Skammonîa (Ibn al-Baytar)

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Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Skolofondrion


1193 - سقمويا - skamuniā - Skammonîa, Scammonée.


Nom accepté : Convolvulus scammonia

Nom accepté : Oxystelma esculentum chez Alpin ?

[2-256]

C'est la mah'mouda, المحمودة - al-mahmuda. Galien n'en fait pas mention dans ses Simples.

  • Dioscorides, IV, 1 68. C'est une plante qui a des rameaux nombreux issus d'une souche unique, de trois à quatre coudées, couverts de poils et d'un liquide visqueux ; les feuilles aussi velues, rappelant celles de l’helxine ou du lierre, mais plus molles et triangulaires ; les fleurs blanches, arrondies, concaves et ressemblant à un vase, d'une odeur forte. La racine est longue, du volume du bras, blanche, remplie de sucs et d'une odeur forte. C'est le liquide que l'on recueille après avoir coupé le sommet de la racine et y avoir pratiqué une excavation circulaire : le liquide se ramasse dans cette cavité et on l'y recueille au moyen d'une coquille. Il y a des gens qui creusent tout autour de la racine, y mettent des feuilles de noix sur lesquelles se dépose le liquide, et l'enlèvent une fois qu'il est desséché. Le meilleur de ce suc, qui n'est autre que la scammonée, est celui qui est transparent, léger, poreux, d'une couleur qui rappelle celle de la glu retirée des peaux de bœuf, et qui a des vacuoles pareilles à celles de l'éponge. Telle est celle qui vient de la Mysie en Asie. Il ne faut pas seulement observer si elle passe au blanc quand on la touche avec la langue, car cela peut arriver même quand on l'a sophistiquée avec le suc d'euphorbe (il faut s'attacher surtout aux premiers caractères ; de même ne pas trop ajouter d'importance à ce qu'elle ne brûle pas fortement la langue, ce qui arrive aussi dans le cas de sophistication). Les plus mauvaises sortes viennent de Syrie et de Palestine ; elles sont lourdes, compactes et sophistiquées avec de la farine d'ers et du suc d'euphorbe.
  • Massîh. Elle est chaude et sèche au troisième degré.
  • Hobeïch ibn el-Hassan. Elle est chaude et sèche, et sa chaleur l'emporte sur sa sécheresse. La meilleure est celle qui est blanche tirant sur le bleu, dont la casse ressemble à celle d'un coquillage, et qui se rompt facilement. Telle est celle qui vient de la montagne de Lofâh ? اللفاح - al-lufaḥ. Toute autre espèce qui n'a pas ces caractères est mauvaise, et en particulier celle qui vient du pays des Djerâmika (dans la Mésopotamie); elle est de couleur noirâtre, arrondie, dure, altérée, et se rompt facilement sous la main. Cette espèce, administrée à l'intérieur, détermine des coliques, des nausées, des ulcérations intestinales : il vaut mieux s'en abstenir que de l'employer. Voici la meilleure manière de se servir de la première. On prend une pomme ou un coing, on en coupe l'extrémité de manière à enlever comme un couvercle. On creuse le reste et on le remplit de scammonée, puis on le recouvre du couvercle que l'on assujettit avec un morceau de bois ou avec la main, de manière à le faire adhérer. On lute avec de la pâte et on met le fruit dans un four sur une brique ou un tesson d'où l'on a retiré le feu, et on laisse jusqu'à cuisson. On enlève, on extrait la scammonée et on la fait sécher à l'ombre. On la donne alors à la dose d'un à deux daneks. Sachez que la scammonée ne s'altère pas et ne perd jamais de ses forces, sinon après trente ou quarante années, à moins qu'elle n'ait été préparée comme nous l'avons dit. Dans ce cas, elle s'altère et perd ses forces à la longue ; aussi faut-il faire cette opération au moment de l'emploi. Si on l'administre à trop forte dose, c'est-à-dire si l'on dépasse une demi-drachme, elle constipe d'abord, puis elle provoque du trouble, des sueurs froides, des nausées, et souvent des selles excessives, au point qu'il survient des contorsions. La dose suivant laquelle on doit l'administrer est de six à vingt grains. Elle a la propriété d'évacuer la bile, les humeurs visqueuses et peccantes de la profondeur des organes ; parfois même, chez les tempéraments chauds, elle détermine une fièvre intense, et dans ces cas, il vaut mieux s'en abstenir, à moins que l'on n'y soit forcé, et alors on la donne à dose modérée.
  • Livre des Expériences. On fait cuire la scammonée de la manière suivante. On la triture avec partie égale de mastic et on fait cuire le tout dans un coing que l'on a vidé de ses graines et recouvert comme il a été dit. Cette préparation une fois cuite, on l'enlève, et son administration n'a pas d'inconvénients. On en use contre les fièvres chez les enfants et même chez les adultes, quand on veut évacuer les humeurs biliaires. Le coing préparé de cette manière, avec une dose de scammonée d'une à deux drachmes, peut être administré seul après l'ablation de la scammonée, et il purge sans douleur. Si l'on mélange la pulpe de ce coing avec parties égales de fleurs de violettes pulvérisées, que l'on ajoute de la scammonée préparée avec le mastic dans la proportion d'un huitième de drachme contre deux drachmes, que l'on en prépare des tablettes et qu'on les fasse sécher, on a la meilleure forme de pastilles de violettes à donner aux sujets à tempérament chaud, pour évacuer la bile, la pituite salée et la pituite mélangée de bile, et attirer ces humeurs de la profondeur des organes. Cette préparation convient dans les affections biliaires où les purgatifs sont indiqués, à savoir les fièvres où les humeurs sont arrivées à coction, les fièvres inflammatoires de début, l'ophtalmie de nature biliaire, la céphalalgie, l'anthrax, la gale quel qu'en soit le siège, enfin toute affection causée par des humeurs biliaires ou salées, ou par les deux à la fois. Administrée avec les médicaments externes employés contre la lèpre blanche, l'impétigo et le vitiligo, elle en seconde l'action.
  • Massîh. La racine de cette plante guérit la lèpre blanche.
  • Le Mansoury. Si l'on craint quelque accident du fait de la scammonée, elle se corrige ainsi. On la mélange avec de l'eau de coing acide, de pomme ou de roses, et du sumac en quantité suffisante pour faire une pâte. On réduit en petites tablettes que l'on fait sécher à l'ombre. On a eu soin préalablement de peser la scammonée, et on la donne à la dose d'un danek à une demi-drachme.
  • Ibn Serafioun. La scammonée est nuisible à l'estomac et aux viscères ; elle est plus nuisible à l'estomac que tous les autres médicaments. Elle évacue les humeurs biliaires ténues et claires qui sont mêlées au sang, Il faut redouter son emploi chez les sujets qui ont de la fièvre, de la faiblesse, l'estomac affaibli ; il faut alors lui associer des médicaments qui conviennent à l'estomac, tels que les aromatiques qui fortifient par leurs émanations, les médicaments qui ne séjournent pas longtemps dans l'estomac, comme le gingembre, l'anis, le poivre, le sel. Si l'on est forcé d'administrer la scammonée, dans les cas de faiblesse de l'estomac, on lui associe des médicaments qui le fortifient, comme l'aloès, l'agalloche, le mastic chez les sujets à tempérament froid, l'extrait de roses, le rob de coing chez les sujets à tempérament chaud.
  • Ibn Massouîh. La scammonée fait perdre l'appétit. Elle provoque des angoisses, du trouble, des vomissements. Si l'on veut en user, il faut préalablement la corriger, lui associer de l'anis, de la graine de carotte sauvage appelée daukou, دوقوا - dauku, de la graine d'ache, de l'huile d'amandes douces, et la faire cuire dans une pomme ou dans un coing évidé. Ainsi préparée, on peut la prendre. Il ne faut pas la pulvériser entièrement, dans la crainte qu'elle ne s'attache aux villosités de l'estomac et ne lui nuise ; il faut parer à cet inconvénient.
  • El-Basry. Quand nous voulons l'administrer, nous l'associons à la rose et au coing et nous en faisons une pâte avec l'eau d'ache.
  • Autre. La scammonée est nauséabonde.
  • Avicenne. Elle ne vaut rien au cœur et provoque la soif. Quelques-uns disent qu'une fois vieillie, c'est-à-dire après une quarantaine d'années, elle est diurétique et cesse d'être purgative, et qu'elle est avantageuse contre les piqûres de scorpion, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.
  • Le Chérif. Mélangée avec partie égale de turbith, et prise dans du petit-lait, elle expulse les vers de toute grandeur. Elle est d'un emploi merveilleux et sûr dans ces circonstances.
  • El-Madjoussy. Elle nuit au foie affaibli. La meilleure sorte vient d'Antioche. On la donne à la dose d'un demi-danek à un danek avec quelque autre médicament. Si l'on dépasse la dose de deux tiers de drachme, elle provoque des selles violentes et peut tuer. Parfois elle ne purge pas. Il faut, pour la corriger, lui associer de l'amidon, de l'anis, de chacun autant que de scammonée. Chez les individus à l'aise, qui travaillent peu, ou d'un tempérament chaud, il faut administrer la scammonée dans une pomme ou un coing.

La scammonée est le produit de plusieurs espèces du genre convolvulus. Quant à la montagne dont il est question dans Hobeïch, on trouve dans quelques mss. اللكام - al-lakām, au lieu de اللفاح - al-lafāḥ. Sontheimer adopte la première leçon, et Galland la seconde, tout en notant l'autre. El-Lokâm, اللكام - al-lakām (l'Amanus dans le nord de la Syrie) est probablement la bonne leçon. Elle est même indiquée en marge du ms. 1071.