Gossypium barbadense (Pharmacopées en Guyane)

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Abelmoschus moschatus
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Hibiscus bifurcatus


Gossypium barbadense. Fleur du cotonnier
Gossypium barbadense. Fruit de cotonnier avec sa bourre



Gossypium barbadense (L.)

Noms vernaculaires

  • Créole : coton [koton].
  • Wayãpi : mɨnɨyu, amɨnɨyu.
  • Palikur : mauwu.
  • Aluku : katun.
  • Portugais : algodão, algodeiro.
  • Français : coton, cotonnier.

Écologie, morphologie

Arbuste communément cultivé en Guyane, surtout chez les populations amérindiennes.

Collections de référence

Grenand 109 ; Haxaire 785 ; Prévost et Grenand 1022, 1026.

Emplois

Il s’agit avant tout d’une espèce mondialement connue pour ses usages textiles et que les Amérindiens, qui en cultivent diverses variétés, nous ont léguée en même temps que le hamac. Cette plante est également utilisée à des fins médicinales par les Créoles et les Amérindiens, en dehors du simple rôle mécanique de la bourre (tampons, pansements, cataplasmes) que nous rencontrons ici et là. Les Créoles utilisent les feuilles macérées dans de l’huile, en cataplasme pour soigner les échauffements.

Chez les Wayãpi, les boutons floraux coupés en deux et mis à macérer dans l’eau froide servent à préparer un analgésique auriculaire [1]. Ce remède est selon eux d’origine brésilienne. Les feuilles trempées dans de l’eau sont aussi utilisées comme hémostatique sur les scarifications du père pendant le rituel de la couvade. Une utilisation du même ordre a été observée par CAVALCANTE et FRIKEL (1973) chez les Tiriyo.

Pour les Palikur, les feuilles servent à préparer un remède déparasitant afin d’éliminer les microfilaires ou larvae migrans (wiuwi). Elles sont malaxées dans de l’eau froide, serrées en paquet dans une feuille d’arouman (Ischnosiphon arouma, Marantacées), puis déposées sur des braises. La sève extraite par pression constitue le remède qui est bu. Les fleurs écrasées sont frottées sur les plaques de rougeur que les femmes peuvent avoir sur le visage durant leur grossesse. Les feuilles macérées dans l’huile de carapa (Carapa guianensis, Méliacées) ou d’awara (Astrocaryum vulgare, Arécacées) servent à masser, selon BERTON (1997), le ventre des femmes ayant eu une descente de matrice.

Chimie et pharmacologie

La graine fournit l’huile végétale alimentaire la plus importante mondialement sur le plan économique. Elle se compose de 20 à 30 % d’acides gras saturés et de 40 à 50 % d’acide oléique. Les tourteaux renferment un pigment rouge polyphénolique : le gossypol. Celui-ci est facilement éliminé par chauffage de l’huile et des tourteaux auxquels il conférerait une certaine toxicité (PARIS et MOYSE, 1967).

Le gossypol a fait l’objet de recherches intensives, une action antifertilisante sur l’homme ayant été mise en évidence.

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  1. Les Aluku utilisent les fruits pour soigner les douleurs auriculaires, ainsi que les feuilles qui sont, soit ramollies au feu pour soulager les migraines, soit associées à des Lamiacées pour préparer, avec du sucre, un sirop soignant la grippe et la toux (Fleury, 1991). Le suc huileux extrait des graines est aussi un remède auriculaires chez les Tacana (Bourdy et al., 2000).