<center>'''PASSERAGE (GRANDE)'''. ''Lepidium latifolium''. L.
''Lepidium latifolium''. C. Bauh., Tourn. — ''Lepidium vulgare sive peperitis''. Park.
'''Propriétés physiques et chimiques'''. — La grande passerage a l'odeur et la saveur des crucifères. La saveur est plus prononcée dans les feuilles que dans les fleurs ; elle est piquante et très-âcre dans la racine. Lorsqu'on mâche cette dernière, elle stimule les glandes salivaires et provoque leur excrétion comme la racine de pyrèthre. Comme la plupart des crucifères, elle contient de l'ammoniaque et de l'huile volatile.
On sert les feuilles de cette plante sur la table comme la moutarde et le raifort, aprèsles avoir arrosées d'un peu de vinaigre. On mange également les jeunes feuilles en salade, ou bien on les mêle avec le bœuf, comme assaisonnement.
'''PETITE PASSERAGE''', PASSERAGE IBÉRIDE, CHASSERAGE (''lepidium iberis'', L.). — Croît le long des chemins, aux lieux arides. On la confond souvent avec la grande passerage.
'''Description'''. — Tiges dressées, arrondies, glabres, à rameaux écartés. - Feuilles sessiles, petites, étroites, surtout au haut de la tige, entières, les radicales pétiolées, en rosette, découpées, caduques. — Fleurs blanches, petites, en panicule très-écartée. — Deux ou six étamines, etc. (juin-septembre-octobre).
Cette espèce jouit à un moindre degré des mêmes propriétés que la grande passerage. Elle à été annoncée en France, dit Wilmet, comme propre à broyer la pierre et à évacuer les graviers. En Espagne, suivant Peyrilhe, on joint souvent l'infusion de la passerage ibéride au quinquina, ou on la donne seule comme fébrifuge.
Williams, médecin à l'hôpital Saint-Thomas, a constaté les bons effets de cette plante contre l'asthme, la bronchite, l'hydropisie, et surtout l'hypertrophie du coeur. Elle ne diminue pas le nombre des pulsations comme la digitale ; mais elle modère leur violence, ce qui la rend très-recommandable dans l'hypertrophie avec hydropisie. Un autre médecin anglais, Sylvestre, lui attribue des propriétés spécifiques analogues à celles de la digitale et de la belladone ; il la considère également comme un des moyens les plus propres à régulariser les battements du coeur. Ces deux praticiens prescrivent l’''iberis amara'' en poudre, associée à la crème de tartre, dans le but de dissimuler son goût nauséeux, et en même temps de faciliter sa trituration. Elle détermine quelquefois des nausées, des étourdissements et de la diarrhée ; mais on fait rapidement cesser ces accidents en suspendant son emploi pour quelques jours. Il y aurait donc utilité à se livrer à de nouveaux essais sur les propriétés de la passerage, qui a été rayée, on ne sait trop pourquoi, de la liste des médicaments, après y avoir figuré avec honneurpendant vingt siècles<ref>''Journal des connaissances médico-chirurgicales'', mars 1849, p. 114 et 115.</ref>.
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<references/>
== Passerage des décombres ==
PASSERAGE DES DÉCOMBRES, CRESSON DES RUINES, PUETTE (''(Lepidium ruderale'', L.). — Petite plante annuelle, qui croît dans les décombres, les lieux stériles et froids.
'''Description'''. — Tige plus petite (10 à 30 centimètres), dressée, rameuse, rameaux étalés. — Feuilles radicales étalées en rosette, pétiolées, pinnatiséquées, les inférieures de même forme, les supérieures sessiles, linéaires ; pétales très-courts, souvent nuls (mai-septembre).
'''CRESSON ALÉNOIS'''. — PASSERAGE, CRESSON ALÉNOIS, CRESSON DES JARDINS, NASITORT (''Lepidium sativum'', L.). — Croît naturellement dans les lieux stériles. On le cultive dans les jardins potagers ; sa saveur est chaude, un peu âcre, piquante et très-agréable. On le mêle comme l'estragon et la capucine à la salade de laitue pour en relever le goût.
'''Description'''. — Tige dressée, rameuse, glabre, glauque, haute de 3 à 6 décimètres. — Feuilles, les radicales étalées en rosette, pétiolées, pinnatipartites les supérieures sessiles, linéaires, indivises. — Pédicelles fructifères serrés contre la tige.
Les passerages, comme toutes les plantes du même genre, n'ont une grande énergie qu'à l'état frais.
Le cresson alénois est antiscorbutique comme le cresson de fontaine, et peut comme ce dernier être mangé cru ou administré en décoction, ou mieux sous forme de suc ou en infusion vineuse. Cette plante a été employée avec avantage dans certaines affections atoniques, telles que l'hydropisie, la dyscrasie qui suit les fièvres intermittentes, l'engorgement chronique des viscères abdominaux quand un état phlegmasique douloureux ne s'y joint pas. J'ai fait disparaître en peu de jours une anasarque causée parune suppression de transpiration, survenue chez un ouvrier de cinquante ans après un sommeil de deux heures sur l'herbe humide, en lui faisant prendre le suc de cresson alénois dans le vin blanc, à la dose de 100 gr., matin et soir.
Roques rapporte que, sous forme de salade, les feuilles de cette plante, avec le cresson de fontaine et la chicorée sauvage, ont dissipé une affection scorbutique rebelle jusqu'alors à des moyens plus compliqués. — Ambroise Paré (1)<ref>''Pélag.'', p. 678.</ref> prescrit cette plante pilée ou frite dans l'axonge de porc sur la croûte laiteuse des enfants. Il est prudent d'employer préalablement, dans ce cas, un traitement dépuratif convenable. La suppression subite de cette affection cutanée peut amener des dangers, surtout lorsqu'il existe sur un organe principal, comme le cerveau ou le poumon, une irritation prédisposante ou attractive.
Bodart a proposé de substituer le cresson alénois à l'écorces de Winter, comme tonique et antiscorbutique. « Nous pouvons, dit ce médecin, très-bien nous dispenser de faire venir des îles du détroit de Magellan l'écorce de Winter, que les étrangers nous vendent à la frontière 12 francs la livre.L'importation de cette drogue, en 1806, a été de 1,652 kilogr. Nous eussions donc évité, relativement à ce seul médicament, l'émission de plus de 39,646 livres, argent de France, si nous nous fussions contentés de nos antiscorbutiques indigènes. »
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