Aboringa (Pharmacopée malagasy)
[8]
Sterculia ankaranensis J. Arènes (Sterculiacées)
- Nom accepté : Hildegardia ankaranensis
Grand arbre atteignant 30 mètres de haut et 1 mètre de diamètre, à couronne de forme tabulaire ; rameaux glabres, portant vers le sommet des cicatrices foliaires de couleur jaunâtre ; feuilles suborbiculaires, atteignant 17 centimètres de haut et 15 centimètres de large, cordées à la base et portant au sommet trois pointes linéaires, à sommet obtus, glabres sur les deux faces, mais de couleur glauque à la face inférieure ; à nervures palmées ; follicule très grand, atteignant 9 centimètres de haut et 6,5 centimètres de large, aplati, à péricarpe épais, coriace, densément velu à la face interne, velouté et d'un brun ferrugineux à l'extérieur, généralement disperme (Figure I).
[10]
C'est une espèce localisée sur les plateaux de l'Ankarana (province de Diégo-Suarez), dans les forêts à feuilles caduques jusque vers 300 mètres d'altitude. Il domine généralement le reste de la végétation et est visible de loin.
Les écorces fournissent des fibres utilisées en corderie. Les graines, riches en huile, peuvent fournir une huile intéressante. Le tronc, lorsqu'il est incisé, laisse exsuder, surtout aux mois de mars et avril, un mucilage abondant susceptible de recevoir les mêmes emplois que la gomme adragante.
Bibliographie botanique
On trouvera des descriptions étendues de cet arbre dans :
- J. Arènes, Mémoires Institut Scientifique Madagascar, série B, VII (1956), p. 72;
- J. Arènes, in H. Humbert, Flore de Madagascar et des Comores, 131e famille : Sterculiacées, Paris, 1959, p. 16 et fig. IV.
Parties utilisées
Gomme
La gomme d’Aboringa rappelle beaucoup par ses caractères la gomme de M'Bep (Sterculia tomentosa du Sénégal) qui a été beaucoup plus anciennement étudiée (voir sur cette gomme : Dr E. Heckel, in Répertoire de Pharmacie, janvier et février 1899 ; et Revue des Cultures Coloniales, 1898, numéro du 5 janvier ; Dr Schlagdenhauffen, in de Cordemoy, Gommes et Résines d'Origine Exotique, Paris, 1900, Challamel Edit., p. 64-71).
Lorsqu'on place les fragments de cette gomme dans dix fois environ leur poids d'eau froide, la gélification des couches superficielles se fait rapidement ; au bout de deux heures, les fragments ont atteint environ 20 fois leur volume primitif et se sont transformés en une gelée claire, au milieu de laquelle seules les parties centrales persistent encore à l'état de noyaux solides ; au bout de trois heures, la gélification est complète et le mucilage obtenu est clair et transparent comme du cristal. Mais il n'y a jamais de dissolution à proprement parler.
Lorsqu'elle est convenablement séchée à l'air, la gomme retient encore environ 20 p. 100 de son poids d'eau ; sa densité est alors de 1.400 à 1.450. La teneur en cendres après incinération doit être de l'ordre de 5 p. 100 au maximum. Le constituant essentiel de cette gomme semble être un polymère de l'arabinose.
Emplois de la gomme d'Aboringa : Cette gomme peut être utilisée pour préparer des mucilages et des émulsions médicamenteuses avec les substances non miscibles à l'eau, à la manière de la gomme adragante (voir Gomme adragante).
[11]
Huile des graines
Les graines d’Aboringa fournissent une huile fluide, de couleur jaune d'or, d'odeur agréable, sans goùt particulier ; donnant la réaction d'Halphen : coloration orangé.
Ses caractéristiques sont les suivantes :
- Poids spécifique à 15°C : 0,925 à 0,930 ;
- Indice de réfraction à 40°C : 1,47 ;
- Indice de saponification : 179 à 196 ;
- Indice d'Iode : 66 à 92.
Elle renferme environ 10 p. 100 d'acides gras saturés. La teneur en insaponifiable est relativement faible (environ 0,5 p. 100).
Emplois de l'huile d'Aboringa : Cette huile nous paraît être une excellente base pour la préparation des savons végétaux. Elle est jusqu'ici totalement inutilisée à notre connaissance.
N.B. - Ce bel arbre dont nous venons de voir quelles pourraient être les utilisations nous semble devoir être multiplié artificiellement. Il se reproduit très bien de semis et pourrait être avantageusement planté dans une grande partie de la province de Diego-Suarez.
C'est une espèce qui n'existe qu'à Madagascar.