Uncaria guianensis (Pharmacopées en Guyane)

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Sipanea pratensis
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Citrus aurantiifolia



Uncaria guianensis (Aubl.) J. F. Gmelin


Synonymie

  • Ourouparia guianensis Aublet

Noms vernaculaires

  • Créole : radié Guadeloupe [radjé-gwadloup] piquant Guadeloupe [pikan-gwadloup].
  • Wayãpi : alainapa, rapara’ɨ.
  • Palikur : —
  • Portugais : jupindá, unha-de-gato [1].

Écologie, morphologie

Liane à crochet des forêts humides et de la végétation ripicole.

Collections de référence

Grenand 454 ; Sastre 4577.

Emplois

Bien qu’elle soit assez commune en Guyane, nous n’avons relevé aucun usage strictement médicinal pour cette liane auprès des communautés enquêtées, alors qu’elle est très employée ailleurs dans tout le bassin amazonien et jusqu’au Piémont andin, sous le nom de unha de gato, comme puissant anti-inflammatoire, pour le traitement de certains cancers [2] et dans le traitement du diabète [3].

Cette liane est surtout connue en Guyane, pour les blessures douloureuses qu’infligent ses crochets aux canotiers.

Notons cependant que les Wayãpi de l’Amapá préparent par ébullition un poison de chasse avec les fragments de tige, utilisés comme Strychnos guianensis (Loganiacées).

Étymologie

  • Wayãpi : alainapa, de kalãi napa, « ce qui nous écorche » ; rapara’ɨ de rapara, « flèche » et ɨ, « arbre, plante », dans le dialecte des Wayãpi du sud.

On notera que la synonymie de AUBLET (1775) ourouparia est aussi construite sur la racine « flèche » dans les langues tupi-guarani.

Chimie et pharmacologie

Nous avons isolé des feuilles et tiges des alcaloïdes oxindoliques (LEVAULT et al., 1983). Les propriétés anti-inflammatoires, cicatrisantes et antioxydantes de cette plante ont été confirmées et plusieurs médicaments sont développés dans différents pays à partir de cette drogue, suscitant une demande croissante en matière première, dont l’obtention repose encore essentiellement sur la cueillette. Ses propriétés sont attribuées à des hétérosides glycosidiques de l’acide quinovique (YEPEZ et al., 1991).

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  1. Ce nom est aussi attribué en Amérique tropicale à Uncaria tomentosa (Aubl.) Gmelin, et c'est d’ailleurs cette dernière espèce qui est la plus exploitée actuellement.
  2. L’usage comme anticancéreux par les communautés forestières des pays andins pourrait, selon nous, être la conséquence de la rumeur qui a probablement vite circulé localement à la suite des récoltes abondantes effectuées pour les firmes pharmaceutiques étrangères.
    Nous avons nous-mêmes observé plusieurs fois cet effet retour, sur les communautés, des recherches menées sur le terrain, l’intérêt soudain manifesté par les chercheurs pour telle ou telle plante accréditant les propriétés annoncées (cf. le cas d’Orthosiphon (Lamiacées), dont la réputation en Guyane est largement due à un botaniste, R. Oldeman).
  3. HECKEL (1897) signale cette espèce utilisée au XIXe siècle par les Boni (Aluku) en gargarisme contre les ulcérations de la bouche.
    Les Chacobo de Bolivie et les Yanomami du Brésil utilisent les tiges pour soigner la diarrhée et les douleurs d’estomac (BOOM, 1987 ; MILLIKEN et ALBERT, 1996).
    Enfin, VAN ANDEL (2000) indique que les Amérindiens du nord-ouest de la Guyana préparent un thé avec les feuilles pour soigner la grippe et la tuberculose.