Richeria grandis (Rollet, Antilles)

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Bernard Rollet, Arbres des petites Antilles, 2006

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Planche 76 : EUPHORBIACEAE. XX. Richeria grandis. A. Rameau fleuri. B. Rameau fructifié. C. Plantule.

base du tronc

tranche

Richeria grandis Vahl Eclog. Am. 1 : 30, t. 4 (1796).

Noms vernaculaires : Fr : Bois Bander, Bois marbré (Guadeloupe) ; Marbri, Résolu montagne, Bois d’Homme (Guadeloupe) ; Bois bandé (Dominique, Ste-Lucie, Grenade) ; Bois bandé (Trinidad) ; Marbre (Ste-Lucie), prononcer marbri. A : Large leaf Bois Bandé (Trinidad) ; Pigeon berry (St Vincent).

Description : Arbre de plus de 20 m de haut, atteignant 70-80 cm de diamètre. Pied : pattes jusqu’à 0,5 m (ou sans pattes sur jeunes arbres) ; tronc quelquefois irrégulier avec méplats ou grosses cannelures. Écorce : épaisseur totale 9-11 mm pour un diamètre de 25 cm. Aspect externe : beige à brun clair ; finement fissurée anastomosée en bandelettes étroites ou sublisses, liégeuses par les lenticelles. Rhytidome : brun, épais, élastique, mou, facilement détachable à la main. Écorce vivante : structure peu distincte en section transversale ; blanchis blanchâtre à rose très pâle ; assez fibreuse, humide ; saveur légèrement sucrée. Aubier : jaunâtre à jaune d’or carminé. On distinguerait un marbri blanc d’un marbri rouge pour l’utilisation du bois. Feuilles : souvent groupées à l’extrémité des rameaux, alternes, simples, elliptiques oblancéolées, entières, un peu épaisses-charnues ; de 10-30 × 6-15 cm, plus petites en altitude et en cuiller ;

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spatulées, obovales, en coin à la base ; limbe souvent pustuleux par attaque d’insectes ; stipules vert pâle, étroites, récurvées, assez tôt caduques, laissant des cicatrices très visibles. Fleurs : espèce dioïque ; épis mâles axillaires, 12 cm long, fleurs sessiles ; inflorescences femelles plus courtes 4 cm, fleurs solitaires. Fruits : sphériques, d’env. 15 mm de diamètre ; déhiscents en 3 valves ; en général, une seule graine, complètement entourée d’un arille jaune-orangé. Phénologie : sempervirent. Fleurs observées en janvier, février, mai, juillet, septembre à novembre. Fruits de janvier à mai. Habitat : très abondant en forêt dense entre 150 et 950 m. Tempérament : assez héliophile ; devient dominant en altitude. Plantule : Type I. La germination est épigée. Deux cotylédons foliacés précèdent des feuilles alternes à stipules remarquables (3 à 5 mm). Les cotylédons eux-mêmes sont munis de stipules. Les feuilles légèrement succulentes ont des marges dentées. Le semis est de teinte relativement claire. Lorsque sur l’arbre, s’ouvre la capsule, les graines enveloppées dans un arille orange, pendent au bout des funicules. Ce dispositif adaptatif assure une dissémination très efficace des semences par les oiseaux et explique en partie la fréquence et la distribution uniforme de l’espèce.

Usages : Bois brun rouge à l’état frais, devenant rouge foncé ; moyennement dur et durable (d = 0,75). Construction, charpente, menuiserie, cloisons, parquets ; bateaux ; couramment utilisé en Guadeloupe et Dominique, peu abondant et non disponible à Ste-Lucie et St Vincent (Fraser) ; était utilisé par les Caraïbes (HODGE & TAYLOR). Médicinal : l’écorce était réputée antisyphilitique (DUSS) ; activement coupée par la population et réputée comme aphrodisiaque : on laisse séjourner l’écorce dans l’eau froide qu’on boit ensuite (DUSS) ; on emploie aussi une décoction de l’écorce (HODGE & TAYLOR). Les Caraïbes ne blessaient aucun Richeria lorsqu’ils allaient chasser car ils croyaient que la chasse serait alors sans succès (HODGE & TAYLOR).

Distribution générale : Petites Antilles, Trinidad, Nord de l’Amérique du Sud, Venezuela, Brésil.

Distribution aux Petites Antilles : Montserrat, Guadeloupe (Basse-Terre), Dominique, Ste-Lucie, St Vincent, Grenade. Les stations de Antigua, Marie-Galante et Martinique, affirmées par HOWARD, paraissent pourtant douteuses.

Matériel examiné : Mt : Cl. RICHARD s.n., s.loc (P). BT : BARRIER 2333, Forêt de Crème (GUAD) ; DUSS 183, Bains Jaunes, 600-900 m (P) ; HUC 1048, Bains Jaunes, 900 m (GUAD) ; JÉRÉMIE 205, Dos d’âne, Deshaies, 600 m (P) ; JÉRÉMIE 366, Hauteurs Sofaia, 500 m (P) ; JÉRÉMIE 393, Trace des Contrebandiers, Lamentin, 400 m (P) ; JÉRÉMIE 1901, Mamelle Petit-Bourg, 715 m (P) ; QUESTEL s.n., Petit- Bourg (P) ; RODRIGUEZ 3829, St Claude (P) ; RODRIGUEZ 4634, Bains Chauds, Matouba (P) ; ROLLET 23, Morne Mazeau, 470 m (GUAD) ; ROLLET 92, au-dessus de Beausoleil, 750 m (GUAD) ; ROLLET 118, Trace des Contrebandiers, 300-400 m (GUAD) ; ROLLET 134, Forêt de Crème, 500 m (GUAD) ; ROLLET 250, 455, Bains Jaunes, 900-950 m (GUAD) ; ROLLET 902, au-dessus de St Claude, 650 m (GUAD) ; ROLLET 1314, Sofaia, 400 m (GUAD) ; SASTRE 1901, Mamelle Petit-Bourg, 715 m (P) ; TANDY 64, Sarcelle, 240 m (GUAD). D : EGGERS 677, Bellevue, 600 m (P) ; JÉRÉMIE 1236, Laudat, 500 m (P). Gr : HUC 1139, 1140, Grand-Étang, 360 m (GUAD).

Observations : SV : Vermont Trail, 300-450 m (ROLLET).

Bibliographie : (*Iconographie ; **couleur). CIRAD- Forêts 1990** ; DUSS 1897 ; FOURNET* 1978 ; Fraser 1957 ; HODGE & TAYLOR 1957 ; HOWARD* 1989 ; MARSHALL 1939 ; NICOLSON and al. 1991 ; STEHLÉ & STEHLÉ 1947 Liste compl. ; VAHL* 1796.

Anatomie du bois

coupe transversale (en haut à gauche), coupe tangentielle (en haut à droite), coupe radiale (en bas) (P. Détienne & P. Jacquet)

• 4-25-36-(47)-50-52-55-(66)-69-70 (Voir la signification des codes)
• Bois parfait beige ocré, non différencié de l’aubier, pouvant devenir brun clair violacé en vieillissant, plutôt tendre, mi-lourd (0,55-0,70 g/cm³), à grain fin, maille distincte.
• Pores disséminés, isolés ou accolés radialement par 2 ou 3, au nombre de 10 à 12 par mm², à peine visibles à l’œil nu (diamètre moyen de 110 à 140 μm). Perforations des éléments vasculaires uniques, quelques unes très rares en grille avec 6 à 12 barreaux ; taille des ponctuations intervasculaires variant de 10 à 13 μm.
• Parenchyme en petites chaînettes nombreuses alternant plus ou moins régulièrement avec 1 ou 2 rangées de fibres. Files de cellules composées de 4 à 8 éléments.
• Rayons de 2 tailles distinctes, les uns 1-sériés composés de cellules dressées, les autres 3-4-(5)-sériés avec des rangées de cellules carrées et de cellules peu allongées horizontalement au centre et plusieurs rangées de cellules dressées aux extrémités. En section transversale on compte environ 8 rayons par mm, dont 3 multisériés. Ponctuations radiovasculaires grosses et allongées.
• Fibres à ponctuations fines, indistinctement aréolées.