2-1 Coupe haute des épis (Maurizio)
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L'approvisionnement du ramasseur reposait sur l'usage du bâton à fouir, qui servait à déterrer des racines, des tubercules, des bulbes. Sa cuisine reposait eur l'usage des pierres incandescentes, qui lui permettaient de préparer les premiers aliments artificiels. Par leur ancienneté, par leur importance comme point de départ de tous les perfectionnements à venir, le bâton et les pierres rejettent dans l'ombre tous les autres moyens dont s'aidait l'homme.
L'abattage des fruits et des graines n'exigeait aucun outillage particulier : un bâton suffisait. Pour faire une récolte abondante de baies, on utilisait une sorte de râteau, comme celui qui sert encore à présent aux ramasseurs de myrtilles. Il y avait beaucoup de moyens particuliers du même genre. On battait avec des gaules les panicules et les épis des graminées, de même qu'on battait les buissons avec un bâton. Nous avons détaillé précédemment les d!vers moyens qui servent pour la récolte, le séchage et la préparation finale du Glyceria fluitans et du Zizania aquatica, c'est-à-dire les réservoirs, récipient d'écorces, sacs pour le transport, nattes, cribles de fibres, corbeilles plates et fourches, et enfin les dispositifs sur lesquels les grains sont grillés. Tous ces instruments ont varié au cours des temps, mais ont conservé jusqu'à nos jours
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leurs formes essentielles, celles sous laquelle la Bible les décrit. On lit dans Jérémie (15.7) : « Je les vannerai hors du pays avec la pelle à vanner ». Isaïe dit (30.24) : « Les boeufs et les poulains qui labourent le sol, mangeront du fourrage mêlé, vanné avec la pelle à vanner et le van ». Il serait certainement intéressant d'examiner comment tout ce matériel prit naissance et aussi se perfectionna, bien qu'il ait très peu varié dans sa destination et ses formes au cours des temps. Cependant nous nous bornerons à examiner un peu en détail un instrument dont l'usage est lié à une façon ancienne et particulière de moissonner et à un type spécial d'aliments. Cet instrument est le couteau avec lequel on coupait les épis, forme primitive de la faucille et probablement de la faux.
Dans l'agriculture primitive, avant la coopération du bétail à la culture, l'usage de couper les chaumes des céréales sous l'épi et non à la base était extrêmement répandu. Il en a été déjà question à propos des moissons de céréales sauvages chez les Mongols. Quand on secoue ou qu'on frappe les panicules, on fait tomber les grains mûrs, mais cela ne va pas sans perte. Au contraire, quand on pratique la coupe des épis, la récolte est plus abondante, mais beaucoup de grains en lait sont mêlés aux grains mûrs. Dans beaucoup de cas ce sont les conditions défavorables du climat ou son inconstance qui imposent à l'homme l'un ou l'autre de ces modes de récolte. Dans d'autres cas, c'est la nécessité. Dans tous les cas, la façon la plus ancienne, la plus primitive de faire la moisson est la coupe en haut des tiges, sous l'épi.
Le couteau de silex nécessaire pour ce travail remonte à l'époque
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néolithique[1]. Je l'ai trouvé souvent figuré dans les publications relatives aux époques lacustres, tant anciennes que récentes (fig. 5). Certains types en bronze fondu accusent encore très nettement leur parenté avec les outils néolithiques. Ce couteau avait d'ailleurs aussi, en général, d'autres usages, car, sans cela, on ne le trouverait pas dans tant d'autres gisements néolithiques et même, exactement tout pareil, chez les Esquimaux (fig. 4). II doit avoir été aussi d'un excellent usage pour le nettoyage des cuirs, pour rendre unies les surfaces, et emplois du même genre. Le côté non tranchant de la lame, est enfoncé dans une poignée plate en bois (V. fig. 4 et 5). Il est clair que ce couteau déchire plus qu'il ne coupe. Cependant il est certain qu'il servait aussi pour la coupe des épis. Nous le savons par son usage chez les primitifs actuels. P. Sarasin le décrit de Java, comme outil de moisson et, avant lui, Grabowsky l'avait décrit comme tel chez les Daiakes du sud-est de Bornéo. Dans les deux cas l'outil a conservé sa forme néolithique. Il n'importe pas ici que ce couteau soit ou non la forme primitive de la faucille. Ce qui est certain, c'est que la coupe des épis est une forme très primitive de la moisson. Mentionnons aussi rapidement une autre forme de la faucille, parce que l'antiquité égyptienne nous en a laissé de très nombreuses figurations (Woenig, Ed. Meger, loc. cit.) et parce que cet outil sert aussi à couper les chaumes sous l'épi. Il s'agit de la faucille de bronze que représente la figure 6 et qui abonde dans les musées. Les primitifs modernes s'en servent encore actuellement, sous diverses variétés de ses formes, pour le même usage et cet instrument sert encore chez nous, sous une forme ramassée, pour abattre les buissons. L'Ancien Testament parle de la faucille dans un calembour où il est question de la faucille et d'une mâchoire d'âne. Cela correspond bien à la faucille de la figure 6, qui ressemble évidemment à une mâchoire d'âne. Il serait facile de donner d'autres exemples.
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- ↑ Lubbock (John) nomme ces objets scies de l'âge de la pierre. V. Vorgesch. Zeit., Jena, 1874, I, 98, avec figure du couteau des gisements danois.
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Ce qui va suivre suffira à faire comprendre comment on pratiquait la moisson chez les Juifs. Dans le chant de Déborah (Juges, 5, 8 et 11) les « porteurs de piquants » avec lesquels on entre en guerre ne sont probablement pas autre chose que des épis de céréales que des moissonneurs sont en train de couper. Alors on entend « les voix de ceux qui coupent entre les courants d'eau ». Ce qu'il y a d'archaïque dans tout ce tableau est encore mis en lumière par ce qu'on lit aux versets 12 et 13 que l'on peut comprendre de la façon suivante : le « Barak » (c'est-à-dire le rayon de feu ou le brasier) se saisit de sa proie. Autrement dit, on met le feu aux chaumes, comme il est encore d'usage de le faire en Orient et même parfois en Pologne, ou dans des contrées reculées de la Galicie orientale. D'autres textes font bien comprendre comment les Juifs coupaient leurs céréales, c'est-à-dire exactement comme le représentent les anciens documents égyptiens. D'un bras on tient une brassée de chaumes, de l'autre on lance la faucille. C'est à cela que fait allusion Esaïe (17, 4-6) : « A ce moment-là la magnificence de Jacob sera réduite et son corps gras sera maigre. Car elle sera comme si quelqu'un récoltait du blé pendant la moisson et comme si quelqu'un recueillait les épis dans son bras et comme si quelqu'un cueillait des épis dans la vallée d'Ephraïm, et qu'il y reste à glaner. »
Aujourd'hui encore, les Dayakes font à peu près exactement de même. D'abord ils coupent avec le couteau qui a été décrit ci-dessus les épis mûrs les premiers. Puis ils font la véritable récolte. Et il y a ensuite une fin de récolte. Mais ils laissent la paille sur le sol et la brûlent quand la récolte est terminée. Les épis eux-mêmes sont séchés et égrénés avec les pieds. Ailleurs c'est le champ qui constitue l'aire et on y conduit les animaux domestiques qui font l'égrenage. La Bible dit : « Tu ne musèleras pas le bœuf qui bat le blé ». On procède encore ainsi en Égypte et en Abyssinie et on rapporte qu'il en est de même en Chine. Actuellement l'usage de pratiquer la coupe sous l'épi est en rapport avec l'exploitation du sol par petites parcelles. On coupe alors les épis successivement, à mesure qu'ils mûrissent, et on récolte plus tard la paille et les chaumes, ou bien on les brûle. La Chine du sud diffère beaucoup dans sa façon de moissonner de la Chine du nord, où le bois manque. La coupe avec la faux, au ras du sol, est aussi en usage. En tout cas la faucille, souvent dentée, des Chinois ressemble à celle de l'âge du bronze et à celle de l'ancienne Égypte et non à la nôtre[1], que cette dernière soit, comme dans les Carpathes,
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- ↑ Ischer (Th.), Anz. f. schweiz. Altertknde, N. F. 21, 1919, 135 (avec importantes remarques sur les scies préhistoriques) ; Grabowsky (Fr.), Globus, 93, 1908, 104 ; Wagner (Wilh.), D. chines. Landwirtsch, Berlin, (Parey), 1926, 267/7 ; Anonyme, Schweiz. Volksk., Jg. 14, 1924, 67 et Jg. 15, 1925, 17 (sur le recul de la faucille devant la faux).
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dentée en scie ou non. Des rapports dignes de foi nous apprennent que la faux n'est apparue qu'il y a cent ans et qu'elle a peu à peu refoulé la faucille. La faucille scie, la faux tranche. On a beaucoup discuté le pour et le contre des deux méthodes. Dans beaucoup de parties des plaines de la Suisse, la bataille pour la faux a été livrée vers les années 1850 et 1860. De même dans les villages du lac de Constance.
La coupe des épis chez les peuples qui pratiquent le ramassage est une mesure de caractère économique et souvent aussi une règle en cas de famine. Encore à présent, en Russie, la coupe des épis est de règle dans la forme même où on la pratiquait au XIVe siècle en Angleterre, dans les années de famine, selon le récit précis qu'en donne Roger[1]. Il y eut alors, comme il arrive actuellement dans les contrées de la Russie où règne la famine, un effroyable envahissement des champs cultivés par les mauvaises herbes. L'antique coutume de couper haut les céréales[2], pour éviter le mélange des épis et des mauvaises herbes, est très favorable au séchage rapide et au battage des épis. La pluie survenant sur une moisson mûre n'avait pas autrefois, dans ces conditions, autant d'inconvénients qu'elle en a lorsque les chaumes, coupés bas, sont mélangés avec les mauvaises herbes.
L'usage de couper haut les épis peut être suivi jusqu'à nos jours, alors même qu'il n'est pas imposé par la nécessité. Nous avons sur ce point beaucoup de renseignements relatifs au moyen-âge dans les autres contrées germaniques. J'en connais qui ont trait à la Pologne, où on coupait de cette façon les épis de seigle encore en lait. Les épis ainsi coupés se nommaient : Szczypanka ou bien Skubanka, c'est-à-dire « pincé » ou « l'arraché ». D'après les sources utilisées par Rostafinski, les deux millets furent récoltés de cette façon (loc. cit., 1900, 110). Il est probable que les Slaves pratiquaient souvent ainsi la coupe des épis et moissonnaient les chaumes plus tard quand ils ne les brûlaient pas dans les champs. On admet que, pour cette cueillette des épis, ils se
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- ↑ Rogers (J. E. Th.), Gesch. d. engl. Arbeit., Stuttgart, 1896, 39 et 166 ; Hoops (J.), Reallexik. germ. Altertkd, Straszburg, 1914, I, 4 ; Heyne (Moriz), Fünf Bücher dtsch. Hausaltertümer, Bd. 2. Das Nahrungswesen, Leipzig, 1911, fig. 15.
- ↑ [Par exemple : Caïn moissonnant (portail des libraires, cathédrale de Rouen). Cf. Julien Le Sénécal : Les occupations des mois dans l'iconographie du moyen-âge. (Bulletin de la Soc. des Antiquaires de Normandie, t. XXXV, Caen, 1924). Note du traducteur.]
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servaient d'un rateau particulier, en forme de peigne. Mais ces interprétations reposent sur une erreur. Il est certain qu'en s'y prenant ainsi on ne détache pas seulement les épis mais qu'on arrache en même temps tiges et racines. A mon avis les Slaves se servaient, pour la coupe des épis, d'une faucille quelconque. Le mets préparé avec du grain non mûr se nommait prazmo, aussi bien en polonais qu'en tchèque. Les textes du début du XVIIe siècle (Sirrenius, 1613, loc. cit. et Zawacki, 1616, p. 39) mentionnent, à la fois les épis coupés haut (Szczypanka) et le mets qu'on en prépare (prazmo) mais il n'est nulle part question d'un rateau. En réalité, il n'y a là rien de particulier aux Slaves, car Johann Beckmann, au XVIIIe siècle, dans sa Bibliothek (t. IV de l'année 1787, 90), dit, à propos de la récolte du Kolbenhirse (Millet des oiseaux : Setaria italica) que les épis mûrs sont coupés seuls avec une faucille très tranchante, qu'on les recueille dans son tablier et que, bientôt après, on coupe la paille avec une faux. La « littérature de père de famille » à laquelle il se réfère ne m'a pas été accessible. Krünitz parle, lui aussi, de la coupe haute des épis, sans nous apprendre rien de nouveau. En tout cas, la pratique de la coupe haute des épis s'est maintenue bien plus longtemps chez les Slaves qu'ailleurs. Les Kaschoubes récoltent de cette façon du seigle à moitié mûr, qu'ils font sécher au four et qu'ils passent au moulin à main[1]. Cependant la littérature polonaise populaire ne nous fournit pas, à ce qu'il semble, d'autres renseignements pour les époques récentes.
Mais nous pouvons citer des cas isolés provenant de l'Ouest, et même de la Suisse. Dans la vallée de la Sihl, près de Einsiedeln, on avait obtenu en sol marécageux quelques sillons en rejetant la terre provenant de fossés d'assèchement et on y avait fait pousser de l'orge, de l'avoine et des pommes de terre. Le 15 septembre 1874, la récolte de l'orge s'y fit en coupant isolément les épis. Les chaumes restèrent provisoirement en place[2]. C'est de cette façon que, dans les contrées Alemanniques, et particulièrement dans le Würtemberg, se fait la récolte du « grain vert » avec lequel on fait la célèbre soupe du même nom. On pratique pour cela la coupe sous l'épi de l'épeautre, de la petite épeautre, et du blé à amidon (Triticum Spelta, monococcum, dicoccum) lorsque le grain n'est qu'à moitié mûr. Cette récolte porte sur des quantités appréciables car, dans le duché de Bade et dans le Würtemberg, le produit fut classé, à partir de 1915, au nombre des produits
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- ↑ Treichel (A.), Mitt. Natf. Ges. i., Dantzig, Bd. 5, 1885, 216.
- ↑ Christ (Herm.), Pflanzenleben d. Schweiz, 2 A., Bâle, 1882, 189.
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bruts auxquels s'appliquaient les lois de restriction. En 1916, la récolte fut de 60.000 « Doppelzentner »[litt. = doubles quintaux ; si l'unité équivaut à 100 livres, cela fait 60 000 quintaux métriques], qui furent dirigés sur Mannheim[1].
La très ancienne coutume de la coupe sous l'épi doit être examinée attentivement. Elle est encore pratiquée par les Mongols ramasseurs. Je l'ai mentionnée à propos de beaucoup de plantes. C'est ainsi qu'une partie des Indiens de l'Amérique du Nord récoltent la Zizania. C'est ainsi que l'on récolte la Glyceria, le seigle de rivage et l'avoine de rivage. C'est ainsi qu'on obtient le «grain vert ». C'est ainsi qu'on récoltait les millets y compris le Panicum sanguinale et aussi le seigle et les diverses variétés du blé, du moins en tant que grains non mûrs, quand ce n'était pas autrement. Les sources anglaises, allemandes et polonaises mentionnent pour le moyen âge la coupe des épis et on y revient toujours en cas de mauvaises récoltes persistantes (comme en Russie) dans le but, de pouvoir rentrer le grain sans mauvaises herbes. Les sources égyptiennes la figurent et la Bible en parle. On ne peut affirmer que la glane des épis, permise aux pauvres dans l'état de Berne et aussi en France, soit en relation avec la coupe des épis (Jer. Gotthelf). Cependant une coutume extrêmement ancienne abandonne aux pauvres ce qui reste sur le sol. Il ne s'agit pas ici seulement des moissons, mais aussi de toute sorte de biens de la terre. Je me rappelle, à ce point de vue, la forêt de châtaigniers de mon pays natal, qui va de Soglio jusqu'à la frontière italienne, vers Castasegna, et qui est à tel point morcelée qu'il en existe des parts de 30 mètres carrés. En septembre presque chaque parcelle reçoit momentanément une sorte de haie, faite de branches entrelacées, haute d'environ vingt centimètres, pour empêcher les châtaignes de passer en roulant sur la terre du voisin, précaution qu'impose la disposition inclinée du sol. Mais les châtaignes qui tombent sur les sentiers ne sont jamais ramassées par les propriétaires du sol.
Le droit de glanage est, dans la vie paysanne, une charité qui est passée des mœurs dans le droit. Son origine se perd dans le lointain des temps de la culture à la houe et de la coupe des épis. Ici encore, nous pouvons alléguer l'ancienne économie rurale judaïque. Le livre de Ruth nous apporte sur ce point le témoignage irréfutable que voici : « Quand tu moissonnes sur la terre, tu ne dois pas faire la coupe des coins du champ et tu ne dois pas tout ramasser, mais tu dois en laisser au pauvre et à l'étranger, car je
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- ↑ Renseignements plus récents, par exemple : Berl. Tagbl. Nr., 338, 339. V. 5, VIII, 1916 ; Frankf. Zeit. Nr. v. 8, VIII, 1916.
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suis le Seigneur votre Dieu (Moïse, 19,9-10) ». Plus claire encore est la citation suivante, qui vise non seulement les céréales, mais les autres récoltes. « Quand tu moissonnes sur la terre et que tu as oublié une gerbe, tu ne dois pas retourner la chercher, mais elle doit appartenir à l'étranger, à l'orphelin et à la veuve pour que moi le Seigneur, je te bénisse dans l'ouvrage de tes mains ». La même règle s'applique à la récolte dans le vignoble et dans l'oliveraie (5, Moïse, 24, 19-21) et encore aujourd'hui elle reste observée. L'abandon des biens laissés sur le sol après les récoltes est une des nombreuses vertus que les paysans observent sans rien dire. Elle se détache sur le fond de leur vie laborieuse et sa signification sociale a été souvent relevée, par exemple par Riehl, L'Houet, et récemment par Krzymowski[1]. Dans ses tableaux classiques de la vie paysanne Jeremias Gotthelf traite ce sujet à fond et dans son sixième chapitre de sa Käthi die Grossmutter, il dit, entre autres choses : « Käthi avait pour ainsi dire ses champs patrimoniaux, des champs sur lesquels elle avait glané depuis quarante ans et plus, où elle était pour ainsi dire la glaneuse privilégiée, où elle suivait de tout près la voiture d'où le paysan lui faisait signe quand il apercevait un petit tas d'épis sous la gerbe qu'il prenait au bout de sa fourche. » Ces aumônes ne pouvaient pas manquer de servir souvent de modèles pour les arts plastiques. Toutes les langues ont un mot particulier pour désigner le glanage. Moissonnage eL glanage allaient ensemble. Le glanage a prolongé jusqu'à notre époque le geste antique des ramasseurs primitifs, et en y mêlant le geste de la bonté humaine. Innombrables sont les œuvres de sculpture et de peinture qui assurent aux glaneurs l'immortalité. Beaucoup de poètes ont intitulé « glanes » leurs recueils et, dans son prologue pour le jubilé de Schiller (Berne, 1859), Gottfried Keller rappelle en ces mots le poète classique de Weimar. « Il ne nous reste plus à nous autres pauvres glaneurs qu'à saisir le passé par-dessus les tombes et à remonter vers les jours élus qui ont mis à la lumière pour nous toute cette vie.
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- ↑ Riehl (loc. cit.) ; L'Houet (A.), Zur Psychologie des Bauerntums., Tübingen, 1905 ; Krzymowski (R.), Philosophie der Landwirtschaftslehre, Stuttgart, 1919.