|nomcourtsuivant=Safran
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<center>'''SABINE'''. ''Juniperus sabina''. L.
''Sabina folio cupressi''. C. Bauh. — ''Sabina''. C. Bauh., Off.
Cet arbrisseau (Pl. XXXV) croît naturellement sur les montagnes de nos départements méridionaux, dans les Alpes, aux lieux secs et pierreux de la Provence et du Dauphiné.
'''Description'''. — La sabine offre deux variétés que l'on nomme improprement''sabine mâle'' et ''sabine femelle''. — Première variété, sabine mâle. — Racine dure, ligneuse. — Tige de 3 à 4 mètres de hauteur, dressée, divisée en branches ascendantes,très-rameuses, à écorce rude, cendrée, un peu rougeâtre. — Feuilles très-petites, opposées, serrées contre les tiges, ressemblant à celles du cyprès. — Deuxième variété,sabine femelle ou commune. — Tige moins élevée, à rameaux plus étalés. — Feuilles plus allongées, aiguës, lancéolées, petites, d'un vert foncé, persistantes. — Fleursdioïques, les fleurs mâles formant un chaton conique, écailleux, portées sur un pédoncule reçourbé. — Trois étamines réunies en un seul corps par leurs filets. — Les fleurs femelles à trois pistils, trois pétales fermes et aigus, d'un vert jaunâtre (avril). — Fruit : cônes charnus, ovoïdes, pisiformes, noirâtres, renfermant deux ou trois petites graines oblongues et anguleuses.
'''Récolte'''. ~ La sabine étant toujours verte, ses feuilles peuvent être cueillies en toute saison.
Huile par infusion (6 de sabine sur 50 d'huile d'olive), de 10 à 50 centigr.<br \><br \>
A L'EXTÉRIEUR. — Pommade (2 parties de poudre sur 5 d'axonge ou de cérat), pour cataplasmes rubéfiant ou vésicant.<br \>
Poudre, comme cathérétique pour détruire les excroissances vénériennes sur les ulcères demauvaise nature, sur les fongosités, les os cariés, les dents gâtées, pour calmer ladouleur odontalgique, etc.<br \>
Teinture, en frictions.<br \>
Décoction, en lotions antipsoriques.
La sabine est puissamment excitante. En contact prolonge avec la peau, ses feuilles produisent l'irritation, la rubéfaction, l'inflammation : appliquée sur une surface saignante ou ulcérée, la poudre de ces mêmes feuilles cause une impression irritante et presque caustique. Orfila ayant saupoudré avec 8 gr. de cette poudre une plaie faite à la partie interne de la cuisse d'un chien, y a vu survenir une inflammation violente, et l'animal est mort au bout de vingt-quatre heures. Des traces d'inflammation et des taches livides se remarquaient sur quelques parties du tube intestinal, le duodénum et lerectum en particulier. Cet organe, de même que l'estomac, était sensiblement phlogosé dans d'autres chiens, morts douze ou seize heures après avoir avalé, l'un 15 gr. et l'autre 24 gr. de sabine en poudre.
Les feuilles de sabine, administrées à haute dose, causent un sentiment de chaleur à l'épigastre, des vomissements, des coliques, des déjections sanguinolentes, le hoquet, l'inflammation de l'estomac. Bientôt cette irritation se transmet avec plus ou moins d'énergie au système circulatoire, aux poumons, à l'utérus, etc., et produit l'hémoptysie, des hémorrhagies utérines, des congestions sanguines sur divers points du corps. A dose modérée, elles sont un excitant énergique, ayant une action spéciale sur l'utérus, et dont l'emploi doit être dirigé avec beaucoup de circonspection, malgrél'opinion de Dieu, qui n'attribue à la sabine, dans l'avortement qu'elle provoque, d'autre action que celle de toute autre matière toxique.
Ce que j'ai dit de la rue, sous le rapport de son action toxique, comme sous celui de son action spéciale, s'applique avec plus de raison encore à la sabine. Cette plante, administrée à l'intérieur, peut déterminer l'inflammation ou des hémorrhagies redoutables de la matrice, provoquer l'expulsion du fœtus, et donner lieu à des accidents qui mettent la vie de la mère en danger. Murray rapporte qu'une femme de trente ans, dans l'espoir de sauver sa réputation, prit une infusion de cette plante, qui causa des vomissements affreux et continuels, suivis, au bout de quelques jours, de douleurs violentes et d'avortement avec hémorrhagie utérine mortelle. A l'ouverture du corps, on trouva la vésicule du fiel rompue, une effusion de bile dans
(Nous avons vu, à l'article RUE (page 935), que Beau associait les deux agents, et le rôle important qu'il leur faisait jouer dans la guérison des métrorrhagies essentielles.)
Metsch<ref>''Neue Zeitschrift für Geburtskunde'' et ''Gazette médicale'', novembre 1851.</ref> a traité avec succès, par la sabine et le seigle ergoté, la disposition habituelle aux avortements. D'après ce médecin, cette disposition dépendrait d'une atonie de l'utérus qui détermine souvent une stase sanguine dans les vaisseaux utérins ; de là la mort du fœtus par apoplexie ; ou bien d'une surexcitation de l'organe, qui provoque des contractions avant que le fœtus ait atteint son développement normal. Lorsque cette disposition dépend de tout autre cause que d'une pléthore locale ou générale, et qu'il n'existe ni éréthisme du système vasculaire, ni état fébrile quelconque, l'auteur préconise l'emploi de la sabine, dont l'action se fait surtout sentir pendant la grossesse, en provoquant des contractions de la matrice. C'est dans l'intervalle des grossesses qu'il administre ce médicament. Il en commence l'emploi à la fin d'une période menstruelle, et le continue jusqu'à la disposition à l'avortement. I1 prescrit une infusion de sabine aussi fraîche que possible, à la dose de 4, 8 ou 15 gr. sur 190 gr. d'eau, qu'on laisse digérer pendant une heure, et à laquelle on ajoute un sirop agréable au goût ; il fait prendre matin et soir une cuillerée à bouche de cette infusion. Pendant le traitement, qui dure un mois, rarement davantage, il est nécessairede suivre un régime régulier, d'éviter soigneusement toute excitation des organes sexuels, et de faire un peu d'exercice en plein air. Le repos absolu et la position horizontale, généralement conseillés, sont inutiles, suivant Metsch. Cependant si la disposition à l'avortement ne provient pas seulement d une atonie de l'utérus, et qu'il y ait en même temps augmentation
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(En Angleterre, on emploie l'huile essentielle de sabine comme puissant diurétique et emménagogue.)
La poudre de sabine est employée à l'extérieur comme cathérétique. Elle entre dans le caustique de Plenck (voyez ''Préparations et doses''), avec lequel on saupoudre les chancres, les condylômes, les verrues et les chairs fongueuses des ulcères. On se sert du mélange de poudre de sabine et de sulfate de cuivre ou d'alun contre les végétations syphilitiques. On applique la pommade préparée avec cette plante pour produire la rubéfaction ou la vésication, et comme détersive sur les ulcères. La décoction a été employée en lotions contre la gale, et comme stimulante et détersive sur les ulcèresblafards, putrides, gangreneux. Boerhaave recommande comme très-efficace contre la teigne un cataplasme composé de feuilles de sabine pilées, d'huile et de sel commun. (En Hongrie, la décoction concentrée de sabine est un moyen populaire contre les polypes nasaux. Cette même décoction m'a donné de très-beaux résultats, en injections, dans un cas de prolapsus utérin, qui a été fort amélioré en moins de deux mois.)
On a prescrit l'huile volatile de cette plante, amenée à l'état de liniment,