Bricheteau<ref>''Bulletin général de thérapeutique'', 1865.</ref> adopte une solution aussi concentrée que possible : 20 centigr. pour 4 gr. d'eau (1 goutte contient 1/4 de centigramme de la substance active ; un tour de piston en injecte 1 goutte. (Pour tout ce qui concerne les injections sous-cutanées, voyez page 789-93.)<br \>
Solution de chlorhydrate de CODÉINE au vingtième, pour injections sous-cutanées (Pied-vache), de 10 à 30 divisions et plus progressivement.<br \>
Narcéine (solution pour injections sous-cutanées, 30 centigr. pour 30 gr. de véhicule), de 3 à 20 centigr. dans les vingt-quatre heures. — On a aussi prescrit le chlorhydrate de narcéine, en solution audixième ou au cinquième, à la dose de 10 à 40 centigr. (Behier.)<br \>
L'opium entre dans la composition des pilules de cynoglosse, qui contiennent un huitième de leur poids d'extrait, de la poudre de Dower, de la thériaque, du diascordium, préparations encore employées, et dans celles de beaucoup d'autres plus ou moins oubliées.
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=== Capsule de pavot ===La capsule du PAVOT, ainsi que nous l'avons dit plus haut, contenant en moindre proportion les mêmes principes que l'opium, jouit à un plus faible degré des mêmes propriétés, et est employée dans les mêmes cas que ce dernier. Mais son action est plus incertaine que celle de l'opium, et il est difficile d'établir avec certitude des rapports de thérapeutique entre eux, à cause des variations qui se rencontrent dans la composition des têtes de pavot, suivant le climat où la plante est venue (les pavots du Midi contenant plus de principes actifs que ceux du Nord), l'époque de leur récolte, latempérature plus ou moins élevée qui a régné, les soins apportés à leur dessiccation, etc.
Je donne à l'intérieur l'infusion de têtes de pavot sèches à la dose de 2 à 6 gr. pour 500 gr. d'eau. J'augmente cette dose selon les effets produits. Cetee infusion miellée ou sucrée est calmante, et convient, prise par demi-tasses, dans les affections catarrhales, les toux nerveuses, les irritations intestinales, les diarrhées, la dysenterie, les vomissements spasmodiques, les fièvres intermittentes et éruptives, les douleurs du cancer, la blennorrhagie, le catarrhe, etc.
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I1 Il est prudent de n'administrer d'abord les préparations de têtes de pavot à l'intérieur qu'à petites doses, que l'on augmente graduellement, Alors elles provoquent le sommeil, causent des rêvasseries, de la pesanteur de tête. A dose plus élevée, elles déterminent de l'assoupissement, des hallucinations. Il n'est pas rare de voir des accidents se développer, des symptômes de narcotisme survenir à la suite de l'ingestion du sirop de pavot blanc ou de l'administration d'un lavement fait avec une seule capsule de cette plante. Petit a vu une sorte d'empoisonnement par des têtes de pavot vertes, administrées de cette manière<ref>''Journal de chimie médicale'', 1827, t. III, p. 4.</ref>. Louyer-Villermay a signalé plusieurs cas semblables à l'Académie de médecine. Rouxel, médecin à Boulogne-sur-Mer, m'a cité un cas de narcotisme suivi de mort chez une dame, par l'effet d'un lavement préparé avec une seule tête de pavot blanc. J'ai vu un enfant de deux ans, jouissant de la meilleure santé, succomber au narcotisme avec congestion considérable au cerveau, à la suite de l'administration de 12 à 15 gr. de sirop de pavot blanc, que la veuve d'un pharmacien avait donné au lieu de sirop de coquelicot, pour calmer une toux causée par la dentition. Les nourrices emploient quelquefois la décoction de tête de pavot dans le lait ou dans la bouillie des enfants pour les endormir. Wendt<ref>''Bulletin des sciences médicales de Férussac'', 1824, p. 148 et 231.</ref> a cité des exemples d'enfants empoisonnés par cette coupable manœuvre. J'en ai observé un cas à Saint-Pierre-lès-Calais, en 1818, chez un enfant de cinq mois, auquel on avait donné le soir de la décoction de tête de pavot dans le lait, et qui est mort dans la nuit même. J'ai vu des enfants qui, ne pouvant plus dormir sans l'emploi journalier et progressivement augmenté de la décoction ou du sirop de pavot, étaient tombés, par l'altération des fonctions assimilatrices et par une sorte d'intoxication lente, dans l'amaigrissement et le marasme.
Les inflammations internes, les fièvres continues, les accidents de la dentition, contre-indiquent presque toujours l'usage du pavot. Quand on le donne dans ces cas, pour modérer la douleur ou calmer des symptômes nerveux, il faut préalablement employer les émissions sanguines. De même que l'opium, il est nuisible dans les coliques et les affections gastro-intestinales résultant d'une indigestion ou de l'accumulation de matières saburrales dans l'estomac ou dans les intestins. On peut établir, comme règlegénérale, que le pavot et ses préparations sont contre-indiqués chez les sujets disposés aux congestions cérébrales, ou d'un tempérament sanguin, dans les réactions fébriles très-intenses, la constipation, les sueurs excessives, et pendant qu'une évacuation critique s'opère.
A l'extérieur, on emploie la décoction de tête de pavot en lavement dans les inflammations abdominales, les coliques nerveuses, pour calmer les douleurs (trop souvent on ordonne aux enfants, en lavements, la décoction d'une tête de pavot, laquelle empoisonne invariablement si elle est gardée) ; en fomentation, en bain, en gargarisme, en cataplasme avec la farine de graine de lin ou la racine de guimauve, contre les inflammations externes. Le suc des feuilles de pavot, appliqué sur la piqûre des guêpes et desabeilles, fait cesser la douleur presque instantanément.
=== Huile d'œillette ===
L’'''HUILE D'ŒILLETTE''' peut remplacer en thérapeutique les huiles d'olive, d'amande douce, de lin et de noix.
L'auteur rapporte vingt-quatre observations détaillées dans lesquelles l'huile ide pavot, donnée à la dose d'une ou deux cuillerées à café matin et soir, et portée graduellement jusqu'à 2 onces par jour, a été suivie d'heureux résultats. Les malades appartenaient tous à la classe indigente ; ils habitaient des réduits obscurs, peu aérés, et se nourrissaient de mauvais aliments, circonstances qui prouvent plus clairement l'efficacité de l'huile d'œillette, et tendent à faire voir que c'est exclusivement à son usage qu'ont doit attribuer les succès obtenus. (Telle est aussi l'opinion de Bagot et Stapleton<ref>''Dublin med. Press'', mars 1850.</ref>, Duncan et Nunn<ref>''London med. Gazette'', février 1850.</ref>. Nous ne nions pas que l'élément gras joue un grand rôle dans l'action régénératrice de l'huile de foie de morue. Mais il y a aussi la présence de substances actives, intimement combinées avec lui. L'effet thérapeutique n'est pas plutôt produit par l'iode que par l'élément gras ; il résulte de l'ensemble de ces deux principes unis par la nature à l'état de combinaison vivante, si je puis m'exprimer ainsi. Au point de vue de la faculté d'assimilation, on ne peut, en outre, comparer l'huile de foie de poisson à des huiles végétales. On sait que les huiles animales sont absorbées avec plus de rapidité et assimilées avec plus de facilité.) (Voyez le rapport du docteur H. Cazin, sur les opérations de la 4e section du jury de l'Exposition internationale de pêche de Boulogne-sur-Mer. Asselin, éditeur, 1867.)
=== Opium ===
L’'''OPIUM''' est un poison narcotique violent et un médicament précieux. Introduit à petite dose dans les voies digestives, il produit une excitation plus ou moins énergique, mais instantanée. Le pouls est plus fréquent, plus élevé, la face plus colorée, l'imagination plus éveillée, la chaleur générale plus prononcée, les fonctions de la peau plus actives, la respiration moins libre. A ces phénomènes succèdent bientôt un état de calme et un sommeil tranquille ou plus ou moins agité. A dose un peu plus forte, il agit comme stimulant très-énergique du système circulatoire ; il augmente la force, la fréqunce et la plénitude du pouls, ainsi que la chaleur animale. Il y a exaltation des fonctions intellectuelles, puis de l'inquiétude, de la pesanteur de tête, un affaissement général, et un sommeil agité et non réparateur.
Il résulte de recherches auxquelles s'est livré tout récemment Coze, agrégé à la Faculté de médecine de Strasbourg<ref>''Mémoire présenté à l'Académie des sciences''. (''Gazette médicale de Strasbourg'', 20 septembre 1857.)</ref>, que, sous l'influence de la morphine, la quantité du sucre du foie augmente de plus du double, et que la quantité de sucre dans le sang artériel augmente aussi du double ; ce qui est un argument, dit ce médecin distingué, contre l'emploi de l'opium dans le traitement du diabète, et explique les insuccès de ce traitement constatés par beaucoup de médecins.
'''SYPHILIS'''. — L'opium n'est pas, comme quelques auteurs l'ont cru, un remède spécifique contre la syphilis. Son efficacité dans cette maladie n'est que relative. Il s'est montré très-utile : 1° contre les symptômes douloureux de cette affection ; 2° quand le mercure ne produit plus d'effet contre des symptômes dont la persistance ne peut être attribuée qu'à une irritation sourde, ou à l'éréthisme du système nerveux ; 3° en l'associant au mercure pour rendre les effets de ce dernier plus rapides, plus énergiques, prévenir en même temps l'irritation gastro-intestinale et la salivation ; 4° pour favoriser l'impulsion vers la périphérie et provoquer ainsi des sueurs qui éliminent à la fois le principe morbifique et l'agent métallique hétérogène, dont leséjour trop longtemps prolongé dans l'économie peut occasionner des accidents plus ou moins graves ; 5° quand ces derniers accidents existent, qu'il y a des reliquats vénériens, vérole dégénérée et en même temps maladie mercurielle, dyscrasie toute spéciale avec anémie, atonie des organes. J'ai vu maintes fois l'opium produire, en pareil cas, des effets merveilleux et que favorisaient dans quelques circonstances les préparations de salsepareille, et, comme succédanées de cette dernière, les décoctions concentrées de racines de bardane, de tiges de douce-amère, de brou de noix, d'écorcede mézéréum, etc.
Rodet<ref>''Mémoire présenté à la Société de médecine de Lyon'' et ''Bulletin général de thérapeutique'', t. XLIX, p. 529.</ref> a fait connaître les bons effets de l'opium à haute dose dans les ulcères syphilitiques irrités, douloureux, ayant une tendance au phagédénisme. Le mercure, dans ces cas, est toujours nuisible ; il exaspère ces ulcères. L'opium, au contraire, est toujours utile, en calmant la douleur, en apaisant l'irritation et en modifiant avantageusement la suppuration. Mais c'est surtout contre les ulcères syphilitiques, phagédéniques et serpigineux qui succèdent ordinairement à un bubon virulent, que l'opium agit en quelque sorte comme spécifique. Chez tous les malades auxquels Rodet a administré l'opium à haute dose, la constitution s'est rapidement améliorée.
Nous allons maintenant étudier, au point de vue physiologique et thérapeutique, chacun des alcaloïdes considérés isolément.
=== Morphine ===
'''MORPHINE'''. — ACTION PHYSIOLOGIQUE. — A. ''Sur les animaux''. — Cl. Bernard a expérimenté l'action de cet alcaloïde en en injectant 1 centigr. ou la
cas.
=== Codéine ===
'''CODÉINE'''. — ACTION PHYSIOLOGIQUE. — A. ''Sur les animaux''. — 5 centigr. de chlorhydrate de codéine injectés sous la peau suffisent pour endormir un jeune chien de moyenne taille : dans tous les cas, et augmentât-on la dose à cause de la force et l'âge du sujet, on ne parvient jamais à obtenir un sommeil aussi profond qu'avec la morphine. Le pincement des extrémités réveille l'animal, qui a plutôt l'air d'être calmé que véritablement endormi (Cl. Bernard). La sensibilité est moins émoussée qu'après l'usage de la morphine, et les nerfs sont rendus moins paresseux. Le réveil diffère totalement. Les animaux codéinés se réveillent sans effarement, sans paralysie postérieure et avec leur humeur naturelle ; ils ne présentent pas ces troubles cérébraux qui succèdent à l'emploi de la morphine. La codéine est à la fois narcotique et convulsivante ; si la dose devient toxique, la mort survient à la suite de convulsions tétaniques. Ozanam localise son action dans le cervelet et le bulbe rachidien.
dés phénomènes d'empoisonnement. Ces considérations devront fatalement restreindre le nombre de cas où on remplacera la morphine par la codéine.
=== Narcéine ===
'''NARCÉINE'''. — ACTION PHYSIOLOGIQUE. — A. ''Sur les animaux''. — « La narcéine est la substance la plus somnifère de l'opium ; à doses égales, avec la narcéine, les animaux sont beaucoup plus profondément endormis qu'avec la codéine, mais ils ne sont pourtant pas abrutis par un sommeil de plomb comme avec la morphine. Leurs nerfs de sensibilité, quoique émoussés, ne sont pas frappés d'une paresse très-appréciable, et les animaux manifestent assez vite les sensations douloureuses à la suite du pincement des extrémités. Mais ce qui caractérise plus particulièrement le sommeil narcéique, c'est le calme profond et l'absence de l'excitabilité au bruit que nous avons remarqué dans la morphine et trouvé au summum d'intensité dans la codéine. Au réveil, les animaux endormis par la narcéine reviennent très-vite à leur état naturel. Ils ne présentent qu'à un beaucoup moindre degré la faiblesse du train postérieur et l'effarement, et en cela le réveil de la narcéine se rapproche de celui de la codéine<ref>Cl. Bernard, ''Comptes-rendus de l'Académie des sciences'', 1864.</ref>. »
Malgré ces effets incontestables, malgré cette supériorité sur les autres alcaloïdes de l'opium, la narcéine n'est pas encore entrée dans la pratique usuelle ; cela tient peut-être à son prix élevé. Quand les pharmaciens et les chimistes seront parvenus à la livrer à meilleur compte, il n'est pas douteux qu'elle prendra dans la matière médicale la place qu'elle y mérite par son action calmante et soporifique si prononcée.
=== Narcotine ===
'''NARCOTINE'''. — Cet alcaloïde ne paraît pas doué de propriétés hypnotiques. Suivant Claude Bernard, nous avons vu qu'il possédait une action excitante prononcée. C'est la troisième substance dans l'ordre convulsivant et la dernière dans l'ordre de l'action toxique. Ozanam pense que l'excitation se localise principalement dans les hémisphères cérébraux. Du reste,
il faut le dire, les effets de cette substance sont bien loin d'avoir été suffisamment étudiés.
Nous ne pensons pas qu'en France la thérapeutique ait mis la narcotine en usage. En Angleterre, Roots<ref>Cité dans ''A Manual of materia medica and therapeutics'', etc., by J. Forbes Royle, and Frederic Headland. London, 1865.</ref> prescrit le sulfate de narcotine jusqu'à la dose de 1 gr., comme succédané du sulfate de quinine dans le traitement des fièvres d'accès. Dans l'Inde, il est employé sur une grande échelle par O'Shaughnessy pour arrêter les paroxysmes de fièvres intermittentes et rémittentes.
=== Thébaïne ===
THÉBAÏNE. — La thébaïne est la substance la plus toxique que contienne l'opium : 1 décigr. de chlorhydrate de thébaïne dissous dans 2 centimètres cubes d'eau distillée et injecté dans les veines d'un chien du poids de 7 à 8 kilogr. le tue en cinq minutes ; la mort arrive à la suite de convulsions tétaniques violentes. Ces convulsions sont suivies de l'arrêt du cœur et d'une rigidité cadavérique rapide, comme cela arrive pour les poisons musculaires (Cl. Bernard). Suivant Ozanam, la thébaïne porte surtout son action sur la partie supérieure ou cervico-dorsale de la moelle.
Cette action excitante, complètement libre d'action soporifique, car la thébaïne n'est nullement hypnotique, n'a été, jusqu'à présent, jamais utilisée dans la thérapeutique.
=== Papavérine ==='''PAPAVÉRINE'''. — Nullement calmante, venant en second rang comme excitante et en troisième comme toxique, la papavérine se rapproche beaucoup de la thébaïne dans son mode d'action. C'est l'alcaloïde de l'opium qui a donné lieu à moins de travaux et de recherches.)
(ANTAGONISME RÉCIPROQUE DE L'OPIUM ET DES SOLANÉES VIREUSES, ET SPÉCIALEMENT DE LA BELLADONE. — En traitant de la belladone, nous nous sommes étendu sur cette question ; mais il nous a paru nécessaire de revenir ici sur ce sujet d'un si grand intérêt scientifique et pratique. Pendant le cours de la publication de ce Traité, de nouveaux matériaux sont venus grossir la somme des preuves à l'appui de l'existence réelle de cette opposition d'action. Mais il faut bien le dire, des opinions diamétralement opposées se sont aussi fait jour ; de sorte qu'actuellement, malgré les efforts de plusieurs physiologistes et de bon nombre de thérapeutistes, la loi d'antagonisme, bien qu'admise par la majorité, n'est pas unanimement acceptée.
== Pavot cornu ==
Nom accepté : ''[[Glaucium flavum]]''