Nom accepté ''[[Prunus dulcis]]''
<center>'''AMANDIER.''''' Amygdalus communis''. L.
''Amygdalus sativa et sylvestris''. BAUH. — ''Amygdalus sativa fructu majore.'' T.
ROSACÉES. — AMYGDALÉES. Fam. nat. — ICOSANDRIE MONOGYNIE. L.</center>
Cet arbre, originaire de la Mauritanie, est cultivé en France et surtout en Provence. Il croît naturellement sur les côtes septentrionales de l'Afrique.
L'Ancien Testament fait mention des amandes. Hippocrate employait les amandes douces et amères. Théophraste en parle, et Dioscoride décrit la manière d’en obtenir l'huile.
'''Description.''' — Tige de 8 à dis dix mètres, droite. — Feuilles moins longues que celles du pécherpêcher, alternes, pétiolées, étroites, pointues, bords finement serrés ; les dentelures de la base glanduleuses. — Fleurs comme celles du pêcher, mais à pétales plus grands et d’un blanc souvent mêlé de couleur de rose (les premières au printemps). — Fruit verdâtre, ovale, composé d’un brou médiocrement épais, ferme, peu succulent, au-dessous duquel se trouve un noyau ligneux, sillonné, renfermant une amande tendre, ovale, terminée en pointe, à son sommet, d’une saveur ''douce'' ou ''amère'' selon l’une des deux variétés de l’arbre dont elle provient, et qui est la seule partie employée en médecine. La seule distinction botanique qu’on puisse établir entre ces deux variétés, c'est que dans la ''variété amère'' le style est de la même longueur que les étamines, et
que les pétioles sont maculés de points glanduleux, tandis que dans la ''variété douce'' le style est beaucoup plus long que les étamines, et que les glandes, au lieu d’être sur les pétioles, sont à la base des dents des feuilles.
== Amandes douces ==
'''AMANDES DOUCES.''' ''Amygdalæ dulces.''
Dans le commerce, suivant que les amandes sont grosses, moyennes ou petites, on les désigne sous les noms spécifiques de ''gros flots'', ''flots'' et ''en sorte''. Les meilleures sont celles qui sont grosses, bien entières, non vermoulues, à cassure blanche et sans odeur. Lorsqu'elles sont vieilles, leur cassure est jaunâtre et leur goût est acreâcre.
'''Propriétés chimiques.''' — Les amandes douces contiennent pour 100 environ 54 d’huile fine, 24 d'une variété d'albumine soluble nommée ''émulsine'' ou ''synaptase'', puis du sucre, de la gomme et un parenchyme. C'est l’emulsine l’émulsine qui, dans l'émulsion d'amandes, tient l'huile, en suspension. Elle dissout et rend miscible à l'eau le camphre, la résine de jalap et autres substances résineuses avec lesquelles elle est triturée. Elle peut s’unir à l'eau au moyen d'un blanc ou d'un jaune d oeufœuf.
L'huile d'amandes douces doit être récemment préparée, parce qu'elle rancit facilement, et qu'elle irrite alors au lieu d'adoucir. Extraite à froid, elle se conserve plus longtemps.
'''<center>PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.'''</center>{|align="center"| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left; border-right: solid 1px black;" |
A L’INTÉRIEUR. — Émulsion au lait d’amandes, 30 gr. d’amandes douces dépouillées de leur pellicule, pilées avec un peu d’eau froide et de sucre dans un mortier de marbre, réduites en pâte que l’on délaie avec 1 kilogr. d’eau, à laquelle on ajoute 30 gr. de sirop ou de sucre. On passe à travers une étamine.
| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left;" | Sirop d'amandes douces (sirop d'orgeat), préparé à l’aide de l'émulsion et du sucre, à prendre dans l'eau, en potion, etc.<br \>Huile, 15 à 30 gr. dans une solution ou potion gommeuse.<br \>
A L'EXTÉRIEUR. — Huile, en lavement, embrocation, liniment.
|}
Les amandes douces servent à faire des loochs, et concurremment avec les amandes amères, à composer le sirop d'orgeat. — Je prescris souvent le bouillon de veau et d'amandes douces coupées par morceaux, comme adoucissant et rafraîchissant. On préparait aussi, par la distillation des amandes non écorcées, une eau mucilagineuse ayant l’odeur de la fleur d’acacia. [L’amandé ou émulsion d'amandes se fait dans les ménages en privant l’amande douce de son enveloppe (épisperme) ; pour cela, on la fait tremper dans de l’eau tiède; après quelque temps la pellicule s'enlève par simple pression entre les doigts ; l’amande est alors fortement pressée dans un mortier de marbre avec un peu de sucre, et lorsque la pâte est bien homogène, on délaye dans l’eau et on passe ; on l'administre pure ou mélangée.]
Les amandes douces sont très-usitées comme aliment et comme médicament. On les sert vertes et sèches sur nos tables. On en fait des gâteaux, des biscuits, des massepains, des macarons, des dragées, des pralines, du nougat, un blanc-manger, etc. Dillon propose une boisson analogue au café, en faisant rôtir des amandes avec du seigle. Les amandes torréfiées sont prescrites aussi aux convalescents, soit entières, mangées avec du pain, soit en potages, après avoir été pulvérisées et mêlées avec de l’orge. Assez difficiles à digérer, elles ne doivent pas être prises en grande quantité par les personnes dont l’estomac est faible.
(Pavy (1) propose de remplacer dans le régime des diabétiques le pain de gluten par le biscuit d’amandes. Les amandes contenant 6 pour 100 de sucre, il les en prive en versant sur leur poudre de l’eau bouillante légèrement acidulée par l'acide tartrique. La farine, ainsi traitée, est jointe à des oeufsœufs, et sert à faire des biscuits très-nutritifs, sans principes sucrés ni féculents.)
Le lait d'amandes est adoucissant, rafraîchissant, calmant. On l’emploie dans les fièvres, les inflammations des voies urinaires et gastro-intestinales, les phlegmasies cutanées, les irritations nerveuses, les affections catarrhales
aiguës, etc., surtout dans les redoublements fébriles, vers le soir, afin que les nuits soient moins agitées. L’émulsion est plus calmante quand à l'eau simple on substitue l'eau distillée ou la décoction de laitue. Dans les irritations inflammatoires de la poitrine, on remplace avantageusement le sucre par le sirop de guimauve ou de violette, et quand il y a toux douloureuse, par le sirop de pavot blanc. Pour la rendre plus antiphlogistique, surtout dans les irritations phlegmasiques des voies urinaires, on y ajoute du nitrate de potasse.
L’émulsion d'amandes douces soulage les maladies du coeurcœur, et particulièrement les palpitations qui tiennent à un état d’irritation et de spasme. Roques guérit, au moyen de cette émulsion et du bouillon de poulet, aux laitues pour tout aliment, un négociant de Bordeaux atteint de violentes palpitations de cette nature, dues à des causes morales.
Le lait d’amandes est très-utile dans les inflammations chroniques des viscères abdominaux, qui s’aggravent presque toujours sous l'influence d'une nourriture trop succulente. « Donnez au malade, dit Roques, du bouillon de poulet coupé avec du lait d’amandes. Je ne saurais dire combien cette boisson, à la fois nutritive et tempérante, m’a été utile pour soutenir doucement les forces et pour terminer des inflammations d'une nature rebelle.
L’émulsion d'amandes douces, quand l'estomac la supporte bien, doit être prise en grande quantité pour produire un bon effet. Quand il y a une vive irritation, de la chaleur, de la soif, il faut en administrer au moins 1 kilogramme par jour.
L’huile d'amandes douces est adoucissante et légèrement laxative. Elle peut s'unir à l'eau au moyen d'un jaune d'oeufœuf. On la donne aux enfants atteints de coliques, de vers intestinaux, de volvulus, ou même de convulsions. (Suivant le professeur Coze père (conversation particulière), l'émulsion possède une action spéciale sur le gros intestin et devient précieuse contre les affections inflammatoires de cette partie du tube digestif.) Elle est utile contre les toux sèches et nerveuses, la strangurie, les douleurs néphrétiques, les calculs rénaux. Elle a souvent suffi, suivant Roques, pour arrêter l’action délétère des plantes vénéneuses, des champignons imprégnés de principes caustiques.
« Il est très-utile, dit Hufeland, dans toutes les espèces d’hématurie, de prendre matin et soir une cuillerée à bouche d’huile d’amandes douces ou d'oeilletteœillette. »
J'emploie souvent, dans la bronchite aiguë et les toux opiniâtres, le mélange à parties égales d’huile d'amandes douces, de miel et de jaune d'oeufœuf. Les enfants prennent très-facilement cette marmelade par cuillerées à café. En la délayant dans une suffisante quantité de décoction de fleurs de guimauve ou de coquelicot, on en fait un looch domestique peu coûteux et préférable au looch pectoral du Codex.
Cullat de Puigien (1) a indiqué un thé d’un nouveau genre fait avec des coquilles d’amandes ; voici comme on le prépare : Prenez une poignée de coquilles d’amandes, concassez-les, faites-les bouillir dans 1 litre d'eau pendent une bonne heure; filtrez ensuite à travers un linge de coton fin. Cette boisson, saine et balsamique, se distingue par un goût de vanille très-agréable. Lemaître, de Carpentras, la recommande, mêlée avec du lait, contre les inflammations de poitrine. (Mignot l'a expérimentée contre la co-
Les parfumeurs vendent, sous le nom de ''pâte d’amandes'', le résidu des amandes qui ont déjà servi à l’expression de l'huile, desséché et réduit en farine. On connaît son utilité pour nettoyer et adoucir la peau. En y ajoutant une certaine portion d’amandes amères, cette farine est beaucoup plus détersive et pourrait servir comme médicament externe, sous forme de cataplasme, contre certaines phlogoses cutanées et certaines taches du visage.
==Amandes amères==
'''AMANDES AMÈRES.''' ''Amygdalæ amaræ.''
Les amandes amères, sauf le goût, doivent présenter les mêmes caractères physiques que les amandes douces.
Suivant Kruger de Roslock (3), les amandes amères peuvent donner un 96e de leur poids d’huile essentielle. Cette huile contient beaucoup d’acide prussique anhydre. Schrader (4) a tiré 8.5 pour 100 d’huile essentielle récemment obtenue. Goppert (5) a démontré 14.33 pour 100 d’acide cyanhydrique dans l’huile bien préparée. Ainsi que celle de laurier-cerise, elle s’altère facilement. L'essence se transforme en acide benzoïque. Il est donc nécessaire de la renouveler souvent, ou mieux, de lui substituer les amandes douces et l’amygdalite, d’après la formule de Liébig et Wœlher, indiquée ci-dessous.
''L 'eau distillée d’amandes amères'' contient une grande portion d'huile essentielle en excès que l'on sépare par la filtration. Chargée d’huile essentielle, cette eau pourrait être trestrès-dangereuse, prise à l’intérieur. [D’après les conseils de la commission de
(3) Buchner’s, ''Repertorium für die Pharmacie'', t. XII, p. 135.
(4) Fechner’s, ''Repertorium der Organischem Organischen Chemie'', t. II, p. 65.
(5) Rutt’s, ''Magazine für die gezamnite Heilkudegezammte Heilkunde'', t. XXXII, p. 500.
L’AMYGDALINE est une matière blanche, cristalline, d'une saveur d'abord sucrée, rappelant bientôt celle des amandes amères. Soluble dans l’eau et dans l'alcool chauds, elle se cristallise par le refroidissement.
''Substances incompatibles avec les amandes amères et leurs diverses préparations'' : les acides minéraux, les sulfates de fer, le soufre, le chlore, l’azotale l’azotate d'argent, les iodures en général, les oxydes de mercure, le calomel ou protochlorure de mercure. Cette dernière substance, mêlée aux préparations d’amandes amères ou à l’eau de laurier-cerise, forme deux poisons redoutables : du deutochlorure (sublimé corrosif!) et du cyanure de mercure. Le monde médical a connu l’empoisonnement qui eut lieu, il y a quelques années, chez une demoiselle de Montpellier, à laquelle on avait administré ce mélange comme médicament. '''PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.''' A L’INTÉRIEUR. — Nombre, 2 à 4 mangées ou dans un looch, dans une émulsion d'amandes douces. Lait d’amandes amères (amandes douces et amères, de chaque, 4 à .6 gr. ; eau de rivière, 500 gr. ; sucre, 60 gr.), à prendre dans les 24 heures Eau distillée (1 sur 2 d’eau), 1 à 10 gr. en potion, julep, etc., par jour (une cuillerée à bouche d’heure eu heure). Huile essentielle purifiée (hydrure de benzoîle). peu employée, 1 à 5 centigr., avec précaution. Huile essentielle non purifiée, de 1 à 3 centigr., en potion, julep, émulsion, etc. [Mais il vaut mieux ne pas en faire usage, à cause des quantités variables d’acide cyanhydrique qu'elle peut renfermer. On la purifie par distillation au contact de la potasse et du perchlorure de fer] A L’EXTÉRIEUR, — Eau distilée pour lotions, fomentations. Huile essentielle non purifiée, de 2 à 4 gr., en liniment, lotions, embrocations. Tourteau en cataplasme.
''Amygdaline'', mixture de Liebig et Walher<center>PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES. — Amandes douce, 8 gr</center>{|align="center"| style="padding:0. 5em; eau, ''Q. S.'' width:300px; amygdaline, 1 gr.text-align:left; border-right: solid 1px black;" | <br \>
Faites avec les amandes et l’eau une émulsion ; faites-y dissoudre l’amygdaline. Cette mixture contient 5 centigr d'acide cyanhydrique anhydre, et 45 à 50 centigr. d’huile essentielle d’amandes amères [par cuillère d'heure en heure]. — L'amygdaline ainsi administrée donnera toujours une préparation identique. On pourra calculer la quantité d’acide cyanhydrique et d’huile essentielle d'amandes amères qui se forment par la réaction de l’émulsion et de l’eau sur l'amygdaline, tandis que les eaux distillées d'amandes amères et de laurier-cerise, lorsqu'elles ne sont pas titrées, varient de composition. A l’abri de l'air, elles se conservent très-bien.
A L’INTÉRIEUR. — Nombre, 2 à 4 mangées ou dans un looch, dans une émulsion d'amandes douces.<br \>
Lait d’amandes amères (amandes douces et amères, de chaque, 4 à .6 gr. ; eau de rivière, 500 gr. ; sucre, 60 gr.), à prendre dans les 24 heures<br \>
Eau distillée (1 sur 2 d’eau), 1 à 10 gr. en potion, julep, etc., par jour (une cuillerée à bouche d’heure eu heure).<br \>
Huile essentielle purifiée (hydrure de benzoîle). peu employée, 1 à 5 centigr., avec précaution.<br \>
Huile essentielle non purifiée, de 1 à 3 centigr., en potion, julep, émulsion, etc.<br \>
[Mais il vaut mieux ne pas en faire usage, à cause des quantités variables d’acide cyanhydrique qu'elle peut renfermer. On la purifie par distillation au contact de la potasse et du perchlorure de fer]<br \>
A L’EXTÉRIEUR, — Eau distilée pour lotions, fomentations.<br \>
Huile essentielle non purifiée, de 2 à 4 gr., en liniment, lotions, embrocations.<br \>
Tourteau en cataplasme.<br \>
''Amygdaline'', mixture de Liebig et Walher.
| style="padding:0.5em; width:300px; text-align:left;" |
Amandes douce, 8 gr. ; eau, ''Q. S.'' ; amygdaline, 1 gr.<br \>
Faites avec les amandes et l’eau une émulsion ; faites-y dissoudre l’amygdaline. Cette mixture contient 5 centigr d'acide cyanhydrique anhydre, et 45 à 50 centigr. d’huile essentielle d’amandes amères [par cuillère d'heure en heure]. — L'amygdaline ainsi administrée donnera toujours une préparation identique. On pourra calculer la quantité d’acide cyanhydrique et d’huile essentielle d'amandes amères qui se forment par la réaction de l’émulsion et de l’eau sur l'amygdaline, tandis que les eaux distillées d'amandes amères et de laurier-cerise, lorsqu'elles ne sont pas titrées, varient de composition. A l’abri de l'air, elles se conservent très-bien.<br \>
Le ''lait d’amandes amères'', préparé comme nous l'avons indiqué, est aussi une préparation à la fois simple, sûre et peu coûteuse. L’huile essentielle et l’acide cyanhydrique, qui se forment au contact de l’eau, n’ont pas le temps de s'altérer On doit toujours la préférer à l’eau distillée d'amandes amères ou de laurier-cerise.
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Les propriétés toxiques des amandes amères étaient connues des anciens. De nos jours, les travaux de « Wepferde Wepfer, d'Orfila, de Brodie, Cullen, Christison, Villermé ont démontré que l’action de ce poison est tout à fait la même que celle de l'acide cyanhydrique.
Cette action varie suivant l’idiosyncrasie des sujets. Une petite dose peut produire des effets toxiques. Christison rapporte que le docteur Gregory ne pouvait manger la moindre quantité de ces fruits sans en éprouver les effets d’un véritable empoisonnement, auxquels succédait une éruption semblable à celle de l’urticaire. Une femme, sujette à des palpitations de coeurcœur, fit, par les conseils d’une commère, usage des amandes amères; elle commença à en manger une par jour, et en augmenta ensuite le nombre par degrés. Arrivée au n° 7 par jour, elle éprouva des faiblesses générales, des évanouisse-
Ortila a fait périr un chien en lui faisant avaler vingt amandes amères. Wepfer a tué un chat en lui donnant 4 gr. d'amandes pilées. Cet auteur fait observer que l’empoisonnement est beaucoup plus actif, si l’on ne dépouille pas les amandes de leur enveloppe.
Le tourteau d’amandes amères, contenant tous les principes nécessaires à la formation de l'huile essentielle, est très-vénéneux. On lit dans les ''Ephèmérides Ephèmèrides des curieux de la nature'' (déc. 1, ann. 8, p. 184), que plusieurs poules périrent pour avoir mangé de ce résidu.
L'huile essentielle d'amandes amères est beaucoup plus active. Davies (4) a fait périr un serin en deux minutes en lui déposant dans le bec une goutte de cette huile. La même quantité, mise dans la bouche d’une grenouille, causa immédiatement des accidents nerveux graves, et ce reptile n’échappa à la mort qu'en se plongeant dans l'eau.
Villermé, essayant le mode d'action des deux principes de l'huile essenteille essentielle d'amandes amères, reconnut que la portion cristallisable était douée de propriétés vénéneuses extrêmement actives, tandis que l’autre était tout à fait innocente. Une gouttelette de la première fit périr un moineau en vingt-cinq secondes et un cabiai dans l’espace de dix-huit minutes (5).
Brodie (6), faisant des expériences sur ce poison, en mit une petite quantité sur la langue, et éprouva des accidents nerveux assez graves. Merlzdoff Mertzdoff (7) rapporte l'histoire d'un hypocondriaque qui prit 8 gr. d'huile essentielle d'amandes amères, et périt en une demi-heure.
Un droguiste, éprouvant une vive attaque de douleurs néphrétiques, boit d’un seul trait, au lieu d’esprit de nitre dulcifié, 15 grammes d'huile essentielle d'amandes amères. Tous les symptômes de l’empoisonnement sont portés au plus haut degré : syncopes, anxiété, faiblesse générale, pâleur mortelle, abaissement extrême du pouls et du rhylhme rhythme de toutes les fonctions, refroidissement général. Chavasse est appelé, fait vomir le malade à l’aide du sulfate de zinc, qu’il donne jusqu'à la dose de 12 gr. et de l'eau chaude. Il réchauffe le corps à l’aide de bouteilles d’eau chaude, de sachets et de linges chauds ; il fait prendre un mélange d’eau-de-vie et d'ammoniaque étendus dans de l'eau. L’amélioration est instantanée, et le malade passe de la mort à la vie. On fait continuer la potion suivante : ammoniaque, 4 gr. ; teinture de cardamome, 30 gr. ; mixture de camphre, 210 gr. Le malade guérit (8).
(Un parfumeur de vingt-six ans, ayant avalé environ 1 once d'essence d'amandes amères, tombe immédiatement insensible, et ne tarde pas à expirer. A l’autopsie, on trouve la muqueuse gastrique d'un rouge pourpre intense; on retira du cerveau, par distillation, une grande quantité d'acide cyanhydrique) (9).
[60]
(L’usage simultané de certaines substances et des amandes amères a pu amener des accidents. Ces faits sont importants à connaître, pour mettre les praticiens en garde et pour leur faire recommander l’abstention de certains aliments pendant l’emploi de ces substances médicamenteuses. Une enfant de douze ans, qui suivait depuis trois semaines un traitement par l’iodure de potassium, fut prise, deux jours de suite, à la même heure, de nausées violentes et de vomissements. Bronneuyn apprit que ces deux jours-là elle avait, trois heures avant que les accidents ne se déclarassent, mangé d’une crème faite avec une quantité d’amandes douces et d’amandes amères. La crème, d'ailleurs, était de bonne qualité. D’autres enfants de la même famille en avaient mangé autant que la malade sans en ressentir le moindre inconvénient. Bronneuyn conclut que l’iodure s'était converti en un cyanure de potassium toxique, et, pour compléter la démonstration, il fit boire à un chien du lait contenant de l’iodure de potassium; puis il lui donna de la crème. Au bout de quelques heures, l'animal fut pris de vomissements, délire furieux, paralysie des jambes) (1). Voyez ''Substances incompatibles''.
Les symptômes et le traitement de l’empoisonnement par les amandes amères et par l’huile essentielle sont absolument les mêmes que ceux de l’empoisonnement par l'acide cyanhydrique, par les amandes de la pêche, par le laurier-cerise, etc. Il est évident qu’alors la mort arrive par l'extrême asthénie, si l'on n'administre pas de suite de fortes doses de stimulants diffusibles, tels que l'alcool et l'ammoniaque.
(Si l’alcool est utile contre l'empoisonnement par les amandes, celles-ci paraissent neutraliser les effets des boissons spiritueuses. Dioscoride conseille d’en manger de quatre à six avant un repas où la sobriété ne doit pas régner. Plutarque nous raconte que pareille précaution était souvent prise par le fils de Néron. L’opposition d'action (Giacomini) est démontrée par l’innocuité relative de la liqueur connue sous le nom de ''Rosolis d'amandes amères'', qui est mieux tolérée que toute autre boisson à proportions égales d’alcool. L'influence hyposthénisante des amandes, d'après la doctrine italienne, fait contrepoids à l'hypersthénie qui résulte de l'ingestion de l'alcool.)
L’eau distillée d'amandes amères a une activité qu'elle doit à l'huile essentielle qu'elle contient, et celle-ci a pour principe vénéneux l'acide hydrocyanique. Il est facile, d'après les analyses de KrùgerKrüger, de Schrœder, de Goppert (voyez ''Propriétés chimiques''), de calculer les doses d’amandes amères qui pourront causer l’empoisonnement; il suffira pour cela de connaître la portée toxique de l'acide cyanhydrique.
Comme l’acide hydrocyanique et l'eau cohobée de laurier-cerise, les amandes amères conviennent en thérapeutique, d’après les expériences de Borda, dans toutes les maladies dont le fond est d'excitation. Les anciens les prescrivaient contre les tranchées utérines, les flueurs blanches, la pneumonie, la pleurésie, etc. Boerhaave les recommande dans toutes les affections phlogistiques indistinctement ; — P. Frank, contre les affections éruptives de la peau ; — Bateman, dans les affections cutanées douloureuses ; — Thébesius (2), comme préservatif de l’hydrophobe (en faisant toutefois appliquer des ventouses scarifiées sur la morsure) ; — Cullen, Hufeland, contre les fièvres intermittentes.
[61]
une dose à prendre une heure avant l'accès. Il dit avoir guéri par ce moyen dix-sept malades dans l’espace de deux mois; pour quelques-uns, il n’a fallu que trois doses, d'autres en ont pris jusqu'à onze.
Frank, de Posen, qui a répété avec succès les expériences de Bergius et de Mylius, ajoutait à l’émulsion 4 à 8 gr. d'extrait de petite centaurée.
La pulpe d’amandes amères, humectée d'eau de laurier-cerise, m'a été utile en cataplasme, pour calmer les douleurs névralgiques, les gastralgies, les douleurs hépatiques et néphrétiques causées par la présence des calculs, etc.
[Réveil emploie avec succès, dans les migraines et dans tous les cas où il s’agit de calmer des douleurs vives, des cataplasmes préparés avec de l’eau tiède et de la ''farine de tourteau d’amandes amères''. Ces cataplasmes appliqués tièdes sont très-légèrement rubéfiants; mais ils deviennent bientôt sédatifs et calmants.]