Thym (Cazin 1868)
Sommaire
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Thym
Nom accepté : Thymus vulgaris
Thymus vulgaris. C. Bauh. — Thymus durius. Dod. — Thymus supinus Tourn. — Caudicans odoratus.
Thym commun, — thym des jardins, — tin, — frigoule, — pote.
LABIÉES. — SATURÉÏÉES. Fam. nat. — DIDYNAMIE GYMNOSPERMIE. L.
Le thym, plante vivace, croît spontanément dans les départements méridionaux, aux environs de Narbonne et de Montpellier. On le cultive dans les jardins pour son odeur et pour son emploi culinaire. Il est fort recherché des abeilles. Les anciens considéraient comme excellent le miel que ces animaux puisent sur cette plante ; ils vantaient surtout celui du mont Hymette. Nos miels de Narbonne, de Langrasse, de Perpignan, ne sont pas moins exquis.
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Description. — Racines dures, tortueuses, ligneuses, ramifiées. — Tiges droites, cylindriques, cendrées ou d'un brun rougeâtre, légèrement velues, chargées de rameaux nombreux, grêles, opposés et redressés. — Feuilles opposées, sessiles, fort petites, ovales, un peu étroites, d'un vert cendré en dessus, légèrement pubescentes. — Fleurs réunies en verticilles disposés en têtes ou en épis au sommet des rameaux (juin-juillet). — Calice tubulé, velu, strié, à cinq dents inégales. — Corolle petite, blanchâtre ou légèrement purpurine. — Quatre étamines didynames. — Un style, un stigmate aigu, bifide. — Fruit : quatre petits akènes au fond du calice.
Parties usitées. — Les feuilles et les sommités fleuries.
Récolte. — Elle doit se faire en pleine floraison ; après avoir mondé la plante, on la dispose en guirlande et on la porte au séchoir.
[Culture. — On trouve souvent le thym planté en bordure chez les maraîchers. Il préfère une terre légère et chaude, l'exposition au midi. On le propage par éclats de touffes en mars. On tond les bordures après la floraison ; on les renouvelle tous les trois ou quatre ans. Le serpolet se cultive de même.]
Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. - Le thym jouit d'une odeur forte, aromatique et agréable, plus suave dans l'état frais qu'après la dessiccation; sa saveur est amère, acre et chaude. Son infusion aqueuse devient brune par l'addition du sulfate de fer, ce qui y décèle une certaine quantité de tannin. Elle contient en outre une assez forte proportion d'huile volatile jaunâtre très-odorante, âcre, et une certaine quantité de camphre.
On se sert du thym comme condiment pour relever la saveur des chairs fades, des herbes potagères, pour aromatiser les sauces, les jambons, les préparations de charcuterie, les figues, les dattes, les raisins, les pruneaux et autres fruits secs qu'on veut conserver longtemps. On le place parmi les hardes, dans les garde-robes, pour empêcher l'abord des insectes, masquer les mauvaises odeurs, etc.
A L'INTÉRIEUR. — Infusion, de 10 à 15 gr. par kilogramme d'eau bouillante. |
A L'EXTÉRIEUR. — Infusion ou décoction, 30 à 100 gr. par kilogramme d'eau ou de vin,
pour lotions, fomentations, bains, injections, etc. |
Cette plante, peu employée en médecine quoique possédant les mêmes vertus que les autres aromates, est un stimulant dont les propriétés sont analogues à celles du serpolet ou thym sauvage ; on le conseille dans l'atonie des voies digestives, les flatuosités, l'aménorrhée asthénique, les catarrhes chroniques, la leucorrhée atonique, etc.
Van Swieten employait la vapeur de l'infusion de thym contre le lumbago ; il dirigeait cette vapeur sur la partie douloureuse, pendant une demi-heure, au moyen d'un tube, et frictionnait ensuite fortement avec des linges chauds pendant un quart d'heure. Cazenave[1] a employé avec avantage, contre la gale, les lotions composées d'infusion de thym (60 gr. pour 1 kilogr. d'eau bouillante) et de vinaigre (280 gr.), trois lotions par jour ; durée moyenne du traitement, douze jours. On sait que la sarriette, la menthe et d'autres plantes aromatiques sont aussi antipsoriques.
L'infusion aqueuse ou vineuse de thym a été employée sur les ulcères atoniques ; les sommités de cette plante sont appliquées sur les engorgements pâteux et indolents. On fait avec le thym, comme avec toutes les plantes aromatiques, des fumigations, des bains fortifiants, qui conviennent surtout aux enfants lymphatiques, scrofuleux, rachitiques ; dans les rhumatismes chroniques qui attaquent les vieillards, les sujets faibles ; dans les paralysies, la goutte atonique, etc.
(L'huile essentielle, introduite à l'aide de coton dans les dents cariées, apaise la douleur.
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- ↑ Bulletin général de thérapeutique, t. XX, p. 112.
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L'essence de thym, de même que celle de serpolet et de lavande mêlé directement à l'eau au fond d'une baignoire d'adulte, à des doses variant de 50 centigr. à 2 gr., ou préalablement dissoute dans un peu d'alcool, communique à cette eau des propriétés excitantes qui se manifestent sensiblement sur la peau.
P. Topinard a mis ces propriétés en lumière et les a étudiées avec soin. Laissons parler ce distingué confrère[1] :
« Les bains fortement aromatiques qui en résultent ont une action topique identique à celle des bains Pennès, et comparable à celle des bains de moutarde ; ils ont sur eux, entre autres avantages, celui d'être faciles à doser dans leur action...
« Je ne dirai rien des circonstances dans lesquelles les bains à l'essence de romarin, de thym, etc., sont appelés à rendre des services ; ce sont celles où l'on prescrit ordinairement les bains sinapisés, les bains de Pennès, l'hydrothérapie, les bains de vapeur, les fumigations aromatiques, c'est-à-dire lorsqu'on veut exercer une puissante dérivation, réveiller les fonctions cutanées, relever l'organisme. Ils sont particulièrement indiqués dans les cas chroniques, et réussiront quelquefois là où auront échoué les bains sulfureux. Dans les maladies aiguës, ils peuvent être d'un grand secours pour amener une réaction inespérée. Je ne veux ici parler que de leurs effets physiologiques, de leurs doses, de leur mode d'administration...
« Les essences de romarin, de thym, de serpolet ont à peu près la même action. Voici la série des phénomènes auxquels l'une ou l'autre donne naissance à la dose de 2 gr., chez les sujets sensibles à leurs effets.
« Au moment de l'immersion du corps, rien de particulier, sauf, par exception, une sensation de cuisson au scrotum, qui disparaît en quelques instants. Cinq ou dix minutes après, sensation de chaleur fort agréable par tout le corps. Vers la quinzième minute, picotements aux reins, aux flancs et au creux poplité, comme pour les bains de Pennès. Vers la trentième, les picotements se multiplient, sont déjà insupportables ; chaque piqûre est bien distincte. A quarante-cinq minutes environ, les picotements deviennent comme confluents ; on dirait, aux reins et aux flancs, que c'est un vésicatoire qui prend ; la cuisson est moins vive aux bras, au faîte du dos, etc. Je n'ai pas été au delà, ni ceux qui ont répété ces expériences après moi.
« Au sortir du bain, les papilles sont toutes hérissées, la surface de la peau est chagrinée, d'une sensibilité extrême ; là où se promène la main naît une sensation vive de brûlure. Aux flancs, aux reins et ailleurs se voient des taches grandes, irrégulières d'érythème, dix, vingt, trente. Un de mes sujets d'expériences m'a assuré que sur lui quelques-unes de ces taches étaient saillantes et démangeaient comme de l'urticaire. Ces taches, cette hyperesthésie cutanée vont en diminuant et persistent une heure ; tout a disparu au bout d'une heure et demie. Quelquefois, comme pour le bain de Pennès, on éprouve des horripilations, une certaine excitation fébrile ou du malaise.
« Entre l'action du romarin et celle du thym ou du serpolet, je n'ai saisi que de faibles différences. Les picotements viennent moins rapidement pour le romarin ; ils sont plus supportables ; mais en revanche l'hyperesthésie dure davantage près le bain...
« Les huiles essentielles tirées de la famille des labiées ne sont pas certes les seuls agents qui puissent être employés en bains excitants ; d'autres, tirés de la famille des ombellifères ou des synanthérées, l'huile de croton, l'essence de moutarde, etc., sont très-susceptibles de les remplacer. Mais celles
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- ↑ Gazette des hôpitaux, 14 février 1867, p. 75.
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dont il vient d'être question se recommandent particulièrement par leur odeur très-agréable, par l'innocuité de leurs émanations sur les yeux et la figure et par la fugacité de leurs effets immédiats sur le reste du corps... »
Nous rapprocherons ces extraits du travail de Topinard de ce que nous avons dit de l'essence de térébenthine employée de la même façon. (Voyez page 848).
Thym des Alpes
Nom accepté : Clinopodium alpinum
THYM DES ALPES. (Thymus Alpinus. L.). — Espèce charmante qu'on trouve sur les Alpes, en Suisse, en Allemagne et dans le midi de la France. On la cultive dans quelques jardins. Elle a les mêmes propriétés que la précédente.
Description. — Tiges droites, anguleuses, velues, ramifiées. — Feuilles ovales, pointues, assez grandes, entières ou légèrement dentées. — Fleurs violettes ou bleues, grandes, axillaires, verticillées, portées sur des pédoncules velus. — Calice renflé, hérissé de poils, muni de stries saillantes.