Qafr (Ibn al-Baytar)

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Qa'neb
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Qaffour


1818 - Qafr, Bitume.


Nom accepté : [[]]

[3-98]

On lui donne aussi le nom de Bitume des Juifs, xxx xxx.

  • Et-Temîmy, dans le Morched. On donne particulièrement le nom de bitume de Judée à l’une des deux espèces de bitume retirées de la mer de Judée, qui est le lac puant (la mer Morte), situé dans la Palestine, non loin de Jérusalem. Il s’étend entre les deux Ghour (vallée du Jourdain), celui de Segor et celui de Jéricho. L’espèce dont nous parlons se retire de la terre qui avoisine ce lac. C’est la meilleure des deux espèces de bitume de Judée, et c’est celle que l’on fait entrer dans la composition de la grande thériaque dite el-fârouq, et qui en fait la base, xxx xxx. Le bitume de Judée est aussi appelé dans les environs homer, xxx, pour cette raison que tous les habitants des cantons de la Syrie en enduisent leurs vignes. Voici l’explication de cette pratique. Ils prennent l’un des bitumes retirés de ce lac, ils le mélangent avec de l’huile d’olive, et quand ils taillent leurs vignes, c’est-à-dire qu’ils retranchent au voisinage des yeux qui commencent à paraître, ils prennent un peu de ce bitume dissous dans de l’huile, et à chaque bourgeon, ils trempent un morceau do bois de la grosseur du doigt dans cette dissolution de bitume, et tracent à côté et en bas de chacun une ligne circulaire, tant sur les jets que sur le cep et la souche de la vigne, et cela, pour empêcher que les vers n’atteignent les bourgeons de la vigne et ne les rongent. Grâce à cette précaution, leurs vignes sont assurées contre les ravages des vers ; s’ils négligent de le faire, les vers montent aux bourgeons de la vigne, en font leur pâture et détruisent à la fois les feuilles et les fruits. Il y a une espèce de bitume tiré de terre, que l’on appelle en Syrie Abotanon, yylfcyjî. Il existe aussi une autre espèce que le lac lui-même rejette pendant les jours d’hiver sur ses bords. Elle a meilleur aspect que l’abotanon, plus de brillant et d’éclat, et une odeur plus forte : en effet le bitume rejeté par le lac a une odeur de naphte très prononcée. Ce bitume s’échappe du fond du lac, à travers les fissures des rochers qui en garnissent le fond, de la même manière que l’ambre sort de la mer. Ces masses s’agglomèrent, et quand, pendant l’hiver, le vent s’élève, que les vagues sont fortes, que la mer est grosse et son agitation excessive, le bitume, qui s’est solidifié et attaché aux rochers, est arraché et porté à la surface des eaux, sur lesquelles on aperçoit des matières huileuses et légères que le vent pousse sur les bords du lac. I1 n’y a pas d’autre localité dans le monde qui produise le bitume des Juifs, excepté ce lac. Quant à l’espèce appelée Abotanon, c’est-à-dire le véritable bitume de Judée, on le retire sur les rivages de la mer Morte, non loin de l’eau et à la distance d’une ou deux coudées de l’endroit où se brisent les vagues. On le trouve accumulé dans le sol sous forme de fragments mêlés à du sel, à des cailloux et à de la terre. On le retire en grandes quantités ; on le purifie, au moyen du feu et de l’eau chaude, de ce qu’il contient de gravier et de terre, de la même manière que l’on purifie la cire et la poix. Une fois qu’il est purifié, on le retire, et il n’a plus alors qu’une couleur terne et obscure ; il a perdu l’éclat du bitume que rejettent les vagues, et cette odeur de naphte que l’on rencontre dans l’autre. L’odeur de cette seconde espèce que l’on extrait de la terre, et que l’on appelle Abotanon, approche de celle du Bitume de l’Irak, &\yô\ yài\. Si l’on en casse un fragment, il n’a pas l’éclat de celui que les vagues rejettent.
  • Dioscorides, I, 99. L’asphalte de Judée varie de qualité. Le meilleur est celui dont la couleur ressemble à la pourpre, qui a une odeur forte et qui est lourd. Quant à celui qui est noir et impur, il ne vaut rien ; en effet il est sophistiqué au moyen d’une addition de poix. On le retire de la Phénicie, de la ville d’Esdoum (Sodome), du Diar Lout (pays de Lot) et de Raqim, *3j. Il s’en trouve aussi à Agrigente, dans la Sicile, liquide et apparaissant à la surface dos eaux de source. Les habitants l’emploient pour l’éclairage en guise d’huile, et on l’appelle huile dE Sicile, ce qui est une fausse appellation, car ce n’est pas autre chose qu’une espèce liquide du bitume appelé asphalte.
  • Galien, XI. Le bitume de Judée est une substance spéciale parmi celles qui s’engendrent dans la mer et dans d’autres eaux pareilles. Ainsi on le rencontre à la surface des eaux chaudes, à Epidaure, et dans d’autres localités, sous la forme d’une écume, à l’état liquide, tant qu’il reste à la surface de l’eau, puis se solidifiant et devenant plus dur que la poix sèche. I1 s’en trouve en grande quantité dans la mer que l’on appelle Puante, qui n’est autre chose qu’un lac salé dans le Gour de Syrie.
  • Honeïn, dans le Sac/semahi, ^U^Ju* &. Le homer est ce qu’il y a de plus précieux en fait de BJoumiâ. A l’état de pureté, il est utile contre la contusion des chairs et les fractures, employé à l’extérieur comme topique. On le fait aussi bouillir avec de l’huile d’olive et on l’administre dans les cas_ de contusions. On en fait avec succès des applications d’étoupes imbibées.
  • Dioscorides. Tous les bitumes ont la propriété de combattre l’inflammation, etc.
  • Et-Temîmy. Il résout les humeurs froides indurées; il cicatrise les ulcères, les amollit et les déterge. Il déterge les taies de l’œil. Il tarit les Iiut meurs des ulcères mous par sa puissance dessiccative, et il les cicatrise par sa forte chaleur et sa sécheresse. Il tue les vers des arbres et les empêche de manger les bourgeons de la vigne et ses rejetons. Il tue aussi les petits vers rouges des puits et des citernes. On le fait entrer dans beaucoup d’emplâtres incarnatifs, cicatrisants et dessiccatifs des ulcères. Il expulse les vapeurs grossières de l’estomac et des hypocondres, par voie d’éructation. On le fait entrer dans les poudres données aux enfants, aux adultes et aux femmes pour acli-ver la digestion et combattre le gonflement et les gargouillements. On le mélange aussi à des compositions que l’on brûle dans les appartements, pour en chasser les serpents, les scorpions et autres animaux venimeux. Les pharmaciens lui donnent le nom d’As-bertam, .J^-aU?
  • Avicenne. 11 fortifie les nerfs. Il convient contre les taches blanches des ongles, en frictions. Il pousse les scrofules à la maturation. On en fait des frictions sur l’impétigo. Il est utile contre les ulcères des poumons et facilite l’expectoration et l’expulsion des humeurs de la poitrine. Il convient dans les affections des amygdales et de la gorge et dans l’induration de la matrice.

M. de Sacy a reproduit dans son Abdallatif, p. 274, le premier article de Temîmy sur le bitume de Judée; dans quelques passages, nous avons cru devoir nous écarter légèrement de son interprétation, notamment à l’endroit où il est parlé des vignes. Ce qu’il a lu xxx, nous avons cru devoir le lire xxx, et xxx au lieu xxx Cf. le Calendrier de Cordoue, éd. Dozy, p. 20 et 25. Sontheimer a dû lire : xxx, car il traduit par gelée. De même que le Calendrier, Ibn el-Aouam place la taille au mois de janvier, à peu près dans les mêmes termes, seulement le mot xxx est remplacé par xxx. Voyez éd. Banqueri, t. II, p. 435.On lit dans le n° 834 de l’Escurial : xxx xxx xxx xxx xxx xxx . Au reste, ce groupe de lettres est écrit sans points diacritiques dans les manuscrits de la Bibliothèque nationale, de sorte que la lecture en est très incertaine. II y a encore deux expressions qui restent indécises : celle du traité de Honeïn et celle qui termine la dernière citation de Ghafeky. M. de Sacy a pris le Qîr de l’Irak pour de la poix blanche, tandis que c’est une espèce de pétrole. On lit en effet dans Kazouini : xxx xxx xxx xxx xxx. « Il y a une espèce de Qîr qui sourd de certaines montagnes. »