Parkia biglobosa (Fruitiers du Cameroun)
Parkia biglobosa (Jacq.) Benth.
Select. Stirp. Am. Hist.: 267 (1763).
Synonymes
- Mimosa biglobosa Jacq.
- Parkia biglobosa (Jacq.) G. Don
Nom commun
- Néré de l’Afrique de l’Ouest.
Noms locaux
- Arabe : maito, moto
- Batanga : nre
- Baya : gian, zinia
- Dama : lelemi
- Foulfouldé : narehi ; nounouhi
- Guiziga : lilouwoum
- Haoussa : dorowa
- Kanouri ; rouno
- Koma : lebo
- Mboum : leré
- Mofou : harad
Origine, distribution géographique et écologie
Espèce d’Afrique tropicale, du Sénégal au Cameroun et au Soudan à l’Est. Au Cameroun, elle est présente dans les steppes soudano-sahéliennes à épineux, les savanes soudaniennes et soudanoguinéennes du plateau de l’Adamaoua où elle est parfois abondante. Cette espèce a été introduite en Amérique tropicale et est cultivée aux Indes. Arbre de plein soleil, résistant assez bien à la sécheresse une fois implanté, il nécessite un sol profond, bien drainé.
Description
- Grand arbre atteignant 20 m de hauteur ou, parfois plus et jusqu’à 1 m de diamètre ; cime étalée en parasol ; fût relativement court, à feuilles pendantes ; écorce grise foncé, fissurée longitudinalement, s’exfoliant en petites écailles épaisses, tranche brun-rougeâtre, fibreuse, exsudant un peu de gomme.
- Feuilles alternes, composées bipennées de 20-40 cm de longueur, avec 10-40 paires de pennes opposées, chaque penne comptant 15-60 paires de folioles ; folioles oblongues, linéaires, atteignant 20 x 5 mm, base asymétrique, sommet obtus.
- Inflorescences en capitules sphériques de 4-7 cm de diamètre, pendantes à l’extrémité d’un pédoncule de 10-30 cm de longueur.
- Fleurs rouges, petites ; hermaphrodites, pentamères ; calice tubulé à 5 lobes ; pétales rouges ; 10 étamines ; ovaire formé d’un seul carpelle.
- Fruits : gousses allongées mesurant jusqu’à 30 x 2,5 cm, aplaties, brun-foncé ; pulpe farineuse jaune, sucrée au goût, enrobant les graines. Graines nombreuses, noires, suborbiculaires, d’environ 1 cm de diamètre ; environ 4 000-5 000 graines/kg.
Variabilité et conservation de la ressource
Parkia biglobosa est protégé et conservé dans les jachères. Il est planté dans certains villages. Le potentiel disponible des arbres n’est pas connu. La cueillette se fait abondamment sur la population naturelle souvent menacée par les feux de brousse. Encore appelée Mimosa biglobosa, l’espèce présente une grande variabilité génétique au niveau du genre et de l’espèce. Cependant, les détails sur cette variabilité ne sont pas encore bien connus.
Agronomie
La multiplication se fait par graines, généralement disponibles entre octobre et novembre. Pour hâter et faciliter la germination des graines, il est conseillé de les faire cuire pendant 5-10 minutes puis de les laisser refroidir pendant 12 heures avant le semis. De la germination à la plantation en champ, il faut compter environ 4 mois.
La croissance est rapide mais irrégulière. Sur sol intermédiaire et sur sol ferrugineux, Parkia biglobosa atteint une hauteur de 130 cm en 2 ans et demi.
L’espèce exige une pluviométrie annuelle au moins égale à 500 mm et des températures annuelles comprises entre 26°C et 28°C. Elle nécessite un sol limoneux profond et bien drainé et résiste assez bien à la sécheresse. L’arbre peut donner 25 à 100 kg de fruits par an dès l’âge de 15 ans.
La fécondation est assurée par les abeilles. La fécondation croisée et l’autogamie sont simultanément utilisées par l’espèce pour sa reproduction. Les graines, au nombre de 4 500 à 5 000 par kg sont de type orthodoxe et se conservent aisément à la température ambiante. Elles peuvent passer près de 9 ans tout en gardant un taux de germination de 78 % environ lorsqu’on les maintient à une température de 4°C avec une humidité relative de 60 %.
La croissance est assez lente (15 cm de diamètre à 20 ans). D’après Ouedraogo (2002), le marcottage a permis d’obtenir quelques résultats positifs. Cependant, les résultats du greffage et du bouturage sont encore mitigés. Au Burkina Faso, la plantation se fait par semis. Les semences sont prétraitées pour faciliter la germination.
Les graines peuvent être traitées avec de l’acide sulfurique concentré (97 %) pendant 10 minutes pour lever la dormance et ensuite trempées dans l’eau pendant 24 heures. Le taux de germination moyen est de 95 % pour les graines fraîchement récoltées. La germination débute 48 heures après le semis qui peut se faire dans les sachets en polyéthylène contenant un substrat meuble.
Les plants doivent être arrosés deux fois par jour et désherbés une fois toutes les deux semaines. Après le semis en planches, les jeunes plants peuvent être repiqués dans des pots. Ils atteignent 20-25 cm de hauteur après 20 semaines en pépinière et peuvent déjà être plantés en champ. Le semis direct est possible, mais le taux de réussite dépend de l’humidité du sol et du niveau des dégâts provoqués par les insectes et les rongeurs attirés par la forte odeur que dégagent les graines en germination. Un labour préalable du sol contribue à un bon établissement des plants avec un taux de réussite de 82 % les 4 premières années. L’espacement est généralement de 10 m x 10 m.
La multiplication végétative est possible par greffage, bouturage des jeunes plants ou par marcottage de vieux arbres (ceux de 11 à 25 ans ont donné de bons résultats au Burkina Faso et au Nigeria). La multiplication par vitro-plants produits à partir des méristèmes de jeunes plants a donné un taux de réussite de 72 % au Royaume Uni.
Un arbre produit 10-25 kg de gousses ; chaque gousse comporte 20 % de graines et 40 % de pulpe.
Utilisations
Les parties utilisées sont la pulpe, la graine et la gousse.
Parkia biglobosa est un arbre décoratif qui enrichit le sol par la chute des feuilles (Nouvellet, 1987). La pulpe contenue dans le fruit est très appréciée des hommes et des animaux (N’Klo, 2001). Les graines fermentées sont consommées sous forme de boulettes ou de plaquettes noires très parfumées aux arômes de camembert (FAO, 2001). Les fleurs sont sucées par les enfants et butinées par les abeilles (Arbonnier, 2000).
Le goût relevé des graines assaisonne les sauces dans toute l’Afrique (RAE, 2000). En effet, la graine de Parkia biglobosa bouillie et fermentée est un excellent assaisonnement pour les sauces de « soumbala » en Afrique de l’Ouest (Arbonnier, 2000 ; Vivien et Faure, 1995 ; N’Klo, 2001). Cette pulpe bouillie donne aussi une boisson sucrée très appréciée. La graine grillée est utilisée comme succédané du café ou comme aphrodisiaque (Arbonnier, 2000).
Les graines auraient des propriétés d’anti-hypertenseur et d’aphrodisiaque. Très riches en iode, elles pourraient être utilisées dans la prévention du goitre (N’Klo, 2001). Ces graines soignent également la fièvre jaune, la constipation, l’anorexie, le rachitisme et l’ictère. La gousse est utilisée pour soigner la diarrhée chez les animaux, notamment la volaille (Arbonnier, 2000). Les racines sont des vermifuges et soignent la blennorragie, l’amibiase, les ankylostomes, la pneumonie, la stérilité, l’hypertension et la bronchite. L’écorce et les feuilles traitent la carie dentaire et la conjonctivite. Les rameaux soignent les morsures de serpent. Le bois est peu résistant aux attaques des insectes et des champignons. Par conséquent, il n’est utilisé qu’en petite menuiserie et surtout comme bois de feu.
Niveaux de production
Parkia biglobosa est l’un des principaux produits forestiers non ligneux du Burkina Faso. Il a une grande valeur alimentaire. En 1990, la production totale en volume de graines de Parkia biglobosa était de 20 802 tonnes pour une valeur de 852 000 000 F CFA (Coulibaly, 1993). Au Mali, les graines de Parkia biglobosa et le “soumbala” (produit dérivé) sont largement commercialisés, ce qui apporte un revenu important aux populations rurales et aux nombreux intermédiaires impliqués dans cette filière. Ces graines font aussi l’objet d’un commerce international. La récolte se fait en avril ou en mai, quand les gousses sèchent. La cueillette peut durer deux mois et une famille peut obtenir en moyenne 500 kg de graines en bonne saison (FAO, 1996). Ce sont surtout les femmes qui, regroupées en associations d’entraide, se chargent de cette activité en alternance avec le ramassage des noix de karité. Les fruits sont récoltés à l’aide de perches ou en grimpant sur les arbres (FAO, 1996 cité par Walter, 2001).
Mécanismes de fixation des prix
Les graines sont généralement vendues au Burkina Faso à 164 F CFA le kilogramme (Guinko et Pasgo, 1992).