Abricotier (Darwin)

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Pêches et brugnons
Darwin, De la variation des animaux et des plantes à l'état domestique, 1879-80
Prunier


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Abricotier (Prunus armeniaca). — On admet généralement que cet arbre descend d'une seule espèce, qu'on trouve à l'état sauvage dans les régions caucasiennes 6C. A ce titre, ses variétés méritent attention, car elles présentent des différences auxquelles quelques botanistes ont cru devoir attribuer une valeur spécifique chez les amandiers et chez les pruniers. Dans son excellente monographie sur l'abricotier, M. Thompson °7 en décrit dix-sept variétés. .Nous avons vu que les pêchers vrais et les pêchers à fruits lisses varient d'une manière tout à fait parallèle, et nous rencontrons chez l'abricotier, qui appartient à un genre très-voisin, des variations analogues à celles des pêchers, ainsi qu'à celles des pruniers. Les variétés diffèrent beaucoup les unes des autres par la forme des feuilles qui sont dentelées ou

cl Trans. Horl. Soc, vol. IV, p. 512. 02 Joum. of Ilorlicul., 1853, p. 188. 63 Trans. Horl. Soc, vol. VJ, p. 412. 01 Gardener's Citron., 1837, p. 216. 05 Journ. of Horl. Soc, vol. II, p. 283. 00 Alph. de Candolle, 0. C, p. 379. 07 Transact. Horl. Soc. (2e série), vol. I, 183j, p. 56. —Cal.of Fruit in Gardai of Horl. Soc, 3e édit., 1842.


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crénelées, quelquefois garnies à la base d'appendices auriformes, et portent des glandes sur le pétiole. Les fleurs se ressemblent ordinairement, mais sont petites chez la variété Masculine. Le fruit varie de grosseur, de forme, par une suture peu marquée et souvent absente, par la peau lisse ou duveteuse comme dans l'abricot-orange ; enfin par l'adhérence de la pulpe au noyau comme chez la variété que nous venons de citer, ou par sa non-adhérence comme chez l'abricot de Turquie. Ces différences présentent une grande analogie avec les variations de la pêche et du brugnon, mais le noyau en présente de bien plus importantes encore, car elles ont même été considérées comme ayant une valeur spécifique dans le cas de la prune. Quelques abricots ont un noyau presque sphérique, il est très-aplati chez d'autres, tantôt tranchant en avant, ou mousse à ses deux extrémités, quelquefois creusé sur le dos ou présentant une arête tranchante sur ses deux bords. Le noyau de l'abricot Moorpark et ordinairement celui de l'abricot Hemslrirke, présente un singulier caractère : il porte une perforation traversée de part en part par un faisceau de fibres. D'après Thompson, le caractère le plus constant et le plus important, est celui de la douceur ou de l'amertume de l'amande ; on remarque cependant, sous ce rapport, des gradations insensibles, car l'amande de l'abricot Shipley est très-amère; celle du Hemskirke l'est moins que celle de quelques autres sortes ; celle du Royal est très-peu amère et elle est douce comme une noisette chez les variétés Breda, Angoumoise et autres. Quelques autorités ont, chez l'amandier, considéré l'amertume de l'amande comme signe d'une différence spécifique.

L'abricot dit Romain, dans l'Amérique du Nord, résiste à des expositions froides et défavorables où aucune autre variété, la Masculine exceptée, ne peut réussir, et ses fleurs supportent sans inconvénient une gelée rigoureuse C8. D'après M. Rivers C9, les abricotiers provenant de semis ne dévient que peu des caractères de leur race ; en France, la variété Alberge s'est constamment reproduite ainsi avec fort peu de variations. A Ladakh, d'après Moorcroft 70, on cultive dix variétés très-différentes d'abricotiers, qui toutes, à l'exception d'une qu'on a coutume de greffer, sont propagées par semis.

72, il n'est pas improbable que ces deux formes, que quelques botanistes regardent comme appartenant à une seule espèce, soient toutes deux les an- as Downing, The fruits of America, p. 157, — p. 153 pour l'abricot Alberge en France. a9 liardener's Clironicle, 1863, p. 364. 70 Travels in Ihe Himalaytm Provinces, 1841, vol. I, p. 2i)o.