<center></center>'''ELLÉBORE BLANC'''. ''Veratrum album''. L.
<center>''Helleborus albus, flore subviridi''. Bauh. — ''Veratrum flore subviridi''. Tourn.</center>
<center>Varaire, — veratre blanc, — vraire, — varasco.</center>
<center>MÉLANTHACÉES. — COLCHICACÉES. Fam. nat. — POLYGAMIE MONOÉCIE. L.</center>
Cette plante vivace (Pl. XVII) croît en Suisse, en Italie, dans les pâturages des hautes montagnes de la France, telles que celles de l'Auvergne, des Pyrénées, des Vosges, des Cévennes, du Jura, etc.
'''Description'''. — Racine épaisse, fusiforme, un peu charnue, pourvue de radicules blanches, allongées et réunies en touffes. — Tige droite, simple, cylindrique, un peu velue, haute d'environ 1 mètre 25 centimètres. — Feuilles alternes, grandes, lancéolées,engaînantes, glabres, munies de nervures nombreuses et parallèles. — Fleurs disposées en une ample panicule terminale, soutenues par de petites bractées, lancéolées (juillet-août). — Corolle d'un blanc verdâtre à six divisions égales, oblongues, lancéolées. - Six étamines ; trois styles courts avec trois stigmates simples et trois carpelles qui plus tard deviennent le fruit formé de trois follicules droites, allongées, un peu comprimées, s'ouvrant à leur bord intérieur, qui contiennent une grande quantité de semences s'attachant le long de la suture intérieure.
'''Parties usitées'''. — La racine.
La varaire blanche contient encore une autre base découverte par E. Simon, et à laquelle on a donné le nom de ''jervine''.
La jervine est blanche, cristalline, très-facilement fusible, peu soluble dans l'eau,très-soluble dans l'alcool [à 100 degrés elle perd quatre équivalents d'eau, elle fond au-dessus de cette température et se décompose vers 200 degrés ; d'après Will, elle peutêtre représentée par C<sub>69</sub> H<sub>45</sub> Az<sub>2</sub> O<sub>5</sub>] ; elle forme, avec les acides sulfurique, nitrique et chlorhydrique, des sels fort peu solubles, même dans un excès d'acide. Simon a profité de la grande différence de solubilité des sulfates de vératrine et de jervine pour séparer ces deux bases l'une de l'autre (Soubeiran).
<center>PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.</center>
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L'azotate et l'hydrochlorate de vératrine peuvent être employés comme la vératrine, et ont la même action.
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La racine d'ellébore blanc est la base de la teinture elléborée de la pharmacopée de Londres.
La racine d'ellébore blanc est un poison âcre très-violent ; pulvérisée et appliquée sur le tissu cellulaire, elle détermine des vomissements violents et diverses lésions du système nerveux auxquelles les animaux succombent promptement. A l'ouverture des cadavres, on observe des traces d'inflammation sur divers points de la membrane muqueuse du canal digestif etdans la plaie.
L'empoisonnement est encore plus effrayant si on introduit le poison dans les vaisseaux sanguins, ou si on l'applique sur les membranes séreuses, parce que l'absorption est plus prompte. Des cbiens, dans la veine jugulaire desquels on avait injecté de la décoction d'ellébore blanc, moururent subitement. (Schadel, Courlen, Wiborg, Scheele.)
Les effets toxiques de cette racine sont moins intenses et plus tardifs lorqu'on l'introduit dans l'estomac. La phlogose locale ne suffit pas pour rendre raison, dans ce cas, de la mort qui arrive constamment par l'administration d'une certaine dose. Il est à remarquer, cependant, que si les animaux ont conservé la faculté de vomir, ils peuvent ne pas succombersous l'influence d'uue petite quantité de poison.
Les symptômes de l'empoisonnement par l'ellébore blanc chez les animaux sont les suivants : respiration pénible et lente, ralentissement des battements du pouls, nausées, vomissements de matières bilieuses et muqueuses ; ptyalisme, station et progression très-difficiles, tremblement dans les muscles des membres postérieurs, et quelquefois dans ceux des membresantérieurs : alors la circulation et la respiration peuvent s'accélérer ; sortie de la langue hors de la bouche, faiblesse excessive, l'animal restant couché sur le flanc. Le plus ordinairement, cessation des vomissements ; alors convulsions augmentant de temps à autre, et bientôt suivies de l'opisthotonos, de l'emprosthotonos et de la mort.
Dans certaines circonstances, il y a intermittence du pouls, gêne de la respiration et diminution notable de la chaleur intérieure et extérieure.
D'après de nouvelles observations dues à Greding, Wendt, Avenbrugger, Smith, Hahnemann, Reil, Voigtel, etc., elle paraît surtout indiquée comme propre à rétablir l'équilibre des fonctions organiques, lorsqu'il a été rompu par un grand ébranlement du système nerveux et spécialement des plexus ganglionnaires abdominaux.
Les évacuations abondantes que la racine de cet ellébore produit ont quelquefois favorisé la guérison de l'hydropisie ; mais, ainsi que l'observe le judicieux Murray, la violence de son action a donné la mort à plusieurs hydropiques. Comme j'ai toujours pu remplir les mêmes indications avec d'autres plantes sans exposer les malades à de tels dangers, je me suisabstenu de l'usage de l'ellébore blanc à l'intérieur.
Cependant, Gesner, qui a essayé les propriétés de cette plante sur lui-même, a trouvé le moyen d'enchaîner cette substance trop énergique, et de guérir par son usage des obstructions abdominales. Voici comme il procédait : Racine sèche et pulvérisée d'ellébore blanc, 8 gr. ; faites digérer pendant un mois dans 170 gr. de vin spiritueux, que l'on administre à la dose de 1 gr. 23 centigr., non dans l'intention de purger, mais de résoudre les embarras des viscères. Gilibert indique ce remède comme un des meilleurs fondants ; sous cette forme, on l'a employé dans les dartres, la teigne, la lèpre et l'éléphantiasis.
[Quelques auteurs ont pensé que le ''veratrum viride'' ou ellébore d'Amérique, que l'on a tant vanté dans ces derniers temps, sous la forme de teinture contre les maladies inflammatoires, telles que la pneumonie, la pleurésie, le rhumatisme aigu, la manie aiguë, et surtout la péritonite puerpérale, et enfin contre les palpitations du coeur, l'éclampsie, la chorée, etc., etc., n'est qu'une variété du ''V. album'' ; mais la racine de l'ellébore d'Amérique ou ''veratrum viride'', qu'il faut bien se garder de confondre avec ce que nous appelons ''ellébore vert'' (''elleborus viridis'', renonculacées), qui a été décrite par E. Cutter, diffère essentiellement de notre racine d'ellébore blanc ; mais il est très-probable qu'elles jouissent toutes les deux des mêmes propriétés.]
'''VÉRATRINE'''. — D'après les expériences de Magendie, la vératrine exerce sur l'économie animale une action analogue à celle des végétaux d'où on la retire.
(Appliquée à l'extérieur, elle agit comme rubéfiant ; introduite dans les fosses nasales, elle détermine de violents éternuments souvent suivis de céphalalgie ; à petite dose à l'intérieur, elle excite des nausées, des vomissements, des selles abondantes.)
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cellulaire sous-cutané. — DEUXIÈME PÉRIODE. Abattement, prostration des forces, ralentissement de la circulation (état non signalé par M. Magendie et qui a porté plusieurs praticiens à n'attribuer à la vératrine que la propriété de ralentir la circulation), souvent l'irrégularité du pouls. Les chiens se tiennent difficilement sur leurs pattes, se couchent. Les chevaux sont abattus et témoignent une dépression des forces. — TROISIÈME PÉRIODE. Parl'influence de doses plus considérables, extension et raideur des membres, muscles du thorax et de l'abdomen contractés, respiration anxieuse et pénible, trismus, accès tétaniques d'abord courts et à de grands intervalles ensuite plus longs, plus rapprochés et accompagnés de l'augmentation de la sensibilité au point de provoquer de nouvelles contractions en touchant l'animal ; obstacle au renouvellement du sang se prononçant de plus en plus ; mort par asphyxie après une demi-heure ou une heure, ou diminution progressive des symptômes si l'animal résiste à l'action toxique de la vératrine.
La vératrine n'agit pas toujours aussi régulièrement. Quelquefois son action plus ou moins marquée sur le tube digestif se continue, soit pendant la période hyposthénisante ou de dépression du système sanguin, soit pendant la période hypersténisante ou d'excitation du système nerveux. Ces deux dernières périodes peuvent aussi avoir une durée et une intensité variables. Si la dose de vératrine est toxique, son action s'exercera directement sur le système nerveux et produira rapidement le tétanos, l'asphyxie et la mort (Koelliker<ref>''Archive für Pathologie'', 1858.</ref>, d'après des expériences sur les batraciens, établit que l'alcaloïde qui nous occupe est un excitant de la moelle épinière, et qu'il produit le tétanos et la paralysie du cœur)<ref>Consultez le ''Journal de chimie et de pharmacie'', 1856, t. XXIX, le travail de van Praag, ''Études toxicologiques et pharmacodynamiques sur la vératrine''.</ref>.
Comme le colchique, dans les affections goutteuses, la vératrine s'est montrée efficace dans le traitement du rhumatisme articulaire aigu. C'est à Piédagnel<ref>''Bulletin de thérapeutique'', t. XLIII, p. 141.</ref> que l'on doit les premiers essais de ce médicament dans cette dernière affection, où son action contro-stimulante est analogue à celle du sulfate de quinine à haute dose, auquel, à mérite égal, elle devra être préférée, à cause de la modicité de son prix, dans la médecine rurale et dans celle des ouvriers et des pauvres de nos cités populeuses.
Voici le mode d'administration employé par Piédagnel : une pilule de 5 milligr. de vératrine le premier jour, deux le deuxième jour, en augmentant chaque jour d'une pilule jusqu'au nombre de sept ou rarement huit. Lorsqu'il y a amélioration notable, ce qui a lieu ordinairement au quatrième, cinquième ou sixième jour, on s'arrête à la dose de la veille. Oncontinue à cette dose un ou deux jours, puis on diminue graduellement, et à proportion de la diminution des accidents eux-mêmes, pour cesser, lorsqu'après quatre ou six jours d'attente, la guérison se maintient. Ces pilules sont données dans une cuillerée d'eau sucrée ou de tisane, à des intervalles proportionnés au nombre désigné pour chaque jour. — S'il y a intolérance manifestée par l'irritation des voies digestives (coliques, diarrhée, etc.), ilfaut diminuer les doses ou suspendre cette médication, dont l'effet hyposthénisant doit se montrer immédiatement sur le système sanguin, et calmer en même temps la fièvre, la douleur et l'inflammation. C'est un résultat tout à fait semblable à celui qu'on obtient par l'emploi de l'aconit. (Cette tentative a reçu pleine consécration par les travaux de Trousseau, Turnbull, Bouchut (chez les enfants), etc. Aran a publié<ref>''Journal de médecine et de chirurgie pratiques'', janvier 1859.</ref> une intéressante observation d'endopéricardite rhumatismale chez une jeune fille de douze ans, guérie par la vératrine (toutes les quatre heures une des pilules suivantes : vératrine, 5 centigr. ; suc et gomme, ''Q.S.'' ; 30 pilules.)
Aran<ref>''Bulletin de thérapeutique'', t. XLV, p. 385.</ref> a non-seulement mis en usage avec succès la vératrine dans le rhumatisme articulaire aigu, mais aussi dans la pneumonie, en la donnant jusqu'à la tolérance comme le tartre stibié, dont l'emploi, mieux connu, doit être préféré. (Elle a été, depuis cette époque, fréquemment usitée dans ce cas. Ghiglia<ref>''Bulletin de thérapeutique'', juillet 1859.</ref> associe 5 milligr. de vératrine à 5 centigr. d'extrait thébaïque, et forme une pilule dont il répète l'administration de six à douze fois, dans les vingt-quatre heures.)
Bardsley, de Manchester<ref>Dierbach, ''Die neuesten Entdeckungen'', etc., t. I, p. 262.</ref> a tenté quelques essais thérapeutiques avec les sels de vératrine. L'acétate de cette base, administré par 125 milligr. (1/4 de grain) d'abord, et porté par degrés jusqu'à 75 ou 100 milligr. (1 grain 1/2 à 2 grains par jour) en plusieurs fois, lui a réussi dans un cas d'hydropisie, et lui a paru aussi utile dans le rhumatisme chronique, la sciatique et la goutte, que le colchique. Sur vingt-quatre rhumatisants, septont été guéris, dix soulagés, sept autres n'en ont éprouvé aucun bien. Après l'ingestion de ce médicament, le pouls devenait plus lent et plus faible, et quand on forçait la dose, il survenait des nausées, des vomissements, enfin des selles séreuses, abondantes, salutaires surtout dans la goutte.
La teinture, l'huile simple ou composée et la pommade de vératrine sont employées en frictions dans les névralgies, le rhumatisme articulaire aigu, (les affections oculaires d'origine nerveuse, les cataractes, les iritis, etc. dans les douleurs de la dysménorrhée. Vannaire<ref>''Bulletin de thérapeutique'', février 1861.</ref> a obtenu de bons effets de la pommade de vératrine (10/100e) employée avec frictions sur la région ombilicale. Lafarge a expérimenté la vératrine (1/10 à 1/15 de milligr.)
en inoculation contre les névralgies. — Pour les injections sous-cutanées, ce médicament, difficilement soluble dans l'eau, n'est mêlé à ce véhicule que préalablement dissous dans l'alcool, l'éther, ou le chloroforme. On prend pour une injection quatre gouttes d'une solution de 5 centigr. dans 8 gr. de liquide. L'effet local est un peu douloureux à cause de la nature du véhicule ; puis, il ne tarde pas à se manifester un abaissement du pouls qui arrive beaucoup plus promptement et plus sûrement qu'avec la digitaline. Si la dose est un peu forte ou le sujet sensible, il survient des nausées, et même le vomissement, de la salivation, et plus tard des spasmes dans des rayons de nerfs plus ou moins étendus. Quelquefois on rencontre une dépression marquée du système nerveux. Erlenmeyer s'est surtout bien trouvé de ces injections dans les palpitations nerveuses et l'activité excessive du cœur.)
== Ellébore noir ==
<center>'''ELLÉBORE NOIR'''. ''Elleborus niger''. L.</center>
<center>''Helleborus niger flore roseo''. Bauh. — ''Helleborus niger angustifloribus foliis''. Tourn.</center>
<center>Rose de Noël, — herbe de feu, — ellébore à fleurs roses.</center>
<center>RENONCULACÉES. — ELLÉBORÉES. Fam. nat. — POLYANDRIE POLYGYNIE. L.</center>
<center>PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.</center>
{|align="center"
Vin (préparé avec la racine), de 20 à 60 gr.<br \>
Teinture (1 sur 5 d'alcool à 22 degrés), de 50 centigr. à 2 gr. progressivement, en potion.<br \>
Extrait (par infusion ou décoction de la racine, 1 sur 6 d'eau), de 10 à 50 centigr., enpilules, etc.<br \>
A L'EXTÉRIEUR. — Décoction pour lotions. Pom-
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La racine de l'ellébore noir est un purgatif drastique qui peut produire l'empoisonnement si on le donne à trop forte dose. A l'état frais, sa racine, appliquée sur une plaie saignante pendant quelques instants, détermine le vomissement ; aucune des substances vénéneuses employées jusqu'à ce jour ne produit aussi promptement cet effet, au rapport d'Orfila. Administrée à forte dose, cette plante peut causer une superpurgation, des vomissementsopiniâtres, l'inflammation du tube digestif, des selles sanguinolentes, un froid excessif et la mort. Elle agit à peu près de la même manière que l'ellébore blanc, mais moins violemment. L'empoisonnement par cette substance réclame le même traitement.
(Schroff a fait une étude approfondie de la valeur réelle des ellébores. Il a observé qu'en employant celui qui nous occupe à des doses progressivement croissantes chez les lapins, on remarque un amaigrissement graduel malgré la conservation de l'appétit, et enfin la mort. Chez l'homme, il n'a constaté aucun effet dans les premiers jours ; mais l'action ne tarda pas à se prononcer et s'accroître après chaque administration du médicament. Les effets de l'ellébore se cumulent manifestement ; ils peuvent être divisés en deux catégories : 1° pesanteur de tête, vertiges, bourdonnements d'oreilles, dilatation des pupilles ; sommeil lourd et agité, troublé par des rêves ; ralentissement du pouls, lassitude, anxiété, etc. ; 2° parfois augmentation de la sécrétion salivaire et urinaire, vomissements, douleurs stomacales et intestinales, la diarrhée est exceptionnelle ; l'effet drastique qu'on attribue à cette plante n'a pas été constaté par Schroff.
Les anciens faisaient grand cas de la racine d'ellébore contre la folie, Hippocrate la regardait comme le remède par excellence contre cette affection. Les historiens et les poètes ont célébré de tout temps les cures merveilleuses opérées par l'elléborisme dans l'île d'Antycire. On pense que la plante dont se servaient tes anciens était l’''helleborus orientalis'', dont les propriétés peuvent être très-différentes de celles de notre ellébore noir. Quoi qu'il en soit, l'action perturbatrice de ce dernier peut être efficace dans certains cas d'aliénation accompagnés d'une sorte d'inertie, de torpeur du canal digestif, et d'un état du cerveau et du système nerveux indiquant la nécessité d'une forte révulsion.
Musa, Brassavole, Lorry, Vogel, ont fait l'éloge de notre ellébore noir contre les affections mentales. Gozzi<ref>''Raccoglitore medico'', 1846.</ref> l'a vu réussir chez trois individus atteints de folie. Il administrait, matin et soir une pilule de 10 centigr. d'ellébore en poudre. Roques a obtenu des résultats avantageux de l'extrait de cette plante dans le délire fébrile, où il a paru agir comme hyposthénisant direct. Miquel, au rapport de Roques, a dissipé, comme par enchantement, un délire frénétique au moyen du même remède, administré à la dose de15 centigr. toutes les trois heures.
La puissante dérivation attribuée à l'ellébore noir sur les organes digestifs l'a fait employer avec succès dans les hydropisies passives, lorsque, toutefois, il y avait absence de phlegmasie péritonéale ou de lésions organiques avec irritation. Freind et Brunner, d'après Avicenne, l'ont employé dans cette indication. Brunner faisait infuser une once (32 gr.) de racine fraîche de cette plante dans 4 livres (2 kilogr.) de vin généreux, avec une poignéed'absinthe ; il en faisait prendre un verre le matin â jeun.
Tous les médecins savent que l'ellébore noir fait la base des pilules toniques et antihydropiques de Bacher, lesquelles sont composées de 30 gr. d'ellébore noir, de pareille quantité d'extrait de myrrhe à l'eau et de 12 gr. de poudre de chardon bénit, dont on fait des pilules de 2 centigr. et demi. J'ai employé ces pilules avec avantage dans quelques cas d'anasarque où il n'existait aucune irritation inflammatoire des organes digestifs, et lorsquela maladie avait un caractère passif bien évident.
Hildanus s'est guéri lui-même, avec la racine d'ellébore noir, d'une fièvre quarte, et a obtenu le même succès sur d'autres malades. Il est quelquefois utile de rompre, par une violente perturbation, l'habitude morbide qui entretient les fièvres intermittentes anciennes. Au reste, dans ces cas, tout autre drastique produit le même effet, ainsi que je l'ai observé à l'occasion de l'emploi de la chélidoine chez une jeune fille atteinte depuis longtemps d'une fièvre quarte. (Voyez [[Chélidoine (Cazin 1868)|CHÉLIDOINE]].)
Les anciens employaient fréquemment l'ellébore dans les maladies cutanées chroniques. Arétée et Celse, Halles et Hildanus le recommandent dans la lèpre, l'éléphantiasis, les affections herpétiques et psoriques.
Les médecins vétérinaires font avec la racine d'ellébore noir des trochisques irritants qu'ils introduisent sous la peau, dans les ouvertures d'un séton, par exemple ; ils ont pour but de déterminer une inflammation dérivative et dirigent cette médication contre les maladies de poitrine graves du cheval et des ruminants).
== Ellébore fétide ==
<center>'''ELLÉBORE FÉTIDE'''. ''Helleborus fœtidus''. L.</center>
<center>''Helleborus niger fœtidus''. Bauh., Tourn. — ''Helleboraster''. Black.— ''Helleboraster maximus''. Ger.</center>
<center>Pied de griffon, — pas de loup, — pattes d'ours, — pied de lin, — herbe aux boeufs, herbe de cru, — parménie, — pommelée, — marfourée, — herbe au fi.</center>
<center>RENONCULACÉES. — ELLÉBORÉES. Fam. nat. — POLYANDRIE POLYGYNIE. L.</center>
('''Culture et Récolte'''. — Comme l'ellébore noir.)
Cet ellébore, d'une odeur fétide, d'une saveur âcre et amère, si on l'emploie sans précaution, est aussi vénéneux que les deux espèces, dont je viens de parler, agit de la même manière, et l'empoisonnement qu'il cause réclame les mêmes moyens. Il peut être très-utile comme purgatif et vermifuge quand il est manié avec prudence. A l'exemple des anciens, qui excellaient dans l'art de diminuer l'action trop véhémente des substances les plus délétères, on peut faire macérer modérément ses feuilles dans le vinaigre, ou les humecter simplement avec cette liqueur, en exprimer ensuite le suc pour en faire un sirop avec le sucre ou le miel. Ainsi préparé, l'ellébore fétide ne cause ni nausées ni vomissements. On en administre une moyenne cuillerée le soir, et une ou deux le matin, pendant deux ou trois jours de suite, pour un enfant de cinq à six ans. On augmente ou l'on diminue la dose selon l'âge ou l'état du malade. Comme cette dose produit rarement des selles, on peut prendre ensuite un léger purgatif. J'ai employé la poudre des feuilles de cet ellébore à la dose de 50 à 80 centigr. dans quantité suffisante d'eau miellée, pour expulser les vers intestinaux. Ordinairement cette dose, proportionnée à l'âge des enfants, et que l'on répète tous les deux ou troisjours, purge suffisamment, tout en agissant très-efficacement comme vermicide. On peut aussi donner les feuilles en décoction (2 à 4 gr. pour 180 gr. d'eau), en diminuant ou en augmentant la dose suivant l'âge et les circonstances morbides, mais toujours en plusieurs fois et en observant ses effets.
Bisset dit que c'est un remède qui ne lui a jamais manqué à titre de vermifuge ; mais, ainsi que le fait remarquer Pinel<ref>''Encyclopédie méthodique''.</ref>, à cause des qualités très-âcres de cette plante, il faut commencer par de très-petites doses pour éviter l'effet irritant qu'elle peut produire sur des individus délicats et sensibles.
'''ELLÉBORE VERT'''. — ELLEBORUS VIRIDIS, L. — ''Ellébore noir de beaucoup d'herboristes, des jardins ; herbe à séton''. — Croît aux environs de Paris, du Mans, en Picardie, etc., dans les haies et les vergers.
'''Description'''. — Racine brune en dehors, blanchâtre en dedans, chevelue. - Tiges annuelles, de 30 à 50 centimètres, droiles, un peu rameuses supérieurement, feuillées seulement à partir des rameaux. — Feuilles coriaces, grandes, lanceolées, linéaires ; les radicales longuement pétiolées, celles des rameaux sessiles, à dents profondes et écartées. — Fleurs d'un vert jaunâtre, 2-5, un peu penchées (mars-avril). - Calice un peu fermé.