Amaranthe épineuse (Pharmacopée malagasy) : Différence entre versions

De PlantUse Français
Aller à : navigation, rechercher
 
Ligne 18 : Ligne 18 :
  
 
''Nom scientifique'' : ''Amaranthus spinosus'' Linné (Amaranthacées).
 
''Nom scientifique'' : ''Amaranthus spinosus'' Linné (Amaranthacées).
 +
 +
*Nom accepté : ''[[Amaranthus spinosus]]''
  
 
''Noms malagasy'' : ''Anampatsa'' (Merina) ; ''Kimoelahy'' (Betsileo) ; ''Sabotraboay'' (Sakalava).
 
''Noms malagasy'' : ''Anampatsa'' (Merina) ; ''Kimoelahy'' (Betsileo) ; ''Sabotraboay'' (Sakalava).

Version actuelle en date du 26 juillet 2017 à 08:56

Amandier
Rakoto, Boiteau, Mouton, Eléments de pharmacopée malagasy
Ambarivatrindolo
Figure 26 : Amaranthe épineuse : 1. Plante fleurie ; 2. Détail des nervures ; 3. Disposition des épines ; 4. Fleur mâle ; 5. Bractée ventrale ; 6. Bractée dorsale ; 7. Fleur femelle.

[150]

Notice 26 - AMARANTHE ÉPINEUSE



Nom scientifique : Amaranthus spinosus Linné (Amaranthacées).

Noms malagasy : Anampatsa (Merina) ; Kimoelahy (Betsileo) ; Sabotraboay (Sakalava).

Noms créoles : Brède malabare, Pariétaire à piquants (La Réunion et Maurice) ; Epinard cochon ; épinard à piquants (Martinique).

Description

Herbe à tige dressée atteignant 50 à 70 centimètres de haut, glabre, portant à l'aiselle des feuilles des épines opposées deux à deux, droites, fortes, acérées, atteignant 8 à 15 millimètres de long ; feuilles lancéolées ou en losange, atténuées vers le pétiole, acuminées ou mucronées au sommet, d'aspect un peu gauffré, longues de 2 à 8 centimètres et larges de 0,8 à 4 centimètres ; pétiole de longueur variable, mais toujours bien marqué. La couleur d'ensemble de la plante peut varier du vert foncé au rougeâtre, suivant les variétés, l'exposition et la saison.

Inflorescences axillaires et terminales ; les plus basses réduites à de petits glomérules, les plus hautes en longs épis atteignant 8 à 14 centimètres de long, eux-mêmes formés de glomérules ; dans un même épi, les glomérules élémentaires sont formés exclusivement de fleurs mâles stériles vers le haut, les glomérules inférieurs, beaucoup plus nombreux, étant formés au contraire de fleurs femelles fertiles. Chaque fleur est pourvue à la base de bractéoles terminées par une arête raide, égalant ou dépassant les segments du périanthe. Périanthe formé de 5 tépales dont les 2 extérieurs mucronés au sommet, tandis que les intérieurs sont plus courts et obtus au sommet, 5 étamines, réduites à des staminodes sur les fleurs femelles.

Le fruit est une petite utricule ovoïde, conique au sommet, terminée par deux ou trois stigmates persistants. Graines lenticulaires, d'un rouge foncé ou noires, brillantes, à bords arrondis.

L'espèce originaire d'Asie méridionale a été transportée dans tous les pays tropicaux et les régions chaudes du globe.

On la trouve dans toutes les régions de Madagascar.

Bibliographie botanique

  • Linné, Species Plantarum, Ire Edit. (1753), p. 991.
  • Baker et Clarke in Dyer, Flora of Tropical Africa, VI, tome l (1909), p. 32.


[151]

[152]

  • Cooke et Wright in Dyer, Flora Capensis, V, tome I (1910), p. 409.
  • Kirtikar et Basu, lndian Medicinal Plants, Allahabad, 1918, vol. II, p. 1057-1058 et Tab. 788.
  • A. Cavaco in H. Humbert, Flore de Madag., 67e famille : Amaranthacées, Paris, 1954, p. 21-22.

Usages généraux

Alimentation

La plante, surtout à l'état jeune, est employée comme légume vert (à la manière des épinards et « brèdes ») ; elle n'est pas spécialement cultivée, mais plutôt protégée : on la respecte lorsqu'elle pousse spontanément autour des habitations et dans les jardins.

D. Bois, dans son ouvrage bien connu, « Les Plantes Alimentaires thez tous les peuples et à travers les âges », Paris (1928), P. Lechevalier Edit., Tome I, p. 395-396, signale que le R.P. Camboué lui avait envoyé des graines de cette Anampatsa.

« En résumé, écrit-il, toutes les espèces d'Amaranthes que nous venons de passer en revue sont des plantes alimentaires peu nutritives, de qualité médiocre, mais qui peuvent cependant être utilisées dans les pays où les légumes verts sont rares, en raison de leur rapidité de développement et de la facilité de leur culture. Il faut les récolter très jeunes. »

Toutes les appréciations anciennes n'étaient pas aussi pessimistes. David Cooper dans une étude. intitulée « Famine Foods », parue dans « The agricultural Ledger », Calcutta, 1904, p. 63-65, donnait une première analyse chimique de cette espèce et soulignait justement sa richesse en sels minéraux, notamment en sels de potassium.

F. Busson, dans son ouvrage récent « Plantes alimentaires de l'Ouest Africain », Marseille, 1965 (ouvrage dont il est bon de signaler l'intérêt pour tous ceux qui s'occupent de problèmes de nutrition à Madagascar), a étudié un échantillon récolté à Bouaké (Côte d'Ivoire). On trouvera ci-dessous l'essentiel des résultats obtenus par cet auteur :

Composition (en gramme pour 100 grammes de feuilles sèches) :


Cellulose 9,1
Extrait éthéré 1,9
Glucides 43,7
Insol. formique 39,9
Protides 27,0
Cendres 18,3


[153]

Eléments minéraux (pour 100 grammes de feuilles sèches).

Grammes
Ca 2,91
K 4,20
Mg 1,20
Na 0,17
P 0,57


Oligoéléments (en parties pour un million de parties du produit sec) :

Al : 58o; Fe : 505 ; Sr : 250; Zn : 100; Mn : 48; B : 36; Rb : 24, etc.

Composition des protides en acides aminés

Arginine 4,4 Tyrosine 3,3
Cystine 1,5 Valine 5,6
Histidine 2,0 Acide aspartique 9,1
Isoleucine 4,7 Ac. glutamique 12,6
Leucine 7,6 Alanine 5,4
Lysine 5,0 Glycine 5,5
Méthionine 2,1 Proline 5,1
Phénylalanine 5,4 Sérine 4,4
Thréonine 4,0


On retiendra surtout la richesse en potassium et magnésium et, en ce qui concerne les oligoéléments, la teneur relativement élevée en fer et strontium ; la teneur très satisfaisante en protides (27 p. 100 du poids sec) et les proportions intéressantes de lysine et de méthionine.

On sait que la plante consommée comme légume passe pour galactogène. Elle est associée aux crevettines (patsa) dans la préparation des laokampifana, plats spéciaux préparés à l'intention des femmes qui viennent d'accoucher. Sa teneur en sels minéraux et en acides aminés essentiels (à l'exception du tryptophane) paraît justifier cette pratique. On a souvent fait le procès des coutumes alimentaires nuisibles à la santé de ceux qui les pratiquent. Il paraît équitable de signaler aussi ce qu'elles ont parfois de bien fondé.

Cendres et sel alimentaire

Les cendres d’anampatsa constituent une des catégories de cendres végétales (lavenom-potsy) les plus appréciées.

On les emploie surtout en savonnerie et comme larom-paraky, c'est-à-dire comme ingrédient ajouté au tabac en poudre destiné à être mâché (Paraky gasy). Dans ce dernier cas, le carbonate de potassium contenu dans ces cendres est décomposé par les acides organiques du tabac. Il se dégage du gaz carbonique, tandis que la nicotine jusqu'ici combinée aux acides organiques passe sous forme de base libre. La cendre d’anampatsa confère ainsi au tabac un goût apprécié du consommateur malagasy.


[154]

Ces cendres ont aussi des emplois médicinaux qui seront étudiés ultérieurement à propos de leur composition.

C'est également à partir de ces cendres que l'on prépare un sel destiné à la cuisine (Sirahazo) dont le constituant principal est le carbonate de potassium (voir les articles : lavenom-potsy, savons officinaux, sirahazo).

Partie officinale : la racine employée fraîche ou après séchage.

Posologie et indications

La racine d’anampatsa est réputée diurétique, légèrement laxative, rafraîchissante et dépurative. Son constituant actif serait le nitrate de potassium.

A l'état frais elle est surtout employée en topique, après avoir été écrasée, seule ou mélangée à d'autres constituants. Heckel in « Plantes Utiles de Madagascar », (1910), p. 30, recommande son emploi associé au safran vert pour le traitement de l'eczéma. Kirtikar et Basu in « Indian Medicinal Plants » (1918) signalent l'emploi de ces racines écrasées en emplâtres maturatifs sur les bubons et abcès.

Le Dr Clément Daruty de Grandpré dans ses « Plantes Médicinales de l'île Maurice », 2e Edit. (1911), p. 67, recommande particulièrement cette plante dans le traitement de la gonorrhée, avec le mode de préparation suivant :


Grammes
Pariétaire à piquants (racine) 30
Eau 720


« Faire bouillir et passer ; prendre par petites tasses dans les 24 heures. Cette tisane est considérée comme un spécifique dans la gonorrhée ; elle est diurétique et rafraîchissante ; elle fait disparaître l'écoulement muco-purulent et les symptômes concomitants, tels que chaleur, brûlures et irritation. Continuer la tisane jusqu'à guérison ».

Ajoutons que l'emploi, même prolongé, de la plante est d'une parfaite innocuité. Même aujourd'hui où l'on dispose de médicaments beaucoup plus spécifiques pour le traitement de la gonorrhée, cette tisane peut rendre des services en aidant à la disparition des symptômes douloureux.