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__TOC__
[408]
== Ellébore blanc ==
Voir la page ''[[]]''
ELLÉBORE BLANC. Veratrum album. L.
Helleborus albus, flore subviridi. BAUH. — Veratrum flore subviridi. TOUM,
Varaire, — veratre blanc, — vraire, — varasco.
MÉLANTHACÉES. — COLCHICACÉES. Fam. nat. — POLYGAMIE MONOÉCIE. L,
Cette plante vivace (PL XYII) croît en Suisse, en Italie, dans les pâturages
des hautes montagnes de la France, telles que celles de l'Auvergne, des
Pyrénées, des Vosges, des Cévennes, du Jura, etc.
Description.—Racine épaisse, fusiforme, un peu charnue, pourvue de radicules
blanches, allongées et réunies en touffes. — Tige droite, simple, cylindrique, un peu
velue, haute d'environ 1 mètre 25 centimètres,^— Feuilles alternes, grandes, lancéolées,
engainantes, glabres, munies de nervures nombreuses et parallèles. — Fleurs disposées
en une ample panicule terminale, soutenues par de petites bractées, lancéolées (juillel-
août). — Corolle d'un blanc verdâtre à six divisions égales, oblongues, lancéolées. -
Six étamines ; trois styles courts avec trois stigmates simples et trois carpelles qui plus
tard deviennent le fruit formé de trois follicules droites, allongées, un peu comprimées,
s'ouvrant à leur bord intérieur, qui contiennent une grande quantité de semences s'alla-
chant le long de la suture intérieure.
Parties usitées. — La racine.
[Culture. — L'ellébore blanc est rarement cultivé dans les jardins ; on le multi-
plie de graines que l'on sème immédiatement après leur maturité, ou par éclats de pieds
que l'on fait au printemps.]
Bécolte. — Cette racine nous est envoyée sèche de la Suisse. Dans cet état, elle
est légère, en tronçons ; grisâtre en dehors, blanche en dedans, munie ou privée de ses
radicules, qui la font ressembler à,la racine d'asperges.
Propriétés physiques et chimiques. — Cette racine est d'une saveur
d'abord douceâtre, puis acre, amère et corrosive. Analysée par Caventou et Pelletier,
elle a fourni du gallate acide de vératrine, une matière colorante jaune, de l'amidon, à
ligneux, de la gomme, une substance grasse, composée d'élaïne, de stealine et d'u»
acide volatil.
La vératrine, découverte à peu près en même temps par Pelletier et Caventou, et fi
se trouve aussi dans la cévadille et le colchique, est pulvérulente, blanche, inodore, pro-
duisant de violents éternuements lorsqu'elle pénètre dans les fosses nasales, d'une sa-
veur très-âcre et excitant la salivation.
[Examinée au microscope, elle a un aspect cristallin, et elle se dépose en prismes)
base rhombe de sa solution alcoolique; d'après G. Merck, ces cristaux, au contacté
l'air, prennent l'aspect de la porcelaine et deviennent opaques ; l'eau ne les dissout pas,
mais elle les rend opaques; les acides dissolvent la matière en donnant des solutions
incolores; cependant l'acide chlorhydrique concentré la colore en pourpre; sa formule
peut être représentée, d'après G. Merck : C 64 H 52 Az- 0"\]
La varaire blanche contient encore une autre base découverte par E. Simon, et a
laquelle on a donné le nom de jervine.
La jervine est blanche, cristalline, très-facilement fusible, peu soluble dans 1 eau,
très-soluble dans l'alcool [à 100 degrés elle perd quatre équivalents d'eau, elle fond au-
dessus de cette température et se décompose vers 200 degrés ; d'après Will, elle peu
être représentée par C 09 H 45 Az 2 O5]; elle forme, avec les acides sulfurique, nitrique «
chlorhydrique, des sels fort peu solubles, même dans un excès d'acide. Simon a pr<*
de la grande différence de solubilité des sulfates de vératrine et de jervine pour sépara
ces deux bases l'une de l'autre (Soubeiran).
PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'INTÉRIEUR. — Poudre, 10 à 20 centigr., en
pilules, ou dans un véhicule liquide.
Décoction, 60 centigr. à 1 gr., très-progressi-
vement.
Teinture (1 sur 5 d'alcool à 22 degrés, 8 jours
pr»-
de macération), de 50 centigr. à 2 gr-P'
gressivement, en potion. ,
Extrait par infuso-décoction (1 sur G a cm
1 à 10 centigr., en pilules.
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ELLÉBORE BLANC.
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Vin (1 sur 15 de vin blanc et l d'alcool à
21 degrés), 20 à 40 gr. (inusité).
A L'EXTÉnikon. — Décoction, 10 à 12 gr. par
kilogramme d'eau, pour lotions antipsori-
qaes, etc.
Décoction composée (15 gr. sur 1 kilogramme
d'eau); ajoutez, teinture d'ellébore blanc,
125 gr. (Swediaur).
Vinaigre (1 sur 100 de vinaigre), pour lotions
antiherpétiques.
Pommade (4 sur 32 d'axonge, avec 3 goutles
d'essence de citron ou de bergamotte), en
frictions antipsoriques, etc.
VÉRATRINE. —A L'INTÉRIEUR, comme purga-
tif, là2 centigr.; comme altérant 1 milligr.
à 3 centigr. très-progressivement.
Pilules de yératrine (vératrine, 6 centigr.;
gomme arabique pulvérisée, 3 gr.; sirop,
Q. S. pour 24 pilules), comme purgatives,
3 pilules par jour.
Solution (sulfate de vératrine, 5 centigr.; eau
distillée, 60 centigr.), proposée pour rem-
placer l'eau médicinale de Husson, par cuil-
lerées à café.
Teinture (1 sur 150 d'alcool), de 5 centigr. à
1 gr., en potion.
À L'EXTÉRIEUR. — Teinture, 4 à 8 gr., en fric-
tions.
Huile, 4 à 8 gr., en frictions, embroca-
tions, etc.
Huile composée (vératrine, 4; Imile de jus-
quiame, 500), 4 à 8 gr., en frictions. (Flo-
rent.)
Pommade (vératrine, 5 centigr.; axonge (Cave)
ou glycérolé d'amidon, 4 gr.).
L'azotate et l'hydroclilorate de vératrine
peuvent être employés comme lu vératrine, et
ont la même action.
La racine d'ellébore blanc est la base de la teinture elléborée de la pharmacopée de
Londres.
La racine d'ellébore blanc est un poison acre très-violent ; pulvérisée et
appliquée sur le tissu cellulaire, elle détermine des vomissements violents et
diverses lésions du système nerveux auxquelles les animaux succombent
promptement. A l'ouverture des cadavres, on observe des traces d'inflam-
mation sur divers points de la membrane muqueuse du canal digestif et
dans la plaie.
L'empoisonnement est encore plus effrayant si on introduit le poison dans
les vaisseaux sanguins, ou si on l'applique sur les membranes séreuses,
parce que l!absorption est plus prompte. Des cbiens, dans la veine jugulaire
desquels on avait injecté de la décoction d'ellébore blanc, moururent subi-
tement. (Scbadel, Courlen, Wiborg, Scheele.)
Les effets toxiques de cette racine sont moins intenses et plus tardifs
lorqu'on l'introduit dans l'estomac. La pblogose locale ne suffit pas pour
rendre raison, dans ce cas, de la mort qui arrive constamment par l'admi-
nistration d'une Certaine dose. Il est à remarquer, cependant, que si les
animaux ont conservé la faculté de vomir, ils peuvent ne pas succomber
snus l'influence d'uue petite quantité de poison.
Les symptômes de l'empoisonnement par l'ellébore blanc chez les ani-
maux sont l'es suivants :. respiration pénible et lente, ralentissement des
battements du pouls, nausées, vomissements de matières bilieuses et mu-
queuses ; ptyalisme, station et progression très-difficiles, tremblement dans
ies muscles des membres postérieurs, et quelquefois dans ceux des membres
antérieurs : alors la circulation et la respiration peuvent s'accélérer; sortie
de la langue hors de la bouche, faiblesse excessive, l'animal restant couché
s"r le flanc. Le plus ordinairement, cessation des vomissements; alors con-
vulsions augmentant de temps à autre, et bientôt suivies de l'opisthotonos,
aw emprosthotonos et de la mort.
bans certaines circonstances, il y a intermittence du pouls, gêne de la
aspiration et diminution notable de la chaleur intérieure et extérieure,
^hez les animaux qui n'ont pas été tués immédiatement, on trouve les
Poumons lourds, gorgés de sang, et offrant à la surface plusieurs taches
ram°fiS' (ïuel(ïWfois ils sont emphysémateux; la trachée-artère et ses grandes
amiiicationsne sont point altérées (Shabel); les cavités du coeur, particu-
tJfment à-droite, sont distendues par du sang noir, se fluidifiant peu de
mps après la mort, mais se coagulant ranidement par le contact de l'air.
«vaisseaux biliaires, et la vésicule du fiel sont remplis de bile; l'intestin
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ZllO ELLEBORE BLANC.
grêle en contient aussi une certaine quantité ; le foie est souvent gorgé de
sang; la membrane muqueuse de l'estomac et d'une partie des intestins est
rouge.
Chez l'homme, la racine d'ellébore blanc, prise à la dose de 1 gr. 20 cen-
tigrammes ou plus, cause une vive irritation du tube digestif, des vomisse-
ments copieux, la suffocation, des convulsions, la perte de la voix, une sueur
froide, une faiblesse extrême du pouls, le hoquet, la mort. Cette racine
appliquée à l'abdomen, occasionne un vomissement violent (Ettmnllerl
Employée sous la forme d'un suppositoire, elle produit le môme effet
(Schreder). On dit que séchée, pulvérisée et aspirée par le nez comme ster-
nutatoire, elle a causé des avortements, des métrorrbagies, des hémorrha-
gies nasales, des suffocations, et même la mort.
Considérée dans son emploi thérapeutique, la racine d'ellébore blanc esl
un vomitif et un purgatif drastique violents. Réduite en poudre, elle est
fortement sternutatoire. Appliquée sur la peau, elle agit comme caustique.
Les anciens, et notamment Hippocrate, Galien, Celse, Dioscoride, parlent
de cette racine comme ayant été fréquemment employée pour provoqua
l'évacuation des matières contenues dans l'estomac et les intestins. Aune
époque plus" rapprochée de nous, on l'a donnée dans la manie, la mélanco-
lie, l'hypocondrie, l'idiotisme, la démence, la léthargie, la paralysie, h
sciatique, l'épilepsie, l'arthritis, la goutte, les affections cutanées chroniques
rebelles, la lèpre, l'éléphantiasis, l'alopécie, la rage, la suppression te
menstrues, le goitre, les affections scrofuleuses, squirrheuses, etc.
D'après de nouvelles observations dues à Greding, Wendt, Avenbrugger,
Smith, Hahnemann, ïteil, Voigtel, etc., elle paraît surtout indiquée comme
propre à rétablir l'équilibre des fonctions organiques, lorsqu'il a été rompu
par un grand ébranlement du système nerveux et spécialement des pleas
ganglionnaires abdominaux.
Les évacuations abondantes que la racine de cet ellébore produit oui
quelquefois favorisé la guérison de l'hydropisie; mais, ainsi que l'observe
le judicieux Murray, la violence de son action a donné la mort à plusieurs
hydropiques. Comme j'ai toujours pu remplir les mêmes indications avec
d'autres plantes sans exposer les malades à de tels dangers, je me suis
abstenu de l'usage de l'ellébore blanc à l'intérieur.
Cependant, Gesner, qui a essayé les propriétés de cette plante sur lui-
même, a trouvé le moyen d'enchaîner celte substance trop énergique, il
de guérir par son usage des obstructions abdominales. Voici comme il.pro-
cédait : Racine sèche et pulvérisée d'ellébore blanc, 8 gr. ; faites digéra
pendant un mois dans 170 gr. de vin spiritueux, que l'on administre à la
dose de 1 gr. 23 centigr., non dans l'intention de purger, mais de résoudre
les embarras des viscères. Gilibert indique ce remède comme un des meil-
leurs fondants ; sous cette forme, on l'a employé dans les dartres, la teigne,
la lèpre et l'éléphantiasis.
Roques pense que cette plante mérite d'être conservée parmi les pla*
héroïques ; il ajoute que ses propriétés vénéneuses ne sauraient être *
motif de réprobation, lorsqu'on emploie tous les jours les poisons met*
ques les plus violents. La vératrine, d'ailleurs, est aujourd'hui adopw
comme médicament.
La racine d'ellébore blanc a été mise en usage à l'extérieur contre »
taines maladies chroniques de la peau. Swediaur employait dans le]"'""î
et le porrigo favosa, la lotion suivante : Racine d'ellébore blanc, 13 gry ?
bouillante, 1 kilogr. ; passez après refroidissement, et ajoutez à la solu»
138 gr. de teinture d'ellébore blanc. Biet s'est servi dans le traitement^
gale, chez les personnes qui redoutaient les préparations sulfureuses; <n>
pommade composée de à gr. de poudre de racine d'ellébore blanc, dedv
d'axonge et 2 gouttes d'essence de bergamote, pour deux frictions, i»
411
et soir. Quarante malades ont été guéris en treize jours (durée moyenne) sans
accidents. Ce moyen est très-usité en Allemagne et en Angleterre.
(Hartmann (1) a obtenu un effet remarquable de la décoction concentrée
d'ellébore blanc contre le prurit de la vulve.)
Dans le cas de menstruation difficile, Stevenson (2) conseille de pratiquer
des frictions sur le sacrum avec une pommade de vératre (15 gr. pour
180 gr. d'axonge.)
La teinture d'ellébore blanc a été employée en frictions avec un succès
remarquable contre les taches hépatiques. On connaît l'extrême ténacité du
pityriasis versicolor, et l'inefficacité des moyens généralement employés
contre cette affection. Spengles (3) est parvenu à la guérir en quelques jours
au moyen de l'emploi à l'extérieur de la teinture d'ellébore blanc. Trois cas
remarquables rapportés par l'auteur ne laissent aucun doute sur l'efficacité
de ce moyen, dont on chercherait en vain à expliquer le mode d'action.
Plistonicus faisait des suppositoires avec l'ellébore blanc, et excitait ainsi
le vomissement. Dioclès en faisait des pessaires pour introduire dans le
vagin, et produire le même effet. Dans les affections goutteuses des extré-
mités, les médecins de l'antiquité arrosaient les. pieds avec l'ellébore en
décoction dans l'eau de mer; ces lotions produisaient des vomissements qui
diminuaient les douleurs des articulations.
[Quelques auteurs ont pensé que le veratrum viride ou ellébore d'Amé-
rique, que l'on a tant vanté dans ces derniers temps, sous la forme de tein-
ture contre les maladies inflammatoires, telles que la pneumonie, la
pleurésie, le rhumatisme aigu, la manie aiguë, et surtout la péritonite
puerpérale, et enfin contre les palpitations du coeur, Péclampsie, la cho-
réè, etc., etc., n'est qu'une variété du V. album ; mais la racine de l'ellébore
.d'Amérique ou veratrum viride, qu'il faut bien se garder de confondre avec
ce que nous appelons ellébore vert (elleborus viridis, renonculacées), qui a
été décrite par E. Cutter, diffère essentiellement de notre racine d'ellébore
Manc; mais il est très-probable qu'elles jouissent toutes les deux des mêmes
propriétés.]
VÉRATRINE. — D'après les expériences de Magëndie, la vératrine exerce
sur l'économie animale une action analogue à celle des végétaux d'où on la
retire.
(Appliquée à l'extérieur, elle agit comme rubéfiant; introduite dans les
fosses nasales, elle détermine de violents éternuments souvent suivis de cé-
phalalgie; à petite dose à l'intérieur, elle excite des nausées, des vomisse-
ments, des selles abondantes.)
. Il résulte des expériences de Faivre et C. Leblanc (4) que la vératrine
exerce trois actions distinctes sur l'organisme animal, suivant les doses plus
ou moins fortes de cette substance : la première action a lieu d'une ma-
nière bien marquée sur le tube digestif; la seconde sur les organes de la
circulation et delà respiration, et la troisième sur le système nerveux et les
muscles de la vie animale. — PREMIÈRE PÉRIODE. Augmentation de la sensi-
mtité, de la contractilité et des sécrétions du tube digestif; coliques plus
ou moins violentes, suivant les doses employées; vive agitation chez les
cnevaux et les chiens; phénomènes de contractilité musculaire, intestins
contractés, mouvements péristaltiques notablement accélérés; augmenta-
™u de la sécrétion des glandes salivaires et des follicules intestinaux, soit
yu ou injecte la vératrine dans les urines, soit qu'on la dépose dans le tissu
■MAnnales de Roulers, 21° livr., 1858.
W Heroe médicale, février 1841.
p. 43. --medninteeh-çhirurgische Zeitung, 1851, et Rulletin de thérapeutique, t. XLII,
w) Mémoire communiqué à l'Académie des sciences, décembre 1854.
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412 ELLÉBORE BLANC.
cellulaire sous-cutané. — DEUXIÈME PÉRIODE. Abattement, prostration des
forces, ralentissement de la circulation (état non signalé par M. Magendiè
et qui a porté plusieurs praticiens à n'attribuer à la vératrine que la pro-
priété de ralentir la circulation), souvent l'irrégularité du pouls. Les chiens
se tiennent difficilement sur leurs pattes, se couchent. Les chevaux sont
abattus et témoignent une dépression des forces. — TROISIÈME PÉRIOIE. Par
l'influence de doses plus considérables, extension et raideur des membres
muscles du thorax et de l'abdomen contractés, respiration anxieuse et pé-
nible, trismus, accès tétaniques d'abord courts et à de grands intervalles
ensuite plus longs, plus rapprochés et accompagnés de l'augmentation delà
sensibilité au point de provoquer de nouvelles contractions en touchant
l'animal ; obstacle au renouvellement du sang se prononçant de plus e»
plus; mort par asphyxie après une demi-heure ou une heure, ou diminution
progressive des symptômes si l'animal résiste à l'action toxique de la véra-
trine.
La vératrine n'agit pas toujours aussi régulièrement. Quelquefois son
action plus ou moins marquée sur le tube digestif se continue, soit pendant
la période hyposthénisante ou de dépression du système sanguin, soit pen-
dant la période hypersténisante ou d'excitation du système nerveux. Ces dem
dernières périodes peuvent aussi avoir une durée et une intensité variables,
Si la dose de vératrine est toxique, son action s'exercera directement surle
système nerveux et produira rapidement le tétanos, l'asphyxie et la mort
(Koelliker (1), d'après des expériences sur les batraciens, établit que l'alca-
loïde qui nous occupe est un excitant de la moelle épinière, et qu'il pro-
duit le tétanos et la paralysie du coeur) (2).
On peut conclure de ces résultats de l'expérimentation : 1° que la véra-
trine, en irritant le tube intestinal, y détermine des contractions et es
augmente les sécrétions; 2° qu'elle a la propriété de ralentir la circulation;
3° qu'elle excite le système nerveux de la vie animale et le système muscu-
laire de manière à la rapprocher de la noix vomique.
(Cet agent possède donc deux actions : une primitive, locale; Faute se-
condaire.
La thérapeutique a cherché à les mettre à profit; on a tenté de provo-
quer le vomissement par la vératrine, dans les cas d'empoisonnements, etc.;
mais, outre que le résultat désiré n'est pas constamment obtenu, l'absor-
ption du médicament peut ajouter dans certains cas à la gravité de l'acci-
dent que l'on veut traiter. Comme purgatif, on l'a essayée contre les hydro-
pisies ; l'action secondaire sédative du système circulatoire trouve ses
applications dans Toutes les maladies hypersthéniques de ce système, les
affections fébriles, les phlogoses en général.
L'influence sur le système nerveux a été utilisée dans les altérationsq»
ont ce système pour siège, dans les névralgies, les paralysies, etc., etc.
On a en outre reconnu à la vératrine une action expectorante bien pro-
noncée (Norwood) et une action altérante au moins égale à celle du calo»
et de l'iodure de potassium).
En résumé, la vératrine a été préconisée dans certaines affections ner-
veuses, dans la paralysie, les névralgies, le rhumatisme, la goutte, loi*
l'otalgie, l'iritis, etc., et, par une action analogue à celle de la strychnine,
dans les paralysies, l'amaurose récente, l'opacité de la cornée, la cataracte,
la paracousie, la surdité, etc. . ,
Cet alcaloïde est souvent employé concurremment ou alternativeme
avec l'aconitine.
(1) Archive fur Pathologie, 1858. p„jj
(2) Consultez in Journal de chimie et de pharmacie, 1856, t. XXIX, le travail de van .'
Etudes toxicologiques et pharmacodynamiques sur la vératrine.
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ELLEBORE BLANC. M3
Comme le colchique, dans les affections goutteuses, la vératrine s'est
montrée efficace dans le traitement du rhumatisme articulaire ^aigu. C'est à
Piédagnel (1) que l'on doit les premiers essais de ce médicament dans cette
dernière affection, où son action contro-stimulante est analogue à celle du
sulfate de quinine à haute dose, auquel, à mérite égal, elle devra être pré-
férée, à cause de la modicité de son prix, dans la médecine rurale et dans
celle'des ouvriers et des pauvres de nos cités populeuses.
Voici le mode d'administration employé par Piédagnel : une pilule de
5milligr. de vératrine le premier jour, deux le deuxième jour, en augmen-
tant chaque jour d'une pilule jusqu'au nombre de sept ou rarement huit.
Lorsqu'il y a amélioration notable, ce qui a lieu ordinairement au qua-
trième, cinquième ou sixième jour, on s'arrête à la dose de la veille. On
continue à cette dose un ou deux jours, puis on diminue graduellement, et
à proportion de la diminution des accidents eux-mêmes, pour cesser, lors-
qu'après quatre ou six jours d'attente, la guérison se maintient. Ces pilules
sont données dans une cuillerée d'eau sucrée ou de tisane, à des intervalles
proportionnés au nombre désigné pour chaque jour. — S'il y a intolérance
manifestée par l'irritation des voies digestives (coliques, diarrhée, etc.), il
faut diminuer les doses ou suspendre cette médication, dont l'effet hypo-
sthénisant doit se montrer immédiatement sur le système sanguin, et 'calmer
en même temps la fièvre, la douleur et l'inflammation. C'est un résultat tout
à fait semblable à celui qu'on obtient par l'emploi de l'aconit. (Cette tenta-
tive a reçu pleine consécration par les travaux de Trousseau, Turnbull,
Bouchut (chez les enfants), etc. Aran a publié (2) une intéressante observa-
tion d'cndopéricardite rhumatismale chez une jeune fille de douze ans, gué-
rie par la vératrine (toutes les quatre heures une des pilules suivantes : vé-
ratrine, S centigr.; suc et gomme, Q. S. ; 30 pilules.)
, Aran (3) a non-seulement mis en usage avec succès la vératrine dans le rhu-
matisme articulaire aigu, mais aussi dans la pneumonie, en la donnant jus-
qu'à la tolérance comme le tartre stibié, dont l'emploi, mieux connu, doit
être préféré. (Elle a été, depuis cette époque, fréquemment usitée dans ce
cas. Ghiglia (4) associe 5 milligr. de vératrine à 5 centigr. d'extrait thé-
baïquë, et forme une pilule dont il répète l'administration de six à douze
fois, dans les vingt-quatre heures.)
Bardsley, de Manchester (5) a tenté quelques essais thérapeutiques avec
les sels de vératrine. L'acétate de cette base, administré par 125 milligr.
(1/4 de grain) d'abord, et porté par degrés jusqu'à 75 ou 100 milligr.
(1-grain 1/2 à 2 grains par jour) en plusieurs fois, lui a réussi dans un cas
d'hydropisie, et lui a paru aussi utile dans le rhumatisme chronique, la
sciatique et la goutte, que le colchique. Sur vingt-quatre rhumatisants, sept
ont été guéris, dix soulagés, sept autres n'en ont éprouvé aucun bien. Après
•ingestion de ce médicament, le pouls devenait plus lent et plus faible, et
quand on forçait là dose, il survenait des nausées, des vomissements, enfin
desselles séreuses, abondantes, salutaires surtout dans la goutte.
La. teinture, l'huile simple ou composée et la pommade de vératrine sont
employées en frictions dans les névralgies,-le rhumatisme articulaire aigu,
(les affections oculaires d'origine nerveuse, les cataractes, les iritis, etc.
uans les douleurs de la dysménorrhée. Vannaire (6) a obtenu de bons effets
«e la pommade de vératrine (10/100°) employée avec frictions sur la région
ombilicale. Lafarge a expérimenté la vératrine (1/10 à 1/15 de milligr.)
fl¥Mnde thérapeutique, t. XLIII.p. 141.
U «!nf *?. medecine et de chirurgie pratiques, janvier 1859.
M But! f Wrapeu'ique, t. XLV? p. 385.
ntih^ thérapeutique, juillet 1859.
6 2K\Di*n<Mesten Enldeckungen, etc., t. I, p. 262.
I») Bulletin de thérapeutique, février 1861.
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hlh ELLÉBORE NOIR.
en inoculation contre les.névralgies. —Pour les injections sous-cutanées
ce médicament, difficilement soluble dans l'eau, n'est mêlé à ce véhiculé
que préalablement dissous dans l'alcool, l'éther, ou le chloroforme. On
prend pour une injection quatre gouttes d'une solution de 5 centigr. dans
8 gr. de liquide. L'effet local est un peu douloureux à cause.de la nature
du véhicule; puis, il ne tardé pas à se manifester un abaissement du pouls
qui arrive beaucoup plus promptement et plus sûrement qu'avec la digita-
line. Si la dose est un peu forte ou le sujet sensible, il survient des nausées,
et même le vomissement, de la salivation, et plus tard des spasmes dans
des rayons de nerfs plus ou moins étendus. Quelquefois on rencontre une
dépression marquée du système nerveux. Erlenmeyer s'est surtout bien
trouvé de ces injections dans les palpitations nerveuses et l'activité exces-
sive du coeur.)
ELLÉBORE NOIR. Elleborus niger. L.
Helleborus niger flore roseo. BAUH. — Helleborus niger angustifloribus
foliis. TOORN.
Rose de Noël, — herbe de feu, — ellébore à fleurs roses.
RENONCULAGÉES. — ELLÉBORÉES. Fam. nat. — POLYANDRIE POLYGYXIE. L.
Cette plante vivace (PL VIII) croît dans les montagnes d'Italie, de 11
Suisse et dans le midi de la France, les Pyrénées, etc. On la cultive par-
tout ailleurs, dans les jardins, pour la beauté de ses fleurs hyémales.
.. Description. — Racine : souche noirâtre d'où partent des fibres épaisses, char-
nues.— Tiges: hampes droites, nues, épaisses, cylindriques, quelquefois un peu rou-
geâtres, longues d'environ un décimètre. — Feuilles radicales longuement péliofe,
amples, glabres, divisées en sept ou huit digitations pédicellées, lancéolées, aiguësel
dentées. — Fleurs d'un blanc rosé, très-ouvertes, terminales, d'environ k centimètres de
diamètre (décembre-janvier). — Calice à cinq folioles pétaliformes, ovales, obtuses,
grandes et colorées.—Corolle beaucoup plus courte que le calice, formée de dix à don
pétales tubulés, d'un jaune verdâtre, terminés à leur bord extérieur par une petite lan-
guette spatulée, obtuse. — Etamines très-nombreuses, plus longues que la corolle; sis
à huit pistils. — Fruit composé de cinq à six follicules ovales, mucronées, arquées à ■
de leurs bords et s'ouvrant à deux valves.
Parties usitées. — La racine.
[Culture. —■. L'ellébore noir demande un terrain sec et découvert, une ter»
franche, légère, exposition à mi-soleil ; on la cultive par éclats, ou de graines sente
aussitôt après leur maturité ; elles donnent des variétés plus ou moins rares'qui fleu-
rissent la troisième année.]
Kéeolte.— On peut recueillir en automne la racine d'ellébore noir que l'on cul-
tive dans les jardins. Celle du commerce est ordinairement envoyée sèche de la Suis.*
Elle doit être séchée promptement. Les effets plus ou moins prononcés de cette racine
dépendent de son degré de fraîcheur ou de siccité. Si l'on veut compter sur son efficacité,
il faut, pour ses diverses préparations, l'employer à l'état frais, ou du moins ne joe
attendre que la vétusté l'ait privée de ses principes les plus actifs. La poudre d'ellébore
doit être enfermée dans des vases bien bouchés, car elle s'altère facilement.
■ Dans le commerce, l'ellébore noir est souvent mêlé avec plusieurs autres racinesf
lui sont ainsi substituées à l'insu du médecin qui le prescrit. On y trouve celles *
Yhelléborui foelidus, de Yhelleborus viridis, des veratrum album et nigrum, de fïisft*
tium major, An Y adonis vernaljs, de Yaconitum napellus, de Y arnica montana,ài^er
spicaia, etc. Cette falsification, ou plutôt cette négligence, est sans doute la cause p»
cipalè de la diversité des opinions sur les effets de l'ellébore noir et sur les doses auxqu»
il convient de l'administrer. La racine, de ce dernier, dans le commerce, est d'un m
noirâtre à l'extérieur, et blanche ou grisâtre en dedans. Elle se compose de tronçons»
la longueur et de la grosseur du petit doigt, irréguliers, couverts de radicules, et pawj
niés d'anneaux circulaires. On voit sous son écorce un cercle de points blancs înniqnw
la naissance des radicules.
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ELLÉBORE NOIR. 415
Propriétés physiques et chimiques. — La racine d'ellébore noir est
oins ou moins acre et détermine sur la langue un sentiment de stupeur. Elle contient,
d'après Fepeulle et Capron, une huile volatile, une huile grasse, une matière résineuse,
de la cire, un principe amer, un acide odorant, du muqueux, de l'ulmine, du gallate de
notasse, du gallate acide de chaux, un sel à base d'ammoniaque. Orfila regarde comme
la partie la plus active, la plus vénéneuse, celle qui se dissout dans l'eau. (Schroff (1) ne
lui reconnaît aucun principe volatil actif; la racine fraîche et la racine desséchée pro-
duisent les mêmes effets.) La teinture alcoolique de noix de galle ne détruit pas ses pro-
priétés délétères, non plus que celles de l'ellébore blanc.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'INTÉRIECR. — Infusion ou décoction des
• racines, de 1 à 6 gr. par kilogramme d'eau.
Poudre (de la racine), 20 à 50 centigr. en
électuaire, dans l'eau ou le vin, etc.
Vin (préparé avec la racine), de 20 à 60 gr.
Teinture (1 sur 5 d'alcool à 22 degrés), de
50 Centigr. à 2 gr. progressivement, en po-
tion.
Extrait (par infusion ou décoction de la ra-
cine, 1 sur 6 d'eau), de 10 à 50 centigr., en
pilules, etc.
A L'EXTÉRIEUR.—Décoction pour lotions. Pom-
made (4 à 8 gr. de poudre de racine pour
30 gr. d axonge), en frictions.
La racine d'ellébore entre dans la teinture
d'ellébore composée, dans la teinture de mi-
lampe de la pharmacopée de Londres, dans la
teinture martiale elléborée de la pharmaco-
pée de Wurtzbourg. Elle faisait partie de
l'extrait panchimagogue de Crollus, des pi-
lules polychrestes de Becker et de plusieurs
autres préparations anciennes, aujourd'hui
inusitées.
La racine de l'ellébore noir est un purgatif drastique qui peut produire
l'empoisonnement si on le donne à trop forte dose. A l'état frais, sa racine,
appliquée sur une plaie saignante pendant quelques instants, détermine le
vomissement; aucune des substances vénéneuses employées jusqu'à ce jour
ne produit aussi promptement cet effet, au rapport d'Orfila. Administrée à
forte dose, cette plante peut causer une superpurgation, des vomissements
opiniâtres, l'inflammation du tube digestif, des selles sanguinolentes, un
froid excessif et la mort. Elle agit à peu près de la même manière que l'ellé-
bore blanc, mais moins violemment. L'empoisonnement par cette substance
réclame le même traitement.
(Schroff a fait une étude approfondie de la valeur réelle des ellébores. Il
a observé qu'en employant celui qui nous occupe à des doses progressive-
ment croissantes chez les lapins, on remarque un amaigrissement graduel
malgré la conservation de l'appétit, et enfin la mort. Chez l'homme, il n'a
constaté aucun effet dans les premiers jours; mais l'action ne. tarda pas à se
prononcer et s'accroître après chaque administration du médicament. Les
effets de l'ellébore se cumulent manifestement; ils peuvent être divisés en
deux catégories : 1° pesanteur de tête, vertiges, bourdonnements d'oreilles,
dilatation des pupilles; sommeil lourd et agité, troublé par des rêves; ralen-
tissement du pouls, lassitude, anxiété, etc. ; 2» parfois augmentation de la
sécrétion salivaire et urinaire, vomissements, douleurs stomacales et intes-
tinales, la diarrhée est exceptionnelle; l'effet drastique qu'on attribue à cette
plante n'a pas été constaté par Schroff.
La première catégorie de faits se.rapporte à l'action d'un principe narco-
tique présumé; la seconde à celle d'une substance acre. L'extrait aqueux,
moins actif que l'alcoolique, contient surtout le principe narcotique; le s'e-
cond.les contient tous deux.
Dans le cas où l'ellébore noir entraîne la mort, celle-ci paraît être due à
la paralysie du coeur. Schroff a observé qu'alors l'excitabilité de cet organe,
fle 1 estomac et de l'intestin grêle s'éteignent très-rapidement. C'est donc
<m poison cardiaque. Jamais il n'a observé l'inflammation gastro-intestinale
«umse en général. Dans le cas d'empoisonnement chronique, il y avait
, même une anémie remarquable des organes digestifs.)
■■*petite, dose, les anciens comme les modernes ont employé l'ellébore
•M Archives générales de médecine, août 1859.
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416 ELLÉBORE NOIR.
noir dans les affections mentales non fébriles, dans les fièvres intermittentes
les affections vermineuses, la paralysie, l'hypocondrie, l'apoplexie, la léthar-
gie, l'épilepsie, les céphalalgies nerveuses, l'hydropisie, le rhumatisme la
goutte, la chorée; dans les maladies chroniques de la peau, telles quêia
lèpre, l'éléphantiasis, les dartres ; la suppression des règles ou des hé-
morrhoïdes, etc. «.
A très-petite dose et comme altérant, l'ellébore noir paraît exercer une
action spéciale sur le système nerveux. On l'associe souvent, en cette qua-
lité, à l'extrait de valériane et à la jusquiame dans les névralgies.
Les anciens faisaient grand cas de la racine d'ellébore contre la folie,
Hippocrate la regardait comme le remède par excellence contre cette affec-
tion. Les historiens et les poètes ont céléBré de tout temps les cures mer-
veilleuses opérées par l'elléborisme dans l'île d'Antycire. On pense que la
plante dont se servaient tes anciens était Yhelleborus orientalis, dont les
propriétés peuvent être très-différentes de celles de notre ellébore noir,
Quoi qu'il en soit, l'action perturbatrice de ce dernier peut être efficace
dans certains cas d'aliénation accompagnés d'une sorte d'inertie, de torpeur
du canal digestif, et d'un état du cerveau et du système nerveux indiquant
la nécessité d'une forte révulsion.
'Musa, Brassavole, Lorry, Vogel, ont fait l'éloge de notre ellébore noir
contre les affections mentales. Gozzi (1) l'a vu réussir chez trois individus
atteints de folie. Il administrait, matin et soir une pilule de 10 centigr. d'ellé-
bore en poudre. Roques a obtenu dés résultats avantageux de l'extrait dt
;cette plante dans le délire fébrile, où il a paru agir comme hyposthénisanl
direct. Miquel, au rapport de Roques, a dissipé, comme par enchantement,
un délire frénétique au moyen du même remède, administré à la dose de
15 centigr. toutes les trois heures.
La puissante dérivation attribuée à l'ellébore noir sur les organes diges-
tifs l'a fait employer avec succès dans les hydropisies passives, lorsque, tou-
tefois, il y avait absence de phlegmasie péritonéale ou de lésions organiques
avec irritation. Freind et Brunner, d'après Avicenne, l'ont employé dans
cette indication. Brunner faisait infuser une once (32 gr.) de racine fraîche
de cette plante dans 4 livres (2 kilogr. ) de vin généreux, avec une poignée
d'absinthe; il en faisait prendre un verre le matin â jeun.
Tous les médecins savent que l'ellébore noir fait la base des pilules toni-
ques et antihydropique.s de Bâcher, lesquelles sont composées de 30 gr.
d'ellébore noir, de pareille quantité d'extrait de myrrhe à l'eau et de 12gr.
de poudre de chardon bénit, dont on fait des pilules de 2 centigr. et demi,
J'ai employé ces pilules avec avantage dans quelques cas d'anasarque où il
n'existait aucune irritation inflammatoire des organes digestifs, et lorsque
la maladie avait un caractère passif bien évident.
Hildanus s'est guéri lui-même, avec la racine d'ellébore noir, d'une fièvre
quarte, et a obtenu le même succès sur d'autres malades. 11 est quelquefois
utile de rompre, par une violente perturbation, l'habitude morbide qui
entretient les fièvres intermittentes anciennes. Au reste, dans ces cas, tout
autre drastique produit le même effet, ainsi que je l'ai observé à l'occasion
de l'emploi de la chélidoine chez une jeune fille atteinte depuis longtemps
d'une fièvre quarte. (Voyez CHÉLIDOINE.)
Les anciens employaient fréquemment l'ellébore dans les maladies cuta-
nées chroniques. Arétée-et Celse, Halles et Hildanus le recommandent dans
la lèpre, l'éléphantiasis, les affections herpétiques et psoriques.
J'ai fait prendre plusieurs fois, avec un succès remarquable, la mixture M
Rosenstein dans les affections vermineuses. Cette mixture se compose M
1 gr. 20 centigr. d'extrait d'ellébore noir, de 50 centigr. de sulfate de 1er,
(1) Raccoglitore medico, 1846.
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ELLEBORE FETIDE. Z|17
de 32 gr. de chardon bénit et de 32 gr. de sirop de violette ou de miel. La
dose de ce mélange est une cuillerée abouche le matin à jeun, pour les en-
fants : on augmente ou l'on diminue cette dose, suivant l'âge et les circon-
stances. Baglivi considérait la décoction des feuilles d'ellébore noir comme
le meilleur des vermifuges.
Suivant Mead, il n'y a pas de remède plus certain pour ramener l'écoule-
ment menstruel que la teinture de la racine de cette plante, prise deux fois
par jour, à la dose d'une petite cuillerée (une cuillerée à café) dans une
tasse d'eau tiède. S'il faut l'en croire, ce moyen n'aurait jamais trompé son
espérance. Juncker et Schulsius lui donnent les mêmes éloges pour provo-
quer les hémorrhoïdes.
Je me suis très-bien trouvé des'pilules suivantes comme emménagogues :
extrait d'ellébore noir, extrait de gentiane, de chaque, 2 gr. ; poudre de va-
lériane, Q. S; ; divisez en 2 pilules dont on donne 2 matin et soir.
Ilfautbien se garder d'administrer l'ellébore noir comme vomitif ou pur-
gatif aux sujets sanguins ou trop irritables. On ne le donnera aux enfants, .
aux vieillards et aux femmes délicates qu'avec la plus grande circonspec-
tion. On s'en abstiendra toujours lorsqu'il existera une irritation inflamma-
toire ou nerveuse des organes digestifs. En imitant la prudence des anciens
dans la manière de l'administrer, il pourra remplacer beaucoup de pur-
gatifs exotiques. Comme altérant (diurétique, excitant, emménagogue, etc.),
on ne doit pas dépasser la dose de 35 à 40 centigr. ; comme purgatif, on ne
doit pas aller au-delà de 1 gr. 50 centigr. de poudre et de 1 gr. d'extrait,
préparations le plus ordinairement employées.
A l'extérieur, on emploie la pommade d'ellébore avec succès dans les
dartres invétérées. La plante, appliquée fraîche sur la peau, y produit, dit-
on, un effet vésicant. On l'a signalée comme un sternutatoirè violent; mais
; cette propriété est plus prononcée dans les varaires connues aussi sous le
nom; d'ellébores.
Il résulte des expériences de Dubois, deTournay, que les fleurs d'ellébore
noirontune propriété rubéfiante très-marquée; ces fleurs, écrasées et appli-
quées au bras pendant deux heures, y ont développé une plaque d'un rouge
vif, recouverte de vésicules nombreuses, analogues à celles que produit la
renoncule. Ce médecin a essayé sur lui-même l'application extérieure de la
racine et des feuilles, et, dans aucun cas, il ne les a vues produire la moindre
, apparence de rubéfaction. (C'est sans doute à cause de cette propriété rubé-
: fiante que Dioscoride faisait confectionner des pessaires emménagogues avec
■ les fleurs d'ellébore noir.
, Les médecins vétérinaires font avec la racine d'ellébore noir des trochis-
ques irritants qu'ils introduisent sous la peau, dans les ouvertures d'un sé-
ton, par exemple ; ils ont pour but de déterminer une inflammation dériva-
) tive et dirigent cette médication contre les maladies de poitrine graves du
.■ Cheval et des ruminants).
ELLÉBORE FÉTIDE. Helleborus foetidus. L.
; Helleborus niger foetidus. BAUH., TOURN. —Helleboraster. BLACK.
Helleboraster maximus. GER.
i Pied de griffon, — pas de loup, — pattes d'ours, — pied de lin, — herbe aux boeufs,
herbe de cru, — parménie, — pommelée, — marfourée, — herbe au fi.
RESORCULACÉES. — ELLÉBORÉES. Fam. nat. — POLYANDRIE POLYGYKIE. L.
. L'ellébore fétide croît dans presque toute la France, sur les lisières des
flois, dans les lieux stériles, ombragés et pierreux.
MeifPiptioM,~Racme sinueuse, à fibres de couleur sombre. —Tiges de 40 à 60
wmimetres, fortes, dressées, nues intérieurement où elles présentent les marques des
; 27
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418 ELLEBORE FETIDE.
feuilles détruites, divisées et subdivisées supérieurement en rameaux florifères, pe».
tantes pendant l'hiver. — Feuilles grandes, cannelées, pédiatres, entourant le milieu jj
la tige, d'un vert foncé, livide; folioles longues, étroites, lancéolées, dentées en scie. —
Fleurs nombreuses, terminales, pédonculées, penchées, en ombelles (février-mab; ci»
pétales ovales, concaves, persistants, d'un vert pale, ayant les bords rougeâtres;'irai,
tées ovales, entières, sessiles. — Etamines de la longueur des pétales. — Anthères
blanches. — Trois ovaires ressemblant à ceux de l'ellébore noir.
(Culture et Récolte. — Comme l'ellébore noir.)
Cet ellébore, d'une odeur fétide, d'une saveur acre et amère, si on l'em-
ploie sans précaution, est aussi vénéneux que les deux espèces, dont je viens
de parler, agit de la même manière, et l'empoisonnement qu'il cause réclame
les mômes moyens. Il peut être très-utile comme purgatif et vermifuge
quand il est manié avec prudence. A l'exemple des anciens, qui excellaient
dans l'art de diminuer l'action trop véhémente des substances les plus délé-
tères, on peut faire macérer modérément ses feuilles dans le vinaigre, ou
les humecter simplement avec cette liqueur, en exprimer ensuite le suc
pour en faire un sirop avec le sucre ou le miel. Ainsi préparé, l'ellébore
fétide ne cause ni nausées ni vomissements. On en administre une moyenne
cuillerée le soir, el une ou deux le matin, pendant deux ou trois jours de
suite, pour un enfant de cinq à six ans. On augmente ou l'on diminue la dose
selon l'âge ou l'état du malade. Comme cette dose produit rarement des
selles, on peut prendre ensuite un léger purgatif. J'ai employé la poudre te
feuilles de cet ellébore à la dose de 50 à 80 centigr. dans quantité suffisante
d'eau miellée, pour expulser les vers intestinaux. Ordinairement celte dose,
proportionnée à l'âge des enfants, et que l'on répète tous les deux ou trois
jours, purge suffisamment, tout en agissant très-efficacement comme ver-
micide. On peut aussi donner les feuilles en décoction (2 à 4 gr. pour 180gr.
d'eau), en diminuant ou en augmentant la close suivant l'âge et les circon-
stances morbides, mais toujours en plusieurs fois et en observant ses
effets.
Bisset dit que c'est un remède qui ne lui a jamais manqué à titre de ver-
mifuge ; mais, ainsi que le fait remarquer Pinel (1), à cause des qualités
trôs-âcres de cette plante, il faut commencer par de très-petites doses pour
éviter l'effet irritant qu'elle peut produire sur des individus délicats et sen-
sibles.
Cette propriété vermifuge était connue depuis longtemps. Ray en parie
aussi d'après un autre auteur : Folia siccata et in pulvere exhibita cumulé
et ficu, ad puerorwn vernies commendat Gerardus.
La racine du pied de griffon est employée par les vétérinaires coin*
purgatif et pour former des sétons; elle entrelient une irritation et une sup-
^puration continues.
ELLÉBORE VERT. — ELLEBOIUJS VIRIDIS, L. — Ellébore noir de team
d'herboristes, des jardins ; herbe à sèton. — Croît aux environs de Paris,™
Mans, en Picardie, etc., dans les haies et les vergers.
Description. — Racine brune en dehors, blanchâtre en dedans, chevelue.-
Tiges annuelles, de 30 à 50 centimètres, droiles, un peu rameuses supérieure*
l'euillées seulement à partir des rameaux. — Feuilles coriaces, grandes, lance»
linéaires; les radicales longuement pétiolées, celles des rameaux sessiles, à dénisp
fondes et écartées. — Fleurs d'un vert jaunâtre, 2-5, un peu penchées (mars-avnl).'
Calice un peu fermé.
On doit préférer, suivant Allioni, cette espèce à l'ellébore noir, p*
qu'elle est plus active et qu'elle a plus de ressemblance avec l'ellébore^
anciens, et que l'on peut.se la procurer plus facilement.
(l) Encyclopédie méthodique.
[[Catégorie:Cazin 1868]]
|titre=[[Cazin, Traité des plantes médicinales|Cazin, ''Traité des plantes médicinales'', 1868]]
|titrepageprécédente=Droséra (Cazin 1868)
|nomcourtprécédent=Droséra
|titrepagesuivante=Épiaire (Cazin 1868)
|nomcourtsuivant=Épiaire
}}
__TOC__
[408]
== Ellébore blanc ==
Voir la page ''[[]]''
ELLÉBORE BLANC. Veratrum album. L.
Helleborus albus, flore subviridi. BAUH. — Veratrum flore subviridi. TOUM,
Varaire, — veratre blanc, — vraire, — varasco.
MÉLANTHACÉES. — COLCHICACÉES. Fam. nat. — POLYGAMIE MONOÉCIE. L,
Cette plante vivace (PL XYII) croît en Suisse, en Italie, dans les pâturages
des hautes montagnes de la France, telles que celles de l'Auvergne, des
Pyrénées, des Vosges, des Cévennes, du Jura, etc.
Description.—Racine épaisse, fusiforme, un peu charnue, pourvue de radicules
blanches, allongées et réunies en touffes. — Tige droite, simple, cylindrique, un peu
velue, haute d'environ 1 mètre 25 centimètres,^— Feuilles alternes, grandes, lancéolées,
engainantes, glabres, munies de nervures nombreuses et parallèles. — Fleurs disposées
en une ample panicule terminale, soutenues par de petites bractées, lancéolées (juillel-
août). — Corolle d'un blanc verdâtre à six divisions égales, oblongues, lancéolées. -
Six étamines ; trois styles courts avec trois stigmates simples et trois carpelles qui plus
tard deviennent le fruit formé de trois follicules droites, allongées, un peu comprimées,
s'ouvrant à leur bord intérieur, qui contiennent une grande quantité de semences s'alla-
chant le long de la suture intérieure.
Parties usitées. — La racine.
[Culture. — L'ellébore blanc est rarement cultivé dans les jardins ; on le multi-
plie de graines que l'on sème immédiatement après leur maturité, ou par éclats de pieds
que l'on fait au printemps.]
Bécolte. — Cette racine nous est envoyée sèche de la Suisse. Dans cet état, elle
est légère, en tronçons ; grisâtre en dehors, blanche en dedans, munie ou privée de ses
radicules, qui la font ressembler à,la racine d'asperges.
Propriétés physiques et chimiques. — Cette racine est d'une saveur
d'abord douceâtre, puis acre, amère et corrosive. Analysée par Caventou et Pelletier,
elle a fourni du gallate acide de vératrine, une matière colorante jaune, de l'amidon, à
ligneux, de la gomme, une substance grasse, composée d'élaïne, de stealine et d'u»
acide volatil.
La vératrine, découverte à peu près en même temps par Pelletier et Caventou, et fi
se trouve aussi dans la cévadille et le colchique, est pulvérulente, blanche, inodore, pro-
duisant de violents éternuements lorsqu'elle pénètre dans les fosses nasales, d'une sa-
veur très-âcre et excitant la salivation.
[Examinée au microscope, elle a un aspect cristallin, et elle se dépose en prismes)
base rhombe de sa solution alcoolique; d'après G. Merck, ces cristaux, au contacté
l'air, prennent l'aspect de la porcelaine et deviennent opaques ; l'eau ne les dissout pas,
mais elle les rend opaques; les acides dissolvent la matière en donnant des solutions
incolores; cependant l'acide chlorhydrique concentré la colore en pourpre; sa formule
peut être représentée, d'après G. Merck : C 64 H 52 Az- 0"\]
La varaire blanche contient encore une autre base découverte par E. Simon, et a
laquelle on a donné le nom de jervine.
La jervine est blanche, cristalline, très-facilement fusible, peu soluble dans 1 eau,
très-soluble dans l'alcool [à 100 degrés elle perd quatre équivalents d'eau, elle fond au-
dessus de cette température et se décompose vers 200 degrés ; d'après Will, elle peu
être représentée par C 09 H 45 Az 2 O5]; elle forme, avec les acides sulfurique, nitrique «
chlorhydrique, des sels fort peu solubles, même dans un excès d'acide. Simon a pr<*
de la grande différence de solubilité des sulfates de vératrine et de jervine pour sépara
ces deux bases l'une de l'autre (Soubeiran).
PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'INTÉRIEUR. — Poudre, 10 à 20 centigr., en
pilules, ou dans un véhicule liquide.
Décoction, 60 centigr. à 1 gr., très-progressi-
vement.
Teinture (1 sur 5 d'alcool à 22 degrés, 8 jours
pr»-
de macération), de 50 centigr. à 2 gr-P'
gressivement, en potion. ,
Extrait par infuso-décoction (1 sur G a cm
1 à 10 centigr., en pilules.
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ELLÉBORE BLANC.
409
Vin (1 sur 15 de vin blanc et l d'alcool à
21 degrés), 20 à 40 gr. (inusité).
A L'EXTÉnikon. — Décoction, 10 à 12 gr. par
kilogramme d'eau, pour lotions antipsori-
qaes, etc.
Décoction composée (15 gr. sur 1 kilogramme
d'eau); ajoutez, teinture d'ellébore blanc,
125 gr. (Swediaur).
Vinaigre (1 sur 100 de vinaigre), pour lotions
antiherpétiques.
Pommade (4 sur 32 d'axonge, avec 3 goutles
d'essence de citron ou de bergamotte), en
frictions antipsoriques, etc.
VÉRATRINE. —A L'INTÉRIEUR, comme purga-
tif, là2 centigr.; comme altérant 1 milligr.
à 3 centigr. très-progressivement.
Pilules de yératrine (vératrine, 6 centigr.;
gomme arabique pulvérisée, 3 gr.; sirop,
Q. S. pour 24 pilules), comme purgatives,
3 pilules par jour.
Solution (sulfate de vératrine, 5 centigr.; eau
distillée, 60 centigr.), proposée pour rem-
placer l'eau médicinale de Husson, par cuil-
lerées à café.
Teinture (1 sur 150 d'alcool), de 5 centigr. à
1 gr., en potion.
À L'EXTÉRIEUR. — Teinture, 4 à 8 gr., en fric-
tions.
Huile, 4 à 8 gr., en frictions, embroca-
tions, etc.
Huile composée (vératrine, 4; Imile de jus-
quiame, 500), 4 à 8 gr., en frictions. (Flo-
rent.)
Pommade (vératrine, 5 centigr.; axonge (Cave)
ou glycérolé d'amidon, 4 gr.).
L'azotate et l'hydroclilorate de vératrine
peuvent être employés comme lu vératrine, et
ont la même action.
La racine d'ellébore blanc est la base de la teinture elléborée de la pharmacopée de
Londres.
La racine d'ellébore blanc est un poison acre très-violent ; pulvérisée et
appliquée sur le tissu cellulaire, elle détermine des vomissements violents et
diverses lésions du système nerveux auxquelles les animaux succombent
promptement. A l'ouverture des cadavres, on observe des traces d'inflam-
mation sur divers points de la membrane muqueuse du canal digestif et
dans la plaie.
L'empoisonnement est encore plus effrayant si on introduit le poison dans
les vaisseaux sanguins, ou si on l'applique sur les membranes séreuses,
parce que l!absorption est plus prompte. Des cbiens, dans la veine jugulaire
desquels on avait injecté de la décoction d'ellébore blanc, moururent subi-
tement. (Scbadel, Courlen, Wiborg, Scheele.)
Les effets toxiques de cette racine sont moins intenses et plus tardifs
lorqu'on l'introduit dans l'estomac. La pblogose locale ne suffit pas pour
rendre raison, dans ce cas, de la mort qui arrive constamment par l'admi-
nistration d'une Certaine dose. Il est à remarquer, cependant, que si les
animaux ont conservé la faculté de vomir, ils peuvent ne pas succomber
snus l'influence d'uue petite quantité de poison.
Les symptômes de l'empoisonnement par l'ellébore blanc chez les ani-
maux sont l'es suivants :. respiration pénible et lente, ralentissement des
battements du pouls, nausées, vomissements de matières bilieuses et mu-
queuses ; ptyalisme, station et progression très-difficiles, tremblement dans
ies muscles des membres postérieurs, et quelquefois dans ceux des membres
antérieurs : alors la circulation et la respiration peuvent s'accélérer; sortie
de la langue hors de la bouche, faiblesse excessive, l'animal restant couché
s"r le flanc. Le plus ordinairement, cessation des vomissements; alors con-
vulsions augmentant de temps à autre, et bientôt suivies de l'opisthotonos,
aw emprosthotonos et de la mort.
bans certaines circonstances, il y a intermittence du pouls, gêne de la
aspiration et diminution notable de la chaleur intérieure et extérieure,
^hez les animaux qui n'ont pas été tués immédiatement, on trouve les
Poumons lourds, gorgés de sang, et offrant à la surface plusieurs taches
ram°fiS' (ïuel(ïWfois ils sont emphysémateux; la trachée-artère et ses grandes
amiiicationsne sont point altérées (Shabel); les cavités du coeur, particu-
tJfment à-droite, sont distendues par du sang noir, se fluidifiant peu de
mps après la mort, mais se coagulant ranidement par le contact de l'air.
«vaisseaux biliaires, et la vésicule du fiel sont remplis de bile; l'intestin
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ZllO ELLEBORE BLANC.
grêle en contient aussi une certaine quantité ; le foie est souvent gorgé de
sang; la membrane muqueuse de l'estomac et d'une partie des intestins est
rouge.
Chez l'homme, la racine d'ellébore blanc, prise à la dose de 1 gr. 20 cen-
tigrammes ou plus, cause une vive irritation du tube digestif, des vomisse-
ments copieux, la suffocation, des convulsions, la perte de la voix, une sueur
froide, une faiblesse extrême du pouls, le hoquet, la mort. Cette racine
appliquée à l'abdomen, occasionne un vomissement violent (Ettmnllerl
Employée sous la forme d'un suppositoire, elle produit le môme effet
(Schreder). On dit que séchée, pulvérisée et aspirée par le nez comme ster-
nutatoire, elle a causé des avortements, des métrorrbagies, des hémorrha-
gies nasales, des suffocations, et même la mort.
Considérée dans son emploi thérapeutique, la racine d'ellébore blanc esl
un vomitif et un purgatif drastique violents. Réduite en poudre, elle est
fortement sternutatoire. Appliquée sur la peau, elle agit comme caustique.
Les anciens, et notamment Hippocrate, Galien, Celse, Dioscoride, parlent
de cette racine comme ayant été fréquemment employée pour provoqua
l'évacuation des matières contenues dans l'estomac et les intestins. Aune
époque plus" rapprochée de nous, on l'a donnée dans la manie, la mélanco-
lie, l'hypocondrie, l'idiotisme, la démence, la léthargie, la paralysie, h
sciatique, l'épilepsie, l'arthritis, la goutte, les affections cutanées chroniques
rebelles, la lèpre, l'éléphantiasis, l'alopécie, la rage, la suppression te
menstrues, le goitre, les affections scrofuleuses, squirrheuses, etc.
D'après de nouvelles observations dues à Greding, Wendt, Avenbrugger,
Smith, Hahnemann, ïteil, Voigtel, etc., elle paraît surtout indiquée comme
propre à rétablir l'équilibre des fonctions organiques, lorsqu'il a été rompu
par un grand ébranlement du système nerveux et spécialement des pleas
ganglionnaires abdominaux.
Les évacuations abondantes que la racine de cet ellébore produit oui
quelquefois favorisé la guérison de l'hydropisie; mais, ainsi que l'observe
le judicieux Murray, la violence de son action a donné la mort à plusieurs
hydropiques. Comme j'ai toujours pu remplir les mêmes indications avec
d'autres plantes sans exposer les malades à de tels dangers, je me suis
abstenu de l'usage de l'ellébore blanc à l'intérieur.
Cependant, Gesner, qui a essayé les propriétés de cette plante sur lui-
même, a trouvé le moyen d'enchaîner celte substance trop énergique, il
de guérir par son usage des obstructions abdominales. Voici comme il.pro-
cédait : Racine sèche et pulvérisée d'ellébore blanc, 8 gr. ; faites digéra
pendant un mois dans 170 gr. de vin spiritueux, que l'on administre à la
dose de 1 gr. 23 centigr., non dans l'intention de purger, mais de résoudre
les embarras des viscères. Gilibert indique ce remède comme un des meil-
leurs fondants ; sous cette forme, on l'a employé dans les dartres, la teigne,
la lèpre et l'éléphantiasis.
Roques pense que cette plante mérite d'être conservée parmi les pla*
héroïques ; il ajoute que ses propriétés vénéneuses ne sauraient être *
motif de réprobation, lorsqu'on emploie tous les jours les poisons met*
ques les plus violents. La vératrine, d'ailleurs, est aujourd'hui adopw
comme médicament.
La racine d'ellébore blanc a été mise en usage à l'extérieur contre »
taines maladies chroniques de la peau. Swediaur employait dans le]"'""î
et le porrigo favosa, la lotion suivante : Racine d'ellébore blanc, 13 gry ?
bouillante, 1 kilogr. ; passez après refroidissement, et ajoutez à la solu»
138 gr. de teinture d'ellébore blanc. Biet s'est servi dans le traitement^
gale, chez les personnes qui redoutaient les préparations sulfureuses; <n>
pommade composée de à gr. de poudre de racine d'ellébore blanc, dedv
d'axonge et 2 gouttes d'essence de bergamote, pour deux frictions, i»
411
et soir. Quarante malades ont été guéris en treize jours (durée moyenne) sans
accidents. Ce moyen est très-usité en Allemagne et en Angleterre.
(Hartmann (1) a obtenu un effet remarquable de la décoction concentrée
d'ellébore blanc contre le prurit de la vulve.)
Dans le cas de menstruation difficile, Stevenson (2) conseille de pratiquer
des frictions sur le sacrum avec une pommade de vératre (15 gr. pour
180 gr. d'axonge.)
La teinture d'ellébore blanc a été employée en frictions avec un succès
remarquable contre les taches hépatiques. On connaît l'extrême ténacité du
pityriasis versicolor, et l'inefficacité des moyens généralement employés
contre cette affection. Spengles (3) est parvenu à la guérir en quelques jours
au moyen de l'emploi à l'extérieur de la teinture d'ellébore blanc. Trois cas
remarquables rapportés par l'auteur ne laissent aucun doute sur l'efficacité
de ce moyen, dont on chercherait en vain à expliquer le mode d'action.
Plistonicus faisait des suppositoires avec l'ellébore blanc, et excitait ainsi
le vomissement. Dioclès en faisait des pessaires pour introduire dans le
vagin, et produire le même effet. Dans les affections goutteuses des extré-
mités, les médecins de l'antiquité arrosaient les. pieds avec l'ellébore en
décoction dans l'eau de mer; ces lotions produisaient des vomissements qui
diminuaient les douleurs des articulations.
[Quelques auteurs ont pensé que le veratrum viride ou ellébore d'Amé-
rique, que l'on a tant vanté dans ces derniers temps, sous la forme de tein-
ture contre les maladies inflammatoires, telles que la pneumonie, la
pleurésie, le rhumatisme aigu, la manie aiguë, et surtout la péritonite
puerpérale, et enfin contre les palpitations du coeur, Péclampsie, la cho-
réè, etc., etc., n'est qu'une variété du V. album ; mais la racine de l'ellébore
.d'Amérique ou veratrum viride, qu'il faut bien se garder de confondre avec
ce que nous appelons ellébore vert (elleborus viridis, renonculacées), qui a
été décrite par E. Cutter, diffère essentiellement de notre racine d'ellébore
Manc; mais il est très-probable qu'elles jouissent toutes les deux des mêmes
propriétés.]
VÉRATRINE. — D'après les expériences de Magëndie, la vératrine exerce
sur l'économie animale une action analogue à celle des végétaux d'où on la
retire.
(Appliquée à l'extérieur, elle agit comme rubéfiant; introduite dans les
fosses nasales, elle détermine de violents éternuments souvent suivis de cé-
phalalgie; à petite dose à l'intérieur, elle excite des nausées, des vomisse-
ments, des selles abondantes.)
. Il résulte des expériences de Faivre et C. Leblanc (4) que la vératrine
exerce trois actions distinctes sur l'organisme animal, suivant les doses plus
ou moins fortes de cette substance : la première action a lieu d'une ma-
nière bien marquée sur le tube digestif; la seconde sur les organes de la
circulation et delà respiration, et la troisième sur le système nerveux et les
muscles de la vie animale. — PREMIÈRE PÉRIODE. Augmentation de la sensi-
mtité, de la contractilité et des sécrétions du tube digestif; coliques plus
ou moins violentes, suivant les doses employées; vive agitation chez les
cnevaux et les chiens; phénomènes de contractilité musculaire, intestins
contractés, mouvements péristaltiques notablement accélérés; augmenta-
™u de la sécrétion des glandes salivaires et des follicules intestinaux, soit
yu ou injecte la vératrine dans les urines, soit qu'on la dépose dans le tissu
■MAnnales de Roulers, 21° livr., 1858.
W Heroe médicale, février 1841.
p. 43. --medninteeh-çhirurgische Zeitung, 1851, et Rulletin de thérapeutique, t. XLII,
w) Mémoire communiqué à l'Académie des sciences, décembre 1854.
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412 ELLÉBORE BLANC.
cellulaire sous-cutané. — DEUXIÈME PÉRIODE. Abattement, prostration des
forces, ralentissement de la circulation (état non signalé par M. Magendiè
et qui a porté plusieurs praticiens à n'attribuer à la vératrine que la pro-
priété de ralentir la circulation), souvent l'irrégularité du pouls. Les chiens
se tiennent difficilement sur leurs pattes, se couchent. Les chevaux sont
abattus et témoignent une dépression des forces. — TROISIÈME PÉRIOIE. Par
l'influence de doses plus considérables, extension et raideur des membres
muscles du thorax et de l'abdomen contractés, respiration anxieuse et pé-
nible, trismus, accès tétaniques d'abord courts et à de grands intervalles
ensuite plus longs, plus rapprochés et accompagnés de l'augmentation delà
sensibilité au point de provoquer de nouvelles contractions en touchant
l'animal ; obstacle au renouvellement du sang se prononçant de plus e»
plus; mort par asphyxie après une demi-heure ou une heure, ou diminution
progressive des symptômes si l'animal résiste à l'action toxique de la véra-
trine.
La vératrine n'agit pas toujours aussi régulièrement. Quelquefois son
action plus ou moins marquée sur le tube digestif se continue, soit pendant
la période hyposthénisante ou de dépression du système sanguin, soit pen-
dant la période hypersténisante ou d'excitation du système nerveux. Ces dem
dernières périodes peuvent aussi avoir une durée et une intensité variables,
Si la dose de vératrine est toxique, son action s'exercera directement surle
système nerveux et produira rapidement le tétanos, l'asphyxie et la mort
(Koelliker (1), d'après des expériences sur les batraciens, établit que l'alca-
loïde qui nous occupe est un excitant de la moelle épinière, et qu'il pro-
duit le tétanos et la paralysie du coeur) (2).
On peut conclure de ces résultats de l'expérimentation : 1° que la véra-
trine, en irritant le tube intestinal, y détermine des contractions et es
augmente les sécrétions; 2° qu'elle a la propriété de ralentir la circulation;
3° qu'elle excite le système nerveux de la vie animale et le système muscu-
laire de manière à la rapprocher de la noix vomique.
(Cet agent possède donc deux actions : une primitive, locale; Faute se-
condaire.
La thérapeutique a cherché à les mettre à profit; on a tenté de provo-
quer le vomissement par la vératrine, dans les cas d'empoisonnements, etc.;
mais, outre que le résultat désiré n'est pas constamment obtenu, l'absor-
ption du médicament peut ajouter dans certains cas à la gravité de l'acci-
dent que l'on veut traiter. Comme purgatif, on l'a essayée contre les hydro-
pisies ; l'action secondaire sédative du système circulatoire trouve ses
applications dans Toutes les maladies hypersthéniques de ce système, les
affections fébriles, les phlogoses en général.
L'influence sur le système nerveux a été utilisée dans les altérationsq»
ont ce système pour siège, dans les névralgies, les paralysies, etc., etc.
On a en outre reconnu à la vératrine une action expectorante bien pro-
noncée (Norwood) et une action altérante au moins égale à celle du calo»
et de l'iodure de potassium).
En résumé, la vératrine a été préconisée dans certaines affections ner-
veuses, dans la paralysie, les névralgies, le rhumatisme, la goutte, loi*
l'otalgie, l'iritis, etc., et, par une action analogue à celle de la strychnine,
dans les paralysies, l'amaurose récente, l'opacité de la cornée, la cataracte,
la paracousie, la surdité, etc. . ,
Cet alcaloïde est souvent employé concurremment ou alternativeme
avec l'aconitine.
(1) Archive fur Pathologie, 1858. p„jj
(2) Consultez in Journal de chimie et de pharmacie, 1856, t. XXIX, le travail de van .'
Etudes toxicologiques et pharmacodynamiques sur la vératrine.
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ELLEBORE BLANC. M3
Comme le colchique, dans les affections goutteuses, la vératrine s'est
montrée efficace dans le traitement du rhumatisme articulaire ^aigu. C'est à
Piédagnel (1) que l'on doit les premiers essais de ce médicament dans cette
dernière affection, où son action contro-stimulante est analogue à celle du
sulfate de quinine à haute dose, auquel, à mérite égal, elle devra être pré-
férée, à cause de la modicité de son prix, dans la médecine rurale et dans
celle'des ouvriers et des pauvres de nos cités populeuses.
Voici le mode d'administration employé par Piédagnel : une pilule de
5milligr. de vératrine le premier jour, deux le deuxième jour, en augmen-
tant chaque jour d'une pilule jusqu'au nombre de sept ou rarement huit.
Lorsqu'il y a amélioration notable, ce qui a lieu ordinairement au qua-
trième, cinquième ou sixième jour, on s'arrête à la dose de la veille. On
continue à cette dose un ou deux jours, puis on diminue graduellement, et
à proportion de la diminution des accidents eux-mêmes, pour cesser, lors-
qu'après quatre ou six jours d'attente, la guérison se maintient. Ces pilules
sont données dans une cuillerée d'eau sucrée ou de tisane, à des intervalles
proportionnés au nombre désigné pour chaque jour. — S'il y a intolérance
manifestée par l'irritation des voies digestives (coliques, diarrhée, etc.), il
faut diminuer les doses ou suspendre cette médication, dont l'effet hypo-
sthénisant doit se montrer immédiatement sur le système sanguin, et 'calmer
en même temps la fièvre, la douleur et l'inflammation. C'est un résultat tout
à fait semblable à celui qu'on obtient par l'emploi de l'aconit. (Cette tenta-
tive a reçu pleine consécration par les travaux de Trousseau, Turnbull,
Bouchut (chez les enfants), etc. Aran a publié (2) une intéressante observa-
tion d'cndopéricardite rhumatismale chez une jeune fille de douze ans, gué-
rie par la vératrine (toutes les quatre heures une des pilules suivantes : vé-
ratrine, S centigr.; suc et gomme, Q. S. ; 30 pilules.)
, Aran (3) a non-seulement mis en usage avec succès la vératrine dans le rhu-
matisme articulaire aigu, mais aussi dans la pneumonie, en la donnant jus-
qu'à la tolérance comme le tartre stibié, dont l'emploi, mieux connu, doit
être préféré. (Elle a été, depuis cette époque, fréquemment usitée dans ce
cas. Ghiglia (4) associe 5 milligr. de vératrine à 5 centigr. d'extrait thé-
baïquë, et forme une pilule dont il répète l'administration de six à douze
fois, dans les vingt-quatre heures.)
Bardsley, de Manchester (5) a tenté quelques essais thérapeutiques avec
les sels de vératrine. L'acétate de cette base, administré par 125 milligr.
(1/4 de grain) d'abord, et porté par degrés jusqu'à 75 ou 100 milligr.
(1-grain 1/2 à 2 grains par jour) en plusieurs fois, lui a réussi dans un cas
d'hydropisie, et lui a paru aussi utile dans le rhumatisme chronique, la
sciatique et la goutte, que le colchique. Sur vingt-quatre rhumatisants, sept
ont été guéris, dix soulagés, sept autres n'en ont éprouvé aucun bien. Après
•ingestion de ce médicament, le pouls devenait plus lent et plus faible, et
quand on forçait là dose, il survenait des nausées, des vomissements, enfin
desselles séreuses, abondantes, salutaires surtout dans la goutte.
La. teinture, l'huile simple ou composée et la pommade de vératrine sont
employées en frictions dans les névralgies,-le rhumatisme articulaire aigu,
(les affections oculaires d'origine nerveuse, les cataractes, les iritis, etc.
uans les douleurs de la dysménorrhée. Vannaire (6) a obtenu de bons effets
«e la pommade de vératrine (10/100°) employée avec frictions sur la région
ombilicale. Lafarge a expérimenté la vératrine (1/10 à 1/15 de milligr.)
fl¥Mnde thérapeutique, t. XLIII.p. 141.
U «!nf *?. medecine et de chirurgie pratiques, janvier 1859.
M But! f Wrapeu'ique, t. XLV? p. 385.
ntih^ thérapeutique, juillet 1859.
6 2K\Di*n<Mesten Enldeckungen, etc., t. I, p. 262.
I») Bulletin de thérapeutique, février 1861.
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hlh ELLÉBORE NOIR.
en inoculation contre les.névralgies. —Pour les injections sous-cutanées
ce médicament, difficilement soluble dans l'eau, n'est mêlé à ce véhiculé
que préalablement dissous dans l'alcool, l'éther, ou le chloroforme. On
prend pour une injection quatre gouttes d'une solution de 5 centigr. dans
8 gr. de liquide. L'effet local est un peu douloureux à cause.de la nature
du véhicule; puis, il ne tardé pas à se manifester un abaissement du pouls
qui arrive beaucoup plus promptement et plus sûrement qu'avec la digita-
line. Si la dose est un peu forte ou le sujet sensible, il survient des nausées,
et même le vomissement, de la salivation, et plus tard des spasmes dans
des rayons de nerfs plus ou moins étendus. Quelquefois on rencontre une
dépression marquée du système nerveux. Erlenmeyer s'est surtout bien
trouvé de ces injections dans les palpitations nerveuses et l'activité exces-
sive du coeur.)
ELLÉBORE NOIR. Elleborus niger. L.
Helleborus niger flore roseo. BAUH. — Helleborus niger angustifloribus
foliis. TOORN.
Rose de Noël, — herbe de feu, — ellébore à fleurs roses.
RENONCULAGÉES. — ELLÉBORÉES. Fam. nat. — POLYANDRIE POLYGYXIE. L.
Cette plante vivace (PL VIII) croît dans les montagnes d'Italie, de 11
Suisse et dans le midi de la France, les Pyrénées, etc. On la cultive par-
tout ailleurs, dans les jardins, pour la beauté de ses fleurs hyémales.
.. Description. — Racine : souche noirâtre d'où partent des fibres épaisses, char-
nues.— Tiges: hampes droites, nues, épaisses, cylindriques, quelquefois un peu rou-
geâtres, longues d'environ un décimètre. — Feuilles radicales longuement péliofe,
amples, glabres, divisées en sept ou huit digitations pédicellées, lancéolées, aiguësel
dentées. — Fleurs d'un blanc rosé, très-ouvertes, terminales, d'environ k centimètres de
diamètre (décembre-janvier). — Calice à cinq folioles pétaliformes, ovales, obtuses,
grandes et colorées.—Corolle beaucoup plus courte que le calice, formée de dix à don
pétales tubulés, d'un jaune verdâtre, terminés à leur bord extérieur par une petite lan-
guette spatulée, obtuse. — Etamines très-nombreuses, plus longues que la corolle; sis
à huit pistils. — Fruit composé de cinq à six follicules ovales, mucronées, arquées à ■
de leurs bords et s'ouvrant à deux valves.
Parties usitées. — La racine.
[Culture. —■. L'ellébore noir demande un terrain sec et découvert, une ter»
franche, légère, exposition à mi-soleil ; on la cultive par éclats, ou de graines sente
aussitôt après leur maturité ; elles donnent des variétés plus ou moins rares'qui fleu-
rissent la troisième année.]
Kéeolte.— On peut recueillir en automne la racine d'ellébore noir que l'on cul-
tive dans les jardins. Celle du commerce est ordinairement envoyée sèche de la Suis.*
Elle doit être séchée promptement. Les effets plus ou moins prononcés de cette racine
dépendent de son degré de fraîcheur ou de siccité. Si l'on veut compter sur son efficacité,
il faut, pour ses diverses préparations, l'employer à l'état frais, ou du moins ne joe
attendre que la vétusté l'ait privée de ses principes les plus actifs. La poudre d'ellébore
doit être enfermée dans des vases bien bouchés, car elle s'altère facilement.
■ Dans le commerce, l'ellébore noir est souvent mêlé avec plusieurs autres racinesf
lui sont ainsi substituées à l'insu du médecin qui le prescrit. On y trouve celles *
Yhelléborui foelidus, de Yhelleborus viridis, des veratrum album et nigrum, de fïisft*
tium major, An Y adonis vernaljs, de Yaconitum napellus, de Y arnica montana,ài^er
spicaia, etc. Cette falsification, ou plutôt cette négligence, est sans doute la cause p»
cipalè de la diversité des opinions sur les effets de l'ellébore noir et sur les doses auxqu»
il convient de l'administrer. La racine, de ce dernier, dans le commerce, est d'un m
noirâtre à l'extérieur, et blanche ou grisâtre en dedans. Elle se compose de tronçons»
la longueur et de la grosseur du petit doigt, irréguliers, couverts de radicules, et pawj
niés d'anneaux circulaires. On voit sous son écorce un cercle de points blancs înniqnw
la naissance des radicules.
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ELLÉBORE NOIR. 415
Propriétés physiques et chimiques. — La racine d'ellébore noir est
oins ou moins acre et détermine sur la langue un sentiment de stupeur. Elle contient,
d'après Fepeulle et Capron, une huile volatile, une huile grasse, une matière résineuse,
de la cire, un principe amer, un acide odorant, du muqueux, de l'ulmine, du gallate de
notasse, du gallate acide de chaux, un sel à base d'ammoniaque. Orfila regarde comme
la partie la plus active, la plus vénéneuse, celle qui se dissout dans l'eau. (Schroff (1) ne
lui reconnaît aucun principe volatil actif; la racine fraîche et la racine desséchée pro-
duisent les mêmes effets.) La teinture alcoolique de noix de galle ne détruit pas ses pro-
priétés délétères, non plus que celles de l'ellébore blanc.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'INTÉRIECR. — Infusion ou décoction des
• racines, de 1 à 6 gr. par kilogramme d'eau.
Poudre (de la racine), 20 à 50 centigr. en
électuaire, dans l'eau ou le vin, etc.
Vin (préparé avec la racine), de 20 à 60 gr.
Teinture (1 sur 5 d'alcool à 22 degrés), de
50 Centigr. à 2 gr. progressivement, en po-
tion.
Extrait (par infusion ou décoction de la ra-
cine, 1 sur 6 d'eau), de 10 à 50 centigr., en
pilules, etc.
A L'EXTÉRIEUR.—Décoction pour lotions. Pom-
made (4 à 8 gr. de poudre de racine pour
30 gr. d axonge), en frictions.
La racine d'ellébore entre dans la teinture
d'ellébore composée, dans la teinture de mi-
lampe de la pharmacopée de Londres, dans la
teinture martiale elléborée de la pharmaco-
pée de Wurtzbourg. Elle faisait partie de
l'extrait panchimagogue de Crollus, des pi-
lules polychrestes de Becker et de plusieurs
autres préparations anciennes, aujourd'hui
inusitées.
La racine de l'ellébore noir est un purgatif drastique qui peut produire
l'empoisonnement si on le donne à trop forte dose. A l'état frais, sa racine,
appliquée sur une plaie saignante pendant quelques instants, détermine le
vomissement; aucune des substances vénéneuses employées jusqu'à ce jour
ne produit aussi promptement cet effet, au rapport d'Orfila. Administrée à
forte dose, cette plante peut causer une superpurgation, des vomissements
opiniâtres, l'inflammation du tube digestif, des selles sanguinolentes, un
froid excessif et la mort. Elle agit à peu près de la même manière que l'ellé-
bore blanc, mais moins violemment. L'empoisonnement par cette substance
réclame le même traitement.
(Schroff a fait une étude approfondie de la valeur réelle des ellébores. Il
a observé qu'en employant celui qui nous occupe à des doses progressive-
ment croissantes chez les lapins, on remarque un amaigrissement graduel
malgré la conservation de l'appétit, et enfin la mort. Chez l'homme, il n'a
constaté aucun effet dans les premiers jours; mais l'action ne. tarda pas à se
prononcer et s'accroître après chaque administration du médicament. Les
effets de l'ellébore se cumulent manifestement; ils peuvent être divisés en
deux catégories : 1° pesanteur de tête, vertiges, bourdonnements d'oreilles,
dilatation des pupilles; sommeil lourd et agité, troublé par des rêves; ralen-
tissement du pouls, lassitude, anxiété, etc. ; 2» parfois augmentation de la
sécrétion salivaire et urinaire, vomissements, douleurs stomacales et intes-
tinales, la diarrhée est exceptionnelle; l'effet drastique qu'on attribue à cette
plante n'a pas été constaté par Schroff.
La première catégorie de faits se.rapporte à l'action d'un principe narco-
tique présumé; la seconde à celle d'une substance acre. L'extrait aqueux,
moins actif que l'alcoolique, contient surtout le principe narcotique; le s'e-
cond.les contient tous deux.
Dans le cas où l'ellébore noir entraîne la mort, celle-ci paraît être due à
la paralysie du coeur. Schroff a observé qu'alors l'excitabilité de cet organe,
fle 1 estomac et de l'intestin grêle s'éteignent très-rapidement. C'est donc
<m poison cardiaque. Jamais il n'a observé l'inflammation gastro-intestinale
«umse en général. Dans le cas d'empoisonnement chronique, il y avait
, même une anémie remarquable des organes digestifs.)
■■*petite, dose, les anciens comme les modernes ont employé l'ellébore
•M Archives générales de médecine, août 1859.
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416 ELLÉBORE NOIR.
noir dans les affections mentales non fébriles, dans les fièvres intermittentes
les affections vermineuses, la paralysie, l'hypocondrie, l'apoplexie, la léthar-
gie, l'épilepsie, les céphalalgies nerveuses, l'hydropisie, le rhumatisme la
goutte, la chorée; dans les maladies chroniques de la peau, telles quêia
lèpre, l'éléphantiasis, les dartres ; la suppression des règles ou des hé-
morrhoïdes, etc. «.
A très-petite dose et comme altérant, l'ellébore noir paraît exercer une
action spéciale sur le système nerveux. On l'associe souvent, en cette qua-
lité, à l'extrait de valériane et à la jusquiame dans les névralgies.
Les anciens faisaient grand cas de la racine d'ellébore contre la folie,
Hippocrate la regardait comme le remède par excellence contre cette affec-
tion. Les historiens et les poètes ont céléBré de tout temps les cures mer-
veilleuses opérées par l'elléborisme dans l'île d'Antycire. On pense que la
plante dont se servaient tes anciens était Yhelleborus orientalis, dont les
propriétés peuvent être très-différentes de celles de notre ellébore noir,
Quoi qu'il en soit, l'action perturbatrice de ce dernier peut être efficace
dans certains cas d'aliénation accompagnés d'une sorte d'inertie, de torpeur
du canal digestif, et d'un état du cerveau et du système nerveux indiquant
la nécessité d'une forte révulsion.
'Musa, Brassavole, Lorry, Vogel, ont fait l'éloge de notre ellébore noir
contre les affections mentales. Gozzi (1) l'a vu réussir chez trois individus
atteints de folie. Il administrait, matin et soir une pilule de 10 centigr. d'ellé-
bore en poudre. Roques a obtenu dés résultats avantageux de l'extrait dt
;cette plante dans le délire fébrile, où il a paru agir comme hyposthénisanl
direct. Miquel, au rapport de Roques, a dissipé, comme par enchantement,
un délire frénétique au moyen du même remède, administré à la dose de
15 centigr. toutes les trois heures.
La puissante dérivation attribuée à l'ellébore noir sur les organes diges-
tifs l'a fait employer avec succès dans les hydropisies passives, lorsque, tou-
tefois, il y avait absence de phlegmasie péritonéale ou de lésions organiques
avec irritation. Freind et Brunner, d'après Avicenne, l'ont employé dans
cette indication. Brunner faisait infuser une once (32 gr.) de racine fraîche
de cette plante dans 4 livres (2 kilogr. ) de vin généreux, avec une poignée
d'absinthe; il en faisait prendre un verre le matin â jeun.
Tous les médecins savent que l'ellébore noir fait la base des pilules toni-
ques et antihydropique.s de Bâcher, lesquelles sont composées de 30 gr.
d'ellébore noir, de pareille quantité d'extrait de myrrhe à l'eau et de 12gr.
de poudre de chardon bénit, dont on fait des pilules de 2 centigr. et demi,
J'ai employé ces pilules avec avantage dans quelques cas d'anasarque où il
n'existait aucune irritation inflammatoire des organes digestifs, et lorsque
la maladie avait un caractère passif bien évident.
Hildanus s'est guéri lui-même, avec la racine d'ellébore noir, d'une fièvre
quarte, et a obtenu le même succès sur d'autres malades. 11 est quelquefois
utile de rompre, par une violente perturbation, l'habitude morbide qui
entretient les fièvres intermittentes anciennes. Au reste, dans ces cas, tout
autre drastique produit le même effet, ainsi que je l'ai observé à l'occasion
de l'emploi de la chélidoine chez une jeune fille atteinte depuis longtemps
d'une fièvre quarte. (Voyez CHÉLIDOINE.)
Les anciens employaient fréquemment l'ellébore dans les maladies cuta-
nées chroniques. Arétée-et Celse, Halles et Hildanus le recommandent dans
la lèpre, l'éléphantiasis, les affections herpétiques et psoriques.
J'ai fait prendre plusieurs fois, avec un succès remarquable, la mixture M
Rosenstein dans les affections vermineuses. Cette mixture se compose M
1 gr. 20 centigr. d'extrait d'ellébore noir, de 50 centigr. de sulfate de 1er,
(1) Raccoglitore medico, 1846.
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ELLEBORE FETIDE. Z|17
de 32 gr. de chardon bénit et de 32 gr. de sirop de violette ou de miel. La
dose de ce mélange est une cuillerée abouche le matin à jeun, pour les en-
fants : on augmente ou l'on diminue cette dose, suivant l'âge et les circon-
stances. Baglivi considérait la décoction des feuilles d'ellébore noir comme
le meilleur des vermifuges.
Suivant Mead, il n'y a pas de remède plus certain pour ramener l'écoule-
ment menstruel que la teinture de la racine de cette plante, prise deux fois
par jour, à la dose d'une petite cuillerée (une cuillerée à café) dans une
tasse d'eau tiède. S'il faut l'en croire, ce moyen n'aurait jamais trompé son
espérance. Juncker et Schulsius lui donnent les mêmes éloges pour provo-
quer les hémorrhoïdes.
Je me suis très-bien trouvé des'pilules suivantes comme emménagogues :
extrait d'ellébore noir, extrait de gentiane, de chaque, 2 gr. ; poudre de va-
lériane, Q. S; ; divisez en 2 pilules dont on donne 2 matin et soir.
Ilfautbien se garder d'administrer l'ellébore noir comme vomitif ou pur-
gatif aux sujets sanguins ou trop irritables. On ne le donnera aux enfants, .
aux vieillards et aux femmes délicates qu'avec la plus grande circonspec-
tion. On s'en abstiendra toujours lorsqu'il existera une irritation inflamma-
toire ou nerveuse des organes digestifs. En imitant la prudence des anciens
dans la manière de l'administrer, il pourra remplacer beaucoup de pur-
gatifs exotiques. Comme altérant (diurétique, excitant, emménagogue, etc.),
on ne doit pas dépasser la dose de 35 à 40 centigr. ; comme purgatif, on ne
doit pas aller au-delà de 1 gr. 50 centigr. de poudre et de 1 gr. d'extrait,
préparations le plus ordinairement employées.
A l'extérieur, on emploie la pommade d'ellébore avec succès dans les
dartres invétérées. La plante, appliquée fraîche sur la peau, y produit, dit-
on, un effet vésicant. On l'a signalée comme un sternutatoirè violent; mais
; cette propriété est plus prononcée dans les varaires connues aussi sous le
nom; d'ellébores.
Il résulte des expériences de Dubois, deTournay, que les fleurs d'ellébore
noirontune propriété rubéfiante très-marquée; ces fleurs, écrasées et appli-
quées au bras pendant deux heures, y ont développé une plaque d'un rouge
vif, recouverte de vésicules nombreuses, analogues à celles que produit la
renoncule. Ce médecin a essayé sur lui-même l'application extérieure de la
racine et des feuilles, et, dans aucun cas, il ne les a vues produire la moindre
, apparence de rubéfaction. (C'est sans doute à cause de cette propriété rubé-
: fiante que Dioscoride faisait confectionner des pessaires emménagogues avec
■ les fleurs d'ellébore noir.
, Les médecins vétérinaires font avec la racine d'ellébore noir des trochis-
ques irritants qu'ils introduisent sous la peau, dans les ouvertures d'un sé-
ton, par exemple ; ils ont pour but de déterminer une inflammation dériva-
) tive et dirigent cette médication contre les maladies de poitrine graves du
.■ Cheval et des ruminants).
ELLÉBORE FÉTIDE. Helleborus foetidus. L.
; Helleborus niger foetidus. BAUH., TOURN. —Helleboraster. BLACK.
Helleboraster maximus. GER.
i Pied de griffon, — pas de loup, — pattes d'ours, — pied de lin, — herbe aux boeufs,
herbe de cru, — parménie, — pommelée, — marfourée, — herbe au fi.
RESORCULACÉES. — ELLÉBORÉES. Fam. nat. — POLYANDRIE POLYGYKIE. L.
. L'ellébore fétide croît dans presque toute la France, sur les lisières des
flois, dans les lieux stériles, ombragés et pierreux.
MeifPiptioM,~Racme sinueuse, à fibres de couleur sombre. —Tiges de 40 à 60
wmimetres, fortes, dressées, nues intérieurement où elles présentent les marques des
; 27
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418 ELLEBORE FETIDE.
feuilles détruites, divisées et subdivisées supérieurement en rameaux florifères, pe».
tantes pendant l'hiver. — Feuilles grandes, cannelées, pédiatres, entourant le milieu jj
la tige, d'un vert foncé, livide; folioles longues, étroites, lancéolées, dentées en scie. —
Fleurs nombreuses, terminales, pédonculées, penchées, en ombelles (février-mab; ci»
pétales ovales, concaves, persistants, d'un vert pale, ayant les bords rougeâtres;'irai,
tées ovales, entières, sessiles. — Etamines de la longueur des pétales. — Anthères
blanches. — Trois ovaires ressemblant à ceux de l'ellébore noir.
(Culture et Récolte. — Comme l'ellébore noir.)
Cet ellébore, d'une odeur fétide, d'une saveur acre et amère, si on l'em-
ploie sans précaution, est aussi vénéneux que les deux espèces, dont je viens
de parler, agit de la même manière, et l'empoisonnement qu'il cause réclame
les mômes moyens. Il peut être très-utile comme purgatif et vermifuge
quand il est manié avec prudence. A l'exemple des anciens, qui excellaient
dans l'art de diminuer l'action trop véhémente des substances les plus délé-
tères, on peut faire macérer modérément ses feuilles dans le vinaigre, ou
les humecter simplement avec cette liqueur, en exprimer ensuite le suc
pour en faire un sirop avec le sucre ou le miel. Ainsi préparé, l'ellébore
fétide ne cause ni nausées ni vomissements. On en administre une moyenne
cuillerée le soir, el une ou deux le matin, pendant deux ou trois jours de
suite, pour un enfant de cinq à six ans. On augmente ou l'on diminue la dose
selon l'âge ou l'état du malade. Comme cette dose produit rarement des
selles, on peut prendre ensuite un léger purgatif. J'ai employé la poudre te
feuilles de cet ellébore à la dose de 50 à 80 centigr. dans quantité suffisante
d'eau miellée, pour expulser les vers intestinaux. Ordinairement celte dose,
proportionnée à l'âge des enfants, et que l'on répète tous les deux ou trois
jours, purge suffisamment, tout en agissant très-efficacement comme ver-
micide. On peut aussi donner les feuilles en décoction (2 à 4 gr. pour 180gr.
d'eau), en diminuant ou en augmentant la close suivant l'âge et les circon-
stances morbides, mais toujours en plusieurs fois et en observant ses
effets.
Bisset dit que c'est un remède qui ne lui a jamais manqué à titre de ver-
mifuge ; mais, ainsi que le fait remarquer Pinel (1), à cause des qualités
trôs-âcres de cette plante, il faut commencer par de très-petites doses pour
éviter l'effet irritant qu'elle peut produire sur des individus délicats et sen-
sibles.
Cette propriété vermifuge était connue depuis longtemps. Ray en parie
aussi d'après un autre auteur : Folia siccata et in pulvere exhibita cumulé
et ficu, ad puerorwn vernies commendat Gerardus.
La racine du pied de griffon est employée par les vétérinaires coin*
purgatif et pour former des sétons; elle entrelient une irritation et une sup-
^puration continues.
ELLÉBORE VERT. — ELLEBOIUJS VIRIDIS, L. — Ellébore noir de team
d'herboristes, des jardins ; herbe à sèton. — Croît aux environs de Paris,™
Mans, en Picardie, etc., dans les haies et les vergers.
Description. — Racine brune en dehors, blanchâtre en dedans, chevelue.-
Tiges annuelles, de 30 à 50 centimètres, droiles, un peu rameuses supérieure*
l'euillées seulement à partir des rameaux. — Feuilles coriaces, grandes, lance»
linéaires; les radicales longuement pétiolées, celles des rameaux sessiles, à dénisp
fondes et écartées. — Fleurs d'un vert jaunâtre, 2-5, un peu penchées (mars-avnl).'
Calice un peu fermé.
On doit préférer, suivant Allioni, cette espèce à l'ellébore noir, p*
qu'elle est plus active et qu'elle a plus de ressemblance avec l'ellébore^
anciens, et que l'on peut.se la procurer plus facilement.
(l) Encyclopédie méthodique.
[[Catégorie:Cazin 1868]]