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Pavot (Cazin 1868)

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<center>'''PAVOT'''. ''Papaver somniferum''. L.
''Papaver hortense, semine albo''. C. Bauh., Tourn. — ''Papaver sativum''. Matth. - ''Papaver album et nigrum''. Off.
Le pavot somnifère (Pl. XXX), généralement connu, originaire de l'Asie, croît spontanément dans l'Europe méridionale, et est cultivé dans nos jardins pour l'usage pharmaceutique. On le cultive en grand dans les champs en Allemagne, en Flandre, dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, en Alsace, etc., pour extraire des semences une huile connue dansle commerce sous le nom d'huile d'œillet ou d'œillette.
On distingue deux variétés de pavot somnifère : le pavot blanc (''papaver somniferum album'') et le pavot noir (''papaver somniferum nigrum''). Il y a une sous-variété de ce dernier à pétales pourpres. Ce sont les capsules du pavot blanc (têtes de pavot) qu'on emploie ordinairement en médecine.
riches en principes médicamenteux que celles que l'on récolte dans les jardins du Nord, et surtout dans les lieux humides. Aujourd'hui on emploie indifféremment ces capsules, sans distinction de provenance (quoique celles du Midi soient en effet plus actives).
['''Culture'''. — Le pavot est multiplié de graines semées en place dans tous les terrains. Le semis d'automne fleurit en juin et juillet ; celui de février et mars, un peu plus tard. Il existe deux variétés de pavot somnifère : l'une à tête longue, l'autre à tête ronde, ''depressum''. La première est, dit-on, plus active. Pour l'extraction de l'huile, on cultive le pavot noir ou à œillette, qui se distingue par ses capsules, plus nombreuses, plus petites, et qui sont déhiscentes. Pour la récolte de l'opium, le pavot doit être cultivé en planches étroites, séparées par un espace suffisamment large pour permettre le passage d'un ouvrier. Les plates-bandes ne doivent pas être trop larges ; il faut quel'ouvrier, en étendant le bras, puisse facilement atteindre au milieu. Ces exercices se pratiquent après la chute des pétales, avant que la capsule jaunisse. En Turquie, on laisse dessécher l'opium sur les capsules, puis on racle les larmes ; en France, à cause des brouillards et de l'inconstance du temps, on est obligé de recueillir le suc liquide. Cette opération se pratique avec le doigt, et le suc est rassemblé dans des vases ; on le fait évaporer au soleil ou à l'étuve.]
'''Propriétés physiques et chimiques'''. — Les capsules de notre pavot paraissent contenir les mêmes principes que l'opium, mais en moindre proportion. En Perse, en Asie-Mineure, en Egypte et dans l'Inde, on pratique à la tige et aux capsules du pavot somnifère, avant la maturité, des incisions obliques et superficielles, par lesquelles coule un suc qui se concrète bientôt en larmes, qu'on agglomère et qui constituent l'opium.
L'opium entre dans la composition des pilules de cynoglosse, qui contiennent un huitième de leur poids d'extrait, de la poudre de Dower, de la thériaque, du diascordium, préparations encore employées, et dans celles de beaucoup d'autres plus ou moins oubliées.
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=== Capsule de pavot ===
A l'extérieur, on emploie la décoction de tête de pavot en lavement dans les inflammations abdominales, les coliques nerveuses, pour calmer les douleurs (trop souvent on ordonne aux enfants, en lavements, la décoction d'une tête de pavot, laquelle empoisonne invariablement si elle est gardée) ; en fomentation, en bain, en gargarisme, en cataplasme avec la farine de graine de lin ou la racine de guimauve, contre les inflammations externes. Le suc des feuilles de pavot, appliqué sur la piqûre des guêpes et des abeilles, fait cesser la douleur presque instantanément.
 
=== Huile d'œillette ===
L'auteur rapporte vingt-quatre observations détaillées dans lesquelles l'huile ide pavot, donnée à la dose d'une ou deux cuillerées à café matin et soir, et portée graduellement jusqu'à 2 onces par jour, a été suivie d'heureux résultats. Les malades appartenaient tous à la classe indigente ; ils habitaient des réduits obscurs, peu aérés, et se nourrissaient de mauvais aliments, circonstances qui prouvent plus clairement l'efficacité de l'huile d'œillette, et tendent à faire voir que c'est exclusivement à son usage qu'ont doit attribuer les succès obtenus. (Telle est aussi l'opinion de Bagot et Stapleton<ref>''Dublin med. Press'', mars 1850.</ref>, Duncan et Nunn<ref>''London med. Gazette'', février 1850.</ref>. Nous ne nions pas que l'élément gras joue un grand rôle dans l'action régénératrice de l'huile de foie de morue. Mais il y a aussi la présence de substances actives, intimement combinées avec lui. L'effet thérapeutique n'est pas plutôt produit par l'iode que par l'élément gras ; il résulte de l'ensemble de ces deux principes unis par la nature à l'état de combinaison vivante, si je puis m'exprimer ainsi. Au point de vue de la faculté d'assimilation, on ne peut, en outre, comparer l'huile de foie de poisson à des huiles végétales. On sait que les huiles animales sont absorbées avec plus de rapidité et assimilées avec plus de facilité.) (Voyez le rapport du docteur H. Cazin, sur les opérations de la 4e section du jury de l'Exposition internationale de pêche de Boulogne-sur-Mer. Asselin, éditeur, 1867.)
 
=== Opium ===
[756]
Un spasme local avec éréthisme général, exaltation de la sensibilité, tension du système nerveux, peut diminuer l'effet de l'opium et des stupéfiants en général. J'ai rapporté à ce sujet un fait très-curieux à l'article [[Belladone (Cazin 1868)|BELLADONE]].
Les effets de l'opium sont les mêmes, quelle que soit la voie par laquelle on l'introduit ; mais ils se manifestent avec plus ou moins de rapidité et d'intensité, à dose égale, par une voie ou par une autre ; 5 centigr. d'un sel de morphine sur le derme dénudé causent presque immédiatement la soif, les vomissements, la somnolence, la pesanteur de tête, le trouble de la vision. Si ce sel a été pris par la bouche, les symptômes ne se développent qu'après une, deux ou trois heures, et les vomissements n'ont lieu ordinairement qu'après un, deux ou trois jours. Nous avons déjà fait remarquer à l'article DIGITALE que les médicaments pris en lavements agissent plus énergiquement que lorsqu'ils sont introduits par l'estomac, pourvu, toutefois que leur séjour soit aussi prolongé dans le premier cas que dans le second. Cette différence dépend, non de la plus grande force d'absorption dans le gros intestin, mais de l'impossibilité où est cet organe d'altérer par la digestion les substances soumises à son action. (En outre, le médicament, dans le cas d'affection douloureuse des organes du bassin ou de l'abdomen, a infiniment plus d'efficacité, lorsqu'on l'administre sous forme de lavements, que quand on le fait prendre par la bouche.
l'intoxication par l'opium, quelles que soient son intensité et sa période. Suivant cet auteur, elle a réussi, tant au début de l'empoisonnement, alors qu'il y avait surexcitation manifeste, qu'à une époque où les malades présentaient tous les symptômes de l'oppression, de l'asphyxie. (Dans l'empoisonnement par les opiacés, la saignée est une arme à deux tranchants, dont il ne faut user qu'avec une extrême circonspection et seulement pour répondre à une indication pressante ou parer un danger réel imminent.)
L'emploi de la belladone à doses toxiques, proportionnées à l'intensité des symptômes d'empoisonnement causés par l'opium, a combattu les effets de ce-dernier par l'antagonisme qui existe entre ces deux agents. (Ce serait ici le lieu de revenir sur cette question si controversée, et qui, depuis quelques années, occupe si vivement le monde médical. A l'article [[Belladone (Cazin 1868)|BELLADONE]], nous avons déjà cherché à établir l'antagonisme réciproque des deux agents. De nouveaux faits, des études et des expérimentations sérieuses, ont, depuis l'impression de cette partie de notre ouvrage, apporté de nouveaux documents à l'élucidation de cette importante question. Nous préférons en faire, à la fin de l'article [[#Opium|OPIUM]], l'objet d'une étude spéciale. (Voyez p. 797).
Comment agit l'opium ? Considéré comme agent thérapeutique, est-il exclusivement sédatif, narcotique, tonique ou excitant ? L'opinion que l'opium agit uniquement en produisant l'expansion du sang a régné longtemps, et a été presque entièrement adoptée par Frédéric Hoffmann. Cullen rapportait tous les effets de ce médicament au système nerveux. Brown le regardait comme le plus puissant stimulant de tout l'organisme: ''Opium, me hercle ! non sedat'', s'écriait-il. Suivant cet auteur, la vive réaction qu'il provoque amène l'épuisement des forces, la faiblesse indirecte. Ainsi que Brown,l'école italienne considère l'opium comme hypersthénisant, et l'asthénie apparente qu'il finit par produire, comme résultant de l'oppression des forces. Suivant Wirtensohn et Barbier, d'Amiens, ce médicament affaiblit la sensibilité, diminue la vitalité des organes, et s'il y a activité de la circulation, fréquence et développement du pouls, congestion sanguine au cerveau, etc., c'est parce que le sang, ne pouvant plus franchir les capillaires débilités, frappés de stupeur, reflue dans les vaisseaux, fait réagir le cœur, qui par des efforts redoublés, mais inutiles, le repousse vers ces mêmes capillaires, où il devient de plus en plus stagnant. Brachet, comme Cullen, attribue les effets de l'opium à la sédation exclusive du système nerveux. D'après Stahl et Bosquillon, cette substance est à la fois stimulante et sédative. Hufeland adopte et développe cette opinion : il distingue dans l'opium l'effet sédatif et l'effet excitant, et la seule explication satisfaisante qu'on puisse donner, suivant lui, de sa manière d'agir, consiste à dire qu'il est une combinaison particulière et intime d'un principe narcotique et d'un principe excitant, d'une substance qui agit d'une manière spéciale sur le système nerveux, et d'une autre dont l'action porte particulièrement sur le système sanguin. « L'opium, dit ce célèbre médecin, appartient à la catégorie des médicaments dont le mode d'action ne peut point s'expliquer, comme celui des autres, par les idées reçues de stimulus, d'irritation, d'excitement ; semblable aux agents supérieurs de la nature, à la chaleur, à la lumière, à l'électricité, il agit immédiatement sur la vitalité elle-même, et sur tous les points, détermine des modifications et des manifestations de cette vitalité, la pénètre et la remplit, avec cela de particulier qu'il exalte la sphère organico-végétative de la vie, le travail fondamental de la vie plastique, tandis qu'au contraire il déprime la sphère de la sensibilité. »
Giacomini, après avoir exposé Ies effets de l'opium sur l'organisme, conclut : 1° que le tab!eau de ces effets représente l'hypersthénie à tous les degrés ; 2° que, dans le commencement de son action, l'opium donné à doses progressives est un hypersthénisant cardiaco-vasculaire et céphalique ; 3° que l'action céphalique de l'opium, cependant, est la plus saillante dans
la généralité des cas, parce qu'elle porte sur l'appareil sensorial. « On comprendra maintenant, dit cet auteur, pourquoi la sensibilité générale, étant la première à être excitée sous l'influence de l'opium, est aussi la première à être embarrassée, oppressée, suspendue, si l'action est excessive ; d'où il résulte un sommeil forcé, un calme passif, une sorte de stupeur pathologique, etc. »
Tout porte à croire que l'opium, regardé à tort par beaucoup de médecins comme irritant primitivement le système entier, et produisant les effels narcotiques comme conséquence de la surexcitation, est simultanément et puissamment sédatif du système nerveux et excitant du système sanguin. Cette opinion, fondée sur l'observation, n'est pas nouvelle. La propriété à la fois sédative et excitante de l'opium n'a pu échapper à l'admirable sagacité de Sydenham : Rudis enim sit oportet et parum compertam habent hujus medicamenti vim, qui idem sopori conciliando demulcendis doloribus, et diarrhæasistendæ applicare tantum novit, cum ad alia plurima, gladii instar Delphici, accommodari possit, et præstantissimum sit remedium, cardiacum unicum pene dixerim, quod in rerum natura hactenus est repertum<ref>Sydenham, ''Opera univers''., edit. tertia. London, MDCCV, p. 148.</ref>
(Nous verrons plus loin, en reproduisant le résultat des expériences de Cl. Bernard, p. 785, comment le mode d'action des divers alcaloïdes de l'opium, considérés isolément, rend compte des effets complexes de cette substance.)
« Malgaigne prescrit aussi, avons-nous dit, le laudanum à haute dose. Il le préfère dans les cas de dévoiement ou diarrhée. Le laudanum renferme, outre l'opium, une petite proportion de safran, qui, quelque minime qu'elle soit, pourrait néanmoins expliquer la différence des résultats qu'on obtient avec l'extrait d'opium et le laudanum administrés séparément. Le fait est que nous avons vu un homme dont le dévoiement avait résisté à 4 décigr. d'extrait gommeux d'opium, donné par pilules de 5 centigr. toutes les trois
heures, et qui fut supprimé complètement au moyen d'une potion contenant 40 gouttes de laudanum de Sydenham. Au reste, dans les diarrhées rebelles, Malgaigne associe les deux préparations, mais alors le laudanum est donné en lavement. Ainsi, chez un blessé, dont on voulait à tout prix arrêter le dévoiement, nous avons entendu prescrire pour la journée et la nuit suivante, jusqu'à effet : six quarts de lavement avec 6 gouttes de laudanum chaque et 8 pilules d'extrait gommeux d'opium de 5 centigr. Le malade prit tout et les selles furent supprimées<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', t. XX, p. 21 et 22.</ref>.
 
'''NÉVRALGIES, DOULEURS'''. — C'est surtout depuis la découverte des sels de morphine et de leur emploi par la méthode endermique, que l'opium a fourni une précieuse ressource contre les névralgies. En appliquant sur le derme dénudé l'hydrochlorate, le sulfate ou l'acétate de morphine, le plus près possible du point d'origine du nerf douloureux, on obtient, quand la névralgie est superficielle, un soulagement très-prononcé après un quart d'heure. Ce soulagement ne dure guère moins de douze heures et plus de vingt-quatre. Il est donc nécessaire de renouveler l'application deux fois par jour. (Voyez MORPHINE.)
Liegard<ref>''Gszette des hôpitaux'', 1864, p. 110.</ref>, pour obvier aux douleurs intolérables que détermine trop sonvent la compression digitale dans les anévrysmes, propose d'avoir recours à l'anesthésie ainsi prolongée.)
 
'''RHUMATISME'''. — Le rhumatisme articulaire apyrétique, quelque douloureux qu'il soit, est rapidement guéri par l'application de la morphine sur le derme dénudé. Deux ou trois pansements suffisent ordinairement. Ce moyen, préconisé par Trousseau et Pidoux, est cependant peu employé. L'opium, à l'intérieur et à dose élevée, produit souvent le même effet, mais avec moins de certitude.
''Rhumatisme aigu''. — Après la saignée répétée, et lorsque l'état inflammatoire est considérablement diminué, j'emploie toujours avec succès l'opium dans le rhumatisme aigu. Je donne 5 centigr. d'extrait aqueux de cette substance toutes les deux heures ; il ne provoque pas le sommeil, mais il calme la douleur et produit une transpiration continuelle qui donne quelquefois lieu à une éruption cutanée, ordinairement de forme miliaire. Lorsque j'ai trop à craindre l'action stimulante de l'opium sur le système sanguin, je joins à l'usage de ce médicament celui du tartre stibié à dose contro-stimulante. Je donne alternativement 5 centigr. de ce dernier et autant d'extrait
gommeux d'opium, toutes les trois heures d'abord, ensuite toutes les deux heures, et même toutes les heures. Lorsque le tartre stibié ne provoque pas d'évacuations alvines, je fais administrer l'huile de ricin tous les deux jours. Ce traitement, en diminuant à la fois l'activité du système sanguin et l'éréthisme nerveux, tandis qu'il stimule au contraire le système cutané, dont il favorise les fonctions sécrétoires, prévient la rétrocession de l'affection sur le péricarde, modère les symptômes et abrège considérablement la durée de la maladie.
 
'''GOUTTE'''. — Lorsque les douleurs de la goutte sont violentes, soutenues, et qu'elles épuisent les forces, l'opium employé avec prudence et à doses réglées, suivant le degré d'irritation, l'âge et le tempérament du malade, produit quelquefois des effets merveilleux. Sydenham veut que l'on prenne tous les soirs un peu de laudanum, lorsque les douleurs articulaires sont intolérables. Il le conseille également lorsqu'il survient des tranchées violentes, une diarrhée excessive, des vomissements accompagnés de faiblesse. Il ne faut pourtant pas trop se fier à l'opium dans les attaques de goutte. Les narcotiques, appliqués dans un moment inopportun, peuvent bien faire cesser l'irritation articulaire et la douleur, mais alors le principe goutteux envahit des organes plus importants, et cette métastase a été plus d'une fois mortelle. Cette affection demande un régime doux, des boissons relâchantes et diaphorétiques, du courage, de la patience et peu de remèdes. Les premiers accès sont cuisants, terribles, si le malade est d'une forte constitution et d'un âge peu avancé ; mais peu à peu les symptômes s'amendent, s'adoucissent sous l'influence d'un régime tempérant et du calme de l'esprit, bien plus que par l'usage des narcotiques.
 
'''INFLAMMATIONS INTERNES'''. — L'opium, en principe général, est nuisible dans les inflammations. Cependant, ainsi que le fait judicieusement remarquer Hufeland, quand, après avoir convenablement insisté sur les émissions sanguines générales et locales, on voit les symptômes de l'inflammation persister, comme cela arrive quelquefois dans la pleurésie à l'égard du point de côté, de la toux et de la difficulté de respirer, avec pouls fébrile, petit et ne permettant plus la saignée, l'opium est l'unique remède : il éteint l'excès de sensibilité, le spasme, et rend en même temps aux vaisseaux le degré d'énergie nécessaire à la résorption du sang stagnant dans la partie affectée. Quatre saignées, au rapport d'Huxam, n'avaient pas guéri complètement
On a tiré parti de l'opium dans la cystite et le catarrhe vésical. Cependant la sensibilité de la vessie peut être exaspérée par l'effet de l'opium. On lui substituera alors avec avantage la belladone.
 
'''HÉMORRHAGIES'''. — Ce que nous avons dit des inflammations par rapport à l'usage de l'opium peut s'appliquer aux hémorrhagies actives. Il est nuisible dans tous les cas où il y a état phlegmasique ou pléthorique, soit général, soit local ; mais lorsque cet état a été combattu par les saignées, et que des symptômes nerveux ou spasmodiques avec débilité existent, l'opium peut être utilement employé. Il est même des hémorrhagies primitivement et exclusivement causées par le spasme ou l'irritation nerveuse, qui cèdent
Dans l'hémoptysie, lorsque la pléthore et le molimen hémorrhagique ont été suffisamment combattus, l'opium peut, en diminuant l'irritation des bronches et la toux, empêcher l'afflux du sang et l'hémorrhagie qui en est la conséquence.
 
'''FIÈVRES ÉRUPTIVES'''. — « Lorsque, dans une petite vérole maligne, nerveuse, la suppuration ne fait point de progrès, vers le cinquième ou sixième jour après l'éruption, qu'elle dégénère en une sécrétion séreuse, ichoreuse, que les boutons ne se remplissent point, qu'ils prennent même un aspect livide, et semblent sur le point de tomber en gangrène, avec prostration extrême des forces et violente fièvre typhoïde, je ne connais pas de moyen qui soit plus apte que l'opium à rétablir la suppuration, à compléter la crise, et par conséquent à sauver la vie du malade. » (Hufeland.) — Sydenham
Dans la fièvre scarlatine, où l'éruption a presque toujours besoin d'être plutôt modérée que favorisée, où des symptômes inflammatoires ou nerveux les plus redoutables se montrent dès le début et persistent, l'opium serait évidemment funeste. Cependant, dans certaines épidémies et chez des sujets débiles, atteints dès le début de vomissements, de diarrhée, et chez lesquels l'éruption est irrégulière, compliquée de bronchite, de toux fréquente, de divers symptômes nerveux, je me suis bien trouvé de l'opium uni à l'acétate d'ammoniaque et aux boissons diaphorétiques, telles que l'infusion de coquelicot, de sureau, de bourrache, etc. C'est surtout dans les épidémies que les indications se modifient ou changent même complètement.
 
'''FIÈVRES INTERMITTENTES'''. — Avant la découverte du quinquina, l'opium passait pour un des meilleurs fébrifuges. Paracelse, Horstius, Wédelius, Ettmuller, le donnaient un peu avant l'accès. Sydenham l'a employé à doses plus ou moins élevées pour combattre les fièvres intermittentes, qui, à cause d'un état nerveux plus prononcé, cèdent souvent à ce médicament après avoir résisté au quinquina. Berryat (''in'' Trousseau et Pidoux), qui, le siècle dernier, a remis en vogue l'administration de l'opium comme fébrifuge, donnait, une heure à peu près avant l'accès, 6 à 8 gouttes de laudanum de Sydenham aux enfants de trois à cinq ans, 10 à 12 gouttes à ceux de dix ans, et l8 à 30 gbuttes aux adultes. — Il ne faut donner l'opium que peu de temps avant le moment où le frisson doit arriver (une, deux ou trois heures au plus), afin d'agir sur l'éréthisme nerveux. Il serait très-nuisible, à grande dose, s'il agissait longtemps avant l'apparition de la fièvre, lorsque le sujet est dans son état normal. « J'ai vu une femme, dit Mérat<ref>''Dictionnaire des sciences médicales'', t. XXXVII, p. 486 et 487.</ref>, à la clinique interne de la Faculté, à qui j'avais prescris 80 gouttes de laudanum pour combattre une fièvre intermittente grave ; malgré ma recommandation, on les lui fit prendre aussitôt la distribution des médicaments, tandis que son accès ne devait venir que le soir, et elle périt de narcotisme. » Fallope ayant obtenu, pour ses dissections, le corps d'un homme qu'on devait supplicier et qui avait une fièvre intermittente quarte, voulait le faire mourir avec de l'opium : 2 gros (8 gr.), que le condamné prenait vers l'accès, ne produisaient aucun effet ; la même dose, prise après le paroxysme, le fit succomber<ref>Houllier, ''De morbis intern.'', lib. I.</ref>. Ces faits s'expliquent par le degré d'éréthisme du système nerveux, et rentrent ceux dont nous avons déjà parlé.
Je pourrais rapporter ici de nombreux cas de fièvres pernicieuses cardialgiques ou cholériques, observés dans les marais du Calaisis, et dans lesquels l'opium a pu seul, en dissipant les symptômes effrayants de l'accès, me mettre à même d'en prévenir le retour au moyen du quinquina donné à grande dose pendant l'apyrexie. Combien de fois n'ai-je pas vu, dans ces cas, un vomissement continuel, avec douleur aiguë ou déchirante de l'estomac, altération des traits, petitesse du pouls, sueur glutineuse, anxiété extrême, épuisement des forces, céder à l'emploi simultané des révulsifs à l'extérieur, tels que sinapismes, vésicatoires, frictions avec l'alcool camphré et l'ammoniaque, etc., et de l'opium gommeux administré à doses croissantes et fréquemment répétées.
 
'''FIÈVRE TYPHOÏDE, FIÈVRE NERVEUSE, TYPHUS'''. — L'opium est constamment nuisible dans ces fièvres, lorsqu'il existe à la fois congestion sanguine et phlegmasie cérébrale. « Il y a quatre cas, suivant Hufeland, dans lesquels l'opium est salutaire, même indispensable, chez les malades atteints de fièvres nerveuses ou typhoïdes : 1° quand la maladie est purement nerveuse par causes débilitantes, ou survenue chez un sujet déjà nerveux, et qui n'offre simultanément aucun signe d'inflammation ; 2° lorsqu'après avoir suffisamment employé les émissions sanguines, le froid et les évacuants, les signes de la congestion disparaissant, le délire persiste ou même dégénère en fureur ; dans ce cas, Hufeland conseille d'associer l'opium au calomélas ; 3° lorsque dès le principe il y a diarrhée, dysenterie ou choléra, afin de calmer l'irritation du tube digestif et d'arrêter des évacuations qui épuisent les forces ; lui seul, dit Hufeland, a été efficace dans le typhus qui ravagea la Prusse en 1806 et 1807, et dont la diarrhée était la compagne essentielle ; 4° lorsque les forces sont au plus bas, et que les excitants les plus énergiques ne peuvent relever le pouls. Je ne connais pas, dit l'auteur que nous venons de citer, de meilleur moyen que d'ajouter du laudanum aux autres stimulants, par petites doses fréquemment répétées. Pour apprécier cet estimable don du ciel, il faut l'avoir vu, en une seule nuit, rendre calme, plein et fort le pouls qui était petit et fréquent, faire cesser le délire, rendre la connaissance au malade, arrêter les évacuations épuisantes, en un mot, produire une métamorphose véritablement miraculeuse. »
Ce fait rentre dans ceux que signale Hufeland comme devant être combattus par l'opium ; mais dans la fièvre typhoïde, forme putride ou mucoso-putride, ce médicament est le plus souvent nuisible, tandis que les purgatifs, en débarrassant le tube intestinal des matières âcres et fétides qu'il contient, enlèvent une cause secondaire d'irritation locale et d'intoxication qui aggrave la maladie. J'ai vu maintes fois en pareil cas le météorisme se dissiper, la tête se débarrasser, le pouls se développer après l'usage des purgatifs salins ou acides. Dans la fièvre typhoïde, les éléments morbides étant très-variables, et les symptômes qu'ils produisent très-différents, la plupart des nombreuses médications proposées contre cette maladie ont pu réussir, suivant l'opportunité de leur application.
 '''AVORTEMENT, ACCOUCHEMENT, ÉTAT PUERPÉRAL'''. — L'opium est un remède précieux pour prévenir l'avortement. Il fait cesser les contractions prématurées de l'utérus. J'ai eu à me louer de son emploi dans un grand nombre de cas où l'avortement semblait imminent. Je donne le laudanum liquide dans une potion ou dans un tiers de lavement émollient, après, toutefois, avoir vidé le gros intestin au moyen de lavements simples et entiers. Cette dernière précaution est d'autant plus nécessaire que souvent la constipationsuffit seule pour produire l'avortement<ref>Une accumulation considérable de matières fécales peut se former dans le dernier intestin, provoquer un travail semblable à celui de l'enfantement et produire même un accouchement prématuré. Je rapporterai, à cette occasion, comme très-remarquable, le fait suivant : Mme Mignien, de Saint-Pierre-lez-Calais, âgée de quarante ans, d'un tempérament lymphatico-sanguin, d'une forte constitution, enceinte, pour la première fois, de six mois et demi environ, éprouvait, disait-on, les douleurs de l'enfantement depuis la veille au soir, lorsque, le 26 décembre 1818, à sept heures du matin, je fus appelé pour lui donner mes soins. L'augmentation considérable des douleurs expultrices, une grande agitation, un pouls accéléré, des vomissements violents et répétés, semblaient, en effet, annoncer un accouchement prochain. Voulant, par le toucher, m'assurer de l'état des choses, je rencontrai un obstacle insurmontable à l'introduction du doigt ; une tumeur très-volumineuse, formée par une grande quantité de matières fécales durcies et agglomérées dans le rectum, qu'elles avaient énormément dilaté et portées en avant et en bas, effaçait presque complètement le vngin. J'avais commencé à vider ce sac stercoral au moyen d'une petite cuillère en fer enduite de graisse et introduite dans l'anus, lorsque, par de fortes contractions et pendant des efforts de vomissements, presque toute la masse fut violemment expulsée. Le calme, avec affaissement, succéda comme après l'accouchement le plus laborieux ; le col utérin, effacé, attestait un commencement de travail mécaniquement provoqué ; mais une saignée, indiquée par le développement et la dureté du pouls, un lavement émollient qui entraîna le reste de l'accumulation fécale, et, enfin, un quart de lavement avec 15 gouttes de laudanum, firant rentrer tout dans l'ordre. On prévint ultérieurement la constipation, la grossesse marcha sans trouble, et l'accouchement eut lieu au terme naturel.</ref>.
Le professeur Dubois et Guillemot ont employé le laudanum avec un succès remarquable pour enrayer les contractions utérines et prévenir l'avortement. Ce moyen, précédé de la saignée quand il y a pléthore locale ou générale, convient dans les cas où les symptômes d'avortement sont déterminés par des excitants extérieurs, l'irritation d'un organe voisin de la matrice, un coup, une chute, une commotion, une impression morale profonde et subite. L'opium convient encore, aidé du repos et de la position horizontale, pour prévenir les fausses-couches qui se succèdent, par une sorte d'ha-
Lorsque les tranchées qui suivent l'accouchement sont trop violentes, l'opium seul peut les calmer ; on donne alors le sirop diacode ou le laudanum liquide en potion à prendre par cuillerées de temps en temps.
 
'''DYSENTERIE'''. — I1 ne faut donner l'opium dans la dysenterie que lorsqu'il y a absence d'inflammation ou d'état bilieux, saburral. Dans la première période, la dysenterie se manifeste souvent par des symptômes inflammatoires ou bilieux, qu'il faut d'abord combattre dans le premier cas par les antiphlogistiques, telles que la saignée, les sangsues sur le bas-ventre ou l'anus, et dans le second par l'ipécacuanha. Ce dernier peut être remplacé par la racine de bryone, le narcisse des prés, l'asaret ou la racine de violette. Je fais toujours précéder de l'un de ces vomitifs l'administration de l'opium. Celui-ci ramène ensuite le calme en faisant cesser l'irritation intestinale qui provoque les évacuations ; mais cet effet ne doit avoir lieu que graduellement et au moyen de petites doses souvent répétées. Une suppression trop brusque de la sécrétion du mucus et de l'écoulement du sang peut avoir des inconvénients. C'est surtout dans les dysenteries épidémiques que l'opium triomphe. On le donne alors par la bouche ou en lavement, associé aux mucilagineux. « L'effroyable dysenterie rhurnatismale, causée
Sydenham, et, après lui, Sennert, Brunner, Wepffer et Ramazzini, ont préconisé l'opium dans le traitement de la dysenterie. Degner, Pringle, Young, Zimmermann l'ont regardé comme dangereux dans cette maladie. Il suffit de lire l'histoire des épidémies de dysenterie, observées par Stoll, pour se convaincre que ces opinions contradictoires, émises par des médecins également recommandables, tiennent à ce qu'ils ont eu à traiter des dysenteries dont le génie épidémique était différent.
 
'''DIARRHÉE'''. — Dans les diarrhées, l'opium agit comme dans la dysenterie et exige dans son emploi les mêmes précautions. Il serait nuisible dans la diarrhée critique, qui soulage toujours le malade et souvent le guérit. On peut en dire autant de tout autre hypersécrétion qui aurait le même caractère. - Dans la diarrhée aiguë, l'opium, administré en potion, en lavement ou en fomentation dans des véhicules appropriés, suffit ordinairement comme moyen curatif. Mais, dans la diarrhée chronique, il n'a qu'un effet palliatif et momentané. On l'associe alors avec avantage aux astringents, au sous-nitrate de bismuth, etc., ou l'on met alternativement en usage ces diverses substances suivant les indications.
 
'''CHOLÉRA'''. — Dans la diarrhée prémonitoire ou qui précède le choléra, le laudanum en potion et en lavement, simultanément employés, m'a presque toujours réussi chez les malades qui ont eu la précaution de se tenir au lit et d'exciter la transpiration au moyen de l'infusion chaude de menthe, ou de thé légèrement alcoolisée, prise par tasses fréquemment répétées.
emploi prédisposait singulièrement aux congestions réactionnelles cérébro-méningées. C'est ce dont j'ai pu me convaincre auprès du nombre considérable de cholériques que j'ai soignés à Boulogne et dans les environs. Au bout de quinze jours, j'ai dû en restreindre énormément l'usage et surtout en diminuer les doses. L'opium qui, dans la même localité, avait réussi en 1849 et en 1854, dans une constitution médicale différente, est devenu, dans la dernière apparition du fléau, d'un emploi dangereux et d'une indication difficile. A la fin de l'épidémie, j'en étais arrivé à ne plus prescrire les opiacés que comme médication adjuvante. Le choléra ne se présentait pas avec le même caractère ; le génie épidémique n'était plus le même.)
 
'''GLUCOSURIE''' ou '''DIABÈTE SUCRÉ'''. — AEtius, Willis, Waren, Rollo, Hufeland, Moncy et d'autres auteurs, ont vanté les bons effets de l'opium dans cette maladie. Moncy<ref>''Med. chirurg. trans. of Lond.'', 1814.</ref> veut qu'on élève progressivement la dose de ce médicament jusqu'à en prescrire 1 gr. 20 centigr. par jour. Tommasini a été jusqu'à 3 gr. dans les vingt-quatre heures. Marsh, Carter et Prout assurent<ref>''Journal général de médecine'', t. LXXXV, p. 106.</ref> avoir retiré dans le diabète des avantages de l'opium, qui, suivant eux, diminue l'abondance de l'urine et y appelle l'urée. La plupart des médecins qui ont employé ce médicament, dans le diabète, l'ont donné à des doses considérables et sont allés même jusqu'à produire le narcotisme. Dans un cas de diabète sucré, le professeur Forget, de Strasbourg, a donné journellement 2 gr. d'opium sans aucun inconvénient. Ce médicament est le seul qui ait diminué la quantité des urines. Toutefois, on ne doit arriver à de telles quantités que graduellement et avec beaucoup de prudence (sans oublier pourtant que, l'excessive excrétion dans cette maladie causant une élimination rapide des principes actifs de l'opium, il devient logique d'en élever la dose).
Il résulte de recherches auxquelles s'est livré tout récemment Coze, agrégé à la Faculté de médecine de Strasbourg<ref>''Mémoire présenté à l'Académie des sciences''. (''Gazette médicale de Strasbourg'', 20 septembre 1857.)</ref>, que, sous l'influence de la morphine, la quantité du sucre du foie augmente de plus du double, et que la quantité de sucre dans le sang artériel augmente aussi du double ; ce qui est un argument, dit ce médecin distingué, contre l'emploi de l'opium dans le traitement du diabète, et explique les insuccès de ce traitement constatés par beaucoup de médecins.
 
'''SYPHILIS'''. — L'opium n'est pas, comme quelques auteurs l'ont cru, un remède spécifique contre la syphilis. Son efficacité dans cette maladie n'est que relative. Il s'est montré très-utile : 1° contre les symptômes douloureux de cette affection ; 2° quand le mercure ne produit plus d'effet contre des symptômes dont la persistance ne peut être attribuée qu'à une irritation sourde, ou à l'éréthisme du système nerveux ; 3° en l'associant au mercure pour rendre les effets de ce dernier plus rapides, plus énergiques, prévenir en même temps l'irritation gastro-intestinale et la salivation ; 4° pour favoriser l'impulsion vers la périphérie et provoquer ainsi des sueurs qui éliminent à la fois le principe morbifique et l'agent métallique hétérogène, dont le séjour trop longtemps prolongé dans l'économie peut occasionner des accidents plus ou moins graves ; 5° quand ces derniers accidents existent, qu'il y a des reliquats vénériens, vérole dégénérée et en même temps maladie mercurielle, dyscrasie toute spéciale avec anémie, atonie des organes. J'ai vu maintes fois l'opium produire, en pareil cas, des effets merveilleux et que favorisaient dans quelques circonstances les préparations de salsepareille, et, comme succédanées de cette dernière, les décoctions concentrées de racines de bardane, de tiges de douce-amère, de brou de noix, d'écorce de mézéréum, etc.
Rodet<ref>''Mémoire présenté à la Société de médecine de Lyon'' et ''Bulletin général de thérapeutique'', t. XLIX, p. 529.</ref> a fait connaître les bons effets de l'opium à haute dose dans les ulcères syphilitiques irrités, douloureux, ayant une tendance au phagédénisme. Le mercure, dans ces cas, est toujours nuisible ; il exaspère ces ulcères. L'opium, au contraire, est toujours utile, en calmant la douleur, en apaisant l'irritation et en modifiant avantageusement la suppuration. Mais c'est surtout contre les ulcères syphilitiques, phagédéniques et serpigineux qui succèdent ordinairement à un bubon virulent, que l'opium agit en quelque sorte comme spécifique. Chez tous les malades auxquels Rodet a administré l'opium à haute dose, la constitution s'est rapidement améliorée.
 
'''PTYALISME MERCURIEL'''. — L'opium administré à l'intérieur s'est montré utile dans cette affection. Hunter prescrivait des gargarismes et des collutoires fortement opiacés. Dans ce cas, j'emploie les gargarismes de sulfate
d'alumine fortement chargés d'opium. (Le chlorate de potasse trouve aussi dans ce dernier un précieux adjuvant.)
 
'''GANGRÈNE EXTERNE'''. — L'opium convient dans la gangrène qui dépend essentiellement d'un défaut de vitalité, telle que celle qu'on observe chez les vieillards (gangrène sénile), quand, toutefois, la tendance à la congestion cérébrale, si fréquente à cet âge, n'en contre-indique pas l'emploi,
W. H. Roberts<ref>''Union médicale'', 1855.</ref> considère l'opium donné à l'intérieur à petites doses stimulantes, comme très-efficace dans le traitement des ulcères rebelles. Il se contente de l'emploi de l'eau froide. Skey<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', t. IX, p. 255.</ref>, et, après lui, Mayor, proposent de traiter les ulcères par l'emploi de l'opium. Ce médicament active tellement la circulation, qu'il suffisait pour faire éviter le froid aux pieds à un homme qui en souffrait habituellement. Quelquefois Skey donne 8 gouttes de teinture d'opium, prises en deux fois dans la journée. Le plus souvent, il commence par 2 centigr. 1/2 ou 3 centigr., élevant successivement la dose jusqu'à 10 centigr. d'opium, soir et matin. Ce médicament augmente les forces et améliore l'appétit. Le pansement se fait simplement avec de la charpie mollette. Ce traitement convient dans toutes les espèces d'ulcères, excepté dans ceux qui sont inflammatoires. Skey rapporte seize observations de guérison d'ulcères chroniques cicatrisés par cette méthode, et il assure que, depuis plusieurs années, il a obtenu ainsi de très-nombreux succès dans des cas où toutes les autres médications avaient échoué.
 
'''ASSOCIATION DE L'OPIUM A D'AUTRES SUBSTANCES'''. — On a pour but dans cette association, ou de favoriser, de rendre plus efficace l'action d'un autre médicament, ou de mettre l'organisme en état de le supporter. Ainsi on mêle l'opium aux antispasmodiques, tels que le castoréum, la valériane, le
Le diascordium, électuaire opiacé astringent, composé d'une vingtaine de substances, a été aussi conservé dans nos officines. Tous les praticiens le conseillent dans la diarrhée et dans la dysenterie, lorsque les symptômes inflammatoires sont dissipés. C'est surtout dans la diarrhée chronique qu'il est d'une grande utilité. On commence par une dose légère (1 à 2 gr.), et l'on augmente graduellement jusqu'à celle de 4 et même de 6 gr. Cet électuaire agit à la fois comme calmant et comme astringent.
 
'''EMPLOI DE L'OPIUM A L'EXTÉRIEUR'''. — '''MÉTHODES IATRALEPTIQBE ET ENDERMIQUE'''. Nous avons déjà parlé de divers modes d'emploi de l'opium à l'extérieur. Le plus ordinairement, dans ce cas, on a pour but unique de calmer la douleur locale, bien que par cette voie, l'on puisse obtenir des effets semblables à ceux que produit l'ingestion de l'opium dans les voies digestives. Cependant, sous ce dernier point de vue, l'opium, employé par la méthode iatraleptique, a des effets plus ou moins incertains, car on ne peut jamais s'assurer de la quantité exacte du médicament absorbé, les conditions d'absorption de la peau variant sans cesse dans les diverses circonstances de santé ou de maladie. Il résulte de cette variation, que des applications de préparations opiacées sur la peau ont souvent donné lieu à des empoisonnements mortels, surtout chez les enfants. J'ai vu l'application sur l'abdomen, d'une compresse imbibée d'eau tiède avec addition de 15 gouttes de laudanum liquide, chez un enfant de dix-huit mois atteint de coliques, produire un assoupissement inquiétant, qui, heureusement, s'est dissipé
après l'application de deux sangsues derrière chaque oreille. Le pansement des brûlures avec le cérat laudanisé peut aussi produire le narcotisme. Le ''Journal de chimie'' (1836) rapporte un cas de narcotisme très-grave survenu chez un enfant âgé de deux mois et quelques jours, par l'application, pendant vingt-quatre heures, d'un mélange de cérat et de 13 gouttes de laudanum liquide sur une excoriation très-douloureuse située à la naissance du cou. Les symptômes de narcotisme ne disparurent complètement que le troisième jour.
L'emploi de l'opium à l'extérieur, par la méthode endermique, est beaucoup plus sûr que par la méthode iatraleptique. On met surtout cette méthode en usage dans les cas où il est nécessaire d'enlever promptement une douleur vive, ou lorsque l'estomac ne peut supporter aucune préparation opiacée. On se sert aujourd'hui de préférence, pour cela, des sels de morphine, dont l'absorption est prompte et l'effet instantané. (Voyez plus bas''Morphine''.)
Les bains opiacés, ainsi que nous l'avons dit à l'article NÉVROSE, ont été employés dans le tétanos. On fait dissoudre plusieurs onces d'opium dans l'eau du bain, et on y tient le malade pendant une ou deux heures, suivant l'effet observé. (Ce traitement d'un résultat plus que douteux aurait l'inconvénient d'être excessivement dispendieux, et à peine à la portée des bourses riches.)
Verdier<ref>''Journal de la Société de médecine de Montpellier'', avril 1846, p. 454.</ref> a retiré de grands avantages du pansement des plaies traumatiques avec le cérat opiacé. L'action de ce topique, comme celle de la solution d'opium, atténue dans la blessure et les tissus voisins la douleur, la congestion sanguine, l'inévitable inflammation et la fièvre de réaction qui s'ensuit. On applique autour des parties blessées, et même sur la moitié du membre, jusqu'au pli du coude, par exemple, si la plaie est à la main, des bandes chargées de cérat opiacé. Verdier préfère ce mode d'agir a celui des médecins de Montpellier, qui donnent dans ce cas l'émétique à haute dose, comme contro-stimulant, afin d'empêcher le développement de l'inflammation.
 
'''ALCALOÏDES DE L'OPIUM'''. — PHYSIOLOGIE ; ''Etude générale et comparative''. — Nous avons vu, p. 748, que l'opium donnait à l'analyse chimique
[785]
une grande quantité de corps particuliers. Nous avons donné les caractères chimiques des six alcaloïdes les plus connus. Mais tous n'ont pas été, jusqu'à présent, suffisamment étudiés au point de vue physiologique et thérapeutique. L'opium n'est pas seulement complexe dans sa composition ; on sait bien qu'il est complexe daus son action, et la prédominance de tel outel principe peut rendre compte des irrégularités dans les effets du corps composé. Cl. Bernard a recherché quelle était la part d'action de six des principes les plus actifs. Nous avons assez insisté sur l'action narcotique d'une part, et l'action excitante de l'autre, pour que le lecteur sache qu’''à priori'', on a admis dans l'opium des agents narcotisants et des agents convulsivants. Cl. Bernard<ref>''Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences'', 1864, p. 406 et suivantes.</ref>, par d'habiles expériences, a étudié d'une façon générale et comparative les propriétés de la morphine, de la narcéine, de la codéine, de la narcotine, de la papavérine et de la thébaïne. Il existe dans ces alcaloïdes trois propriétés principales : une action soporifique, une action excitante, une action toxique. Cette dernière n'offre aucune relation avec les deux premières : par exemple, la toxicité est indépendante du degré de soporificité de l'alcaloïde. Les substances soporifiques sont, en les classant par intensité d'action, la narcéine, la morphine, la codéine ; l'action excitante ou convulsivante suit la proportion décroissante suivante : thébaïne, papavérine, narcotine, codéine, morphine, narcéine. En dernier lieu, d'après leur degré d'action toxique, les alcaloïdes peuvent être distribués ainsi : thébaïne, codéine, papavérine, narcéine, morphine, narcotine.
Ces appréciations résultent d'expériences répétées, faites au moyen de l'injection dans les veines ou dans le tissu cellulaire sous-cutané d'une solution titrée de l'alcaloïde.
Nous allons maintenant étudier, au point de vue physiologique et thérapeutique, chacun des alcaloïdes considérés isolément.
 
=== Morphine ===
Nous devons signaler le parti que le professeur Friedreich, d'Heidelberg, a tiré des injections de morphine pour tuer le fœtus dans une grossesse extra-utérine, et prévenir ainsi les accidents redoutables qui seraient infailliblement survenus ultérieurement<ref>''Archiv für pathologische Anatomie'', t. XXIX.</ref> ; mais cette conduite ne doit être suivie qu'avec une extrême prudence, car, outre la difficulté d'un diagnostic précis, la question du fœticide est assez grave par elle-même et par les dangers qui le compliquent souvent, pour que l'hésitation soit permise en pareil
cas.
 
=== Codéine ===
dés phénomènes d'empoisonnement. Ces considérations devront fatalement restreindre le nombre de cas où on remplacera la morphine par la codéine.
 
=== Narcéine ===
Malgré ces effets incontestables, malgré cette supériorité sur les autres alcaloïdes de l'opium, la narcéine n'est pas encore entrée dans la pratique usuelle ; cela tient peut-être à son prix élevé. Quand les pharmaciens et les chimistes seront parvenus à la livrer à meilleur compte, il n'est pas douteux qu'elle prendra dans la matière médicale la place qu'elle y mérite par son action calmante et soporifique si prononcée.
 
=== Narcotine ===
Cette action excitante, complètement libre d'action soporifique, car la thébaïne n'est nullement hypnotique, n'a été, jusqu'à présent, jamais utilisée dans la thérapeutique.
 
=== Papavérine ===
(ANTAGONISME RÉCIPROQUE DE L'OPIUM ET DES SOLANÉES VIREUSES, ET SPÉCIALEMENT DE LA BELLADONE. — En traitant de la belladone, nous nous sommes étendu sur cette question ; mais il nous a paru nécessaire de revenir ici sur ce sujet d'un si grand intérêt scientifique et pratique. Pendant le cours de la publication de ce Traité, de nouveaux matériaux sont venus grossir la somme des preuves à l'appui de l'existence réelle de cette opposition d'action. Mais il faut bien le dire, des opinions diamétralement opposées se sont aussi fait jour ; de sorte qu'actuellement, malgré les efforts de plusieurs physiologistes et de bon nombre de thérapeutistes, la loi d'antagonisme, bien qu'admise par la majorité, n'est pas unanimement acceptée.
L'ensemble des faits cliniques dont nous donnons<ref>Pena et Math. de Lobel, ''Stirpium adv. nova''. Londres, 1570. — Prosper Alpin, ''De Plantis Ægypti'', Venise, in-4°, 1592 — Horstius, ''Op. med.'', 1661. — Faber, ''Strychnomania'', 1677, p. 87. - Boucher (de Lille), in ''Journal de médecine'', 1766. — Lippi, ''De ven. bacc. bellad. prod. atque opii in eo usu''. Tübingen, 1810. — Corrigan, 1838, cité par Benjamin Bell. — Giacomini, Traité philosophique et expérimental de matière médicale et de thérapeutique, traduction Mojon et Rognetta, 1839, p. 573. — 1843 ; Angelo Poma, cité par la ''Gazette médicale'' du 10 août 1863. — Rognetta, ''Traité philosophique et clinique d'ophthalmologie''. Paris 1844, p. 231 — 1849 ; Cazin, ''Traité des plantes médicinales indigènes'', lre édition, p. 365, fait recueilli en 1839 (voyez l'article [[Belladone (Cazin 1868)|BELLADONE]]). — 1853 ; Anderson, in ''Edimb. med. Journal''. — 1854 ; Garrod, ''Leçon d'ouverture à l'University College'', cité par B. Bell. — 1855 ; Lindsey, in ''Edinb. med. Journal'', et cité par Cazin, 2e édition, page 170. — 1856 ; Mussey, in ''Boston med. and surg. Journal''. — 1857 ; Wharton Jones, ''Med. Times and Gaz.'', january 1858. — B. Bell, ''Des rapports thérapeutiques de l'opium et de la belladone'', mémoire reproduit et traduit par l’''Union médicale'', 17 février 1859. — 1859 ; Scaton (de Seed), ''Memorial Times'', décembre - Behier, ''Mémoire sur l'antagonisme'', etc., in ''Union médicale'', 2 juillet. — 1860 ; la Société de pharmacie déclare les deux agents incompatibles. (''Bulletin de thérapeutique'', 1860, t. LIX, p. 423.) — Anderson, in ''Union médicale'' du 27 octobre. — 1861 ; cinq observations de Lee et Norris, in ''Archives générales de médecine'', 1864, et ''Bulletin de thérapeutique'', 1862. -1862 ; Lopex (de Mobile), in ''Union médicale''. — Quatre observations de Norris, Blake, Dunkan, reproduites par les ''Archives générales de médecine'', 1864. — 1863 ; Mac Namara, in ''Dublin Quarterly Journal'', 1863. — Mémoire de Behier, in ''Union médicale'', juillet. — 1864 ; Mémoire de Follin et Lassègne, dans les ''Archives générales de médecine'', mai 1864. — Observations de de Schmid, in ''Klinische Monatsblætter fur Augenheilkunde''. — Onsum, in ''J'ordhandlinger i dat Nonke medicinske selskab'', 1864, p. 188, et ''Schmid's Jahrbücher'', décembre 1865. — 1865 ; deux observations de Blondeau, in ''Archives générales de médecine''. — Deux observations d'empoisonnement par les semences de jusquiame, guéris par les injections hypodermiques d'acétate de morphine, par Rezek, in ''Allgemeine Wiener medizinische Zeitung''. — Lubelski, Gazette hebdomadaire. — Dodeuil, ''Bulletin de thérapeutique''. — Davaine et Testelin (de Lille, in ''Bulletin médical du nord de la France'', octobre, p. 349. — ''Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales'', art. ANTIDOTE (Gûbler), t. V, p. 317. — Camus, ''Thèse inaugurale de Paris'' et ''Gazette hebdomadaire'', août.— G. Lemattre, ''Recherches expérimentales et cliniques sur les alcaloïdes de la famille des solanées''. (In ''Archives générales de médecine'', juillet et août.) - 1866 ; ''Relations d'expériences et d'observations'' d'Erlenmeyer. (In ''Archives générales de médecine'', mars.) — Constantin Paul, ''De l'antagonisme en pathologie et en thérapeutique'', thèse de concours pour l'agrégation. Asselin, éditeur. — 1867 ; ''Observation d'empoisonnement par le laudanum'' (30 gr. environ), ''antagonisme par la belladone'' (14 gr. de teinture de belladonne en dix heures), ''guérison'' ; par Constantin Paul, professeur agrégé de la Faculté de médecine. (In ''Bulletin de thérapeutique'', t. LXXII, p. 320.)</ref> en note l'énuméra-
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même le rétrécissement ; mais dès qu'on cesse l'emploi de la fève de Calabar, la belladone reprend le dessus, et la pupille se dilate de nouveau jusqu'à l'épuisement de l'influence de l'atropine. Il n'en est pas de même pour l'opium, la dilatation pupillaire cède, de même que tous les autres accidents, à un emploi continué quelque temps, mais pour ne plus revenir. (Testelin.)
Nous avons vu à l'article [[Belladone (Cazin 1868)|BELLADONE]], que les vertus antagonistiques se produisent de même lorsque les deux agents n'ont qu'une action locale. (Wharton Jones.)
L'âge n'est pas une contre-indication à l'emploi des antidotes réciproques. La question qui soulève quelques difficultés est de connaître les proportions relatives suivant lesquelles l'agent thérapeutique doit être opposé à l'agent toxique ; cette valeur relative doit évidemment changer suivant les sujets, leur âge, ou les circonstances ressortissant de leur état de santé, leurs habitudes, etc. « La détermination des ''équivalents dynamiques'' des substances antagonistes et antidotiques et des lois de leurs variations réclame encore de longues recherches<ref>Gubler, ''Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales'', art. ANTIDOTE, t. V, p. 319.</ref>. » Il est d'observation qu'il faut une dose plus élevée d'opium pour détruire les effets d'une dose donnée d'atropine ou de belladone ; de même qu'il faut relativement peu de ce dernier agent pour conjurer les symptômes produits par l'opium ou la morphine.
On était en droit d'attendre que les expérimentations sur les animaux jetteraient une vive lumière sur cette question; car, de fait, les expériences devaient avoir d'autant plus de valeur que, ainsi que le fait judicieusement remarquer Constantin Paul, l'empoisonnement se présente, en somme, dans les mêmes conditions biologiques que l'expérience elle-même.
Les expériences de Camus, celles d'Onsum, celles tentées antérieurement par B. Bell, faites sur le moineau, le lapin, le chat et la grenouille, sont négatives ; mais les uns ont pris un terme de comparaison peu stable ; les autres ont opéré avec des idées préconçues. En supposant qu'elles aient été faites avec toute la rigueur désirable, il ne faudrait pas se hâter de conclure des animaux à l'homme, pour ce qui concerne les phénomènes toxiques. Au point de vue physiologique, il est évident que des symptômes analogues doivent s'observer pour les poisons dans toute la série animale, ou tout au moins chez les vertébrés, avec une différence d'intensité due à la différence même des organismes. La similitude dans les effets de l'agentmodificateur doit exister. Cl. Bernard l'a nettement établi.
Mais il n'en est peut-être pas de même lorsqu'il s'agit de la résistance à la mort, ainsi que l'a très-justement avancé Constantin Paul.
C'est là une voie à exploiter. J'ai regretté que le temps ne me permît pas de me livrer à des recherches, à des expériences dans ce sens.
 
ANTAGONISME DE L'OPIUM ET D'AUTRES SUBSTANCES. — Nous avons rapporté à l'article ''Aconit'' un cas d'empoisonnement où l'opium avait amené la guérison : cet agent a aussi été efficace dans un empoisonnement par l'arnica. (Voyez ce mot.)
tion concluante, publiée par la ''Gazette médicale de Berlin'', septemb. 1854<ref>In ''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', 2e année, 1834-35.</ref> en fait foi. Pelletier et Caventou ont signalé cet antagonisme entre l'opium et les strychnos et ont observé que les doses d'opium doivent dépasser celles du poison ingéré si l'on veut obtenir une neutralisation complète. Gübler<ref>''Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales'', t. V, p. 322.</ref> dit « que c'est là un des premiers faits d'antidotisme, relevé, du reste, par Guérard dans un chapitre de sa thèse de concours (1839), intitulé : ''Des incompatibilités thérapeutiques'', où ce praticien faisait déjà pressentir l'importance de cet ordre de faits. »
C'est à Gübler que nous devons la connaissance de l'opposition d'action de l'opium et du sulfate de quinine. Voici une partie des conclusions du travail qu'il a présenté à la Société de médecine des hôpitaux, le 10 février 1858 : à l'inverse de l'opium, qui exalte les fonctions organiques (congestion sanguine et caloricité), le sulfate de quinine agit sur les centres nerveux, en y condensant les forces, de telle sorte qu'il enchaîne les actions organiques, sources de dépenses, et réduit, autant que possible, l'appel sanguin dans les parties phlogosées ; — le sulfate de quinine et l'opium ayant une action antagoniste ne doivent pas être administrés simultanément ; — ces deux agents peuvent se servir d'antidote l'un à l'autre.— Dans son article ''Antidote'' que nous avons déjà cité, il complète ces données, et ajoute : « Il faut plus de sulfate de quinine pour détruire les effets toxiques de l'opium chez un sujet prédisposé aux hypérémies encéphaliques par son âge, l'enfance, ou la maladie, la paralysie générale. »
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<references/>
 
== Pavot cornu ==
'''PAVOT CORNU ''' (Pl. XXX). GLAUCIER JAUNE, GLAUCIET JAUNE. — ''Chelidonium glaucium'', L. — ''Papaver corniculatum luteum'', C. Bauh. — ''Glaucium flore luteo'', Tourn. — Le pavot cornu, plante annuelle, croît dans diverses parties de la France, dans les plaines sablonneuses près de la mer. Je l'ai trouvé en abondance dans la plaine des Pierrettes, à Saint-Pierre-lès-Calais, à Wimereux près de Boulogne, à Saint-Valery-sur-Somme. Je l'ai vu aussi dans les endroits sablonneux, au bois de Boulogne, à Saint-Germain.
'''Description'''. — Racine pivotante, petite. — Tiges grosses, un peu rameuses, glabres. — Feuilles épaisses, amplexiçaules, glauques ; les radicales découpées, à lobes ovales, anguleux, dentés ou incisés ; les supérieures dentées, incisées seulement. - Fleurs jaunes, grandes (juin-juillet-août), quatre pétales, dont deux plus grandes. - Fruit : siliques allongées, grosses comme une plume à écrire, longues de 10 à 20 centimètres.
'''PAVOT DOUTEUX'''. — ''Papaver dubium'', L. — Ce pavot, qui diffère peu du coquelicot (''papaver rheas'', L.), se rencontre dans les champs, les moissons, surtout dans les terrains maigres et sablonneux. Il a les fleurs petites d'un rouge pâle (juin-juillet).
Loiseleur-Deslongchamps a obtenu du suc exprimé des feuilles, des tiges et des capsules, un extrait épaissi dont il a constaté l'action anodine dans plusieurs maladies. Il le donne ordinairement sous la forme de teinture ainsi préparêe. Pr. extrait de pavot douteux 125 gr. ; faites fondre dans 1,500 gr. de vin muscat ; dose, 50 à 100 gouttes. Avec cette teinture il a guéri des diarrhées chroniques, des coliques plus ou moins violentes, dissipé des insomnies opiniâtres. On peut préparer une teinture semblable avec le coquelicot.
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