Plantago major (PROTA)

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Plantago major L.


Protologue: Sp. pl. 1 : 112 (1753).
Famille: Plantaginaceae
Nombre de chromosomes: 2n = 12, 24

Noms vernaculaires

  • Gros plantain, plantain (Fr).
  • Greater plantain, large plantain, common plantain, waybread (En).
  • Tanchagem-maior (Po).

Origine et répartition géographique

Plantago major est originaire d’Europe, mais il est devenu cosmopolite. Son aire de répartition est essentiellement tempérée. Sous les tropiques, il est surtout commun dans les régions montagneuses. En Afrique, il est surtout commun en Afrique australe, dont l’Afrique du Sud.

Usages

Les feuilles de Plantago major sont utilisées presque dans le monde entier comme diurétique et comme astringent, et pour le traitement des blessures, des piqûres d’insectes, des coups de soleil, des maladies de la peau, des irritations oculaires et des inflammations de la bouche et de la gorge. En phytothérapie moderne, elles sont utilisées pour calmer l’irritation due au catarrhe des voies respiratoires supérieures, sous forme de macérats, d’extraits, de sirops et de jus frais. Les racines sont considérées comme astringentes et fébrifuges, et employées en décoction pour traiter la toux. Les graines sont considérées comme émollientes, stimulantes, diurétiques et toniques, et sont principalement utilisées comme remède contre la dysenterie et la diarrhée.

En Afrique tropicale, Plantago major est couramment utilisé aux mêmes fins en médecine traditionnelle. Aux Seychelles, à la Réunion et à Maurice on utilise des infusions ou décoctions de feuilles pour traiter la conjonctivite, les maux de dents, la gingivite, la nausée, l’asthme, la constipation, la goutte, les douleurs rhumatismales et intestinales, et on emploie les feuilles écrasées en application externe pour soigner les blessures, l’eczéma et les infections de la peau ; on les introduit dans l’oreille pour soigner les douleurs auriculaires. Le jus de la plante, dilué dans du vinaigre, est administré comme vermifuge. Au Cap-Vert, on applique une infusion de feuilles, mêlées à des feuilles de Jatropha curcas L., sur les infections et les abcès. En Ethiopie, les feuilles sont employées pour traiter les maux d’estomac, les affections oculaires et les maux de dents, et on utilise leur jus comme tonique et astringent. En Afrique du Sud, on emploie le jus des feuilles contre les maux d’oreilles et pour traiter l’irritation des yeux, et une décoction de racines pour traiter la diarrhée. En Tanzanie et en Afrique du Sud, on emploie les feuilles pour traiter le paludisme.

Le mucilage des graines est un excellent épaississant utilisé en cosmétique (par ex. dans des lotions et des nécessaires de mise en plis) et comme stabilisateur dans l’industrie des crèmes glacées. On l’utilise aussi dans la préparation du chocolat. Les graines peuvent être utilisées comme agent gélifiant à bon marché pour les cultures de tissus. La qualité est comparable à celle de l’agar-agar, mais son coût n’en est que le dixième.

Les jeunes feuilles et les pédoncules immatures sont employés comme légume, cuits ou en salade. Les graines ont un goût de noix, et on peut les ajouter aux aliments ou les réduire en farine. L’huile des graines a une odeur et un goût agréables. Aux Etats-Unis, on emploie les graines cuites comme aliment pour les oiseaux, et les plantes de Plantago major sont parfois vendues comme plantes ornementales. En Europe, ce sont les épis entiers mûrs que l’on donne aux oiseaux.

Production et commerce international

Pour l’Afrique, on n’a aucune information sur la production ou le commerce de Plantago major. D’une manière générale, on n’a qu’une information très incomplète sur sa production et son commerce dans le monde. Au Royaume-Uni, en Turquie et en Inde, Plantago major est cultivé à des fins médicinales, tandis que des pays tels que la Chine et la Roumanie importent des plantes séchées dans le même but. La Roumanie a acheté en 2002 des plantes sèches au prix de US$ 500–600/t, tandis que le Royaume-Uni en vend au prix de gros de US$ 8–11,50/kg, le prix de détail étant de US$ 54/kg. Dans les années 1970, Plantago major était récolté en gros dans la nature en Russie pour alimenter le commerce des plantes médicinales.

Propriétés

On a trouvé dans des essais avec Plantago major une série d’actions pharmacologiques, telles que guérison des blessures, actions anti-inflammatoire, anti-oxydante, antibiotique, immunomodulatrice, diurétique et anti-ulcérogène. Les composés actifs comprennent des polysaccharides, des lipides, des dérivés de l’acide caféique, des flavonoïdes, des hétérosides iridoïdes et des terpénoïdes.

Des extraits aqueux ont montré des effets immunomodulateurs doubles, en accroissant la prolifération des lymphocytes et par sécrétion d’interféron-γ à faibles concentrations (<50 μg/ml), mais cet effet était inhibé à fortes concentrations (>50 μg/ml). Une décoction de feuilles séchées a montré une action diurétique modérée dans des essais sur des rats. Des extraits à l’éthanol et au méthanol ont montré une action in vitro significative contre une large gamme de bactéries et de champignons. Des extraits de feuilles se sont montrés actifs également contre les trophozoïtes de Giardia duodenalis et contre le nématode Ditylenchus dipsaci, parasite de l’ail.

Des saccharides (acide galacturonique, galactose, arabinose, rhamnose, glucose et xylose), de même qu’un polysaccharide pectique, une galactoarabine et un galactane ont été isolés à partir des feuilles. Leur ensemble a été désigné sous le nom de “plantaglucide”, qui a été employé pour traiter les ulcères. Le plantaglucide a réduit le développement d’ulcères peptiques chez des rats, et a réduit un œdème inflammatoire, sans effets toxiques même après une administration prolongée. Un polysaccharide pectique fortement estérifié (PMII) a activé des monocytes humains in vitro pour accroître la production de facteur α de nécrose des tumeurs (TNF α), et a également eu chez des souris une action prophylactique contre Streptococcus pneumoniae. Les graines contiennent une matière mucilagineuse composée de polysaccharides hydrophiles, principalement dans le tégument. Ces polysaccharides ont des teneurs variables de xylose, arabinose, acide galacturonique et acide glucuronique comme principaux composants. Ils gonflent au contact de l’eau et forment un mucilage de forte viscosité, qui accroît le volume des selles, stimule les mouvements péristaltiques et facilite l’évacuation par les intestins.

On a isolé à partir de l’huile des graines un certain nombre d’acides gras, dont les principaux sont l’acide oléique (37,5%) et l’acide linoléique (25,5%). A partir des feuilles fraîches, on a isolé 0,2% de lipides, dont l’acide palmitique et l’acide stéarique sont les principaux composants, avec des teneurs moindres d’acide oléanolique et d’acide ursolique. Ces deux derniers composés ont montré des effets hépatoprotecteurs, antitumoraux et antihyperlipidémiques, tandis que l’acide ursolique a montré également une action anti-inflammatoire.

Le plantamajoside et l’actéoside (verbascoside), dérivés de l’acide caféique, ont été isolés de Plantago major. Le premier a montré dans des essais avec des souris une action anti-inflammatoire, et une certaine action antibactérienne. L’actéoside a des effets antibactériens, immunosuppresseurs, analgésiques et antihypertenseurs. Tous deux ont une action anti-oxydante, et sont des inactiveurs du radical DPPH (2,2-diphényl- 1-picrylhydrazyle).

Parmi les flavonoïdes isolés, on note la baïcaléine, l’hispiduline, la plantaginine et la scutellaréine. Ces composés ont une action d’inactivation des radicaux libres et inhibent la peroxydation des lipides, et les 3 premiers sont des anti-oxydants. La baïcaléine a une action anti-inflammatoire, anti-allergique et hépatoprotectrice ; elle a montré une inhibition des lignées de cellules cancéreuses chez l’homme et le rat, et est in vitro un inhibiteur de la transcriptase inverse du VIH. L’hispiduline a aussi montré une action anti-inflammatoire et est un inhibiteur de la 5-lipoxygénase, tandis que la scutellaréine a des actions anti-allergique et inhibitrice de la transcriptase inverse du VIH. Les glucosides lutéoline-7-glucoside et homoplantaginine sont également des inhibiteurs puissants de la transcriptase inverse du VIH. Un extrait au méthanol de Plantago major, contenant de la lutéoline-7-O-β -glucoside, a montré une action d’inhibition de la croissance de lignées cellulaires d’adénocarcinome et de mélanome du sein humain.

L’aucubine est l’un des principaux hétérosides iridoïdes isolés de Plantago major, sa teneur dans les feuilles séchées pouvant atteindre 1,3%. Elle a montré des actions anti-inflammatoire et hépatoprotectrice dans des essais avec des souris, des propriétés spasmolytiques chez des rats, et une action antivirale contre le virus de l’hépatite B. L’aglycone de l’aucubine, l’aucubigénine, a une action antimicrobienne contre les bactéries et les champignons.

Les feuilles ont été utilisées comme légume, et elles sont riches en vitamines A, C et K, ainsi qu’en calcium. Elles ont un goût salé, plutôt amer et âcre. Les racines ont un goût salé et douçâtre.

Aux Etats-Unis, Plantago major a été breveté comme médicament naturel antitabac sous le nom de CIG-NO (disponible en pulvérisation, gélules ou gouttes), ne contenant pas de nicotine et n’entraînant pas de dépendance. Les relations exactes de cause à effet ne sont pas encore bien connues.

Description

  • Petite plante herbacée vivace atteignant 30(–70) cm de hauteur, avec de nombreuses racines fibreuses blanchâtres.
  • Feuilles groupées à la base en une ou plusieurs rosettes, disposées en spirale ; stipules absentes ; pétiole généralement aussi long que le limbe ; limbe ovale à elliptique, de (1,5–)5–30(–40) cm × (0,5–)3–10(–15) cm, base brusquement rétrécie sur le pétiole, apex arrondi, les deux faces glabres ou pubescentes, bords entiers ou irrégulièrement dentés, nervures 3–5, distinctes, parallèles.
  • Inflorescence : épi de 5–20(–35) cm de long, à fleurs groupées de manière dense ou plus ou moins lâche ; pédoncule de 5–15(–25) cm de long ; bractées ovales, de 1–2,5 mm de long, aiguës.
  • Fleurs très petites, généralement bisexuées, régulières, 4-mères, sessiles, blanc verdâtre ou jaunâtre ; sépales largement elliptiques à arrondis, de 1,5–2 mm de long, carénés ; corolle de 2–4 mm de long, lobes elliptiques-ovales, d’environ 1 mm de long, aigus ou obtus ; étamines insérées sur les lobes de la corolle, exsertes, anthères bien visibles ; ovaire supère, 2–4-loculaire, style 1, avec un stigmate trapu et pileux, saillant.
  • Fruit : capsule à déhiscence circulaire, de 2–4 mm de long, renfermant (4–)6–34 graines.
  • Graines ellipsoïdes ou ellipsoïdes-trigones, de 1–1,5 mm de long, brun foncé à noir mat, mucilagineuses lorsque imprégnées d’eau.
  • Plantule à germination épigée ; cotylédons sessiles ou brièvement pétiolés, engainants à la base ; hypocotyle allongé, épicotyle absent.

Autres données botaniques

Le genre Plantago comprend près de 270 espèces ; c’est un genre cosmopolite, mais dont l’aire est principalement tempérée. Plantago major est une espèce variable dans laquelle on a décrit plusieurs sous-espèces et variétés, mais celles-ci sont reliées par une série d’intermédiaires. Aux latitudes élevées, les feuilles tendent à être plus lancéolées et plus pubescentes, tandis que les épis tendent à être plus compacts.

Croissance et développement

Sous les tropiques, Plantago major peut fleurir toute l’année, avec un cycle vital qui peut s’accomplir en 6 semaines. Dans les régions tempérées, les plantes passent l’hiver sous la surface du sol en terrain découvert, ou en petites rosettes s’il y a davantage de couvert. L’autofécondation est courante, mais les fleurs peuvent aussi être pollinisées par le vent. On a observé une production annuelle de 14 000–20 000 graines par plante. Les graines adhèrent facilement aux animaux ou aux humains grâce à leur tégument mucilagineux, ce qui favorise leur dispersion. Elles peuvent aussi être transportées par l’eau. Plantago major peut vivre jusqu’à 15 ans dans les conditions naturelles, et 5–8 ans en culture au Turkménistan.

Ecologie

Plantago major se rencontre principalement dans les zones perturbées. En raison de ses feuilles coriaces appliquées sur le sol, il est bien adapté pour supporter le piétinement par le bétail et les humains. Il est plus tolérant à l’asphyxie racinaire et aux sols compactés que Plantago lanceolata L., et on le trouve en bords de routes, dans les jardins et les herbages ouverts, mais aussi sur des stations humides et détrempées. Une fois qu’il est bien installé, il peut devenir une mauvaise herbe nuisible, comme c’est le cas dans les plantations de canne à sucre aux îles Mascareignes. En Inde, on cultive Plantago major sur des sols sableux de qualité moyenne ou pauvres, mais il prospère mieux sur des sols limoneux bien drainés.

Multiplication et plantation

Les graines peuvent rester viables jusqu’à 60 ans dans le sol. Elles ont une période de dormance de un à plusieurs mois, qui peut être interrompue par stockage à sec à 5°C pendant plusieurs semaines ou à 20°C pendant plusieurs mois. La germination est optimale à une température de 25–30°C, avec une photopériode longue (16 heures). On a décrit un protocole efficace de micropropagation pour Plantago major, en cultivant des apex caulinaires sur un milieu de Murashige et Skoog modifié.

Maladies et ravageurs

Plantago major joue le rôle de réservoir pour plusieurs virus, tels que le virus Y de la pomme de terre (PVY) et le virus de la mosaïque du concombre (CMV), ainsi que pour la bactériose des feuilles du riz (Xanthomonas oryzae).

Récolte

Il faut être prudent lorsqu’on récolte Plantago major dans la nature à des fins médicinales, car les plantes peuvent contenir des concentrations élevées de métaux lourds tels que plomb et cadmium lorsqu’elles poussent le long des routes.

Rendement

Un essai au champ avec le cultivar ukrainien ‘Poltavskii’ a fourni un rendement de 170 g/plante de feuilles fraîches ; le rendement maximum en graines était de 25 g/plante, avec un poids de 0,24 g pour 1000 graines. Le rendement en feuilles en 1986–87 a été de 5,2 t/ha. Au Chili, un essai au champ a montré qu’une densité élevée jusqu’à 200 000 plantes/ha n’avait aucun effet sur le rendement en matière sèche.

Ressources génétiques

Plantago major est une espèce commune et extrêmement répandue, et n’est pas menacée d’érosion génétique. Il en existe plusieurs petites collections dans les banques de gènes, notamment en Amérique du Sud et en Europe. Des sélections ornementales sont commercialisées aux Etats-Unis.

Perspectives

Les emplois de Plantago major par voie orale pour traiter les troubles digestifs et bronchiques, et en médication topique contre les affections de la peau et les infections oculaires, sont très répandus. Des recherches récentes semblent justifier les emplois traditionnels, bien que l’information soit loin d’être complète. Des espèces voisines ayant des usages analogues sont cultivées plus facilement et plus largement ; par ex. Plantago afra L. et Plantago ovata Forssk. (ispaghul) sont cultivés en Inde à des fins médicinales.

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Sources de l'illustration

  • Lilis Pangemanan, 1999. Plantago L. In: de Padua, L.S., Bunyapraphatsara, N. & Lemmens, R.H.M.J. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 12(1). Medicinal and poisonous plants 1. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 397–403.

Auteur(s)

  • A. Gurib-Fakim, Faculty of Science, University of Mauritius, Réduit, Mauritius

Citation correcte de cet article

Gurib-Fakim, A., 2006. Plantago major L. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 12 décembre 2024.


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