Ayapana triplinervis (Pharmacopées en Guyane)
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Sommaire
Ayapana triplinervis (Vahl) R. King et H. Robinson
Synonymies
- Eupatorium ayapana Vent.
- Eupatorium triplinerve Vahl
Noms vernaculaires
- Créole : aiapana, diapana djapana, djapanna], thé de l’Amazone (vieilli).
- Wayãpi : —
- Palikur : yaβan.
- Portugais : japana.
Écologie, morphologie
Plante semi-domestiquée de taille moyenne assez commune, reconnaissable à ses nervures longuement étirées de la base au sommet et à sa coloration lie de vin.
Collections de référence
Grenand 1618 ; Jacquemin 1482, 1637 ; Prévost 1368.
Emplois
Il s’agit là d’une espèce très réputée en Amérique tropicale pour les vertus médicinales, parfois contradictoires, qui lui sont attribuées.
Elle est employée en médecine créole à des fins très diverses : la tisane des feuilles est fébrifuge, sudorifique et antigrippale. Visant les mêmes buts, elle peut être associée à des feuilles de chardon béni (Eryngium foetidum, Apiacées), un peu de sel et du rhum. Elle est dite vomitive à forte dose, laxative à dose plus faible.
Cette espèce est aussi un alexitère réputé qui se prend de deux façons : soit les parties aériennes sont mises à macérer dans du rhum, soit on en prépare une décoction concentrée, provoquant une intense transpiration. Des cataplasmes de tyo-tyo (Astrocaryum vulgare, Arecacées) imprégnés de cette décoction peuvent être par ailleurs appliqués sur la morsure. HAY (1998) précise que cette espèce peut être parfois préparée avec d’autres plantes alexitères telles que Dracontium polyphyllum (Aracées), Mikania guaco (Asteracées) et Psychotria ulviformis (Rubiacées). Ce même remède est aussi utilisé pour soigner les morsures d’araignée.
Chez les Palikur, la plante entière préparée en décoction buvable est un antivomitif, en particulier utilisé dans les cas de nausées liées aux fièvres palustres. Une décoction préparée avec des fragments de tige et les feuilles de Petiveria alliacea (Phytolaccacées) et Aristolochia stahelii (Aristolochiacées) est bue pour ses effets carminatifs [1].
Les Créoles comme les Palikur distinguent une variété rouge et une variété blanche.
Étymologie
- Créole et portugais : d’une langue de la famille arawak ; cf. arawak proprement dit : bana, « feuille » (DE GOEJE, 1928) ou Palikur : aβan, « feuille ».
- Palikur : de y, « ? » et aβan, « feuille, plante ».
Bien que DUCKE (1946) suggère pour cette plante une origine péruvienne, de tels noms apparentés à un terme de base aussi général que « feuille » semblent militer pour l’origine amazonienne de sa semi-domestication.
Chimie et pharmacologie
L’huile essentielle des feuilles est riche en bornéol et recèle l'ester méthylique de la thymohydroquinone. Le bornéol est antiseptique et spasmolytique. La plante possède aussi des coumarines (méthylène dioxy 6, 7 coumarine) ayant une action hémostatique prononcée (BOSE et SARKAR, 1937 ; BOSE et SEN, 1941). Le genre renferme des alcaloïdes pyrrolidiniques, des sesquiterpènes lactoniques dont certains présentent une activité anticancéreuse (STRICHER in WAGNER et WOLFF, 1977 ; PARIS et MOYSE, III, 1971).
Cette plante médicinale est ou fut inscrite dans plusieurs pharmocopées en France, en Inde et dans les registres des drogues végétales du Japon et de Suisse.
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- ↑ Au Brésil, les feuilles sont utilisées soit seules, en décoction bue contre la grippe, soit en association avec Tagetes erecta L. (Astéracées), des feuilles de limon, de Stachytarpheta cayennensis (Verbénacées) et d'un Ocimum (Lamiacées) comme gouttes auriculaires, après macération au soleil (FURTADO et al., 1978).