D'après Orflla<ref>''Traité de toxicologie'', 5e édit., t. II, p. 132.</ref>, la plante ingérée enflamme le tissu de l'estomac ; un chien est mort vingt-neuf heures après avoir avalé 16 gr. de son extrait aqueux ; on trouva l'estomac enflammé : 12 gr. de poudre sèche n'avaient produit aucun effet.
Les observations de Fontana, Gouan, Amoureux, Van Mons, et les expériences d'Orflla, tendent à prouver : 1° que la partie la plus active du rhus toxicodendron est celle qui se dégage à l'état de gaz lorsqu'il ne reçoit pas les rayons directs du soleil ; 2° qu'elle agit comme les poisons âcres ; 3° que l'extrait aqueux de cette plante, administré à l'intérieur ou appliqué sur le tissu cellulaire, détermine une irritation locale suivie d'une inflammationplus ou moins intense, et qu'il exerce une action stupéfiante sur le système nerveux après avoir été absorbé ; 4° qu'il paraît agir de la même manière quand il a été injecté dans la veine jugulaire.
(A dose thérapeutique, l'estomac est très-légèrement excité, les urines et la transpiration deviennent un peu plus abondantes. Dufresnoy a observé que les malades, après un certain temps de l'usage des préparations de sumac, étaient plus gais, plus satisfaits des autres et d'eux-mêmes.)
Selon Trousseau et Pidoux, il ne résulte de son administration aucun inconvénient ; les fonctions digestives ne sont pas troublées, et elles acquièrent au contraire plus d'activité. Ils ajoutent qu'il ne se manifeste aucun phénomène nerveux, si ce n'est quelquefois un spasme de la vessie, qui fait éprouver aux malades un besoin fréquent d'uriner, une sorte de ténesme vésical ; mais cet inconvénient cède promptement à l'emploi de lavements et de bains généraux. Toutefois, il ne faut jamais, sans précaution, ainsi quele fait judicieusement remarquer Giacomini, se permettre de prescrire une forte dose d'extrait tiré d'une plante vénéneuse, malgré l'inefficacité des doses ordinaires indiquées dans les bons traités de thérapeutique.
Dufresnoy, professeur de botanique à Valenciennes, publia en 1788 des guérisons de paralysies, soit récentes, soit anciennes, par l'usage de cette plante. Depuis cette époque, Van Baerlen, Rumpel, à Bruxelles ; Poutingon et Gouan, à Montpellier ; Alderson, Kellie et Duncan, en Angleterre, ont employé ce végétal avec succès, surtout dans le traitement de la paralysie des membres inférieurs. Givesius<ref>''Bulletin des sciences médicales de Férussac'', 1825, t. VI, p. 98.</ref> dit avoir guéri par ce moyen quatre malades sur cinq. Il est à remarquer que c'est particulièrement dans les cas où cette maladie est due à la débilité générale, au rhumatisme ou à la goutte, et non lorsqu'elle est le résultat d'une lésion cérébrale apoplectique.
Nom accepté : ''[[Rhus coriaria]]''
'''SUMAC DES CORROYEURS'''. — ROURE ou ROUX DES CORROYEURS. — VINAIGRIER. — (''Rhus coriaria''. L. ; ''rhus folio ulmi''. C. Bauh., Tourn.) — Cet arbrisseau croît aux lieux secs et pierreux, et sur les collines du midi de la France. On le cultive dans les jardins paysagers.
'''Description'''. — Arbrisseau de 3 mètres. — Feuilles ailées. — Fleurs en pani-
'''Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques'''. — Ce sumac contient une grande quantité de tannin (de 16 50 à 13 pour 100) (Wagner.)
(Suivant Stenhouse, ce tannin est le même que celui des galles, mais diffère de celui du chêne rouvre. D'après Wagner<ref>''Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie de Bruxelles'', août 1867.</ref>, au contraire, le tannin du sumac est identique àcelui du hêtre, du chêne, etc., il le nomme ''tannin physiologique'', parce qu'il se trouveà l'état normal dans la plante. Mais la plante qui nous occupe peut aussi être piquée par un cynips et porter des galles, qui alors fournissent le tannin qu'il appelle ''pathologique'', et qui diffère chimiquement du précédent. De plus, le tannin physiologique seul forme du cuir pouvant résister à la putréfaction.)
Les feuilles, qui sont amères, acides au goût, servaient au tannage des cuirs chez les anciens, et sont encore employées à cet usage dans la Grèce, dans le Levant, en Provence, etc. En Espagne et en Portugal, on coupe tous les ans les rejetons ; on les fait sécher, et on les réduit en poudre, au moyen d'une meule verticale, pour la tannerie et la teinture. La couleur que ce végétal donne est d'un jaune un peu verdâtre. Il colore les étoffes de coton, passées à un mordant tel que l'acétate d'alumine, en jaune très-solide. Les Egyptiens mettaient les graines de sumac dans les sauces pour les aciduler, ainsi que cela se pratique encore en Turquie, ce qui a valu à cet arbrisseau le nom de ''Vinaigrier''. Au pays des Ottawey, en Amérique, on ajoute des feuilles de sumac au tabac, pour lui donner une odeur agréable.
Ce sumac est un tonique astringent. La décoction de ses feuilles ou de ses fruits est employée dans les diarrhées et les dysenteries chroniques, les hémorrhagies passives, le scorbut. L'extrait aqueux des fruits, à la dose de 8 à 15 gr., est plus actif. Pellicot (''in'' Mérat et Delens) a donné la poudre des feuilles comme fébrifuge, depuis 15 jusqu'à 24 gr. par jour, dans sept cas de fièvres intermittentes, et pour toutes avec succès. Un tel résultat m'a engagé à employer ce moyen. A la dose de 15 gr., il a produit des nausées, des efforts de vomissement, sans résultat appréciable, dans deux cas de fièvre tierce. Prise dans une forte infusion de feuilles de calcitrape et de racine d'angélique, la poudre de feuilles de sumac m'a réussi dans trois cas de fièvre tierce, sans produire ni nausées ni vomissements. Chez les trois malades, l'accès a disparu complètement après la deuxième ou la troisième dose du médicament, portée pour l'un d'eux à 24 gr. à cause de la plus grandeintensité des symptômes.
A l'extérieur, la décoction des feuilles ou des fruits est employée en gargarisme dans l'angine tonsillaire, le gonflement et l'ulcération scorbutique des gencives, la stomatite, etc.
'''SUMAC FUSTET'''. — FUSTET, FUSTEC. (''Rhus cotinus''. L.) — Cet arbrisseau du midi de la France est cultivé dans les jardins pour la beauté de ses feuilles et surtout pour l'élégance de ses fleurs.
'''Description'''. —- Tige rameuse, de 4 mètres, formant buisson. — Feuilles presque rondes. — Fleurs verdâtres, petites, en panicule, en forme de perruque. —Fruit ovale, avec lignes longitudinales, mais interrompues d'un côté, aux deux tiers supérieurs, par une petite cicatrice, très-petit et d'une substance cartilagineuse très-dure, contenant une graine. Les feuilles froissées ont une odeur de citron et une saveur amère-résineuse. Dans l'Asie-Mineure on en teint les peaux en jaune maroquin, et non en rouge comme on l'a dit dans le ''Journal de pharmacie''<ref>Tome XVII, 1831.</ref>.