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J’ai détergé promptement des ulcères atoniques, scorbutiques ou scrofuleux, par l’application du suc des feuilles et de laracine d'arum ; son action est très-énergique et change le mode d’irritation des parties affectées. Une suppuration de bonne qualité a lieu, et une cicatrisation solide s’opère peu à peu. Un cas très-curieux, pour lequel j’ai été consulté en 1848, mérite d'être rapporté.
Géneau, âgé de sept ans, habitant Samer, bourg avantageusement situé et très-salubre, constitution grêle, tempérament éminemment lymphatique, ayant eu des croûtes de lait pendant sa première et sa seconde dentition, était atteint depuis dix-huit mois environ d’une tumeur blanche à l’articulation huméro-cubitale gauche, contre laquelle on avait employé des frictions avec la pommade d’iodure de potassium iodurée, et le vésicatoire ; à l'intérieur, la décoction de houblon et l'huile de foie de morue. Ce traitement, irrégulièrement suivi, fut abandonné à cause de l’indocilité de l’enfant. On s’en tint seulement à l'entretien d'un vésicatoire occupant la moitié externe de la tumeur. Quand je vis ce malade, à la fin d’avril 1848, la tumeur blanche était très-volumineuse ; elle occupait toute l’articulation, qui était immobile et en demi-flexion. Un fondus de la grosseur du poing s'était développé sur toute l’étendue du vésicatoire, qui, négligé, pansé avec des corps gras, s'était ulcéré. Cette énorme hypersarcose, d’un aspect hideux , peu douloureuse, saignant au plus léger frottement, fournissait une suppuration abondante. La partie non ulcérée de la tumeur blanche était pâle, excepté au pourtour du fondus. 11 Il y avait pâleur du teint, amaigrissement, grande débilité; parfois irritation gastro-intestinale manifestée par la diarrhée ou la constipation, mais toujours assez bon appétit et sommeil paisible. Dunan, Courtois et Grignon, médecins à Pâmer, avaient, me dit-on, déclaré que l’amputation du bras était le seul moyen à employer. Je dois avouer que je partageais cette opinion ; mais comme les parents s’opposaient à toute opération sanglante, je proposai subsidiairement la destruction du fondus par l'application du caustique de Vienne. On demanda un délai de quelques jours. Un guérisseur de campagne fut consulté. Ce dernier conseilla l'application journalière des feuilles d’arum, broyées et réduites en.pulpe, sur toute l'étendue du fondus, et des compresses imbibées de la décoction des racines delà même plante, autour de l'articulation. L’action corrosive du suc d'arum détruisit peu à peu l'hypersarcose. La plaie, ramenée au niveau des téguments,
(1) ''Union médicale'', 1863, n° 70.