Mûriers (Candolle, 1882) : Différence entre versions

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'''Mûrier blanc'''. — ''Morus alba'', Linné.  
 
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Le Mûrier dont on sert le plus communément en Europe pour l'éducation des vers à soie est le ''Morus alba''. Ses variétés, très nombreuses, ont été décrites avec soin par Seringe <sup>2</sup> et plus récemment par M. Bureau <sup>3</sup>. La plus cultivée dans l'Inde, le ''Morus indica'', Linné (''Morus alba'', var. ''indica'', Bureau), est sauvage dans le Punjab et à Sikim, d'après Brandis, inspecteur général des forêts de l'Inde anglaise <sup>4</sup>. Deux autres variétés, ''serrata'' et ''cuspidata'', sont aussi indiquées comme sauvages dans diverses provinces de l'Inde septentrionale <sup>5</sup>. L'abbé David a trouvé en Mongolie une variété parfaitement spontanée, décrite sous le nom de Mongolica par M. Bureau, et le Dr Bretschneider <sup>6</sup> cite un nom ''Yen'', d'anciens auteurs chinois, pour le Mûrier sauvage. Il ne dit pas, il est vrai, si ce nom s'applique au Mûrier blanc : ''Pe'' (blanc)-''Sang'' (Mûrier), des cultures chinoises <sup>7</sup>. L'ancienneté de la culture en Chine <sup>8</sup> et au Japon, ainsi que la quantité de formes différentes qu'on y a obtenues, font croire que la patrie primitive s'étendait à l'est jusqu'au Japon, mais on connaît peu la flore indigène de la Chine méridionale, et les auteurs les plus dignes de confiance pour les plantes japonaises n'affirment pas la qualité spontanée. MM. Franchet et Savatier <sup>9</sup> disent : « cultivé depuis un temps immémorial et devenu sauvage çà et là. » Notons aussi que le Mûrier blanc paraît s'accommoder surtout des pays montueux et tempérés, par où l'on peut croire qu'il aurait été jadis introduit du nord de la Chine dans les plaines du midi. On sait que les oiseaux recherchent ses fruits et en portent les graines à de grandes distances dans des localités incultes, ce qui empêche de constater les habitations vraiment anciennes.  
 
Le Mûrier dont on sert le plus communément en Europe pour l'éducation des vers à soie est le ''Morus alba''. Ses variétés, très nombreuses, ont été décrites avec soin par Seringe <sup>2</sup> et plus récemment par M. Bureau <sup>3</sup>. La plus cultivée dans l'Inde, le ''Morus indica'', Linné (''Morus alba'', var. ''indica'', Bureau), est sauvage dans le Punjab et à Sikim, d'après Brandis, inspecteur général des forêts de l'Inde anglaise <sup>4</sup>. Deux autres variétés, ''serrata'' et ''cuspidata'', sont aussi indiquées comme sauvages dans diverses provinces de l'Inde septentrionale <sup>5</sup>. L'abbé David a trouvé en Mongolie une variété parfaitement spontanée, décrite sous le nom de Mongolica par M. Bureau, et le Dr Bretschneider <sup>6</sup> cite un nom ''Yen'', d'anciens auteurs chinois, pour le Mûrier sauvage. Il ne dit pas, il est vrai, si ce nom s'applique au Mûrier blanc : ''Pe'' (blanc)-''Sang'' (Mûrier), des cultures chinoises <sup>7</sup>. L'ancienneté de la culture en Chine <sup>8</sup> et au Japon, ainsi que la quantité de formes différentes qu'on y a obtenues, font croire que la patrie primitive s'étendait à l'est jusqu'au Japon, mais on connaît peu la flore indigène de la Chine méridionale, et les auteurs les plus dignes de confiance pour les plantes japonaises n'affirment pas la qualité spontanée. MM. Franchet et Savatier <sup>9</sup> disent : « cultivé depuis un temps immémorial et devenu sauvage çà et là. » Notons aussi que le Mûrier blanc paraît s'accommoder surtout des pays montueux et tempérés, par où l'on peut croire qu'il aurait été jadis introduit du nord de la Chine dans les plaines du midi. On sait que les oiseaux recherchent ses fruits et en portent les graines à de grandes distances dans des localités incultes, ce qui empêche de constater les habitations vraiment anciennes.  
  
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3. Bureau, dans de Candolle, ''Prodromus'', 17, p. 238.  
 
3. Bureau, dans de Candolle, ''Prodromus'', 17, p. 238.  
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9. Franchet et Savatier, ''Enumeratio plantarum Japoniæ'', 1, p. 433.  
 
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Cette facilité de naturalisation explique sans doute la présence, à des époques successives, du Mûrier blanc dans l'Asie occidentale et le midi de l'Europe. Elle a dû agir surtout depuis que des moines eurent apporté le ver à soie à Constantinople, sous Justinien, dans le vie siècle, et que graduellement la sériculture s'est propagée vers l'ouest. Cependant Targioni a constaté que le mûrier noir, ''M. nigra'', était seul connu en Sicile et en Italie, lorsque l'industrie de la soie s'est introduite en 1148 en Sicile et deux siècles plus tard en Toscane <sup>1</sup>. D'après le même auteur, l'introduction du Mûrier blanc en Toscane date, au plus tôt, de l'année 1340. De la même manière, l'industrie de la soie peut avoir commencé en Chine, parce que le ver à soie s'y trouvait naturellement ; mais il est très probable que l'arbre existait aussi dans l'Inde septentrionale, où tant de voyageurs l'ont trouvé à l'état sauvage. En Perse, en Arménie et dans l'Asie Mineure, je le crois plutôt naturalisé depuis une époque ancienne, contrairement à l'opinion de Grisebach, qui le regarde comme originaire de la région de la mer Caspienne (''Végét. du globe'', trad. française, I, p. 424). M. Boissier ne le cite pas comme spontané dans ces pays <sup>2</sup>. M. Buhse <sup>3</sup> l'a trouvé en Perse, près d'Erivan et de Baschnaruschin, et il ajoute : « naturalisé en abondance dans le Ghilan et le Masenderan. » La flore de Russie par Ledebour <sup>4</sup> indique de nombreuses localités autour du Caucase, sans parler de spontanéité, ce qui peut signifier une espèce naturalisée. En Crimée, en Grèce et en Italie, il est seulement à l'état de culture <sup>5</sup>. Une variété ''tatarica'', souvent cultivée dans le midi de la Russie, s'est naturalisée près du Volga <sup>6</sup>.  
 
Cette facilité de naturalisation explique sans doute la présence, à des époques successives, du Mûrier blanc dans l'Asie occidentale et le midi de l'Europe. Elle a dû agir surtout depuis que des moines eurent apporté le ver à soie à Constantinople, sous Justinien, dans le vie siècle, et que graduellement la sériculture s'est propagée vers l'ouest. Cependant Targioni a constaté que le mûrier noir, ''M. nigra'', était seul connu en Sicile et en Italie, lorsque l'industrie de la soie s'est introduite en 1148 en Sicile et deux siècles plus tard en Toscane <sup>1</sup>. D'après le même auteur, l'introduction du Mûrier blanc en Toscane date, au plus tôt, de l'année 1340. De la même manière, l'industrie de la soie peut avoir commencé en Chine, parce que le ver à soie s'y trouvait naturellement ; mais il est très probable que l'arbre existait aussi dans l'Inde septentrionale, où tant de voyageurs l'ont trouvé à l'état sauvage. En Perse, en Arménie et dans l'Asie Mineure, je le crois plutôt naturalisé depuis une époque ancienne, contrairement à l'opinion de Grisebach, qui le regarde comme originaire de la région de la mer Caspienne (''Végét. du globe'', trad. française, I, p. 424). M. Boissier ne le cite pas comme spontané dans ces pays <sup>2</sup>. M. Buhse <sup>3</sup> l'a trouvé en Perse, près d'Erivan et de Baschnaruschin, et il ajoute : « naturalisé en abondance dans le Ghilan et le Masenderan. » La flore de Russie par Ledebour <sup>4</sup> indique de nombreuses localités autour du Caucase, sans parler de spontanéité, ce qui peut signifier une espèce naturalisée. En Crimée, en Grèce et en Italie, il est seulement à l'état de culture <sup>5</sup>. Une variété ''tatarica'', souvent cultivée dans le midi de la Russie, s'est naturalisée près du Volga <sup>6</sup>.  
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Ceux de mes lecteurs qui désirent des renseignements plus détaillés sur l'introduction des Mûriers et des vers à soie les trouveront surtout dans les savants ouvrages de Targioni et de Ritter que j'ai cités. Les découvertes faites récemment par divers botanistes m'ont permis d'ajouter des données plus  
 
Ceux de mes lecteurs qui désirent des renseignements plus détaillés sur l'introduction des Mûriers et des vers à soie les trouveront surtout dans les savants ouvrages de Targioni et de Ritter que j'ai cités. Les découvertes faites récemment par divers botanistes m'ont permis d'ajouter des données plus  
  
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1. Ant. Targioni, ''Cenni storici sulla introd. di varie piante nell' agricolt. toscana'', p. 188.  
 
1. Ant. Targioni, ''Cenni storici sulla introd. di varie piante nell' agricolt. toscana'', p. 188.  
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7. Roxburgh, ''Fl. ind.''; Piddington, ''Index''.  
 
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précises que celles de Ritter sur l'origine, et, s'il y a quelques contradictions apparentes entre nos opinions sur d'autres points, cela vient surtout de ce que l'illustre géographe a considéré une foule de variétés comme des espèces, tandis que les botanistes les ont réunies après un examen attentif.  
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Les botanistes n'ont pas constaté d'une manière bien certaine l'indigénat en Perse. M. Boissier, qui possède plus de matériaux que personne sur l'Orient, se contente de citer Hohenacker comme ayant trouvé le ''M. nigra'' dans les forêts de Lenkoran, sur la côte méridionale de la mer Caspienne, et il ajoute : « probablement spontané dans la Perse septentrionale vers la mer Caspienne <sup>3</sup> ». Avant lui, Ledebour, dans sa flore de Russie, indiquait, d'après divers voyageurs, la Crimée et les provinces au midi du Caucase <sup>4</sup> ; mais Steven nie que l'espèce existe en Crimée autrement qu'à l'état de culture <sup>5</sup>. M. de Tchihatcheff et C. Koch <sup>6</sup> ont trouvé des pieds de Mûrier noir dans des localités  
 
Les botanistes n'ont pas constaté d'une manière bien certaine l'indigénat en Perse. M. Boissier, qui possède plus de matériaux que personne sur l'Orient, se contente de citer Hohenacker comme ayant trouvé le ''M. nigra'' dans les forêts de Lenkoran, sur la côte méridionale de la mer Caspienne, et il ajoute : « probablement spontané dans la Perse septentrionale vers la mer Caspienne <sup>3</sup> ». Avant lui, Ledebour, dans sa flore de Russie, indiquait, d'après divers voyageurs, la Crimée et les provinces au midi du Caucase <sup>4</sup> ; mais Steven nie que l'espèce existe en Crimée autrement qu'à l'état de culture <sup>5</sup>. M. de Tchihatcheff et C. Koch <sup>6</sup> ont trouvé des pieds de Mûrier noir dans des localités  
  
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1. Reichenbach a publié de bonnes figures des deux espèces dans ses ''Icones floræ germ.'', t. 657 et 658.  
 
1. Reichenbach a publié de bonnes figures des deux espèces dans ses ''Icones floræ germ.'', t. 657 et 658.  
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6. Tchihatcheff, traduction de Grisebach, ''Végétation du globe'', 1, p. 424.  
 
6. Tchihatcheff, traduction de Grisebach, ''Végétation du globe'', 1, p. 424.  
  
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élevées et sauvages d'Arménie. Il est bien probable que, dans la région au midi du Caucase et de la mer Caspienne, le ''Morus nigra'' est spontané, originaire, plutôt que naturalisé. Ce qui me le fait croire, c'est : 1° qu'il n'est pas connu, même à l'état cultivé, dans l'Inde, en Chine ou au Japon ; 2° qu'il n'a aucun nom sanscrit ; 3° qu'il s'est répandu de bonne heure en Grèce, pays dont les communications avec l'Arménie ont été anciennes.  
 
élevées et sauvages d'Arménie. Il est bien probable que, dans la région au midi du Caucase et de la mer Caspienne, le ''Morus nigra'' est spontané, originaire, plutôt que naturalisé. Ce qui me le fait croire, c'est : 1° qu'il n'est pas connu, même à l'état cultivé, dans l'Inde, en Chine ou au Japon ; 2° qu'il n'a aucun nom sanscrit ; 3° qu'il s'est répandu de bonne heure en Grèce, pays dont les communications avec l'Arménie ont été anciennes.  
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Le ''Morus nigra'' s'était si peu propagé au midi de la Perse qu'on ne lui connaît pas, d'une manière certaine, un nom hébreu ni même un nom persan distinct de celui du ''Morus alba''. On le cultivait beaucoup en Italie, jusqu'à ce qu'on eût reconnu la supériorité du Mûrier blanc pour la nourriture des vers à soie. En Grèce, le Mûrier noir est encore le plus cultivé <sup>1</sup>. Il s'est naturalisé çà et là dans ces pays et en Espagne <sup>2</sup>.  
 
Le ''Morus nigra'' s'était si peu propagé au midi de la Perse qu'on ne lui connaît pas, d'une manière certaine, un nom hébreu ni même un nom persan distinct de celui du ''Morus alba''. On le cultivait beaucoup en Italie, jusqu'à ce qu'on eût reconnu la supériorité du Mûrier blanc pour la nourriture des vers à soie. En Grèce, le Mûrier noir est encore le plus cultivé <sup>1</sup>. Il s'est naturalisé çà et là dans ces pays et en Espagne <sup>2</sup>.  
  
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1. Heldreich. ''Nutzpflanzen Griechenlands'', p. 19.  
 
1. Heldreich. ''Nutzpflanzen Griechenlands'', p. 19.  
  
 
2. Bertoloni, ''Flora ital.'', 10, p. 179 ; Visiani, ''Fl. dalmat.'', 1, p. 220 ; Willkomm et Lange, ''Prodr. fl. hisp.'', 1, p. 250.
 
2. Bertoloni, ''Flora ital.'', 10, p. 179 ; Visiani, ''Fl. dalmat.'', 1, p. 220 ; Willkomm et Lange, ''Prodr. fl. hisp.'', 1, p. 250.
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[[Catégorie:Candolle|Muriers]]

Version actuelle en date du 18 septembre 2013 à 21:22

Noms acceptés : Morus alba L., Morus nigra L.

Chanvre
Alphonse de Candolle, Origine des plantes cultivées, 1882
Maguey

[119]

Mûrier blanc. — Morus alba, Linné.

Le Mûrier dont on sert le plus communément en Europe pour l'éducation des vers à soie est le Morus alba. Ses variétés, très nombreuses, ont été décrites avec soin par Seringe 2 et plus récemment par M. Bureau 3. La plus cultivée dans l'Inde, le Morus indica, Linné (Morus alba, var. indica, Bureau), est sauvage dans le Punjab et à Sikim, d'après Brandis, inspecteur général des forêts de l'Inde anglaise 4. Deux autres variétés, serrata et cuspidata, sont aussi indiquées comme sauvages dans diverses provinces de l'Inde septentrionale 5. L'abbé David a trouvé en Mongolie une variété parfaitement spontanée, décrite sous le nom de Mongolica par M. Bureau, et le Dr Bretschneider 6 cite un nom Yen, d'anciens auteurs chinois, pour le Mûrier sauvage. Il ne dit pas, il est vrai, si ce nom s'applique au Mûrier blanc : Pe (blanc)-Sang (Mûrier), des cultures chinoises 7. L'ancienneté de la culture en Chine 8 et au Japon, ainsi que la quantité de formes différentes qu'on y a obtenues, font croire que la patrie primitive s'étendait à l'est jusqu'au Japon, mais on connaît peu la flore indigène de la Chine méridionale, et les auteurs les plus dignes de confiance pour les plantes japonaises n'affirment pas la qualité spontanée. MM. Franchet et Savatier 9 disent : « cultivé depuis un temps immémorial et devenu sauvage çà et là. » Notons aussi que le Mûrier blanc paraît s'accommoder surtout des pays montueux et tempérés, par où l'on peut croire qu'il aurait été jadis introduit du nord de la Chine dans les plaines du midi. On sait que les oiseaux recherchent ses fruits et en portent les graines à de grandes distances dans des localités incultes, ce qui empêche de constater les habitations vraiment anciennes.

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3. Bureau, dans de Candolle, Prodromus, 17, p. 238.

4. Brandis, The forest flora of north-west and central India, 1874, p. 408. Cette variété a le fruit noir, comme le Morus nigra.

5. Bureau, l. c., d'après des échantillons de divers voyageurs.

6. Bretschneider, Study and value of chinese bot. works, p. 12.

7. Ce nom est dans le Pent-sao, d'après Ritter, Erdkunde, 17, p. 489.

8. D'après Platt, Zeitschrift d. Gesellsch. Erdkunde, 1871, p. 162, la culture remonte à 4000 ans avant J.-C.

9. Franchet et Savatier, Enumeratio plantarum Japoniæ, 1, p. 433.


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Cette facilité de naturalisation explique sans doute la présence, à des époques successives, du Mûrier blanc dans l'Asie occidentale et le midi de l'Europe. Elle a dû agir surtout depuis que des moines eurent apporté le ver à soie à Constantinople, sous Justinien, dans le vie siècle, et que graduellement la sériculture s'est propagée vers l'ouest. Cependant Targioni a constaté que le mûrier noir, M. nigra, était seul connu en Sicile et en Italie, lorsque l'industrie de la soie s'est introduite en 1148 en Sicile et deux siècles plus tard en Toscane 1. D'après le même auteur, l'introduction du Mûrier blanc en Toscane date, au plus tôt, de l'année 1340. De la même manière, l'industrie de la soie peut avoir commencé en Chine, parce que le ver à soie s'y trouvait naturellement ; mais il est très probable que l'arbre existait aussi dans l'Inde septentrionale, où tant de voyageurs l'ont trouvé à l'état sauvage. En Perse, en Arménie et dans l'Asie Mineure, je le crois plutôt naturalisé depuis une époque ancienne, contrairement à l'opinion de Grisebach, qui le regarde comme originaire de la région de la mer Caspienne (Végét. du globe, trad. française, I, p. 424). M. Boissier ne le cite pas comme spontané dans ces pays 2. M. Buhse 3 l'a trouvé en Perse, près d'Erivan et de Baschnaruschin, et il ajoute : « naturalisé en abondance dans le Ghilan et le Masenderan. » La flore de Russie par Ledebour 4 indique de nombreuses localités autour du Caucase, sans parler de spontanéité, ce qui peut signifier une espèce naturalisée. En Crimée, en Grèce et en Italie, il est seulement à l'état de culture 5. Une variété tatarica, souvent cultivée dans le midi de la Russie, s'est naturalisée près du Volga 6.

Si le Mûrier blanc n'existait pas primitivement en Perse et vers la mer Caspienne, il doit y avoir pénétré depuis longtemps. Je citerai pour preuve le nom de Tut, Tuth, Tuta, qui est persan, arabe, turc et tartare. II y a un nom sanscrit, Tula 7, qui doit se rattacher à la même racine que le nom persan ; mais on ne connaît pas de nom hébreu, ce qui vient à l'appui de l'idée d'une extension successive vers l'Asie occidentale.

Ceux de mes lecteurs qui désirent des renseignements plus détaillés sur l'introduction des Mûriers et des vers à soie les trouveront surtout dans les savants ouvrages de Targioni et de Ritter que j'ai cités. Les découvertes faites récemment par divers botanistes m'ont permis d'ajouter des données plus

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1. Ant. Targioni, Cenni storici sulla introd. di varie piante nell' agricolt. toscana, p. 188.

2. Boissier, Flora orient., 4, p. 1153.

3. Buhse, Aufzählung der Transcaucasien und Persien Pflanzen, p. 203.

4. Ledebour, Fl. ross., 3, p. 643.

5. Steven, Verzeichniss d. taurisch. Halbins, p. 313 ; Heldreich, Pflanzen des attischen Ebene, p. 508 ; Bertoloni, Fl. ital., 10, p. 177 ; Caruel, Fl. Toscana, p.171.

6. Bureau, l. c.

7. Roxburgh, Fl. ind.; Piddington, Index.


[121]

précises que celles de Ritter sur l'origine, et, s'il y a quelques contradictions apparentes entre nos opinions sur d'autres points, cela vient surtout de ce que l'illustre géographe a considéré une foule de variétés comme des espèces, tandis que les botanistes les ont réunies après un examen attentif.

Mûrier noir. — Morus nigra, Linné.

Il est plus recherché pour ses fruits que pour ses feuilles, et, d'après cela, je devrais l'énumérer dans la catégorie des arbres fruitiers. Cependant on ne peut guère séparer son histoire de celle du Mûrier blanc. D'ailleurs on emploie sa feuille dans beaucoup de pays pour l'élève des vers à soie, sans se laisser arrêter par la qualité inférieure du produit.

Le Mûrier noir se distingue du blanc par plusieurs caractères, indépendamment de la couleur noire du fruit, qui se trouve également chez certaines variétés du M. alba 1. Il n'a pas une infinité de formes comme celui-ci, ce qui peut faire présumer une culture moins ancienne, moins active, et une patrie primitive moins étendue.

Les auteurs grecs et latins, même les poètes, ont souvent mentionné le Morus nigra, qu'ils comparaient au Ficus Sycomorus, et qu'ils confondaient même dans l'origine avec cet arbre égyptien. Les commentateurs répètent depuis deux siècles une foule de passages qui ne laissent aucun doute à cet égard, mais ne présentent guère d'intérêt en eux-mêmes 2. Ils ne fournissent aucune preuve sur l'origine de l'espèce, qu'on présume de Perse, à moins de prendre au sérieux la fable de Pyrame et Thisbé, dont la scène était en Babylonie, d'après Ovide.

Les botanistes n'ont pas constaté d'une manière bien certaine l'indigénat en Perse. M. Boissier, qui possède plus de matériaux que personne sur l'Orient, se contente de citer Hohenacker comme ayant trouvé le M. nigra dans les forêts de Lenkoran, sur la côte méridionale de la mer Caspienne, et il ajoute : « probablement spontané dans la Perse septentrionale vers la mer Caspienne 3 ». Avant lui, Ledebour, dans sa flore de Russie, indiquait, d'après divers voyageurs, la Crimée et les provinces au midi du Caucase 4 ; mais Steven nie que l'espèce existe en Crimée autrement qu'à l'état de culture 5. M. de Tchihatcheff et C. Koch 6 ont trouvé des pieds de Mûrier noir dans des localités

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1. Reichenbach a publié de bonnes figures des deux espèces dans ses Icones floræ germ., t. 657 et 658.

2. Fraas, Synopsis fl. class., p. 236 ; Lenz, Botanik d. alten Griechen und Rœmer, p. 419 ; Ritter, Erdkunde, 17, p. 482 ; Hehn, Culturpflanzen, ed. 3, p. 336, sans parler d'auteurs plus anciens.

3. Boissier, Flora orient., 4, p. 1153 (publiée en 1879).

4. Ledebour, Fl. ross., 3, p. 641.

5. Steven, Verzeichniss d. taurischen Halbins. Pflanzen, p. 313.

6. Tchihatcheff, traduction de Grisebach, Végétation du globe, 1, p. 424.


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élevées et sauvages d'Arménie. Il est bien probable que, dans la région au midi du Caucase et de la mer Caspienne, le Morus nigra est spontané, originaire, plutôt que naturalisé. Ce qui me le fait croire, c'est : 1° qu'il n'est pas connu, même à l'état cultivé, dans l'Inde, en Chine ou au Japon ; 2° qu'il n'a aucun nom sanscrit ; 3° qu'il s'est répandu de bonne heure en Grèce, pays dont les communications avec l'Arménie ont été anciennes.

Le Morus nigra s'était si peu propagé au midi de la Perse qu'on ne lui connaît pas, d'une manière certaine, un nom hébreu ni même un nom persan distinct de celui du Morus alba. On le cultivait beaucoup en Italie, jusqu'à ce qu'on eût reconnu la supériorité du Mûrier blanc pour la nourriture des vers à soie. En Grèce, le Mûrier noir est encore le plus cultivé 1. Il s'est naturalisé çà et là dans ces pays et en Espagne 2.

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1. Heldreich. Nutzpflanzen Griechenlands, p. 19.

2. Bertoloni, Flora ital., 10, p. 179 ; Visiani, Fl. dalmat., 1, p. 220 ; Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 1, p. 250.