Qarsa'na (Ibn al-Baytar)

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Qarâniâ
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Qrāṭāūġūnun


1754 - Qarsa'na, Eryngium.


Nom accepté : [[]]

[3-70]

Le peuple en Espagne lui donne le nom de Choueïket Ibrahim, xxx xxx. Il en existe beaucoup d’espèces, toutes connues des médecins et des herboristes du Maghreb et de l’Espagne.

  • Abou’l-Abbâs, dans sa Rihla. J’en ai vu une espèce dans les montagnes de Jérusalem, que Dieu la protège ! Ses feuilles ressemblaient à de petites feuilles de chaméléon ; elles étaient étalées à la surface de la terre, et il s’en échappait de nombreux rameaux du calibre d’un fuseau, noueux, garnis de piquants à l’endroit des nœuds, et donnant une fleur blanche comme l’espèce qui croît chez nous, si ce n’est que les feuilles étaient plus petites, les racines fortes, longues, charnues, d’une saveur douce avec un peu d’âcretè. Cette plante est bien connue en Palestine. On en compte plusieurs espèces en Ifrîkiya. Il en estime dont la feuille ressemble à celle de l’espèce blanche, quand elle commence à sortir de terre et qu’elle n’est pas encore dure ni épineuse; elle est lisse, d’un vert prononcé, abondante autour de la souche. Il en sort une tige d’environ une coudée ou moins longue, donnant à mi-hauteur des rameaux nombreux, pareils à ceux de l’espèce bleue, d’abord verts, puisse colorant comme dans l’espèce de notre pays, mais d’une saveur plus forte. On attache cette plante aux portes pour en écarter les mouches. La racine de cette espèce est longue et épaisse; sa couleur est celle de la chicorée sauvage. Il y en a une autre espèce dont les feuilles sont arrondies et incisées, la racine ressemble à celle delà précédente, la tige et la fleur sont blanches. Il en existe une variété dont les feuilles sont étalées à terre, arrondies à la façon d’une pièce d’or [dinar), fournissant une tige simple, de la hauteur d’une coudée ou plus, noueuse et épineuse, d’une couleur bleuâtre. Sa racine a la forme de celle de la pivoine, noire au dehors et blanche au dedans. C’est avec elle que l’on falsifie le behmen blanc. (Voyez le n° 367.) Cette plante a les feuilles très larges. On lui donne le nom de pomme de du chameau, xxx xxx (variante de deux manuscrits: xxx xxx, fleur de chameau). J’ai vu sur la montagne du tombeau de Loth une espèce blanche à tige épaisse, à feuilles nombreuses, à piquants aigus, à capitule plus épais et plus fourni que dans l’espèce qui croît chez nous, au point qu’on la prendrait pour un artichaut de moyenne taille, ressemblant à l’espèce de montagne à feuilles ciliées, à tige simple et d’une chaleur intense. Elle est reconnue à Jérusalem et dans les environs comme efficace contre les douleurs dorsales. Quant à celle qui croît sur le rivage de la mer, c’est une variété de l’espèce blanche, si ce n’est que la plante du littoral a les feuilles plus larges et plus blanches, la racine plus douce, molle et de peu de rudesse, au contraire assez lisse. La douceur de la racine est tempérée d’un peu de chaleur. On rapporte, et cela d’après l’expérience, que la tige a la propriété de susciter de fortes érections, si on la prend confite comme la carotte, qu’elle surpasse de beaucoup en efficacité. Pour ma part, j’ai expérimenté l’espèce riveraine pour provoquer des érections, et j’en ai obtenu de merveilleux effets. J’ai observé une variété de l’espèce blanche aux environs de Jérusalem, dans les terrains rocailleux. Sa racine est volumineuse, environ du volume d’une forte racine de l’espèce blanche qui croît chez nous; ses feuilles sont petites et pareilles à de petites feuilles de chaméléon blanc, mais elles sont plus courtes et plus ‘minces. Les rameaux sont nombreux, issus de la souche, d’un calibre pareil à celui du fuseau dont on se sert pour le coton, noueux, garnis de feuilles à l’endroit des nœuds et dans leur aisselle, à la naissance des rameaux. Au sommet sont des fleurs tout à faiL pareilles à celles de l’espèce bleue, mais formant des capitules plus petits. La saveur de la racine est légèrement amère.( A Jérusalem, cette plante se nomme aussi qarsa’na.
  • Le Chérif. La qarsa’na est aussi le légume juif, ajs^&J! S-VàJl. C’est une plante épineuse à tige haute d’environ un empan et demi, étalée, à feuilles arrondies, marquées d’impressions angulaires, à bords munis de piquants rigides comme des aiguillons, minces, rangées autour de la tige, à la hauteur des nœuds. Le corps de la plante, les rameaux et les feuilles sont blanchâtres. Elle porte à son sommet des capitules arrondis comme une étoile, couronnés de piquants rigides comme des dents, au nombre de six. La racine est allongée, molle, de la grosseur du doigt indicateur. Sa longueur atteint jusqu’à trois coudées. Elle a à peu près la forme de la racine d’asperge, si ce n’est qu’elle est noirâtre dans ses parties extérieures. Triturée, elle donne une saveur douceâtre. Au ras de terre on voit apparaître un lacis fibreux, mince et court. La plante croît dans les sables ei au voisinage de la mer. Il y en a une autre espèce qui a la taille et le port de la première, si ce n’est que ses feuilles sont d’un vert pistache, tant qu’elles restent fraîches, et qu’en séchant elles deviennent blanches. On la connaît, dans la partie orientale de l’Espagne et aux environs de Dénia, sous le nom de qoujla, xxx. Elle a la racine longue, très noueuse. C’est incontestablement une espèce de qarsa’na.
  • Dioscorides, III, 21. Iringui, xxx. C’est une espèce de chardon ou de plante à piquants. Ses feuilles, quand elles sont encore tendres et salées, s’emploient comme aliment. Elles sont larges, rudes au sommet et d’une saveur aromatique. Quand la plante grandit, elle fournit des rameaux qui se terminent en têtes radiées comme des étoiles, garnies de piquants raicles et aigus. Ces têtes sont blanches et quelquefois noires. La racine est longue, noire en dehors et blanche en dedans, de la grosseur du pouce, d’une odeur aromatique. La plante croît parmi les pierres et dans les endroits raboteux.
  • Galien.
  • Dioscorides.
  • El-Ghafeky. Elle est atténuante, se digère bien, engendre des sucs de bonne nature, résout la pituite ténue de l’estomac, l’entraîne hors des intestins et provoque l’écoulement de l’urine. Sa saveur est celle de la carotte. Sa racine est salutaire contre les douleurs aiguës du côté et de la poitrine et contre les piqûres des scorpions. On la fait bouillir, et on administre sa décoction contre les humeurs et les pustules. Elle résout les abcès et les phlegmons; elle disperse les humeurs brûlées et puantes.
  • Averroës. On prétend que sa décoction administrée à l’intérieur préserve contre la tuméfaction de l’abdomen.
  • Le Chérif. Elle est chaude et sèche, à la fois, au premier degré. Elle est un peu résolutive. La racine a quelque chaleur. Sa décoction prise en potion dissipe les tuméfactions. La racine, mangée verte encore ou confite dans du miel, assainit les viscères et chasse les impuretés du corps. Si l’on en prend une partie avec quantité égale de farine d’orge, que l’on en fasse une pâte avec de l’eau de chicorée et qu’on l’applique sur les tuméfactions des jambes qui laissent écouler de la sérosité, on s’en trouvera bien. On emploie le même remède au début de l’éléphantiasis. Si l’on fait cuire sa racine avec une égale partie de feuilles de rue et que l’on donne de cette décoction la valeur de quatre onces, on soulagera les douleurs des hypocondres. C’est un remède éprouvé.

L’Eryngion des Grecs est l’Eryngium des modernes.