Andjodân (Ibn al-Baytar)
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Nom accepté : Ferula assa-foetida
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- Plusieurs médecins disent que l’andjodân est la feuille, le haltit, حلتيت - ḥaltīt, la gomme, et le mahrout, محروت - maḥrūt, la racine.
- ISHAK IBN AMRAN. Il y a deux espèces d’andjodân, l’une blanche, douce au goût et comestible, que l’on appelle sarakhsy, السرخسى - al-saraẖsi, et dont la racine porte le nom de mahrout. Elle entre dans les préparations culinaires et phar-
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- maceutiques. L’autre est noire, fétide, et entre dans les médicaments composés. La gomme de l’andjodân est la haltît, حلتيت - ḥaltīt, La douce vient de l’andjodân douce, et la fétide de l’andjodân fétide,
- Abou Hanîfa. Le mahrout est la racine de l’andjodân. Celle-ci croît dans les plaines sablonneuses qui s’étendent entre Bost et le pays de Kîkân. Le haltît est une gomme qui sort de la naissance des feuilles. Les gens du pays font cuire l’herbe de haltît et s’en nourrissent. Il n’en reste plus pour l’hiver.
- MOHAMMED IBN ABDOUN. L’andjodân est une plante qui ressemble au cachem (livèche). Elle croît à Babylone, et les marchands de légumes la vendent avec les épices.
- ABOU OBEÏD EL-BECRI. L’andjodân noire et fétide qui produit la haltît puante est une racine épaisse qui donne des feuilles étalées sur la terre, crépues, de la largeur de la main, composées de folioles petites à l’instar du panais, et pareilles aux lamelles qui se trouvent sous l’anneau des portes. Du milieu de ces feuilles s’élève une tige terminée par une ombelle semblable à celle de l’aneth, sinon qu’elle est plus grande. Il s’y produit des graines contenues dans une gousse mince, aplatie et allongée, d’une odeur fétide.
- DIOSCORIDES, III, 84. Le silphion (c’est l’andjodân) croît en Syrie, en Arménie, en Médie et en Libye. Cette plante a une tige que l’on appelle maspethon (il faut lire مسبطن - masbaṭon, au lieu de مسقطس - masqaṭos). Elle ressemble au galbanum قنا - qinā, et c’est comme une férule, كلخ - kalẖ. Sa feuille ressemble à celle de l’ache. Sa graine est aplatie. Sa racine, que l’on appelle magudaris, ماغوظاريس - māġūẓārĭs, est échauffante, brûlante et dessiccative (ici l’arabe s’écarte du grec, qui n’a pas ces dernières qualifications). Elle se cuit difficilement et nuit à la vessie ; on l’associe au cérat pour panser les scrofules et les abcès. Employée en cataplasme avec de l’huile, elle est utile contre les extravasations sanguines de l’œil. Associée au cérat d’iris et de henné, c’est un topique contre la sciatique. Cuite avec l’écorce de grenade et avec du vinaigre, elle guérit les hémorroïdes du siège. Prise à l’intérieur, c’est un antidote contre les poisons. Sa saveur est agréable si on l’associe aux légumes et avec du sel.
- GALIEN, livre VIII. Cette plante est très chaude, et il en est
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- de même de sa feuille et de ses rameaux. Sa racine est très échauffante. Tous ses éléments sont flatueux et tuméfiants, c’est pourquoi elle se cuit difficilement. Toutefois, appliquée à l’extérieur, elle est plus efficace, et le suc est la partie la plus active (la fin du texte arabe est altérée).
- MASSÎH. L’asa est chaude et sèche au troisième degré. Elle est utile contre la dysurie et le refroidissement de l’estomac, et elle provoque les règles.
- IBN MASSOUÎH. Elle dessèche les humeurs de l’estomac ; elle y séjourne et altère l’odeur des excréments et de l’urine.
- MOHAMMED IBN EL-HASSEN. Elle fait avorter et relâche le ventre. Elle est salutaire contre les démangeaisons, triturée et appliquée.
- RAZÈS. La racine, mahrout, fortifie le foie et l’estomac ; elle aide à la digestion. — Il dit ailleurs, dans son Traité sur la manière de corriger les défauts des aliments, que l’asa est chaude, compacte, pénétrante, subtilisante et âcre. Elle rend plus subtils les aliments grossiers. Elle provoque fortement des rapports qui conservent longtemps sa saveur. Les personnes qui manquent d’expérience et de savoir pensent qu’elle n’aide pas à la digestion ; mais elles se trompent. Ces faits prouvent seulement son énergie et son assimilation avec la substance de l’estomac. Cette saveur tient à la substance de l’asa, qui jouit d’une certaine compacité et partant la conserve longtemps. Une des propriétés merveilleuses de l’asa est de dissiper l’intumescence produite par les aliments tuméfiants et d’être elle-même tuméfiante. On observe quelque chose de pareil dans le cinnamome, le gingembre et l’ouchtorghâr (Voyez le n° 84). Cela a été pour beaucoup de médecins une occasion d’erreur. Ils pensent que l’asa n’aide pas à la résolution de l’intumescence, mais ils se trompent. En effet, cette substance est très efficace pour résoudre l’intumescence produite par des aliments grossiers, bien qu’elle suscite elle-même des évaporations qui n’aboutissent pas aux gargouillements et à la souffrance, mais déterminent des érections, réchauffent les intestins, les reins et les organes voisins. Associée à du vinaigre fort, elle atténue les aliments, devient agréable au goût et promplement digestible. En même temps elle perd de sa chaleur. Il (Razès) dit aussi que les condiments à
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- l’asa sont très chauds et entètent. Ils conviennent aux estomacs abondant en humeurs. Il dit autre part que les préparations avec l’asa sont chaudes, bonnes, légères, et excitent la soif.
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L’histoire du silphium est une des plus épineuses et des plus controversées de la matière médicale. Deux principales questions s’y rattachent. Qu’était-ce que le silphium ? Répond-il bien à l’andjodân des Arabes ? Le silphium a été l’objet de longues dissertations, parmi lesquelles nous citerons celle de Saumaise et celle de M. Macé, dans la Revue archéologique de 1857.
Les récits des anciens et notamment les médailles de Cyrène, dont on peut voir de nombreux échantillons dans le travail de M. Muller sur la numismatique de l’Afrique septentrionale, ne nous laissent aucun doute sur la nature de cette plante ; c’était une férulacée. Mais cette plante peut-elle être rapportée à une espèce actuellement existante ? On a voulu y voir le Thapsia garganica, et c’est l’opinion de Pacho ; mais on ne s’est pas rappelé que les anciens distinguent le silphium du thapsia, dans lequel on ne saurait, avec les Arabes, se refuser a voir le dryas de nos jours. Faut-il admettre que le silphium ait disparu de la Cyrénaïque ? Solin parle de son extrême rareté, et Pline de sa disparition, à ce point que l’on n’en put apporter qu’une seule tige à Néron. Nous croyons, pour notre part, qu’il a pu en être du silphium dans la Cyrénaïque ainsi que du lotus et du persea dans l’Egypte. Nous ne saurions admettre, avec M. Macé que le silphium est le Laserpitium laser des modernes, qui peut être identique avec celui du Parnasse, mais que Pline distingue et dit servir à la sophistication de l’autre. Si les Arabes n’ont pu connaître le silphium de la Cyrénaïque, les récits des Grecs leur ont paru conformes avec ce qu’ils observaient dans l’Orient, et ils ont dû conclure à l’identité du silphium et de l’andjodàn. On lit dans la traduction arabe de Dioscorides : le silphium et c’est l’andjodân, سلفيون وهو شجرة الانجدان - silfĩūn wahuwa šaǧrat al-ānǧudān. On sait que cette traduction fut l’œuvre de Stephan, vers le milieu du IX° siècle de l’ère chrétienne. La distinction de la plante et de son suc en doux et en fétide n’est pas une idée d’importation grecque, ainsi que le prétend Saumaise : nous en avons la preuve dans les paroles d’Ishak Ibn Amrân. Les Orientaux avaient plusieurs sortes d’andjodân, qui servaient, suivant leurs qualités, d’aliment ou de médicament. N’eussions-nous pas cette distinction, on ne saurait non plus admettre avec Saumaise que l’asa fœtida doive être nécessairement repoussée de l’usage alimentaire en raison de son odeur. Il est certain que cet usage existe toujours en Orient. L’auteur de la Pharmacopée persane s’exprime ainsi : « Ipsemet autem probavi sœpius non esse ingrati soporis, aut odoris, nisi quis allium etiam detestetur. » Ce n’est pas là précisément l’éloge de l’asa. C’est alors que Fuchs et A. Lusitanus ont vu le benjoin dans l’Asa dulcis. On admet généralement que la plante qui fournit aujourd’hui l’asa fœtida appartient au genre Ferula. MM. Lemaout et Decaisne disent un genre voisin du genre Ferula. Viviani crut reconnaître le Silphium dans une plante rapportée de la Cyrénaïque par Della Cella, et lui donne le nom de Thapsia silphium. Les effets observés sur les chameaux par le voyageur sont aussi rapportés par les Arabes en parlant du dryâs. En somme, l’histoire du Silphium et de l’Andjodân présente encore des lacunes à remplir.
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Les villes de Bost et de Kîkân, mentionnées dans l’article d’Abou Hanîfa, sont situées dans le nord de la Perse.
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Voir aussi :