Cerisier (Cazin 1868) : Différence entre versions
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− | je la regarde comme presque nulle. Sous Napoléon Ier, on la mêlait souvent, | + | était alors trop élevé. On trompait à la fois la religion du médecin et l'on se jouait de la vie des braves, pour étancher la soif de l'or. Cette fraude était d'autant plus facile que de toutes les écorces, celle de cerisier se rapproche le plus, par ses caractères extérieurs, de l'écorce péruvienne. (C'est à ce titre |
− | pour le service des hôpitaux de l'armée, à celle du quinquina, dont le prix | + | de tonique que les Américains en recommandent l'infusion contre les sueurs des phthisiques.) |
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− | dernier, comme véhicule des potions calmantes et antispasmodiques. Ray | + | |
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chez les enfants. | chez les enfants. | ||
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+ | '''CERISIER A GRAPPES''', MERISIER A GRAPPES, PUTIET, BOIS PUANT (''Prunus padus'', L.). — Petit arbre des bois, cultivé dans les jardins pour la beauté de ses fleurs. Ses fruits, gros comme des pois, sont charnus, vert-noirâtres ou rougeâtres, et d'une saveur rèche peu agréable. L'écorce est amère. | ||
Les feuilles et les fleurs sont réputées antispasmodiques et antiphthisiques, sans doute à cause de l'acide cyanhydrique qu'elles contiennent. L'eau des rameaux, qui a une odeur d'amandes amères et de cassis, passe pour vermifuge. L'écorce est tonique, stomachique, fébrifuge. Elle est employée depuis longtemps en Lorraine et dans quelques autres contrées de la France, comme propre à remplacer le quinquina. Coste et Wilmet lui ont reconnu la propriété fébrifuge : trois fièvres tierces, une fièvre quarte, une quotidienne, et une double tierce, ont été guéries, sans récidives. | Les feuilles et les fleurs sont réputées antispasmodiques et antiphthisiques, sans doute à cause de l'acide cyanhydrique qu'elles contiennent. L'eau des rameaux, qui a une odeur d'amandes amères et de cassis, passe pour vermifuge. L'écorce est tonique, stomachique, fébrifuge. Elle est employée depuis longtemps en Lorraine et dans quelques autres contrées de la France, comme propre à remplacer le quinquina. Coste et Wilmet lui ont reconnu la propriété fébrifuge : trois fièvres tierces, une fièvre quarte, une quotidienne, et une double tierce, ont été guéries, sans récidives. | ||
− | De tels succès m'ont engagé à essayer cette écorce. Je l'ai administrée en | + | De tels succès m'ont engagé à essayer cette écorce. Je l'ai administrée en poudre en 1819, pendant le règne d'une épidémie de fièvres intermittentes sévissant à Frethun, Huit malades en ont fait usage à la dose, en poudre, de 4, 8, ou 12 gr. dans l'apyrexie. Six étaient atteints de fièvre tierce, deux de fièvre quotidienne. Chez trois malades ayant le type tierce, qui ont pris la poudre de cette écorce à la dose de 8 gr. en deux fois, dans l'intermittence, l'accès a disparu dès le lendemain ; chez trois autres, dont un était atteint de fièvre quotidienne, et deux de fièvre tierce, la maladie a diminué graduellement pendant l'usage, à la même dose, de la poudre de putiet ; ils n'ont été guéris qu'au bout de huit à douze jours. Les deux derniers, atteints, l'un d'une fièvre tierce, l'autre d'une fièvre quotidienne, n'ont pu |
− | poudre en 1819, pendant le règne d'une épidémie de fièvres intermittentes | + | |
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− | la poudre de cette écorce à la dose de 8 gr. en deux fois, dans l'intermittence, l'accès a disparu dès le lendemain ; chez trois autres, dont un était atteint de fièvre quotidienne, et deux de fièvre tierce, la maladie a diminué graduellement pendant l'usage, à la même dose, de la poudre de putiet ; ils n'ont été guéris qu'au bout de huit à douze jours. Les deux derniers, atteints, l'un d'une fièvre tierce, l'autre d'une fièvre quotidienne, n'ont pu | + | |
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− | guérir, bien que la dose du médicament ait été portée à 12 gr. en trois fois | + | guérir, bien que la dose du médicament ait été portée à 12 gr. en trois fois dans l'intervalle des accès. L'occasion était favorable pour l'essai comparatif de l'écorce de saule blanc. Cette dernière fut administrée à la dose de 6 gr. seulement, dans l'apyrexie ; dès le lendemain, celui qui avait la fièvre tierce en fut délivré. L'autre éprouva une amélioration notable, continua de prendre le médicament et fut débarrassé graduellement dans l'espace de cinq jours. |
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Sommaire
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Cerisier
Nom accepté : Prunus cerasus
Cerasa sativa, rotunda, rubra et acida. Bauh. — Cerasus sativa, fructu rotundo, rubro et acido. Tourn.
ROSACÉES. — AMYGDALACÉES. Fam. nat. — Icosandrie monogynie. L.
Le cerisier, qui comprend plusieurs variétés, a été, dit-on, introduit en Europe par Lucullus, qui l'apporta du royaume de Pont. « Peut-être, dit Chaumeton, Lucullus n'apporta-t-il de Cérasonte que des greffes ou des arbres dont la qualité du fruit était supérieure à celle des cerisiers sauvages, qui ne fixaient pas l'attention des Romains. Il paraît que le type de presque toutes les espèces de cerisiers aujourd'hui connues existaient dans les Gaules, et ce type est le merisier. »
Parties usitées. — L'écorce, les pédoncules, les fruits.
[Culture. — Il existe un très-grand nombre de variétés de cerisiers ; les commmuns constituent un groupe naturel qui se reconnaît facilement au port, à la ténuité et à la faiblesse de ses rameaux, et à l'acidité de ses fruits ; le second groupe comprend les griottiers et les cerisiers à fruits doux ; ils ont des caractères qui se croisent. Les bonnes espèces ou variétés se propagent par greffes.]
[Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques — Les feuilles du cerisier, lorsqu'on les froisse, dégagent une odeur d'acide cyanhydrique très-prononcée; il en est de même des amandes, qui contribuent à donner au kirsch l'odeur et la saveur qui le caractérisent, en fournissant une essence semblable à celle des amandes amères et de l'acide cyanhydrique.]
(L'écorce fraîche contient de la phloridzine.
Soit spontanément, soit à l'aide d'incisions, il s'écoule de cet arbre une gomme du pays, la cerasine, analogue à l'adragantine.) On ne peut admettre avec Bodart el Gilibert son identité avec la gomme arabique. Celle-ci est plus sèche, plus transparente, et se fond plus facilement dans l'eau sans en troubler la limpidité.
Le cerisier et surtout le merisier sont recherchés par les tourneurs, les ébénistes et les luthiers. On fait avec les branches des échalas et des cerceaux. On fait avec les cerises un sirop, un rob, une conserve, un ratafia recherché, un vin, etc. On fait sécher les cerises pour l'hiver.
L'écorce et les pédoncules sont astringents et légèrement fébrifuges. Les fruits sont rafraîchissants, tempérants, diurétiques. On les recommande dans les irritations gastro-intestinales.
La gomme de cerisier peut dans beaucoup de cas remplacer la gomme arabique.
J'ai vu employer très-fréquemment les pédoncules ou queues de cerises par les campagnards, comme diurétiques, dans l'hydropisie et la gravelle. Ils les font bouillir à la dose de 30 gr. dans un kilogr. d'eau. J'ai été à même de constater cette propriété. Souvent d'autres diurétiques avaient été employés sans succès, lorsque cette décoction opérait promptement et abon-
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damment la sécrétion urinaire. — Quand on conserve ces pédoncules pour l'hiver, on a soin, avant de les faire bouillir, de les laisser macérer douze heures dans l'eau froide, afin de les ramollir. Il serait bon même de les contondre un peu.
Je n'ai jamais employé l'écorce de cerisier comme fébrifuge, parce que je la regarde comme presque nulle. Sous Napoléon Ier, on la mêlait souvent, pour le service des hôpitaux de l'armée, à celle du quinquina, dont le prix était alors trop élevé. On trompait à la fois la religion du médecin et l'on se jouait de la vie des braves, pour étancher la soif de l'or. Cette fraude était d'autant plus facile que de toutes les écorces, celle de cerisier se rapproche le plus, par ses caractères extérieurs, de l'écorce péruvienne. (C'est à ce titre de tonique que les Américains en recommandent l'infusion contre les sueurs des phthisiques.)
De toutes les variétés du cerisier, les griottes sont les plus salubres et les plus agréables. On en exprime le suc qu'on délaie dans l'eau, à laquelle on ajoute un peu de sucre, pour donner en boisson dans les fièvres inflammatoires et bilieuses, dans les phlegmasies gastro-intestinales chroniques, l'ictère, la néphrite chronique. Fernel cite plusieurs exemples de mélancoliques guéris par la décoction de cerises desséchées, et Van Swieten rapporte que des maniaques ont été rendus à la raison après avoir mangé des quantités considérables de ce fruit. On sait que ces affections sont souvent produites ou entretenues sympathiquement par des lésions abdominales et un état de constipation que la propriété laxative et rafraîchissante des fruits rouges peut dissiper.
Merisier
Nom accepté : Prunus avium
CERISIER NOIR, CERISIER DES OISEAUX, MERISIER (Cerasus avium). Bel arbre de nos forêts. C'est avec ses fruits, qui contiennent de l'acide cyanhydrique, qu'on fait le kirschenwasser, liqueur spiritueuse si répandue en Suisse, en Allemagne et même en France.
L'eau de cerise noire est sédative. Elle était très-employée dans le siècle dernier, comme véhicule des potions calmantes et antispasmodiques. Ray dit que les matrones l'employaient contre les affections convulsives, surtout chez les enfants.
Cerisier à grappes
Nom accepté : Prunus padus
CERISIER A GRAPPES, MERISIER A GRAPPES, PUTIET, BOIS PUANT (Prunus padus, L.). — Petit arbre des bois, cultivé dans les jardins pour la beauté de ses fleurs. Ses fruits, gros comme des pois, sont charnus, vert-noirâtres ou rougeâtres, et d'une saveur rèche peu agréable. L'écorce est amère.
Les feuilles et les fleurs sont réputées antispasmodiques et antiphthisiques, sans doute à cause de l'acide cyanhydrique qu'elles contiennent. L'eau des rameaux, qui a une odeur d'amandes amères et de cassis, passe pour vermifuge. L'écorce est tonique, stomachique, fébrifuge. Elle est employée depuis longtemps en Lorraine et dans quelques autres contrées de la France, comme propre à remplacer le quinquina. Coste et Wilmet lui ont reconnu la propriété fébrifuge : trois fièvres tierces, une fièvre quarte, une quotidienne, et une double tierce, ont été guéries, sans récidives.
De tels succès m'ont engagé à essayer cette écorce. Je l'ai administrée en poudre en 1819, pendant le règne d'une épidémie de fièvres intermittentes sévissant à Frethun, Huit malades en ont fait usage à la dose, en poudre, de 4, 8, ou 12 gr. dans l'apyrexie. Six étaient atteints de fièvre tierce, deux de fièvre quotidienne. Chez trois malades ayant le type tierce, qui ont pris la poudre de cette écorce à la dose de 8 gr. en deux fois, dans l'intermittence, l'accès a disparu dès le lendemain ; chez trois autres, dont un était atteint de fièvre quotidienne, et deux de fièvre tierce, la maladie a diminué graduellement pendant l'usage, à la même dose, de la poudre de putiet ; ils n'ont été guéris qu'au bout de huit à douze jours. Les deux derniers, atteints, l'un d'une fièvre tierce, l'autre d'une fièvre quotidienne, n'ont pu
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guérir, bien que la dose du médicament ait été portée à 12 gr. en trois fois dans l'intervalle des accès. L'occasion était favorable pour l'essai comparatif de l'écorce de saule blanc. Cette dernière fut administrée à la dose de 6 gr. seulement, dans l'apyrexie ; dès le lendemain, celui qui avait la fièvre tierce en fut délivré. L'autre éprouva une amélioration notable, continua de prendre le médicament et fut débarrassé graduellement dans l'espace de cinq jours.