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<center>'''SCILLE'''. ''Scilla maritima''. L.
''Scilla vulgaris radice rubra''. C. Bauh. — ''Scilla officinalis''. Blak. — ''Scilla''.Dod. — ''Ornithogalum maritimum''. Lam. — ''Ornithogalum maritimum, seu scilla radice rubra''. Tourn.
Scille maritime, — scille officinale, — grande scille, — squille rouge, — oignon marin, — ornithogale marine, — cliarpentaire, — scipoule.
Cette plante vivace (Pl. XXXVII) croît sur les plages sablonneuses de la Méditerranée et de l'Océan ; elle est abondante en Bretagne et en Normandie, et surtout à Quilleboeuf (Hanin). Elle est aussi et plus particulièrement spontanée en Barbarie, en Syrie, en Espagne, en Sicile.
'''Description'''. — Racine : bulbe ovoïde, charnu, composé de plusieurs tuniquesépaisses, blanches ou rougeâtres, recouvert extérieurement d'une membrane mince, d'un brun foncé, quelquefois de la grosseur de la tête d'un enfant. — Hampe : antérieure aux feuilles, simple, cylindrique, droite et élancée, atteignant quelquefois 1 mètre 50 centimètres. — Feuilles : toutes radicales, amples, lisses, ovales-lancéolées, d'un vert foncé, longues de 25 à 40 centimètres. — Fleurs : nombreuses, blanches, pédonculées, réunies en un long épi terminal, un peu conique, couvrant la moitié supérieure de la hampe, accompagnées à leur base de nombreuses bractées linéaires et simulées (août-septembre). — Calice pétaloïde à six divisions profondes, ouvertes en étoile. — Point decorolle. — Six étamines de la longueur du calice, sur lequel elles sont insérées. — Un
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ovaire supérieur arrondi. — Un style terminé par un stigmate simple. — Fruit : capsuletrigone, presque ovale, à trois loges et à trois valves, contenant quelques semences arrondies.
'''Parties usitées'''. — Le bulbe ou oignon.
'''Récolte'''. — On récolte le bulbe de scille en automne, époque où il est dans toute saforce, tandis qu'au printemps il est plus sucré. On en détache les écailles ou squames. Les plus extérieures, qui sont trop sèches, et les plus intérieures, qui sont muqueuses et presque inertes, sont rejetées. On ne conserve que les intermédiaires. Pour les sécher, il faut les isoler, les enfiler dans une corde et les exposer au soleil ou à l'étuve. Lorquc la dessiccation est bien complète, on les serre dans des boîtes, dans un lieu sec : l'humidité les fait moisir. Elles doivent être desséchées promptement. Elles sont d'une couleur rosée, transparentes, fragiles, attirant l'humidité quand elles sont sèches. Aujourd'hui on tire de Marseille la scille coupée en lanières et toute sèche, ce qui est préférable, dit-on, à cause de la grande chaleur de ce pays. Mais on peut partout la faire sécher à l'étuve. On a conseillé de la pulvériser pour mieux la conserver ; mais trop vieille, la poudre perd aussi de ses propriétés. La poudre de scille n'est pas facile à préparer. Comme les squames, elle devient aussi humide et s'altère si elle n'est pas conservée dans un lieu sec. La dessiccation fait perdre à la scille son odeur piquante et irritante. Elle a moins d'âcreté ; mais elle conserve toute son amertume. On distingue dans le commerce deux variétés de scille : l'une, plus commune et plus usitée, a les écailles rouges et se nomme ''scille mâle'', ''scille d'Espagne'' (''scilla radice rubrà''. C. Bauh.) ; l'autre a les squames blanches et est appelée ''scille femelle'', ''scille d'Italie'' (''scilla radice albà''. C. Bauh.). Lapremière est seule employée en France ; en Angleterre, au contraire, on n'emploie quela variété blanche, qui, dit-on, est moins active.
['''Culture'''. — La scille n'est cultivée que dans les jardins botaniques ou d'agrément. Elle préfère les terrains sablonneux ; on la propage par semis faits au printemps, et on repique les plantes en place en juin.]
'''Propriétés physiques et chimigues'''. — Le bulbe de scille exhale, lorsqu'on le coupe par tranches à l'état frais, une vapeur âcre et subtile, analogue à celle de l'oignon, qui irrite les yeux et le nez, et qui fait venir des ampoules aux doigts, si on le manie trop longtemps. Sa saveur, d'abord mucilagineuse, devient bientôt amère et âcre. Le bulbe de scille contient, d'après Vogel<ref>''Bulletin de pharmacie'', t. IV, p. 538.</ref> et Tilloy<ref>''Journal de pharmacie'', t. XII, p. 635.</ref>, un principe fugace, volatil, âcre, irritant; une matière amère, résinoïde, nommée ''scillitine'', de la gomme, du tannin, des sels, de la fibre, une matière grasse sucrée. — La scillitine est incristallisable, sa saveur est amère et âcre. Elle est soluble dans l'alcool, dans l'eau et dans l'alcool éthéré ; elle est insoluble dans l'éther pur. (Elle représente une grande partie des propriétés de la scille, qui en contient 1 pour 100.
Marais a donné récemment une autre analyse : mucilage, 30 ; sucre, 15 ; tannin, 8 ;matières colorantes, 12 ; matière grasse, 1 ; scilliline, 1 ; sels 5 et des traces d'iode. Ce que cet auteur appelle ''scillitine'' est une matière cristallisable, à réaction alcaline. Suivant Naudet, les propriétés vénéneuses de cette substance seraient dues à la ''skuléine'', corps particulier qu'on peut aussi en isoler.)
Mellite. (Voyez Codex de 1866, page 493.)<br \>
Extrait alcoolique (1 de scille sèche sur 8 d'alcool à 60 degrés), 5 à 10 centigr., en pilules.<br \>
Extrait aqueux, par infusion (l de scille fraîche sur 4 d'eau), rarement employé, 5 à 20centigr., en pilules.<br \>
A L'EXTÉRIEUR. — De 10 à 60 centigr., en friction ou par la méthode endermique.
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On combat l'empoisonnement par la scille au moyen de boissons adoucissantes prises en grande quantité, et surtout par les opiacés dans la période nerveuse ; on peut y joindre le camphre, qui a été proposé comme contre-poison de ce bulbe.
A petite dose fréquemmment répétée, cette racine excite principalement les reins et augmente la sécrétion urinaire. Elle a été considérée à juste titre, par les anciens et les modernes, comme le plus puissant, des diurétiques. Sous ce rapport, on l'a employée avec beaucoup de succès dans l'anasarque, l'hydrothorax, les infiltrations séreuses en général. Cependant elle ne produit aucun effet dans l'hydropysie enkystée des ovaires, et réussit rarement dans l'ascite. « Que peut cette plante, dit Alibert, contre les squirrosités, les tubercules, les kystes, les concrétions ou autres altérations desorganes, qui produisent les épanchements hydropiques ? » Je réponds à cela que lorsque l'hydropisie n'est pas le résultat d'une lésion organique incurable, la guérison peut avoir lieu après l'écoulement des eaux, et que, dans le cas contraire, on obtient toujours du soulagement, une guérison apparente, qui fait gagner du temps et console le malade en le livrant aux douces illusions de l'espérance.
Dans les hydropisies de nature sthénique, telles que celles qui se développent à la suite de la suppression de quelque flux sanguin, chez des personnes d'une forte complexion, ayant le pouls dur, la peau tendue et résistant à la pression des doigts, la scille et tous les diurétiques stimulants sont évidemment contre-indiqués. Ces cas réclament l'emploi des émissions sanguines, des boissons délayantes et acidulés, du petit lait, des diurétiques doux et sédatifs, de la digitale et du nitre. Les hydropisies compliquées de phénomènes fébriles ou phlegmasiques repoussent aussi l'emploi de la scille.
Giacomini<ref>''Trad. de la pharmacologie'', p.,182.</ref> regarde la scille comme douée d'une vertu hyposthénisante cardio-vasculaire, et, selon lui, les propriétés diurétiques et expectorantes, etc., ne sont que des effets secondaires et subordonnés à son action primitive.
Si la scille convient chez les sujets lymphatiques, d'une sensibilité obtuse et lorqu'il n'y a plus de chaleur, d'irritation ni de fièvre, elle est évidemment contre-indiquée chez les sujets irritables et très-nerveux, ou qui ont une disposition imminente aux phlegmasies, aux hémorrhagies, à la phthisie sèche ou nerveuse ; dans les cas de fièvre, d'inflammation, d'excitation des voies digestives, de douleurs vives, etc. Ce n'est pas seulement par une trop forte dose que ce médicament peut être nuisible : il peut encore devenir funeste, même à petite dose, soit par une disposition idiosyncrasique des organes qui en reçoivent l'action, soit à l'occasion de l'état d'irritation morbide latente de ces mêmes organes. Quarin rapporte un cas où douze grains de scille suffirent pour causer la mort. Roques dit qu'une once (30 gr.) de vin scillitique a excité, chez un malade affecté d'œdème, une chaleur vive à l'estomac, des coliques, des spasmes et des vomissements douloureux. Ce malade avait oublié de mêler ce vin avec une tisane apéritive dont il faisait habituellement usage. Ces symptômes cédèrent à quelques doses de sirop diacode. I1 est donc prudent de ne commencer que par doses légères, qu'onaugmente graduellement ; quand des nausées se manifestent, on doit les diminuer.
Il faut, de temps en temps, suspendre l'usage de la scille ; car longtemps continué, même en très-petite quantité, cet usage trouble les digestions et produit une sorte de gastrite, ce qui arrive également par l'action prolongée des amers sur la muqueuse gastro-intestinale.