Petiveria alliacea (Pharmacopées en Guyane)

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Microtea debilis
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Seguieria americana


Petiveria alliacea. Feuilles et inflorescence de douvan douvan



Petiveria alliacea L.

Noms vernaculaires

  • Créole : douvan douvan [douvan-douvan], radié pian [radjé-pian] (bas Oyapock).
  • Créole Antillais : arada, douvan nègre.
  • Wayãpi : mɨku ka’a [1].
  • Palikur : kanayumna.
  • Portugais : mucura-caá.
  • Aluku : ndongu-ndongu.

Écologie, morphologie

Herbe rudérale très commune, sauf dans le sud de la Guyane.

Collections de référence

Berton 20 ; Jacquemin 2601 ; Moretti 119,621, 1214 ; Prévost 3905.

Emplois

Cette herbe bien connue des Créoles [2] exhale, quand on la froisse, une odeur d’ail. Elle est utilisée pour éloigner les esprits d’un carbet (habitation) nouvellement construit : on boucane (production de fumée) la plante à l’intérieur du carbet. On dit aussi qu’elle chasse les chauves-souris.

À côté de son usage magique, cette plante connaît en Guyane, comme dans le reste de l’Amérique tropicale, des usages variés. Chez les Créoles, les feuilles prises en décoction traitent les douleurs musculaires et les rhumatismes. Froissées et inhalées, elles calment les céphalées ; la tisane de ses racines serait antispasmodique et fébrifuge. Les feuilles sont sudorifiques et calment la toux sèche en décoction. Certains guérisseurs du Maroni emploient cette plante, avec semble-t-il un certain succès, dans le traitement des plaies ulcéreuses ; les feuilles sont appliquées sur les plaies, soit une fois calcinées et réduites en poudre, soit après avoir été préalablement ramollies à la flamme. En bain, elle est employée comme insectifuge contre la gale. Chez les Palikur, la plante entière, froissée et enveloppée dans un petit paquet, est suspendue au cou des enfants pour les protéger des mauvais sorts.

Par ailleurs, préparée en bain, elle est utilisée pour soigner la coqueluche et la fièvre paludéenne. Pour d’autres usages en association, cf. Ayapana triplinervis (Astéracées) et Ertela trifolia (Rutacées).

Étymologie

  • Créole : radié pian, de radié, « plante » et pian, « sarigue » (Didelphis marsupialis), en raison de son odeur proche de celle du musc de cet animal.
  • Wayãpi : mɨku ka’a, de mɨku, « sarigue » et ka’a, « plante », pour la même raison.

Chimie et pharmacologie

La plante renferme la trithiolaniacine, un produit disulfuré rappelant ceux présents dans le genre Allium (ADESOGAN, 1974). Elle renferme aussi du nitrate de potassium, qui lui confère des propriétés diurétiques, et de l’isoarbonnol à l’état libre sous forme d’acétate et de cinnamate (SIEVERS et al., 1949). Les produits soufrés de cette plante ont des propriétés antimicrobiennes (SZCZEPANSKI et al., 1975). Les feuilles et les tiges contiennent de l’allantoïne, du benzaldéhyde et de l’acide benzoïque (ROBINEAU et al., 1999).

À la suite des observations que nous avons faites sur l’emploi de cette plante pour traiter les ulcères, DELAVEAU et al. (1980) ont montré qu’elle stimule l’activité phagocytaire du système réticulo-endothélial. Le principe actif responsable de la stimulation de l’activité phagocytaire mise en évidence par DELAVEAU a été isolé : il s’agit du dibenzyltrisulfide (WILLIAMS et al., 1997). Les propriétés anti-inflammatoires des feuilles ont été confirmées et justifient l’emploi, au moins en usage externe (cf. note 2), de cette espèce (ROBINEAU et al., 1999).

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  1. Cette plante a été introduite par des Brésiliens, dans les années 1980, chez les Wayãpi de l'Oyapock, où elle est désormais utilisée en bain fébrifuge et comme protection magique.
  2. En vérité, l’aire d'utilisation de cette espèce est très large en Amérique tropicale ; à titre d'exemple, citons son usage comme emménagogue, contre-poison et plante magique chez les Caraïbes de la Dominique (HODGE et TAYLOR, 1957), par les Caboclos de l’État de Para en association ou non pour soulager les céphalées, les douleurs articulaires et les douleurs abdominales (FURTADO et al., 1978) ou encore les Tikuna du haut Amazone pour soigner la bronchite, les douleurs auriculaires, les maux de tête et la fièvre (SCHULTES et RAFFAUF, 1990).