Airelle (Cazin 1868)

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Ailante
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Alcée
PLANCHE II : 1. Agnus castus. 2. Agripaume. 3. Aigremoine. 4. Airelle myrtille. 5. Alchimille.


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Myrtille

Nom accepté : Vaccinium myrtillus


AIRELLE. Vaccinium myrtillus. L.

Vitis Idæa, Bauh. T.

Myrtille, — raisin des bois, — gueule de lion noir, — moret, — brembollier, — brembelle, cousinier, — aradeih, — vaciet.

ERICINIÉES, — VACCINIÉES. Fam. nat. — OCTANDRIE MONOGYNIE. L.


L'airelle (Pl. II), sous-arbrisseau, habite les bois montueux, les lieux ombragés. Elle abonde à Montmorency et à l'Ile-Adam. Elle est cultivée dans les jardins.

Description. — Tige se divisant presque à sa base en rameaux nombreux, anguleux, flexibles, verts, s’élevant à la hauteur de 30 à 60 centimètres. — Feuilles annuelles, alternes, ovales, glabres, aiguës, finement dentées, à pétioles courts. — Fleurs blanches ou rosées en forme de grelot, solitaires et pendantes, axillaires (avril). — Calice globuleux, petit, à quatre dents. — Corolle renfermant huit étamines incluses. — Baies de la grosseur d'un pois, bleues noirâtres, ombiliquées, renfermant huit à dix petites graines blanchâtres.

Parties usitées. — Les feuilles, les fruits.

[Culture. — On la cultive quelquefois dans les jardins ; elle demande une exposition abritée, fraîche et de la terre de bruyère ; on peut la propager de graines semées sur couches ; la marcotte réussit mieux, elle craint les transplantations, qui doivent toujours être faites en motte.]

Récolte. — Il faut prendre garde de ne pas confondre ces baies avec les fruits de belladone, qui sont très-vénéneux. Ceux-ci sont plus noirs, plus gros, plus luisants, d'un goût fade et nauséabond, tandis que les baies d'airelle ont une saveur aigrelette et n'ont pas de calice persistant.

Propriétés physiques et chimiques. — Les baies ou fruits, soumises à la fermentation avec une certaine quantité de sucre, fournissent une liqueur vineuse agréable. On s'en sert pour colorer le vin, et même pour fabriquer, avec d'autres ingrédients, des vins que l'on débite comme naturels. On en fait des confitures et un sirop. La propriété colorante de ces baies les rend fort utiles à l'art tinctorial et même à la peinture. [Les feuilles d'airelle sont assez riches en tannin, on emploie pour les remplacer celles de l'airelle ponctuée et de la canneberge ; on peut également substituer les fruits les uns aux autres.

On confond souvent les feuilles d’airelle avec celles de bousserole ou raisin d'ours (arbutus uva ursi) ; mais celles-ci sont plus épaisses, plus coriaces, plus vertes, et les bords de leur limbe ne sont jamais repliés en dessous : caractère qui distingue l'airelle.

Sieber a constaté la présence de l'acide quinique dans les feuilles de l'airelle myrtille.]


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


Infusion, décoction (baies), 30 à 60 gr. par kilogramme d'eau.
Poudre, 4 gr. toutes les 2 ou 3 heures.
Extrait, 1 à 2 gr. en pilules par jour.
Suc, pour limonade, sirop, potion, etc.

(Teinture (Reiss) : baies récentes, 100 parties ; alcool à 56 degrés, 1,000 parties; doses, un verre à liqueur.
Sirop (5 parties d'extrait pour 1,000 de sirop), de 2 à 6 cuillerées par jour.)


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Les fruits de l'airelle, acides, légèrement styptiques, sont tempérants et astringents. Ils conviennent dans les inflammations, les fièvres inflammatoires et bilieuses, la diarrhée, la dysenterie, les affections scorbutiques, etc. Les anciens en faisaient grand usage. Dioscoride les regarde comme propres à resserrer les tissus. Dodoens les prescrivait dans la diarrhée, la dysenterie, le choléra. Forestus les a employés dans la toux avec hémoptysie. Plasse[1] vante les bons effets de ces baies en décotion avec addition d'eau de cannelle dans la diarrhée des enfants ; quand il y a acidité des premières voies, il y ajoute du carbonate de potasse. Richter les donnait dans le scorbut et la diarrhée. Il prépare une décoction avec 45 gr. de ces fruits séchés et 2 litres d'eau, à laquelle il ajoute 4 gr. de corne de cerf et autant de gomme arabique. Seidl[2] les a employés avec succès dans une épidémie de dysenterie ; il avait recours à la décoction de 60 gr. de baies sèches dans suffisante quantité d'eau, qu'il faisait bouillir pendant une demi-heure. Le malade prenait une demi-tasse toutes les heures de la colature ; quelquefois il employait la poudre de ces baies à la dose de 4 gr. toutes les deux ou trois heures.

Reiss[3] considère les fruits de l'airelle comme une ressource d'autant plus précieuse dans la diarrhée chronique, que les autres moyens restent souvent sans effet, tandis que celui-ci procure au moins une amélioration momentanée dans les plus graves circonstances, et que, sans jamais être nuisible, il suffit quelquefois pour amener une guérison inespérée. Il administre l'extrait seul, sous forme de pilules de 20 centigr. que l'on prend de 4 à 6 par jour.

Bergasse[4] rapporte l'observation d'une diarrhée chronique extrêmement grave guérie par l'administration intérieure de 30 gr. de baies d'airelle.

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  1. Allgemeine medizinische Annalen, 1823.
  2. Medez. Jahrbuch des œsterreichischen Staates, 1837.
  3. Journal de médecine, avril 1843.
  4. Bouchardat, Annuaire de thérapeutique, année 1844.


Airelle

Nom accepté : Vaccinium vitis-idaea


AIRELLE PONCTUÉE (Vaccinium vitis idæa). Elle a les fleurs en grappes penchées, terminales, les baies d'un beau rouge. On a conseillé ces dernières en cataplasmes, écrasées avec du sel marin, pour résoudre les engorgements laiteux des seins.


Canneberge

Nom accepté : Vaccinium oxycoccos


CANNEBERGE (Vaccinium oxycoccos). A les fleurs rouges, croît dans les marais, fournit aussi des baies rouges. Ces deux dernières espèces ont les mêmes propriétés que l’airelle myrtille.