Afa’ (Ibn al-Baytar)
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- GALIEN. Il est facile de reconnaître que la chair de vipère échauffe et dessèche le corps. On la prépare comme celle d’anguille, avec de l’huile, du sel, de l’anelh, du poireau et de l’eau, toute proportion gardée. Vous pouvez vous assurer que la chair de vipère purifie le corps de ses impuretés et les résout par la peau, par ce que j’ai observé au temps de ma jeunesse. Je vais vous raconter de point en point ce que j’en ai vu dans notre pays. « Il y existait un homme affecté d’éléphantiasis, et, à force de le fréquenter et de converser avec lui, l’un de ses compagnons prit la maladie. Il devint hideux à voir. Ses camarades lui firent une cabane sur une colline, non loin du village et près d’une fontaine, et l’y placèrent. Tous les jours ils lui apportaient la nourriture dont il avait besoin. Or, au moment du lever de Syrius. on apporta à des moissonneurs qui travaillaient aux environs du vin d’un excellent bouquet dans une jarre. L’homme qui l’apportait déposa sa jarre et s’en alla. Quand vint le moment où ils désirèrent en boire, ils voulurent, suivant leur coutume, en verser dans un grand cratère pour le boire mélangé à de l’eau. Mais au moment où l’un d’eux approchait la main du cratère pour en verser, une vipère morte tomba dans le cratère en même temps que le vin. Les moissonneurs eurent peur et, craignant qu’il ne leur arrivât mal en buvant de ce vin, ils burent, en place, de l’eau. Pris ensuite d’une sorte de compassion pour le malade, ils se décidèrent à lui apporter tout ce vin, pensant que la mort lui valait mieux que la vie dans sa position. Dès qu’il eut bu, il fut guéri comme par miracle. L’induration de son corps disparut comme on voit tomber l’enveloppe des animaux à test crustacé. La chair apparut alors toute molle comme il arrive quand tombe l’enveloppe crustacée des mollusques, des coquillages et des crabes. » Un événement pareil arriva en Mysie, pays de l’Asie: « Un homme affecté d’éléphantiasis voulut aller un jour se baigner dans des eaux chaudes, pensant que cela lui ferait du bien. Cet homme avait une servante qu’il aimait, dont il avait fait sa concubine, qui était très-belle et poursuivie par plusieurs adorateurs. Ignorant cela, il avait confiance en elle et lui confiait bien des choses à la maison, même son argent. Il sortit donc pour prendre un bain dans ces eaux, emmenant avec lui la jeune fille. Ils s’arrêtèrent dans un endroit aride et rempli de vipères. Or, l’une d’elles tomba dans une jarre de vin qu’ils avaient apportée et placée là sans la boucher, et elle y mourut. La jeune fille pensa que c’était là une bonne occasion pour faire périr son maître, et elle lui fit boire de ce vin. A peine en eut-il bu qu’il guérit comme l’homme de la cabane. « Voilà deux faits d’expérience dus au hasard. Je vais vous en raconter un troisième que nous avons traité nous même. « Un philosophe, chef d’une école nombreuse, fut un jour atteint de cette maladie, qui empirait et devint tellement grave qu’il préférait la mort à la vie. Il continuait de souffrir quand je lui racontai ce qui était arrivé par hasard à ces deux hommes. Quant à lui, c’était un homme versé dans la science des augures; il avait un ami également habile dans cette science. Or, il arriva que lui et son ami consultèrent à ce sujet les entrailles d’un oiseau qu’ils immolèrent, et ils crurent reconnaître, par ce qu’ils avaient antérieurement expérimenté, que l’affaire tournerait à bien. Je lui administrai du vin empoisonné comme aux deux hommes dont il a été question, et il lui survint une décortication de la peau que je traitai par les moyens accoutumés. Un autre homme s’avisa de faire la chasse aux vipères et d’en faire sa profession, quand cette maladie commença à le prendre. Je me décidai à entreprendre son traitement. Je commençai par lui faire une saignée, puis je lui administrai un purgatif pour évacuer l’atrabile, ensuite je lui recommandai de faire usage, comme aliment, des vipères qu’il prendrait et de les faire cuire à la manière des anguilles. Il le fit et guérit, comme avaient guéri les deux hommes, et fut débarrassé de sa maladie. Un autre homme, d’une grande fortune, non pas de notre pays, mais de la Thrace moyenne, fut affecté de cette maladie. Il vit en songe que Dieu lui ordonnait d’aller à Pergame et d’y prendre, chaque jour, le remède préparé avec la chair de vipère, c’est-à-dire la grande thériaque, et de s’en faire des frictions par tout le corps. Il le fit, et sa maladie se modifia au bout de peu de jours et se transforma en cette affection constituée par la chute de la peau. Il guérit également de cette dernière affection par les remèdes qui lui avaient été révélés en songe. » Les chairs de vipère ont des propriétés dessiccatives comme je l’ai rapporté. Il (Galien) dit aussi que l’on confectionne avec de la chair de vipère des tablettes que l’on associe à la thériaque. On les tamise parfaitement et on les mélange avec le sel employé comme condiment. II ajoute ensuite : La chair de vipère est dessiccative et résolutive d’une manière bien évidente, avec cela qu’elle n’échauffe que légèrement. Il semble que cette chair renferme une vertu qui se porte rapidement vers la peau, et qui, décomposant les humeurs du corps qui sont en excès, les en expulse. C’est pour cela qu’il s’engendre beaucoup de poux sur l’homme dont l’intérieur est rempli de mauvaises humeurs et qui a mangé de cette chair. C’est cette même vertu qui fait tomber en écailles (la croûte d’éléphantiasis) qui couvre la peau. Elle a la spécialité de saisir et de pousser vers la peau les humeurs qui se forment dans le corps, les unes de nature terreuse et les autres capables de produire la gale, la maladie décorticante (c’est-à-dire la lèpre) et l’éléphantiasis.
- DIOSCORIDES, II, 18. On prépare aussi avec la chair de vipère un sel qui a les mêmes propriétés que cette chair, mais à un degré moindre. A cet effet, on prend la vipère vivante, on la jette dans une marmite qui n’a pas servi, puis on ajoute du sel, de l’aneth et des figues, le tout bien trituré, et de chaque substance une livre et demie, avec neuf onces de miel. On lute ensuite la marmite et on la place dans un fourneau, où elle est laissée jusqu’à ce que le sel s’enflamme et se réduise en charbon. On enlève ensuite, on triture et on conserve. On y ajoute un peu de nard odorant et de malabathrum sādǧ pour en rendre la saveur agréable.
- LE MEME, au livre II. La chair de vipère cuite et ingérée aiguise la vue. Elle convient contre les douleurs des nerfs. Elle arrête le développement des scrofules. Il faut pour cela les dépouiller, enlever ensuite la tête et la queue, attendu que ces parties sont privées de chairs. Quant à ce que l’on dit qu’il faut amputer les extrémités d’une façon égale de part et d’autre, c’est une chose sans importance aucune. On prend donc ce qui reste (c’est-à-dire le corps), on le lave et on le fait cuire avec de l’huile, du vin, de l’aneth et un peu de sel. On dit que ceux qui en font usage y gagnent des poux, assertion sans valeur. La foule dit aussi que l’usage de cette préparation fait vivre longtemps.
- AVICENNE. La chair de vipère fortifie l’estomac, conserve la tête (le ms. n° 1071 porte, ḥūās, les sens) et la jeunesse des cheveux. Si on la triture en substance et crue, et qu’on l’applique sur l’endroit que la vipère a piqué, on calme les souffrances. Si on l’applique sur une tête affectée d’alopécie, elle est d’une très grande efficacité.
- ET-TABERY. Si l’on fait brûler le serpent domestique et qu’on en triture les cendres avec de l’huile, puis que l’on en fasse des onctions sur les scrofules, on les résout et on les fait disparaître ; c’est là un fait d’expérience.
- ANONYME. L’usage de la chair de vipère détermine la naissance d’ulcères par le corps et altère la constitution.