Orme (Cazin 1868)
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Nom accepté : Ulmus minor
Ulmus campestris et Theophrastis. C. Bauh. — Ulmus folio latiore. Park. — Ulmus folio latissima scabro. Ger. — Ulmus. Dod.
Orme commun, — orme pyramidal, — orme des champs, — orme champêtre
AMENTACÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE DIGYNIE. L.
Cet arbre, généralement connu, croît dans toute l'Europe. — Sa description est inutile.
Parties usitées.— L'écorce intérieure des rameaux. Autrefois, les feuilles, le bois.
Récolte. — Cette écorce doit être détachée avant la floraison pour être conservée. Les fleurs paraissent avant les feuilles.
[Culture. — L'orme se multiplie par semis faits en pépinière ; on le met en place vers l'âge de trois à quatre ans ; il vient dans tous les terrains.]
Propriétés physiques et chimiques ; usages économiques. — L'écorce d'orme, de couleur rougeâtre ou jaunâtre, pliante, fragile, tendre, mince, est inodore, un peu styptique et amère. Elle contient de l'amidon et du mucilage en abondance. La décoction de la racine, à l'état frais, donne un liquide rouge, très-visqueux, devenant d'un noir foncé par l'addition du sulfate de fer. — D'après Vauquelin, la sève de l'orme contient du carbonate de chaux, de l'acétate de potasse, etc.[1]. (L’ulmine est un des produits de décomposition de la cellulose que Vauquelin a découvert en analysant une exsudation brune d'écorce d'orme. De cette origine, qui est loin de lui être exclusive, lui est resté ce nom.)
On connaît l'emploi de l'orme dans le charronnage, le chauffage, etc.
A L'INTÉRIEUR. — Décoction, 120 gr. pour 1 kilogr. d'eau réduit à 500 gr. |
l'avoir bien divisée. On laisse pendant quarante-huit heures en contact. On décante l'alcool et on le remplace par 125 gr. d'eau, que l'on met de nouveau en contact pendant quarante-huit heures avec l'écorce afin de l'épuiser. On distille l'alcool de manière à obtenir un résidu de consistance sirupeuse ; on y ajoute le liquide provenant |
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- ↑ Annales de chimie, an VII, t. XXXI, p. 20.
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de la macération par l'eau, puis une quantité d'eau et de sucre convenable pour faire un sirop, que l'on donne pur, en commençant par deux cuillerées, une le matin et |
l'autre le soir, et augmentant tous les deux ou trois jours d'une cuillerée, de manière à arriver à six cuillerées par jour. (Devergie.) |
L'écorce intérieure de l'orme pyramidal est diaphorétique. On l'a vantée dans l'ascite, les dartres, l'ichthyose, la lèpre, l'éléphantiasis et autres maladies de la peau ; dans les scrofules, le scorbut, les douleurs rhumatismales, les fièvres intermittentes, les ulcères cancéreux.
La seconde écorce de l'orme ou liber a été employée par les anciens. Dioscoride la recommande dans plusieurs affections cutanées, telles que les exanthèmes, les croûtes lépreuses, etc. Mais l'usage de cette écorce était tout à fait oublié, lorsque Lyson, médecin anglais, est venu nous dire, en 1783, qu'il avait guéri avec l'écorce des jeunes rameaux, récoltés au printemps, des affections cutanées qui simulaient la lèpre. Lettsom, autre médecin anglais, a dompté avec le même remède une affection hideuse qui couvrait toute la surface du corps d'un vieillard, et qui avait résisté aux préparations antimoniales et mercurielles, à la salsepareille, à divers topiques, etc. Banan[1] dit avoir guéri avec cette écorce, non-seulement des dartres rebelles, des ulcérations anciennes, mais encore les scrofules, les flueurs blanches, les vieux rhumatismes, etc. Gilibert[2] considère l'écorce d'orme, à la fois mucilagineuse, âpre et amère, comme un puissant adjuvant dans, plusieurs maladies cutanées. Il a vu guérir par ce seul remède plusieurs dartres, calmer des coliques avec diarrhée, tempérer les ardeurs d'urine, le ténesme. Swediaur a recommandé l'écorce de cet arbre en décoction contre les maladies cutanées d'origine syphilitique. Haller a parlé de son action diurétique et antiscorbutique. Struve lui a attribué des effets admirables dans l'ascite. Devergie, médecin de l'hôpital Saint-Louis, emploie le sirop d'écorce d'orme pyramidal dans le traitement de l'eczéma chronique, comme un excellent modificateur de la constitution, surtout chez les jeunes personnes d'un tempérament lymphatique. C'était, il y a cinquante à soixante ans, le remède à la mode dans toute la France. Cependant Sauvage, qui l'avait indiqué dans sa Nosologie (publiée en 1763) l'a abandonné ensuite comme trop débilitant, à cause des quantités qu'il fallait en prescrire; et Desbois, de Rochefort, dit qu'il a réussi..., surtout à ceux qui l'ont vendu. Alibert l'a employée sans succès tant à l'hôpital Saint-Louis que dans sa pratique particulière. Dubois, de Tournai, en a obtenu des résultats peu satisfaisants dans plusieurs cas de psoriasis et d'eczéma.
Mérat et Delens pensent que cet arbre, ayant la plus grande analogie avec l’ulmus americana, pourrait être employé dans les mêmes cas que ce dernier. Ainsi on pourrait l'administrer contre la toux, la pleurésie, la diarrhée, la dysenterie, etc. La décoction de son écorce serait utile en lotions et en fomentations, contre les gerçures, les brûlures, les engelures ; on pourrait en préparer des cataplasmes analogues à ceux de mie de pain et de farine de lin.
J'ai employé l'écorce intérieure de l'orme en décoction dans les affections ferreuses ; mais je ne puis rien dire de l'effet dépuratif de cette écorce, parce que des médicaments plus énergiques étaient administrés en même temps.
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