|nomcourtsuivant=Salicaire
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'''Culture, réeolte, conservation, choix''', etc. — La culture de cette plante est du ressort de l'agriculture<ref>Voyez ''Maison rustique du XIXe siècle'', t. II, p. 84.</ref>. On préfère celui qui provient des départements de Seine-et-Marne, d'Eure-et-Loir, du Loiret, et particulièrement du Gâtinois. - Le safran du commerce est constitué par le stigmate bifurqué et tordu par la dessiccation. Il se présente en filaments élastiques, d'un beau rouge orangé très-foncé, d'une odeur très-suave et d'une saveur aromatique et amère. Il teint la salive en jaune. La poudre est d'un jaune rutilant. Comme la lumière prive le safran de sa couleur et le rend presque inerte, il faut le conserver dans des vases opaques et bien fermés. — Le safran qui est vieux est presque inerte, ce qui explique les contradictions qu'on trouve dans les auteurs relativement à ses effets. — Dans le commerce il existe deux sortes de safran : l'un dont les filaments sont simplement entremêlés et d'une couleur orange vive ; l'autre qui a été pressé avant sa dessiccation et dont la couleur est orange foncé. Le premier est plus répandu et plus estimé.
« Les falsifications ordinaires sont l'humidité, les fleurons du carthame, du souci,les fleurs de grenadier hachées, des fibres musculaires desséchées, puis du sable, du plomb, etc. Une trop forte humidité se laisserait apercevoir au papier sans colle dans lequel on presserait le safran. Les fleurons de carthame et ceux de souci, que l'on rencontre moins souvent, seront reconnus à ce que ce sont de petites fleurs tubuleusesavec tous les organes sexuels, et qu'un examen attentif fera reconnaître. Cet examen sera facile si l'on fait macérer préalablement dans l'eau le safran suspecté ; car alors les corolles tubuleuses des fleurons sont gonflées, et les autres organes sont aussi beaucoup plus apparents. (Winckler et Gruner ont donné les caractères différentiels queprésentent, avec le nitrate d'argent et le perchlorure de fer, les macérés de safran, decarthame et de souci.)<ref>Voyez Chevallier, ''Dictionnaire des falsifications'', 3e édit., art. LA VIANDE.</ref>. — La viande musculaire desséchée donnerait une odeur désagréable par la combustion. Le safran épuisé, pressé entre les doigts, ne les teindrait pas en jaune : il ne colorerait pas non plus la salive. Ensuite son odeur est faible. (On a aussi
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fraudé le safran par une addition de curcuma lavé à l'eau (Fabre-Volpetière), d'étamines de crocus teintés artificiellement en rouge (Guibourt)<ref>Dorvault, ''l'Officine'', 6e édit., p. 1066.</ref>. »
[Depuis quelques années, on a encore falsifié le safran avec des fleurs connues dans lecommerce sous le nom de ''fuminella'' ; on ne connaît pas l'origine de ces fleurs ; on croît que ce sont des pétales coupés en lanières et teints en jaune. Guibourt a signalé une autre fraude, qui consiste à ajouter aux stigmates qui constituent le safran des étamines teintes en jaune ; le safran ainsi sophistiqué étant mis sur l'eau, celle-là est fortement colorée en jaune, et les étamines plongent dans l'eau, tandis que les stigmates ne colorent pas le liquide et surnagent.]
'''Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques'''. - D'après Bouillon-Lagrange et Vogel, le safran contient pour 100 gr. de cette substance, 10 gr. d'eau, 6.50 de gomme, 0.50 d'albumine, 65 de polychroïte, 0.50 de cire, 10 du débris végétal, et une quantité indéterminée d'huile volatile. — La polychroïte n'est pas une matière colorante pure ; il s'y trouve un cinquième d'huile volatile, qu'Henry est parvenu à isoler. — L'huile volatile paraît être le véritable principe auquel on doit rapporter l'action médicale. — Le principe colorant (polychroïte) peut être fixé sur les étoffes et leur donner une couleur jaune brillante ; mais les rayons solaires ne tardent pas à détruire cette couleur. — L'eau, l'alcool, le vinaigre, etc., dissolvent les principes actifs du safran.
Cette substance est d'un grand usage dans les arts et l'économie domestique. Elle fournitun beau principe colorant, mais peu stable. On l'emploie néanmoins dans les couleursfines, pour la peinture et la teinture des étoffes de prix. On ajoute du safran aux aliments pour en rehausser le goût, particulièrement dans le midi de l'Europe. En Espagne et dans quelques contrées de la France, on s'en sert pour colorer le pain, les gâteaux, le riz, les sauces, les liqueurs, etc. En Allemagne et en Angleterre, on en met dans les pâtisseries et dans beaucoup de ragoûts. En France, il est employé pour colorer le vermicelle, les pâtes d'Italie et quelquefois le beurre. Il sert enfin à colorer les produits de l'art du confiseur et du liquoriste.
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A L'INTÉRIEUR. — Infusion (bonne préparation), comme stomachique, 50 centigr. à 1 gr.par kilogramme d'eau ; comme emménagogue, de 1 à 2 gr.<br \>Poudre, comme emménagogue, 50 centigr. à 2 gr. ; comme stomachique, de 20 à 30centigr.<br \>
Teinture (1 sur 10 d'alcool à 80 degrés), de 1 à 8 gr., en potion.<br \>
Extrait alcoolique (1 sur 8 d'alcool à 60 degrés), de 30 à 60 centigr., en pilules.<br \>
(Glycérolé de safran : extrait de safran, 1 gr. ; glycérolé d'amidon, 30 gr.<br \>
Mellite de safran (Barallier), miel blanc, 10 gr. ; safran pulvérisé, 25 à 50 centigr.)<br \><br \>
Le safran entre dans les élixirs de propriétés, de longue vie et de Garus ; dans le laudanum liquide de Sydenham, la confection d'hyacinthe, conservée dans le Codex de 1866sous le nom d’''électuaire de safran composé'' (page 504), la confection Hamech, la thériaque, l'hiérapicra, les pilules de rufus, celles de cynoglosse, la confection aromatique de la pharmacopée de Londres, les pilules de vie de la pharmacopée allemande, les pilules tonico-purgatives de Machiavel, etc.
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les émanations du safran agissent si énergiquement sur le système nerveux, qu'elles occasionnent des céphalalgies, des vertiges, des tremblements, de l'accablement, et une sorte d'ivresse à ceux qui la récoltent. Borelli et d'autres observateurs rapportent des cas où elles ont occasionné le coma et même la mort à des individus qui s'étaient livrés au sommeil dans des chambres où il y avait beaucoup de safran, ou sur des sacs qui enétaient remplis. Amatus Lusitanus et Kœnig ont vu ces émanations causer des ris immodérés et sardoniques. Aussi quelques médecins ont-ils rangé le safran parmi les poisons narcotiques. Les expériences d'Orfila, constatant qu'il n'est point délétère pour les chiens, ou du moins qu'il ne l'est qu'à
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Si des résultats aussi contradictoires portent à croire que l'on a beaucoup exagéré les vertus du safran, on peut aussi admettre qu'ils peuvent tenir au pays où cette plante a été cultivée, à l'époque de sa récolte, aux procédés employés pour la cueillir et la dessécher, à son ancienneté, et surtout à sa falsification.
Quoi qu'il en soit, le safran passe avec raison pour stimulant, antispasmodique et surtout emménagogue. Cette dernière propriété est la plus puissante. Son usage, pour rappeler les règles, est tout à fait populaire ; les femmes y ont recours sans consulter le médecin, bien que cette coutume puisse donner lieu à des inconvénients lorsque l'aménorrhée est due à l'irritation, à la phlegmasie ou à la pléthore, soit générale, soit locale. Quand l'absence des menstrues tient à l'atonie, l'usage du safran les fait souvent reparaître. Roques considère le safran associé au castoréum comme l'un desmeilleurs emménagogues que l'on puisse administrer aux femmes faibles, nerveuses, et chez lesquelles la menstruation est lente et irrégulière. Un médecin anglais, Ypey <ref>''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', 1851, p. 294.</ref>, conseille le safran pris en infusion avec du tbé aux femmes dont la menstruation s'accompagne de douleur. Elles commencent à prendre cette infusion un peu avant l'époque, et continuent pendant quelques jours. On s'est servi aussi du safran pour faire couler les lochies ; mais, comme le plus souvent la suppression de ce flux est due à l'inflammation de l'utérus ou à un point inflammatoire quelconque, son usage, dans ce cas, devra être subordonné à l'examen sévère des causes efficientes de la maladie. Comme antispasmodique sédatif, le safran a été recommandé dans la gastralgie, l'hypochondrie, la mélancolie, l'hystérie, les spasmes, l'astnme, la coqueluche, les névroses viscérales, les coliques nerveuses, l'ictère provenant de spasme, etc. Mais il n'est rationnellement indiqué qu'autant qu'il
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