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__TOC__
[446]
== Frêne ==
Voir la page ''[[]]''
FRÊNE. Fraxinus excelsior. L.
Fraxinus excelsior. BAUH. — Fraxinus vulgaris. PARK.
Fraxinus apeMa. GÂTER.
Frêne commun, — frêne élevé, — grand frêne, — frêne nudiflore, — quinquina d'Euror*
OLÉINÉES. — FRAXINÉES. Fam. nat. — POLYGAMIE DIOECIE. L.
Cet arbre croît dans toute l'Europe et est connu de tout le monde. If
émanations délétères de son feuillage sont très-nuisibles aux végétaux Pi
par le voisinage, en reçoivent l'influence. La cantharide ordinaire (Ip
vesic.) habite le frêne dans le Midj,, et en est avide au point de laisser à peu
à ses feuilles le temps de se développer. Les feuilles de frêne sont W'
tées avec avidité par les chevaux, les boeufs, les chèvres et les monW;;
Elles donnent au lait dès vaches cjui s'en nourrissent une -saveur desagre -i
(1) Dictionnaire de médecine, 2° édition, t. XIII, p. 511.
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FRÊNE. \xkl.
Me.'On connaît l'utilité.,du frêne dans les arts et clans l'économie rurale et
./'domestique.. v
^Description. — Tronc droit, élevé, revêtu d'une écorce unie et de couleur cen-
--"iëe ; branches opposées, rameaux verdâtres.— Feuilles opposées, ailées, composées de
beuf 'à treize folioles imparipennées, ovales, lancéolées, dentelées, glabres, d'un vert un
■ neiifoncé en dessus; pétiole renflé à son insertion. — Fleurs sans pétales, hermaphro-
dites'ou femelles sur des pieds séparés, quelquefois sur le même pied; les hermaphro-
; dites ayant deux étamines, un pistil conique, fendu au sommet.— Fruits : samares mem-
i braneùsèsjnblonguès, un peu comprimées, terminées par une languette membraneuse,
>'fee qui les fait appeler langue d'oiseau (lingua avis); ayant une loge renfermant une se-
; iiience allongée, comprimée, roussâtre.
^ s Parties usitées. — L'écorce, l'écorce de la racine, les feuilles et les fruits.
''::|éuHuré.—Le frêne croît dans les terrains les plus secs comme dans les plus
- l'ai'écageux ; on le propage aisément par ses graines qui lèvent spontanément dans les
? lieux frais et ombragés; cette espèce a donné plusieurs variétés parmi lesquelles nous
\ citerons' les fraxinus jaspidea, Dest. ; aurea, "Willis; argèntea, Dest.; pendula, Ait.;
"~ Mzontalis, Dest. ; verrucosa, Dest. ; monophylla, Dest. ; atrovirens, Dest., et cris-
pdjBosc]
vv Récolte, -r- Les feuilles de frêne doivent être cueillies lorsqu'elles laissent suinter
' uïië espèce de gomme visqueuse, ce qui'a lieu, selon les climats, au mois de mai ou de
', juin; On ■ les fâït sécher à l'ombre. Ces feuilles valent mieux sèches que vertes. Lés
^farces doivent être prises au printemps de préférence sur des branches de trois à
Hptreans, séchées promptement et conservées dans un lieu sec.
|j Propriétés physiques et chimiques. — Les feuilles et l'écorce ont
ipéisaveûr amère, acre et astringente. Leur décoction noircit par le sulfate de fer. La
,; quantité de tannin que contient l'écorce la rend propre au tannage des cuirs. On retire
lie;cètle écorce une couleur vert pomme, d'après Dambourney, et de son bois, à l'état
"Irais,une couleur vigogne. —Les semences ont une saveur acre et piquante. Elles recè-
lent un principe amer et un peu aromatique et du tannin. En Angleterre le peuple les
{Cueille avant leur maturité pour les confire dans le vinaigre et les employer comme as-
niù'sônnement culinaire.
!*vMandét, pharmacien à Tarare (1), dans l'étude qu'il a entreprise de nos fébrifuges in-
?tpgénês^a concentré ses recherches sur l'écorce du frêne. Afin de rendre l'expérimen-
,|8pn .clinique plus facile, il a eu l'idée d'en isoler le principe actif, auquel il a donné
jle|oin de fraxinine, et que Mouchon, qui a aussi obtenu le même principe, a appelé
"fpjntte.-Gn l'obtient en agitant le décocté de l'écorce avec du charbon et traitant en-
^ilitepar l'alcool; 1,000 gr. d'écorce à son maximum de développement (de 1 centimètre à
!i|entimètre 1/2 d'épaisseur) doivent rendre 30 gr. de principe actif. La fraxinine de Mandet
Ï$W un-alcaloïde, mais un principe amer combiné à un acide tannique particulier
ans lequel sont concentrées toutes les propriétés fébrifuges de l'écorce de frêne.
|™t.(2)atrouvé dans cette écorce 16,100 de malate de chaux.
ÈPne faut pas confondre la fraxinine de Mandet avec celle qui a été extraite par Keller
joesjr.onw zt rotundifolius,.qui, d'après Rochelder et Schwartz, ne serait que de la
-«milite.] -■:.-..-?
,; PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
iAiHTEWEDR. — Décoction de l'écorce, 15 à
,, 60_.gr.par kilogramme d'eau.
jWteM(§corcevloa 24 gr., comme fébri-
fuge. Cette dose est répétée trois ou quatre
.' "i3.!* 3par dans l'intermission, pendant
. useurs jours.
'-„ l.afeeux de l'écorce, comme fébrifuge,
^,dlfl0°li(lu? de l'écorce, comme fébri-
«fiM'^rce de la racine, comme pur-
•,»V45lr. pour 750 gr. d'eau (Martiri-
Décoction ou infusion des feuilles, comme laxa-
tif, 8 à 15 gr. pour 250 gr. d'eau.
Décoction ou infusion des semences, comme
tonique et diurétique, 10 à 30 gr. par kilo-
gramme d'eau.
Poudre des semences, comme tonique et diu-
rétique, li à 15 gr. en substance dans le vin,
en électuaire, etc.
A L'EXTÉMEDR. — Décoction des feuilles ou de
la racine, en lavements, fomentations, lo-
tions, cataplasmes, etc. — Feuilles sèches
chauffées. ' • :h
Mf ^médicale, mai 1855. •
;:■} ' nme'Pharmaceulique, 1853, p. 54.
;^tr
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M8
FRÊNE.
Fraxinine, comme fébrifuge, de 1 à 2 gr., en
électuaire, pilules, etc.
MÉDICATION CONTRE LE RHUMATISME
ET LA GOUTTE.
1° Décoction des feuilles sèches, 10 à 20 gr.
pour 200 gr. d'eau, après l'avoir ou non su-
crée et aromatisée (avec une pincée de feuilles
de menthe), par tasses à thé, toutes lès trois
heures, ou seulement le matin à jeun, et le
soir après la digestion des derniers repas, sui-
vant l'intensité de l'affection; 2° en lavements
fractionnés, au nombre, de deux ou trois par
jour, ayant pour base la même formule que
la tisane; 3° feuilles appliquées et mainte-
nues, pendant-un temps-plus ou moins long
(quelques heures), sur les points douloureux,
d'autres fois sur tout le corps, le visage ex-
cepté, après les avoir préalablement fait chauf-
fer un peu dans une étuve quelconque (Dela-
rue). -
Feuilles sèche de frêne en poudre fine, 1 gr.;
faites infuser pendant trois heures dans fa,
tasses d'eau bouillante (100 gr.); passezàt»
vers un linge et édulcorpz. — Dans lecasji
goutte aiguë, et au commencement surtoutde
l'attaque avec ou sans fièvre, on doit faite.
infuser 2 gr; dans trois tusses d'eau que foi
prend : l'une le soir au moment de se coucher
l'autre le matin au lit ou en se levant, et la
troisième au milieu de la journée, entre 1er
deux repas. On continue cette médication me
huitaine de jours après la disparition des
symptômes, à. la dose seulement de i gr, a
poudre pour deux tasses d'infusion.-nais
la goutte chronique, on peut se contenter J!
deux tasses d'infusion par jour, une le soir et
l'autre le matin; mais le traitement doit Être
continué pendant plus longtemps.— En ayant
recours à ce même mode de traitement tous
les mois, pendant huit à dix jours environ, la
attaques peuvent être éloignées plus ou moins
indéfiniment. (Pouget.)
L'écorce de frêne est tonique et astringente. Elle a été préconisée dans
les héintorrhagies passives, les diarrhées et les dysenteries chroniques, le
scorbut y les affections scrofuleuses, là syphilis secondaire ou tertiaire,
comme succédanée du gaïac, la goutte atonique, et surtout contre te
fièvres intermittentes.
Boerhaave a dit que l'écorce de frêne, comparée à celle de quinquina,,
avait, à doublé dose, la même efficacité comme fébrifuge. Christophe
Helwig (1) l'appelle le quinquina d'Europe. Rniphof, dans son Examenè
fébrifuges, -publié à Erfurt en 1747, place cette écorce à côté de l'écorce du,-
"Pérou. Coste et Wilmet l'ont administrée en poudre, à la dose de 8 gr,
réitérée de quatre heures en quatre heures, à douze malades atteints de;
fièvres d'accès; huit ont été guéris; les autres n'en ont éprouvé aucun effet
Burtin l'a prescrite avec succès à la même dose que le quinquina dansuae
fièvre tierce. Murray (2) dit qu'on peut en donner jusqu'à 45 gr. entre
deux accès. '"■■=-;■•
D'un autre côté, Torti (3) n'en a obtenu aucun effet fébrifuge. Linné la dit
fort inférieure au quinquina, et Chaumeton assure l'avoir employée sans
succès. Ces résultats contraires, ne sauraient infirmer les faits cités plus
haut et observés par des praticiens distingués et dignes de foi; mais ils,
prouvent seulement que l'écorce de. frêne, comme le quinquina lui-même,
ne réussit pas toujours. Ne voyons-nous pas quelquefois des fièvres inter-
mittentes céder à l'usage des fébrifuges indigènes, tels que l'écorce de saule,
la centaurée-chausse-trappe, la gentiane, la camomille, etc., après avoir ré-
sisté aii sulfate de quinine?
Jî§i employé l'écorce de frêne dans six cas de fièvre d'accès, tierceon
double tierce. J'en faisais prendre la décoction à la dose de 30 gr. m
500 gr. d'eau, répétée une et quelquefois deux fois dans l'intervalleapyre-
tique. Les accès furent coupés chez trois malades, du troisième au cin-
quième jour de traitement. Je dois dire, que chez l'un d'eux la maladie»
déjà diminué d'intensité. Des trois autres malades, deux guérirent au moP.
d'une forte décoction d'écorce de saule et de feuilles de calcitrape, m
avoir inutilement pris l'écorce de frêne; et ^troisième, dont l'état g»..
seulement amélioré, ne fut complètement ifBarrassé que par feinjF 0
quel|j|K3s<«doses légèresjde sulfate de quijïÉif; , ..''.'
■~(l) De, quinquina Europeorum; Dissertation inaugurale; 1712:
(2) ..Appar. mpit,, ^111, p. 535. "
(3){ ThérapétiMiïg'spéeiale, etc., p. 19.
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FRÊNE. km
Mandet (1) dit que l'expérimentation de la fraxinine a dépassé ses espé-
rances comme fébrifuge. Donnée à la dose de 1 gr. 50 centigr. pendant
auatre jours, elle a suffi, dit-il, pour arrêter une fièvre intermittente, con-
tractée en Afrique, laquelle avait résisté à des doses élevées de sulfate de
Quinine. Cette même substance a fait aussi complètement disparaître en six
jours une'fièvre intermittente irréguliëre datant de cinq années, survenue à
la suite d'un accouchement, et qui redoublait aux époques menstruelles. Il
est à désirer que d'autres faits viennent confirmer l'opinion avantageuse que
ce nouveau produit a fait concevoir, et que les propriétés de l'écorce qui le
fournit justifient déjà jusqu'à un certain point. Thomas Burnet dit qu'une
femme atteinte d'un flux hépatique depuis six mois, et qu'aucun remède
n'avait pu guérir, fut débarrassée en très-peu de temps, en prenant chaque
matin 4 gr. de poudre de l'écorce moyenne de frêne dans un peu de vin
d'Espagne. Bauhin et Glauber ont préconisé l'écorce de frêne dans le
lithiasis et dans la néphrite chronique.
D'après une observation de Martin Solon (2), l'écorce de la racine de
frêne serait éméto-cathartique. Cinq observations rapportées par Dubois, de
Tournai, établissent solidement cette propriété.
J'ai vu un paysan, âgé de cinquante ans, se guérir très-promptement
d'une leuco-phlegmatie, par l'usage d'une tisane faite avec l'écorce de
\ racine de frêne, à la dose, chaque jour, de 60 gr. environ pour 1 litre
^ d'eau. Cette tisane produisit d'abord un effet purgatif, et ensuite une diu-
rèse abondante.
Wauters (3) a employé comme vésicant le mélange à parties égales de
cendres neuves et d'écorce moyenne de frêne finement pulvérisée, avec ad-
dition d'une suffisante quantité d'eau pour en faire une pâte qu'on applique
entre deux linges frais sur la peau.
Les feuilles de frêne jouissent, dit-on, d'une propriété purgative non équi-
voque. Tablet (1711) assure que, prise à la même dose et de la même ma-
nière que le séné, elles purgent tout aussi bien et sans coliques. Coste et
Wilmet disent que ces feuilles, prises en infusion à la dose d'un tiers de
plus que le séné, purgent avec autant de promptitude et d'énergie que ce
dernier. Bodart affirme que, dans les essais qu'il en a faits en Toscane,
elles ont constamment procuré, à double dose du séné, des purgations effi-
caces, sans coliques et sans aucun inconvénient. Il ne les a pas essayées en
France." Quant à moi, j'ai administré plusieurs fois ces mêmes feuilles à
double et triple dose de celles de séné, afin de constater leur verta purga-
tive, et je n'ai obtenu qu'un effet laxatif irrégulier et incertain. Cette diffé-
rence dans les effets peut s'expliquer par celle des climats : mes essais ayant
Bulieu dans le Nord, ne peuvent infirmer les résultats obtenus par Bodart
sous rinflùence vivifiante du ciel de l'Italie. Mais il n'en est pas de même des
assertions de Tablet, de Coste et Wilmet, qui ont, comme nous, expéri-
menté en France. Ici le désaccord dans les résultats ne peut s'expliquer.
, Petetin, médecin de Lyon, a eu à se louer de l'emploi des feuilles de frêne
nans les scrofules. Gilibert dit avoir, guéri plusieurs affections scrofuleuses
commençantes, et arrêté les progrès de cette maladie chez d'autres sujets,
?umoyen de bains faits avec les feuilles de cet arbre, et par l'usage de ces
.TBemes feuilles à l'intérieur. On sait que tous les toniques amers con-
diment dans ces affections, sans pour cela posséder une propriété qui leur
«Mt spécialement applicable.
' Uelacue, de Bergerac (4), a, dans ces derniers temps, appelé l'attention
6 5"|«e médicale, mai 1853.
M ni, ■?'? aénéral de thérapeutique, t. I, p. 163.
U, f ies exutoires, etc.
tournai des connaissances médico-chirurgicales, août 1852.
29
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45» FRÊNE.
des médecins sur les propriétés antirhumatismales et antigoutteuses dej
feuilles de frêne.
Cette première communication en a fait surgir d'autres qui sont venues
confirmer l'efficacité de ce moyen et prouver en même temps qu'il n'est
pas nouveau. En effet, il résulte de deux notes successivement publiées i
dans l'Union médicale du 9 décembre 1852, l'une par Pouget et Peyraud la i
seconde par Marbotin, de Valenciennes, que l'usage en est populaire d'ans !
plusieurs contrées, et qu'on le trouve indiqué contre les douleurs gout-
teuses dans Glauber, Bauhin et plusieurs auteurs du dernier siècle (Murray),
Mais les dernières communications renferment, sur l'action physiologique
des feuilles de frêne et sur les conditions de leur efficacité thérapeutique
des indications que l'on ne trouve point dans les vieux auteurs. L'un des
faits les plus intéressants que l'on trouve dans la première des deux notes
que nous venons de citer, est celui qui est personnel à Peyraud lui-même,
Pris d'une attaque de goutte, contre laquelle il avait vainement usé de tous
les moyens connus, Peyraud eut recours, sur l'indication de ses clients, à
l'usage des feuilles de frêne, et s'en trouva si bien que, dans un intervalle i
de quatre ans, de 1845 à 1849, il n'eut qu'un seul accès, que l'usage du M
de frêne dissipa en cinq jours.
Pour Marbotin, qui, depuis plus de dix ans, a constamment observé les
effets heureux de l'administration des feuilles de frêne en infusion, l'action
physiologique de cette substance se traduit, soit (le plus habituellement)
par des sueurs abondantes, soit par une copieuse diurèse; circonstance qui
peut jusqu'à un certain point aider l'esprit à se rendre compte du mode
d'action thérapeutique de ces feuilles (1).
J'ai eu recours à ce moyen aussi simple que facile chez un cultivateur
âgé de soixante-deux ans, sujet depuis cinq ans à des récidives de rhuma-
tisme articulaire subaigu, principalement au printemps et en automne. Non-
seulement l'affection s'est promptement dissipée, mais on a pu en prévenir
le retour en usant de temps en temps du même moyen pendant dix à quinze
jours. Dans le rhumatisme articulaire aigu, avec douleur vive, inflamma-
tion, angioténie, pléthore, les antiphlogistiques doivent précéder l'emploi
des feuilles de frêne, qui, si j'en juge d'après les quelques cas qui se sont
offerts à mon observation, m'ont paru d'autant plus efficaces que les sujets
étaient moins vigoureux, les symptômes de réaction inflammatoire moinf
intenses, les conditions physiologiques et pathologiques plus favorablesà
l'action plus ou moins révulsive du médicament sur les intestins, la peau on
les voies urinaires.
Pline dit que l'ombrage du frêne fait fuir les serpents. Beauregard, chi-
rurgien à La Rochelle (2), avec le suc des feuilles, donné à la dose de
250 gr., et leur marc appliqué sur la plaie, a guéri une femme mordue par
une vipère. Ce praticien a vu d'autres exemples de guérisons semblables
par ce moyen, ainsi que Moutier (in Murray) et Alston. On sait que»
symptômes causés par la morsure de la vipère se dissipent souvent sans
médication.
La semence de frêne a été considérée par les anciens comme liydragogue
et diurétique. Je l'ai administrée en poudre dans des cas de cachexie, d en-
gorgements hépatiques et spléniques, chez des sujets lymphatiques »
exempts d'irritation ou dephlegmasie des voies digeslives. J'en ai obtenu des
avantages appréciables. A forte dose, elle a un effet purgatif plus énergiq
que les feuilles ; à moindre dose et en décoction aqueuse étendue, elle a,,
efficacement comme diurétique. A ce titre, on la recommandait contre
gravelle.
(1) Rulletin général de thérapeutique, 1853.
(2) Ancien Journal de médecine, t. VI, p. 233.
[451]
La plupart des propriétés du frêne sont maintenant bien reconnues ; les
feuilles de cet arbre, recherchées par les rhumatisants et les goutteux,
étaient d'un prix très-élevé pendant l'hiver de 1852. En 1853, on ne se
• donnait pas la peine de les récolter, et je n'ai pu en trouver chez les phar-
maciens pendant l'hiver de 1855 : elles n'avaient déjà plus le mérite de la nouveauté.
[[Catégorie:Cazin 1868]]
|titre=[[Cazin, Traité des plantes médicinales|Cazin, ''Traité des plantes médicinales'', 1868]]
|titrepageprécédente=Fraxinelle (Cazin 1868)
|nomcourtprécédent=Fraxinelle
|titrepagesuivante=Fritillaire (Cazin 1868)
|nomcourtsuivant=Fritillaire
}}
__TOC__
[446]
== Frêne ==
Voir la page ''[[]]''
FRÊNE. Fraxinus excelsior. L.
Fraxinus excelsior. BAUH. — Fraxinus vulgaris. PARK.
Fraxinus apeMa. GÂTER.
Frêne commun, — frêne élevé, — grand frêne, — frêne nudiflore, — quinquina d'Euror*
OLÉINÉES. — FRAXINÉES. Fam. nat. — POLYGAMIE DIOECIE. L.
Cet arbre croît dans toute l'Europe et est connu de tout le monde. If
émanations délétères de son feuillage sont très-nuisibles aux végétaux Pi
par le voisinage, en reçoivent l'influence. La cantharide ordinaire (Ip
vesic.) habite le frêne dans le Midj,, et en est avide au point de laisser à peu
à ses feuilles le temps de se développer. Les feuilles de frêne sont W'
tées avec avidité par les chevaux, les boeufs, les chèvres et les monW;;
Elles donnent au lait dès vaches cjui s'en nourrissent une -saveur desagre -i
(1) Dictionnaire de médecine, 2° édition, t. XIII, p. 511.
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FRÊNE. \xkl.
Me.'On connaît l'utilité.,du frêne dans les arts et clans l'économie rurale et
./'domestique.. v
^Description. — Tronc droit, élevé, revêtu d'une écorce unie et de couleur cen-
--"iëe ; branches opposées, rameaux verdâtres.— Feuilles opposées, ailées, composées de
beuf 'à treize folioles imparipennées, ovales, lancéolées, dentelées, glabres, d'un vert un
■ neiifoncé en dessus; pétiole renflé à son insertion. — Fleurs sans pétales, hermaphro-
dites'ou femelles sur des pieds séparés, quelquefois sur le même pied; les hermaphro-
; dites ayant deux étamines, un pistil conique, fendu au sommet.— Fruits : samares mem-
i braneùsèsjnblonguès, un peu comprimées, terminées par une languette membraneuse,
>'fee qui les fait appeler langue d'oiseau (lingua avis); ayant une loge renfermant une se-
; iiience allongée, comprimée, roussâtre.
^ s Parties usitées. — L'écorce, l'écorce de la racine, les feuilles et les fruits.
''::|éuHuré.—Le frêne croît dans les terrains les plus secs comme dans les plus
- l'ai'écageux ; on le propage aisément par ses graines qui lèvent spontanément dans les
? lieux frais et ombragés; cette espèce a donné plusieurs variétés parmi lesquelles nous
\ citerons' les fraxinus jaspidea, Dest. ; aurea, "Willis; argèntea, Dest.; pendula, Ait.;
"~ Mzontalis, Dest. ; verrucosa, Dest. ; monophylla, Dest. ; atrovirens, Dest., et cris-
pdjBosc]
vv Récolte, -r- Les feuilles de frêne doivent être cueillies lorsqu'elles laissent suinter
' uïië espèce de gomme visqueuse, ce qui'a lieu, selon les climats, au mois de mai ou de
', juin; On ■ les fâït sécher à l'ombre. Ces feuilles valent mieux sèches que vertes. Lés
^farces doivent être prises au printemps de préférence sur des branches de trois à
Hptreans, séchées promptement et conservées dans un lieu sec.
|j Propriétés physiques et chimiques. — Les feuilles et l'écorce ont
ipéisaveûr amère, acre et astringente. Leur décoction noircit par le sulfate de fer. La
,; quantité de tannin que contient l'écorce la rend propre au tannage des cuirs. On retire
lie;cètle écorce une couleur vert pomme, d'après Dambourney, et de son bois, à l'état
"Irais,une couleur vigogne. —Les semences ont une saveur acre et piquante. Elles recè-
lent un principe amer et un peu aromatique et du tannin. En Angleterre le peuple les
{Cueille avant leur maturité pour les confire dans le vinaigre et les employer comme as-
niù'sônnement culinaire.
!*vMandét, pharmacien à Tarare (1), dans l'étude qu'il a entreprise de nos fébrifuges in-
?tpgénês^a concentré ses recherches sur l'écorce du frêne. Afin de rendre l'expérimen-
,|8pn .clinique plus facile, il a eu l'idée d'en isoler le principe actif, auquel il a donné
jle|oin de fraxinine, et que Mouchon, qui a aussi obtenu le même principe, a appelé
"fpjntte.-Gn l'obtient en agitant le décocté de l'écorce avec du charbon et traitant en-
^ilitepar l'alcool; 1,000 gr. d'écorce à son maximum de développement (de 1 centimètre à
!i|entimètre 1/2 d'épaisseur) doivent rendre 30 gr. de principe actif. La fraxinine de Mandet
Ï$W un-alcaloïde, mais un principe amer combiné à un acide tannique particulier
ans lequel sont concentrées toutes les propriétés fébrifuges de l'écorce de frêne.
|™t.(2)atrouvé dans cette écorce 16,100 de malate de chaux.
ÈPne faut pas confondre la fraxinine de Mandet avec celle qui a été extraite par Keller
joesjr.onw zt rotundifolius,.qui, d'après Rochelder et Schwartz, ne serait que de la
-«milite.] -■:.-..-?
,; PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
iAiHTEWEDR. — Décoction de l'écorce, 15 à
,, 60_.gr.par kilogramme d'eau.
jWteM(§corcevloa 24 gr., comme fébri-
fuge. Cette dose est répétée trois ou quatre
.' "i3.!* 3par dans l'intermission, pendant
. useurs jours.
'-„ l.afeeux de l'écorce, comme fébrifuge,
^,dlfl0°li(lu? de l'écorce, comme fébri-
«fiM'^rce de la racine, comme pur-
•,»V45lr. pour 750 gr. d'eau (Martiri-
Décoction ou infusion des feuilles, comme laxa-
tif, 8 à 15 gr. pour 250 gr. d'eau.
Décoction ou infusion des semences, comme
tonique et diurétique, 10 à 30 gr. par kilo-
gramme d'eau.
Poudre des semences, comme tonique et diu-
rétique, li à 15 gr. en substance dans le vin,
en électuaire, etc.
A L'EXTÉMEDR. — Décoction des feuilles ou de
la racine, en lavements, fomentations, lo-
tions, cataplasmes, etc. — Feuilles sèches
chauffées. ' • :h
Mf ^médicale, mai 1855. •
;:■} ' nme'Pharmaceulique, 1853, p. 54.
;^tr
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M8
FRÊNE.
Fraxinine, comme fébrifuge, de 1 à 2 gr., en
électuaire, pilules, etc.
MÉDICATION CONTRE LE RHUMATISME
ET LA GOUTTE.
1° Décoction des feuilles sèches, 10 à 20 gr.
pour 200 gr. d'eau, après l'avoir ou non su-
crée et aromatisée (avec une pincée de feuilles
de menthe), par tasses à thé, toutes lès trois
heures, ou seulement le matin à jeun, et le
soir après la digestion des derniers repas, sui-
vant l'intensité de l'affection; 2° en lavements
fractionnés, au nombre, de deux ou trois par
jour, ayant pour base la même formule que
la tisane; 3° feuilles appliquées et mainte-
nues, pendant-un temps-plus ou moins long
(quelques heures), sur les points douloureux,
d'autres fois sur tout le corps, le visage ex-
cepté, après les avoir préalablement fait chauf-
fer un peu dans une étuve quelconque (Dela-
rue). -
Feuilles sèche de frêne en poudre fine, 1 gr.;
faites infuser pendant trois heures dans fa,
tasses d'eau bouillante (100 gr.); passezàt»
vers un linge et édulcorpz. — Dans lecasji
goutte aiguë, et au commencement surtoutde
l'attaque avec ou sans fièvre, on doit faite.
infuser 2 gr; dans trois tusses d'eau que foi
prend : l'une le soir au moment de se coucher
l'autre le matin au lit ou en se levant, et la
troisième au milieu de la journée, entre 1er
deux repas. On continue cette médication me
huitaine de jours après la disparition des
symptômes, à. la dose seulement de i gr, a
poudre pour deux tasses d'infusion.-nais
la goutte chronique, on peut se contenter J!
deux tasses d'infusion par jour, une le soir et
l'autre le matin; mais le traitement doit Être
continué pendant plus longtemps.— En ayant
recours à ce même mode de traitement tous
les mois, pendant huit à dix jours environ, la
attaques peuvent être éloignées plus ou moins
indéfiniment. (Pouget.)
L'écorce de frêne est tonique et astringente. Elle a été préconisée dans
les héintorrhagies passives, les diarrhées et les dysenteries chroniques, le
scorbut y les affections scrofuleuses, là syphilis secondaire ou tertiaire,
comme succédanée du gaïac, la goutte atonique, et surtout contre te
fièvres intermittentes.
Boerhaave a dit que l'écorce de frêne, comparée à celle de quinquina,,
avait, à doublé dose, la même efficacité comme fébrifuge. Christophe
Helwig (1) l'appelle le quinquina d'Europe. Rniphof, dans son Examenè
fébrifuges, -publié à Erfurt en 1747, place cette écorce à côté de l'écorce du,-
"Pérou. Coste et Wilmet l'ont administrée en poudre, à la dose de 8 gr,
réitérée de quatre heures en quatre heures, à douze malades atteints de;
fièvres d'accès; huit ont été guéris; les autres n'en ont éprouvé aucun effet
Burtin l'a prescrite avec succès à la même dose que le quinquina dansuae
fièvre tierce. Murray (2) dit qu'on peut en donner jusqu'à 45 gr. entre
deux accès. '"■■=-;■•
D'un autre côté, Torti (3) n'en a obtenu aucun effet fébrifuge. Linné la dit
fort inférieure au quinquina, et Chaumeton assure l'avoir employée sans
succès. Ces résultats contraires, ne sauraient infirmer les faits cités plus
haut et observés par des praticiens distingués et dignes de foi; mais ils,
prouvent seulement que l'écorce de. frêne, comme le quinquina lui-même,
ne réussit pas toujours. Ne voyons-nous pas quelquefois des fièvres inter-
mittentes céder à l'usage des fébrifuges indigènes, tels que l'écorce de saule,
la centaurée-chausse-trappe, la gentiane, la camomille, etc., après avoir ré-
sisté aii sulfate de quinine?
Jî§i employé l'écorce de frêne dans six cas de fièvre d'accès, tierceon
double tierce. J'en faisais prendre la décoction à la dose de 30 gr. m
500 gr. d'eau, répétée une et quelquefois deux fois dans l'intervalleapyre-
tique. Les accès furent coupés chez trois malades, du troisième au cin-
quième jour de traitement. Je dois dire, que chez l'un d'eux la maladie»
déjà diminué d'intensité. Des trois autres malades, deux guérirent au moP.
d'une forte décoction d'écorce de saule et de feuilles de calcitrape, m
avoir inutilement pris l'écorce de frêne; et ^troisième, dont l'état g»..
seulement amélioré, ne fut complètement ifBarrassé que par feinjF 0
quel|j|K3s<«doses légèresjde sulfate de quijïÉif; , ..''.'
■~(l) De, quinquina Europeorum; Dissertation inaugurale; 1712:
(2) ..Appar. mpit,, ^111, p. 535. "
(3){ ThérapétiMiïg'spéeiale, etc., p. 19.
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FRÊNE. km
Mandet (1) dit que l'expérimentation de la fraxinine a dépassé ses espé-
rances comme fébrifuge. Donnée à la dose de 1 gr. 50 centigr. pendant
auatre jours, elle a suffi, dit-il, pour arrêter une fièvre intermittente, con-
tractée en Afrique, laquelle avait résisté à des doses élevées de sulfate de
Quinine. Cette même substance a fait aussi complètement disparaître en six
jours une'fièvre intermittente irréguliëre datant de cinq années, survenue à
la suite d'un accouchement, et qui redoublait aux époques menstruelles. Il
est à désirer que d'autres faits viennent confirmer l'opinion avantageuse que
ce nouveau produit a fait concevoir, et que les propriétés de l'écorce qui le
fournit justifient déjà jusqu'à un certain point. Thomas Burnet dit qu'une
femme atteinte d'un flux hépatique depuis six mois, et qu'aucun remède
n'avait pu guérir, fut débarrassée en très-peu de temps, en prenant chaque
matin 4 gr. de poudre de l'écorce moyenne de frêne dans un peu de vin
d'Espagne. Bauhin et Glauber ont préconisé l'écorce de frêne dans le
lithiasis et dans la néphrite chronique.
D'après une observation de Martin Solon (2), l'écorce de la racine de
frêne serait éméto-cathartique. Cinq observations rapportées par Dubois, de
Tournai, établissent solidement cette propriété.
J'ai vu un paysan, âgé de cinquante ans, se guérir très-promptement
d'une leuco-phlegmatie, par l'usage d'une tisane faite avec l'écorce de
\ racine de frêne, à la dose, chaque jour, de 60 gr. environ pour 1 litre
^ d'eau. Cette tisane produisit d'abord un effet purgatif, et ensuite une diu-
rèse abondante.
Wauters (3) a employé comme vésicant le mélange à parties égales de
cendres neuves et d'écorce moyenne de frêne finement pulvérisée, avec ad-
dition d'une suffisante quantité d'eau pour en faire une pâte qu'on applique
entre deux linges frais sur la peau.
Les feuilles de frêne jouissent, dit-on, d'une propriété purgative non équi-
voque. Tablet (1711) assure que, prise à la même dose et de la même ma-
nière que le séné, elles purgent tout aussi bien et sans coliques. Coste et
Wilmet disent que ces feuilles, prises en infusion à la dose d'un tiers de
plus que le séné, purgent avec autant de promptitude et d'énergie que ce
dernier. Bodart affirme que, dans les essais qu'il en a faits en Toscane,
elles ont constamment procuré, à double dose du séné, des purgations effi-
caces, sans coliques et sans aucun inconvénient. Il ne les a pas essayées en
France." Quant à moi, j'ai administré plusieurs fois ces mêmes feuilles à
double et triple dose de celles de séné, afin de constater leur verta purga-
tive, et je n'ai obtenu qu'un effet laxatif irrégulier et incertain. Cette diffé-
rence dans les effets peut s'expliquer par celle des climats : mes essais ayant
Bulieu dans le Nord, ne peuvent infirmer les résultats obtenus par Bodart
sous rinflùence vivifiante du ciel de l'Italie. Mais il n'en est pas de même des
assertions de Tablet, de Coste et Wilmet, qui ont, comme nous, expéri-
menté en France. Ici le désaccord dans les résultats ne peut s'expliquer.
, Petetin, médecin de Lyon, a eu à se louer de l'emploi des feuilles de frêne
nans les scrofules. Gilibert dit avoir, guéri plusieurs affections scrofuleuses
commençantes, et arrêté les progrès de cette maladie chez d'autres sujets,
?umoyen de bains faits avec les feuilles de cet arbre, et par l'usage de ces
.TBemes feuilles à l'intérieur. On sait que tous les toniques amers con-
diment dans ces affections, sans pour cela posséder une propriété qui leur
«Mt spécialement applicable.
' Uelacue, de Bergerac (4), a, dans ces derniers temps, appelé l'attention
6 5"|«e médicale, mai 1853.
M ni, ■?'? aénéral de thérapeutique, t. I, p. 163.
U, f ies exutoires, etc.
tournai des connaissances médico-chirurgicales, août 1852.
29
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45» FRÊNE.
des médecins sur les propriétés antirhumatismales et antigoutteuses dej
feuilles de frêne.
Cette première communication en a fait surgir d'autres qui sont venues
confirmer l'efficacité de ce moyen et prouver en même temps qu'il n'est
pas nouveau. En effet, il résulte de deux notes successivement publiées i
dans l'Union médicale du 9 décembre 1852, l'une par Pouget et Peyraud la i
seconde par Marbotin, de Valenciennes, que l'usage en est populaire d'ans !
plusieurs contrées, et qu'on le trouve indiqué contre les douleurs gout-
teuses dans Glauber, Bauhin et plusieurs auteurs du dernier siècle (Murray),
Mais les dernières communications renferment, sur l'action physiologique
des feuilles de frêne et sur les conditions de leur efficacité thérapeutique
des indications que l'on ne trouve point dans les vieux auteurs. L'un des
faits les plus intéressants que l'on trouve dans la première des deux notes
que nous venons de citer, est celui qui est personnel à Peyraud lui-même,
Pris d'une attaque de goutte, contre laquelle il avait vainement usé de tous
les moyens connus, Peyraud eut recours, sur l'indication de ses clients, à
l'usage des feuilles de frêne, et s'en trouva si bien que, dans un intervalle i
de quatre ans, de 1845 à 1849, il n'eut qu'un seul accès, que l'usage du M
de frêne dissipa en cinq jours.
Pour Marbotin, qui, depuis plus de dix ans, a constamment observé les
effets heureux de l'administration des feuilles de frêne en infusion, l'action
physiologique de cette substance se traduit, soit (le plus habituellement)
par des sueurs abondantes, soit par une copieuse diurèse; circonstance qui
peut jusqu'à un certain point aider l'esprit à se rendre compte du mode
d'action thérapeutique de ces feuilles (1).
J'ai eu recours à ce moyen aussi simple que facile chez un cultivateur
âgé de soixante-deux ans, sujet depuis cinq ans à des récidives de rhuma-
tisme articulaire subaigu, principalement au printemps et en automne. Non-
seulement l'affection s'est promptement dissipée, mais on a pu en prévenir
le retour en usant de temps en temps du même moyen pendant dix à quinze
jours. Dans le rhumatisme articulaire aigu, avec douleur vive, inflamma-
tion, angioténie, pléthore, les antiphlogistiques doivent précéder l'emploi
des feuilles de frêne, qui, si j'en juge d'après les quelques cas qui se sont
offerts à mon observation, m'ont paru d'autant plus efficaces que les sujets
étaient moins vigoureux, les symptômes de réaction inflammatoire moinf
intenses, les conditions physiologiques et pathologiques plus favorablesà
l'action plus ou moins révulsive du médicament sur les intestins, la peau on
les voies urinaires.
Pline dit que l'ombrage du frêne fait fuir les serpents. Beauregard, chi-
rurgien à La Rochelle (2), avec le suc des feuilles, donné à la dose de
250 gr., et leur marc appliqué sur la plaie, a guéri une femme mordue par
une vipère. Ce praticien a vu d'autres exemples de guérisons semblables
par ce moyen, ainsi que Moutier (in Murray) et Alston. On sait que»
symptômes causés par la morsure de la vipère se dissipent souvent sans
médication.
La semence de frêne a été considérée par les anciens comme liydragogue
et diurétique. Je l'ai administrée en poudre dans des cas de cachexie, d en-
gorgements hépatiques et spléniques, chez des sujets lymphatiques »
exempts d'irritation ou dephlegmasie des voies digeslives. J'en ai obtenu des
avantages appréciables. A forte dose, elle a un effet purgatif plus énergiq
que les feuilles ; à moindre dose et en décoction aqueuse étendue, elle a,,
efficacement comme diurétique. A ce titre, on la recommandait contre
gravelle.
(1) Rulletin général de thérapeutique, 1853.
(2) Ancien Journal de médecine, t. VI, p. 233.
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La plupart des propriétés du frêne sont maintenant bien reconnues ; les
feuilles de cet arbre, recherchées par les rhumatisants et les goutteux,
étaient d'un prix très-élevé pendant l'hiver de 1852. En 1853, on ne se
• donnait pas la peine de les récolter, et je n'ai pu en trouver chez les phar-
maciens pendant l'hiver de 1855 : elles n'avaient déjà plus le mérite de la nouveauté.
[[Catégorie:Cazin 1868]]