Pastel (Cazin 1868)
[740]
Nom accepté : Isatis tinctoria
Pastel des teinturiers, — vouède, — guède, — herbe de saint Philippe.
CRUCIFÈRES. — ISATIDÉES. Fam. nat. — TÉTRADYNAMIE SILIQUEUSE. L.
Cette plante bisannuelle se trouve dans les lieux arides, pierreux, les vieux murs, les carrières, les décombres. Elle est cultivée comme plante tinctoriale. Elle est excellente comme plante fourragère et de pâturage.
Description. — Racine longue et fusiforme. - Tige de 4 à 8 décimètres,
[741]
dressée, raide, rameuse en haut, glabre, hérissée à sa base ; rameaux disposés. — Feuilles radicales oblongues, atténuées en pétioles, entières, ordinairement velues, les caulinaires lancéolées-sagittées, sessiles-embrassantes, à peu près glabres. — Fleurs jaunes, petites, en grappes terminales (mai-juin). — Calice à sépales étalés, réfléchis. — Pétales crucifères. — Six étamines dépourvues d'appendices. — Fruit : silicule oblongue-obtuse, atténuée à la base, presque pendante à l'extrémité de pédicules allongées-filiformes.
Parties usitées. — Les feuilles.
Récolte. — Sa récolte pour la teinture, de même que sa culture, est du ressort de l'agriculture. Comme la plupart des crucifères, elle perd la plus grande partie de ses propriétés médicinales par la dessiccation.
[Culture. — Le pastel est bisannuel et il dure quelquefois trois ans, il peut être semé depuis mars jusqu'à juillet et même en automne ; pour le fourrage, on le sème à la volée, à raison de 10 kilogr. de graine par hectare ; cultivé pour la teinture, il demande un sol plus riche, bien préparé et bien amendé ; on sème clair en rayon et on bine.]
Propriétés physiques et chimiques. — Le pastel est piquant et âcre comme le cresson. Il fournit, au moyen de préparations particulières, une couleur bleue, analogue à l'indigo, que l'on emploie dans les arts, où elle est connue sous le nom de pastel. Chevallier[1] a donné l'analyse de cette plante, plus tinctoriale que médicale.
Les feuilles de pastel ont été regardées comme antiscorbutiques. Elles ont été employées avec succès, en teinture, contre le scorbut, par Aymen, médecin à Castillonès[2]. « Il y, a, dit Desbois, de Rochefort, des observations sûres de caries et de douleurs ostéocopes scorbutiques, qui ont cédé à ceseul moyen. La dose est d'une demi-once (16 gr.) à une once (32 gr.) en légère décoction à vaisseau fermé. » Le suc est préférable ; on sait que la décoction diminue les propriétés des crucifères. Les paysans provençaux se servent de cette plante dans la jaunisse. « Lémery dit que ses feuilles pilées, appliquées sur les poignets, guérissent les fièvres intermittentes ; ce qui pourrait être vrai dans quelques cas, si elles causent de la rubéfaction ; on les présente aussi comme résolutives. » (Mérat et Delens.)
____________________