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__TOC__
[489]
== Grateron ==
Voir la page ''[[]]''
GRATERON. Gallium aparine. L.
Aparine vulgaris. C. BAUH., TOURN. — Lappago Plinii. J. BAUH.
Philanthropon Dioscoridis.
Caille-lait grateron, — aparine, — rièble, — capille à teigneux.
RDBIAGÉES. Fam. nat. — TÉTRANDRIE MONOGYNIE. L.
Le.grateron (PI. XXI), plante annuelle, qui s'attache à tous les corps qui
touchent, et que l'onrencontre partout, dans les champs, les haies, les
■11! TfeT,^ Pharmacie, mai 1865.
3 B™, à?.ï.ttu?cultation médiate.
W) mue médicale, 1815
[490]
jardins, etc., est connu de tout le jnon.de par l'importunité de sa présence
Description. — Racines grêles, un peu quadrangulaires, garnies de films
courtes, menues. — Tiges longues de 75 centimètres à 1 mètre, grimpantes, noueuses
tendres, tétragones, peu rameuses, hérissées d'aspérités crochues sur leurs an»les.-!
Feuilles étroites, lancéolées-linéaires, un peu rétrécies à la base, pubescentes en dessus
glabres en dessous, mucronées au sommet, verticillées par six ou huit, hérissées »
chues à leur bord et le long des nervures. — Fleurs d'un blanc sale ou d'un jaune' ver-
dâlre, peu nombreuses, à pédoncules axillaires longs, ramifiés (juin-juillet). — Corolle
en rose, à quatre divisions, quatre étamines. — Ovaire inférieur à deux lobes.— style
bifide, deux stigmates globuleux. — Fruits : akènes pisiformes, accolés deux à deui
hérissés de poils nombreux, rudes et crochus.
Parties usitées. — L'herbe.
Recolle. — Se fait pendant tout l'été, mais de préférence en juin et juillet. Celle
plante est plus active à l'état frais qu'après dessiccation.
[Culture. — Le. grateron se propage par graines que l'on sème en terre légère™
printemps.]
Propriétés physiques et cltiiniques. — Le grateron est inodore.
A l'état frais, sa saveur, d'abord légèrement amère, devient ensuite acre et prend àli
gorge. Les tiges et les feuilles contiennent un suc aqueux assez abondant. La racine»
ferme une matière colorante qui rougit l'eau par ta macération, et qui imprime, cornu
celle de la garance et de la croisette, une couleur rouge aux os des animaux qui s'en
nourrissent. Ce principe colorant peut être fixé sur les étoffes par divers mordants. Iiest
étonnant que cette plante, si abondamment répandue, n'ait point appelé l'allenttaè
l'industrie tinctoriale, et que les chimistes ne se soient pas occupés de son analyse.
Les fruits torréfiés ont une saveur et même une odeur analogue à celle du cale.li
séchant, ils se durcissent, prennent un poli vif et servent quelquefois à l'aire des tète
aux aiguilles dans la fabrication de la dentelle. — La racine engraisse, dit-ou,h
volaille.
PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'INTÉRIEUR. — Décoction de la plante fraî-
che, 1 à 2 poignées par kilogramme d'eau.
Décoction de la plante sèche, 30 à 60 gr. et
plus par kilogramme d'eau.
Suc exprimé ou dépuré, .100 à 500 gr. par
jour, seul ou dans du ,petit-lait, etc.
Eau distillée, 200 à 500 gr. comme véhicule,
en potion, etc.
A L'EXTÉRIEUR. — Plante fraîche en cata-
plasme.
Décoction en fomentations, etc.
Pommade, parties égales d'axonge et de sn:.
Le grateron, inusité de nos iours, et dont on ne fait pas mention te
nos pharmacologies modernes, était autrefois employé comme diurétique, ;
apéritif, sudorifique, incisif, résolutif, etc. Glisson et plusieurs autres méde-
cins l'ont préconisé dans le rachitis; Mayerne dans l'hydropisie; Gaspan
contre les scrofules.; J. Ray, dans les engorgements de la rate; Echvards(l),
dans le scorbut. — Le suc de grateron, à la dose de S00 gr. par jour, art
présenté parles uns comme un remède contre les maladies ai gués (2). D a-
près Martius (3), les Cosaques de l'Ukraine s'en servent en infusion pourse
préserver de la rage. Enfin on a vanté le grateron dans la jaunisse, la g""
velle, les dartres, la petite vérole, la pleurésie, les fièvres malignes, etc.
A. l'extérieur, Dioscoricle l'employait écrasé avec de l'axonge sur les scro-
fules, ou à l'état de suc sur les gerçures du mamelon, et Gardanc(4) ditenavoir
vérifié lésions effets en pareil cas. Suivant quelques anciens auteurs, on I'
appliqué sur le cancer ulcéré pour en modérer des progrès, sur les ulcw
pour les déterger. Wilmet dit qu'on se sert de ce topique avec succès
Epinal sur les ulcères, et surtout sur les panaris. ,,
A ce concert de louanges on a opposé l'opinion de Cullen et celle
(1) Trealise on the groose-grass, or cliners, and Us ejficacy in Ihe cure ofthernos'"
rate scurwj. Londres, 1784. — Extrait, Ancien Journal de médecine, t. LXIX, p-l55-
(2) Bibliothèque médicale, t. XIX, p. 321.
(3) Bulletin des sciences médicales. Férussac, t. XIII, p. 355.
(4) Gazette de santé, 1777.
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GRATERON. 491
'Guèrsent' (l). Le premier n'ayant retiré aucun avantage du grateron, soit à
irintérieur, soit à l'extérieur, dans les scrofules seulement, se félicite de ce
.quïl est retranché de la plupart des pharmacopées. Le second, l'ayant vu em-
ployer sans aucun succès dans les dartres, conclut « qu'on peut jusqu'à pré-
senttegarder comme à peu près hypothétique tout ce qu'on a dit sur les
propriétés de cette plante. » — Cette manière de voir ressemble un peu à
i .celle d'hn voyageur anglais, dont parle Voltaire, et qui, ayant eu à Blois
iuie querelle avec son hôtesse, laquelle était rousse et acariâtre, écrivit sur
: ,ses tablettes : « Toutes les femmes de Blois sont rousses et acariâtres.
- .'/Quoiqu'il en soit, le grateron ne mérite ni les éloges outrés des uns, ni
; ;laréprobation des autres. Il possède des propriétés réelles que l'observa-
- rtion m'a démontrées dans le traitement des hydropisies , où son action diu-
rétique est ;prompte, ^puissante et durable. Les faits suivants confirment
■ cette,assertion :
inasarque.—"Mme Vasseur, âgée de cinquante-sept ans, jardinière, d'un
tempérament lymphatico-sanguin, d'une forte constitution, habite depuis
" 'quelquetemps un lieu bas et humide, où régnent fréquemment des fièvres
•intermittentes. Convalescente d'une fièvre tierce dont elle avait été atteinte
; idansles premiers jours de Miai 1851, elle se couche sur l'herbe, s'endort, et
; îeTeveille saisie d'un frisson général. Dès lors, courbature, douleurs con-
' 'tnsives dans les membres, et, trois jours après, bouffissure delà face, oedème
{des extrémités inférieures se propageant rapidement sur toute l'étendue du
•:'corps, et .constituant l'anasarque. Appelé le 8 juin, je constate les symptômes
' suivants : infiltration séreuse générale et très-considérable, urines rares, rou-
-; 'ges^édimenteuses, non albumineuses ; absence d'irritation gastro-intestinale,
■ 'appétit; pouls régulier, état normal du coeur, frissons vagues sans fièvre,
parfois difficulté de respirer clans la position horizontale, sans signe d'épan-
; «tarent thoracique. Je «prescris la déeoction de deux à trois poignées de
(grateron fraîchement cueilli dans 1 litre 1/2 d'eau réduit à 1 litre, à prendre
chaque jour par tasses. Dès le lendemain, augmentation considérable de là
' sécrétion urinaire, persistant les jours suivants à tel point que le 12, jour
: dema visite, la quantité d'urine rendue est de cinq à six litres dans les
; vingt-quatre heures. La continuation de l'usage de la décoction de grateron
• entretient cette abondante diurèse, dissipe rapidement l'infiltration et
: amène-une guérison complète au bout de huit jours.
Anàsarque albuminurique, suite de scarlatine. — M 1" Robart, âgée de dix-
.)nlanf' Q'un tempérament sanguin^ bien réglée, et jouissant habituelle-
"P^d'une bonne santé, venait d'être atteinte d'une scarlatine intense, avec
jlpnediphthérique. A peine entrée en convalescence, elle quitte une petite
enarabre "exposée au midi pour habiter un appartement beaucoup plus
; grand, exposé au nord et par conséquent plus froid. Deux jours après, le
(iOjuillet 1832, gonflement de la face, des mains et des pieds, urines albu-
. mineuses, insomnie, crainte, anxiété. Je prescris : fumigation dans le lit
: « frictions avec la vapeur de baies de genévrier, au moyen d'une bassi-
;;Mire;-flanelle sur tbiït le corps, infusion de fleurs de sureau chaude
Pour boisson ; potion composée d'infusion de fleurs de coquelicot, 150 gr.,
! acétate d'ammoniaque .liquide récemment préparé, 25 gr.. de sirop des
~W VïvnBS ^éUques, 30 gr., à prendre par cuillerées dans la journée.
- et ? ^Pfei'deeesvmoyens pendant quatre jours, l'infiltration s'accroît
naf^]t<5U^e corPs>les urines précipitent une grande quantité d'albumine
IftiM V^ri5ueV la malade se tourmente et désespère de son état. Je
gratl " médication ci^dessus indiquée la décoction concentrée de
8 teron, avec addition de sirop des cinq racines, à prendre tiède et par
M Dictionnaire des sciences médicales, t. XIX, p. 323.
[492]
tasses d'heure en heure. Dès lors, diurèse tellement abondante que la m,.
lade me dit le lendemain que sa nuit s'est passée à uriner copieusement eli
chaque instant. Après huit jours de l'emploi du grateron, l'anasarque'adis.
paru, les urines sont de moins en moins albumineuses, et le rétablissement"
favorisé par la chaleur et les soins hygiéniques convenables, se complète en
quelques jours.
Hydrothorax et anasarque. — Seillier, âgé de soixante-quatre ans, char-
pentier, d'une taille moyenne, fortement constitué, faisant habituellement
abus des spiritueux, atteint d'hydropisie depuis trois semaines environ aie
fait appeler le 16 juin 1853. A mon arrivée, le malade présente l'étatsui-
vant : anasarque générale portée au plus haut degré, anxiété, oppression
considérable, parfois sentiment de suffocation, impossibilité de rester dans
une position horizontale, pouls, intermittent, irrégulier, peu développé,
battements du coeur irréguliers et par intervalles très-fréquents et brusques,
urines rares, et ne précipitant pas d'albumine par l'acide nitrique. L'in-
filtration du tissu cellulaire rend difficile l'exploration de la poitrine, dans
laquelle je puis néanmoins constater un épanchement séreux assez considé-
rable. Le malade, qui jusqu'alors n'a pris pour tout traitement qu'une inln-
sion de feuilles de cassis nitrée et un mélange de trois cuillerées demielel
d'une cuillerée d'eau-de-vie à prendre tous les matins, remède populaire
indiqué dans le Recueil de M°" Fouquet (1), réclame un prompt soulage-
ment- L'emploi de la digitale est indiqué; mais l'action de ce médicament
sur les reins se faisant presque toujours attendre deux ou trois jours, je lu'
préfère celui du grateron, dont l'effet a lieu presque immédiatement, li
décoction concentrée de cette plante fraîche est prise dans les vingt-quatre
heures; quelques heures après, augmentation de la sécrétion urinaire;le
lendemain, cette augmentation est notable; le troisième jour, le malade
rend trois litres d'urine; le quatrième, près de quatre litres; le cinquième,
la quantité est augmentée d'un demi-litre. Sous l'influence non interrompu
du médicament, cette abondante sécrétion d'urine se maintient, l'oppres-
sion et les autres symptômes se dissipent à mesure que l'infiltration séreuse
disparaît, et au bout de quinze jours le malade entre en convalescence. Celle
guérison, qui date de trois ans, ne s'est pas démentie.
Je pourrais citer plusieurs autres cas analogues, où le grateron s'est mon-
tré tout aussi efficace. Cependant je ne considère pas ce remède comme ;
infaillible. Les praticiens savent combien le traitement des hydropisiesesl
incertain : tel remède qui réussit dans un cas échoue dans un autre.
J'ai vu employer la semence de grateron en poudre à la dose de 4 gr.in-
fusés dans un verre de vin blanc, pendant une nuit, et avalée le mal»
contre la gravelle. La décoction de la plante et son suc sont donnés attt
avantage dans la môme affection.
[[Catégorie:Cazin 1868]]
|titre=[[Cazin, Traité des plantes médicinales|Cazin, ''Traité des plantes médicinales'', 1868]]
|titrepageprécédente=Goémons (Cazin 1868)
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== Grateron ==
Voir la page ''[[]]''
GRATERON. Gallium aparine. L.
Aparine vulgaris. C. BAUH., TOURN. — Lappago Plinii. J. BAUH.
Philanthropon Dioscoridis.
Caille-lait grateron, — aparine, — rièble, — capille à teigneux.
RDBIAGÉES. Fam. nat. — TÉTRANDRIE MONOGYNIE. L.
Le.grateron (PI. XXI), plante annuelle, qui s'attache à tous les corps qui
touchent, et que l'onrencontre partout, dans les champs, les haies, les
■11! TfeT,^ Pharmacie, mai 1865.
3 B™, à?.ï.ttu?cultation médiate.
W) mue médicale, 1815
[490]
jardins, etc., est connu de tout le jnon.de par l'importunité de sa présence
Description. — Racines grêles, un peu quadrangulaires, garnies de films
courtes, menues. — Tiges longues de 75 centimètres à 1 mètre, grimpantes, noueuses
tendres, tétragones, peu rameuses, hérissées d'aspérités crochues sur leurs an»les.-!
Feuilles étroites, lancéolées-linéaires, un peu rétrécies à la base, pubescentes en dessus
glabres en dessous, mucronées au sommet, verticillées par six ou huit, hérissées »
chues à leur bord et le long des nervures. — Fleurs d'un blanc sale ou d'un jaune' ver-
dâlre, peu nombreuses, à pédoncules axillaires longs, ramifiés (juin-juillet). — Corolle
en rose, à quatre divisions, quatre étamines. — Ovaire inférieur à deux lobes.— style
bifide, deux stigmates globuleux. — Fruits : akènes pisiformes, accolés deux à deui
hérissés de poils nombreux, rudes et crochus.
Parties usitées. — L'herbe.
Recolle. — Se fait pendant tout l'été, mais de préférence en juin et juillet. Celle
plante est plus active à l'état frais qu'après dessiccation.
[Culture. — Le. grateron se propage par graines que l'on sème en terre légère™
printemps.]
Propriétés physiques et cltiiniques. — Le grateron est inodore.
A l'état frais, sa saveur, d'abord légèrement amère, devient ensuite acre et prend àli
gorge. Les tiges et les feuilles contiennent un suc aqueux assez abondant. La racine»
ferme une matière colorante qui rougit l'eau par ta macération, et qui imprime, cornu
celle de la garance et de la croisette, une couleur rouge aux os des animaux qui s'en
nourrissent. Ce principe colorant peut être fixé sur les étoffes par divers mordants. Iiest
étonnant que cette plante, si abondamment répandue, n'ait point appelé l'allenttaè
l'industrie tinctoriale, et que les chimistes ne se soient pas occupés de son analyse.
Les fruits torréfiés ont une saveur et même une odeur analogue à celle du cale.li
séchant, ils se durcissent, prennent un poli vif et servent quelquefois à l'aire des tète
aux aiguilles dans la fabrication de la dentelle. — La racine engraisse, dit-ou,h
volaille.
PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'INTÉRIEUR. — Décoction de la plante fraî-
che, 1 à 2 poignées par kilogramme d'eau.
Décoction de la plante sèche, 30 à 60 gr. et
plus par kilogramme d'eau.
Suc exprimé ou dépuré, .100 à 500 gr. par
jour, seul ou dans du ,petit-lait, etc.
Eau distillée, 200 à 500 gr. comme véhicule,
en potion, etc.
A L'EXTÉRIEUR. — Plante fraîche en cata-
plasme.
Décoction en fomentations, etc.
Pommade, parties égales d'axonge et de sn:.
Le grateron, inusité de nos iours, et dont on ne fait pas mention te
nos pharmacologies modernes, était autrefois employé comme diurétique, ;
apéritif, sudorifique, incisif, résolutif, etc. Glisson et plusieurs autres méde-
cins l'ont préconisé dans le rachitis; Mayerne dans l'hydropisie; Gaspan
contre les scrofules.; J. Ray, dans les engorgements de la rate; Echvards(l),
dans le scorbut. — Le suc de grateron, à la dose de S00 gr. par jour, art
présenté parles uns comme un remède contre les maladies ai gués (2). D a-
près Martius (3), les Cosaques de l'Ukraine s'en servent en infusion pourse
préserver de la rage. Enfin on a vanté le grateron dans la jaunisse, la g""
velle, les dartres, la petite vérole, la pleurésie, les fièvres malignes, etc.
A. l'extérieur, Dioscoricle l'employait écrasé avec de l'axonge sur les scro-
fules, ou à l'état de suc sur les gerçures du mamelon, et Gardanc(4) ditenavoir
vérifié lésions effets en pareil cas. Suivant quelques anciens auteurs, on I'
appliqué sur le cancer ulcéré pour en modérer des progrès, sur les ulcw
pour les déterger. Wilmet dit qu'on se sert de ce topique avec succès
Epinal sur les ulcères, et surtout sur les panaris. ,,
A ce concert de louanges on a opposé l'opinion de Cullen et celle
(1) Trealise on the groose-grass, or cliners, and Us ejficacy in Ihe cure ofthernos'"
rate scurwj. Londres, 1784. — Extrait, Ancien Journal de médecine, t. LXIX, p-l55-
(2) Bibliothèque médicale, t. XIX, p. 321.
(3) Bulletin des sciences médicales. Férussac, t. XIII, p. 355.
(4) Gazette de santé, 1777.
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GRATERON. 491
'Guèrsent' (l). Le premier n'ayant retiré aucun avantage du grateron, soit à
irintérieur, soit à l'extérieur, dans les scrofules seulement, se félicite de ce
.quïl est retranché de la plupart des pharmacopées. Le second, l'ayant vu em-
ployer sans aucun succès dans les dartres, conclut « qu'on peut jusqu'à pré-
senttegarder comme à peu près hypothétique tout ce qu'on a dit sur les
propriétés de cette plante. » — Cette manière de voir ressemble un peu à
i .celle d'hn voyageur anglais, dont parle Voltaire, et qui, ayant eu à Blois
iuie querelle avec son hôtesse, laquelle était rousse et acariâtre, écrivit sur
: ,ses tablettes : « Toutes les femmes de Blois sont rousses et acariâtres.
- .'/Quoiqu'il en soit, le grateron ne mérite ni les éloges outrés des uns, ni
; ;laréprobation des autres. Il possède des propriétés réelles que l'observa-
- rtion m'a démontrées dans le traitement des hydropisies , où son action diu-
rétique est ;prompte, ^puissante et durable. Les faits suivants confirment
■ cette,assertion :
inasarque.—"Mme Vasseur, âgée de cinquante-sept ans, jardinière, d'un
tempérament lymphatico-sanguin, d'une forte constitution, habite depuis
" 'quelquetemps un lieu bas et humide, où régnent fréquemment des fièvres
•intermittentes. Convalescente d'une fièvre tierce dont elle avait été atteinte
; idansles premiers jours de Miai 1851, elle se couche sur l'herbe, s'endort, et
; îeTeveille saisie d'un frisson général. Dès lors, courbature, douleurs con-
' 'tnsives dans les membres, et, trois jours après, bouffissure delà face, oedème
{des extrémités inférieures se propageant rapidement sur toute l'étendue du
•:'corps, et .constituant l'anasarque. Appelé le 8 juin, je constate les symptômes
' suivants : infiltration séreuse générale et très-considérable, urines rares, rou-
-; 'ges^édimenteuses, non albumineuses ; absence d'irritation gastro-intestinale,
■ 'appétit; pouls régulier, état normal du coeur, frissons vagues sans fièvre,
parfois difficulté de respirer clans la position horizontale, sans signe d'épan-
; «tarent thoracique. Je «prescris la déeoction de deux à trois poignées de
(grateron fraîchement cueilli dans 1 litre 1/2 d'eau réduit à 1 litre, à prendre
chaque jour par tasses. Dès le lendemain, augmentation considérable de là
' sécrétion urinaire, persistant les jours suivants à tel point que le 12, jour
: dema visite, la quantité d'urine rendue est de cinq à six litres dans les
; vingt-quatre heures. La continuation de l'usage de la décoction de grateron
• entretient cette abondante diurèse, dissipe rapidement l'infiltration et
: amène-une guérison complète au bout de huit jours.
Anàsarque albuminurique, suite de scarlatine. — M 1" Robart, âgée de dix-
.)nlanf' Q'un tempérament sanguin^ bien réglée, et jouissant habituelle-
"P^d'une bonne santé, venait d'être atteinte d'une scarlatine intense, avec
jlpnediphthérique. A peine entrée en convalescence, elle quitte une petite
enarabre "exposée au midi pour habiter un appartement beaucoup plus
; grand, exposé au nord et par conséquent plus froid. Deux jours après, le
(iOjuillet 1832, gonflement de la face, des mains et des pieds, urines albu-
. mineuses, insomnie, crainte, anxiété. Je prescris : fumigation dans le lit
: « frictions avec la vapeur de baies de genévrier, au moyen d'une bassi-
;;Mire;-flanelle sur tbiït le corps, infusion de fleurs de sureau chaude
Pour boisson ; potion composée d'infusion de fleurs de coquelicot, 150 gr.,
! acétate d'ammoniaque .liquide récemment préparé, 25 gr.. de sirop des
~W VïvnBS ^éUques, 30 gr., à prendre par cuillerées dans la journée.
- et ? ^Pfei'deeesvmoyens pendant quatre jours, l'infiltration s'accroît
naf^]t<5U^e corPs>les urines précipitent une grande quantité d'albumine
IftiM V^ri5ueV la malade se tourmente et désespère de son état. Je
gratl " médication ci^dessus indiquée la décoction concentrée de
8 teron, avec addition de sirop des cinq racines, à prendre tiède et par
M Dictionnaire des sciences médicales, t. XIX, p. 323.
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tasses d'heure en heure. Dès lors, diurèse tellement abondante que la m,.
lade me dit le lendemain que sa nuit s'est passée à uriner copieusement eli
chaque instant. Après huit jours de l'emploi du grateron, l'anasarque'adis.
paru, les urines sont de moins en moins albumineuses, et le rétablissement"
favorisé par la chaleur et les soins hygiéniques convenables, se complète en
quelques jours.
Hydrothorax et anasarque. — Seillier, âgé de soixante-quatre ans, char-
pentier, d'une taille moyenne, fortement constitué, faisant habituellement
abus des spiritueux, atteint d'hydropisie depuis trois semaines environ aie
fait appeler le 16 juin 1853. A mon arrivée, le malade présente l'étatsui-
vant : anasarque générale portée au plus haut degré, anxiété, oppression
considérable, parfois sentiment de suffocation, impossibilité de rester dans
une position horizontale, pouls, intermittent, irrégulier, peu développé,
battements du coeur irréguliers et par intervalles très-fréquents et brusques,
urines rares, et ne précipitant pas d'albumine par l'acide nitrique. L'in-
filtration du tissu cellulaire rend difficile l'exploration de la poitrine, dans
laquelle je puis néanmoins constater un épanchement séreux assez considé-
rable. Le malade, qui jusqu'alors n'a pris pour tout traitement qu'une inln-
sion de feuilles de cassis nitrée et un mélange de trois cuillerées demielel
d'une cuillerée d'eau-de-vie à prendre tous les matins, remède populaire
indiqué dans le Recueil de M°" Fouquet (1), réclame un prompt soulage-
ment- L'emploi de la digitale est indiqué; mais l'action de ce médicament
sur les reins se faisant presque toujours attendre deux ou trois jours, je lu'
préfère celui du grateron, dont l'effet a lieu presque immédiatement, li
décoction concentrée de cette plante fraîche est prise dans les vingt-quatre
heures; quelques heures après, augmentation de la sécrétion urinaire;le
lendemain, cette augmentation est notable; le troisième jour, le malade
rend trois litres d'urine; le quatrième, près de quatre litres; le cinquième,
la quantité est augmentée d'un demi-litre. Sous l'influence non interrompu
du médicament, cette abondante sécrétion d'urine se maintient, l'oppres-
sion et les autres symptômes se dissipent à mesure que l'infiltration séreuse
disparaît, et au bout de quinze jours le malade entre en convalescence. Celle
guérison, qui date de trois ans, ne s'est pas démentie.
Je pourrais citer plusieurs autres cas analogues, où le grateron s'est mon-
tré tout aussi efficace. Cependant je ne considère pas ce remède comme ;
infaillible. Les praticiens savent combien le traitement des hydropisiesesl
incertain : tel remède qui réussit dans un cas échoue dans un autre.
J'ai vu employer la semence de grateron en poudre à la dose de 4 gr.in-
fusés dans un verre de vin blanc, pendant une nuit, et avalée le mal»
contre la gravelle. La décoction de la plante et son suc sont donnés attt
avantage dans la môme affection.
[[Catégorie:Cazin 1868]]