wɨlapɨlatã.
- Palikur : aneku.
- Portugais : muirapuama, marapuama.
Écologie, morphologie
Arbre moyen de forêt primaire, partout présent en Guyane mais nulle part abondant.
Collections de référence
Grenand 432, 1083 ; Grenand et Guillaumet 3204 ; Moretti 263, 1080.
Emplois
C’est un aphrodisiaque très réputé, tant chez les Créoles de Guyane que chez les Caboclos amazoniens (LE COINTE, 1934). Sa renommée s’étend jusqu’au sud du Brésil.
Les préparations sont très variables dans le détail, faisant intervenir de nombreux ingrédients fort divers, allant de la queue de tatou à la tête de clou carrée (cf. à ce propos le cas des Palikur à Smilax spp., Smilacacées).
Pour les Créoles, la préparation de base reste cependant toujours la même : les racines de jeunes pieds sont mises à macérer dans le rhum ; cette drogue peut se prendre en association avec d’autres plantes également réputées aphrodisiaques comme Strychnos erichsonii (Loganiacées).
Chez les Wayãpi, la décoction de l’écorce de tronc est consommée comme expectorant et comme tonique par les personnes dites essoufflées (affections pulmonaires). L’usage principal de cette même décoction est cependant celui de fortifiant en friction pour favoriser le développement musculaire des jeunes enfants [2]. Enfin la décoction des feuilles et de l’écorce est parfois utilisée comme contraceptif par les femmes.
Les Palikur en font également un usage proche du second des Wayãpi : la racine préparée en bain sert à rendre les enfants forts et résistants aux maladies.
Étymologie
- Créole : bois bandé, « l’arbre pour l’érection », sans qu’il soit besoin de commentaire !
- Wayãpi : wɨlapɨlatã, de wɨla, « arbre », pɨla, « tendre, bander (un arc par exemple) » et ãtã, « dur », « arbre pour bander durement ». Ce mot se réfère à l’usage de fortifiant musculaire.
Chimie et pharmacologie
Cette drogue a été étudiée sous le nom brésilien de muira puama par divers auteurs. AUTERHOFF et PANKOW (1968) ont isolé l’acide béhénique, divers autres acides et un stéroïde et ont constaté qu’elle renferme aussi du lupéol. Elle aurait également une action semblable à celle de la nicotine (RAYMOND-HAMET, 1932), ainsi qu’une action vasodilatatrice périphérique suivie d’une action adrénergique (OLOFSSON, 1927).
Il semble que dans tous ces travaux, plusieurs espèces soient confondues : Liriosma ovata Miers, Ptychopetalum olacoides et Ptychopetalum uncinatum Anselmino (Olacacées). Devant ces résultats contradictoires, il nous a semblé utile de reprendre l’étude de cette drogue. Les diverses préparations des écorces de tige n’ont pas montré de toxicités significatives : DL 50 1 mg>1000 mg par voie orale. In vitro des activités inotrope et chronotrope + et anticholinergiques faibles ont été observées ; in vivo peu d’activité marquée, avec cependant une très légère activité anti-inflammatoire et analgésique. Ces essais pharmacologiques ont été réalisés par le laboratoire Roger-Bellon.
Ptychopetalum olacoides figure dans la Pharmacopée brésilienne depuis 1956 pour ses propriétés stimulantes. Elle figure aussi dans la British Herbal Pharmacopoeia pour le traitement de la dysenterie et de l’impuissance sexuelle. Des études cliniques menées en France, dont les résultats sont contestés, tendent à montrer un « effet dynamique sur l’asténie sexuelle ». P. olacoides entre d’ailleurs dans la composition de plusieurs phytomédicaments brésiliens ou européens (Allemagne) pour le traitement de l’asténie sexuelle. La grande réputation de cette drogue chez les populations rurales du Brésil a conduit à la formulation de divers phytomédicaments locaux, recommandés pour le traitement des troubles associés au vieillissement et à la perte de mémoire (SIQUEIRA et al., 2003).
Des expériences sur le comportement des souris traitées par ces extraits ont mis en évidence une amélioration des fonctions cognitives. Ces propriétés pourraient être reliées à leur activité anti-oxydante (SIQUEIRA et al., 2002). L’extrait hydro-alcoolique des racines a un effet sur le système nerveux central en agissant sur les systèmes neurotransmetteurs dopaminergique et noradrenérgique (SIQUEIRA et al., 1998). En dehors de quelques études sur les constituants lipophiliques et volatiles (BUCEK et al., 1987), les principes actifs responsables de l’activité stimulante de cette drogue n’ont toujours pas été identifiés. Les écorces renferment divers acides, du sitostérol, du campestérol, des coumarines, du lupéol ; selon des études brésiliennes, les composés volatils actifs ne sont pas solubles dans l’eau et ne seraient pas absorbés dans le processus digestif, ce qui suggère que les capsules et tablettes que l’on vend, au Brésil notamment, ne seraient pas des formes d’administration efficaces.
Tests chimiques en fin d’ouvrage.
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- ↑ L’arbre que l'on nomme bois Bandé aux Antilles est différent. Il s'agit de Richeria grandis Vahl, Euphorbiacées (FOURNET, 1978).
- ↑ Cet usage renvoie à diverses observations faites, ches les Caboclos d'Amazonie brésilienne, de l'emploi de Ptychopetalum comme antiparalytique et antirhumatismal (FURTADO et al., 1978 ; SILVA et al., 1977 ; AMOROZO et GÉLY, 1988).