Olluco (Potager d'un curieux, 1899)
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Nom accepté : Ullucus tuberosus
Plante vivace. Tubercules arrondis, ne dépassant guère, sous notre climat, le volume d'une grosse Noix, roses, très lisses, à chair jaunâtre, mucilagineuse ou féculente lorsque le tubercule atteint sa complète maturité, se développant sur des rhizomes qui prennent naissance à la base des tiges; celles-ci, ramifiées et rampantes, prennent racine à chaque point où elles touchent la terre; les feuilles sont alternes, épaisses, spatulées, d'un vert brillant, munies d'un pétiole assez long, rougeâtre. Fleurs petites, verdâtres, axillaires, ne mûrissant pas leurs graines sous notre climat. Originaire des Andes.
C'est à regret que nous consacrons un chapitre de ce livre à une plante dont la culture a été expérimentée pendant trois ans, avec beaucoup de soin, au Muséum, chez M. Louis Vilmorin, dans le jardin de la Société nationale d'Horticulture, etc., et dont les rares tubercules ont été unanimement déclarés immangeables.
Nous ne disposons ni d'assez de temps, ni d'assez
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d'espace pour nous livrer sciemment à des tentatives vaines; mais l'Ulluco appartient à l'histoire des essais d'introduction de plantes alimentaires exotiques, et c'est à ce seul titre qu'il trouve place ici ; nous nous bornerons donc à indiquer les sources auxquelles on pourra, si l'envie en prend, puiser tous les renseignements possibles sur la Chénopodée chilienne.
M. Ed. André a bien voulu nous adresser la note suivante sur la plante qu'il a observée sur le marché de Pasto (Nouvelle-Grenade) :
- « Ollocos (Ullucus tuberosus). Ce légume, généralement détestable, est ici représenté par plusieurs variétés : violette, blanche, jaune, verte et rose saumoné, parmi lesquelles plusieurs ne sont vraiment pas mauvaises et peuvent presque s'égaler aux Ocas. »
En 1895, MM. Vilmorin-Andrieux et Cie nous ont remis les tubercules d'une plante qu'ils avaient reçue de M. Bourgoin, de Merida (Venezuela), sous le nom d'Uyuca ou Rouba et qui étaient accompagnés de la lettre suivante :
- « J'ai le plaisir de vous envoyer quelques tubercules d'Uyuca ou Rouba. Ces tubercules sont comestibles et, quand ils sont cultivés, bien farineux ; ils ont à peu près le goût de la Pomme de terre, mais la famille à laquelle ils appartiennent est différente ; c'est une Oxalidée. On les emploie principalement confits dans le vinaigre avec des Piments.
- Je crois que cette culture réussirait parfaitement en France, la plante ne se trouvant ici que sur les hautes montagnes, dans ce que nous appelons le pays froid (température moyenne de + 10 à 12°). »
Nous avons planté ces tubercules au printemps 1896 et il s'est développé des tiges feuillées qui nous ont permis de reconnaître qu'il s'agissait de l’Olluco.
Les tubercules étaient beaucoup plus volumineux et d'une forme si différente de ceux que nous avions cultivés jusqu'alors, que nous n'avions pas eu l'idée de les rattacher à cette plante lorsqu'ils nous sont parvenus.
- Annales des sc. phys. et nat. de la Soc. d'Agr. de Lyon, t. XI, p. 66.
- 1848. Détails sur la culture de l'Ulluco, par M. E. Masson. Bull. de la Soc. centrale d'Hort. de France, vol. XXXIX, p. 259.
- Ullucus tuberosus, avec figure, par J. Decaisne. Revue horticole, 1848, p. 441.
- De l'Ulluco et de sa culture, par E. Masson. Bull. de la Soc. centrale d'Hort. de France, vol. XXXIX, p. 485.
- Nouveaux détails sur l' Ulluco, publiés par M. Pentland. Gardeners' Chronicle, n° du 30 décembre, p. 862.
- 1849. Note de M. L. Vilmorin, Revue horticole, 1849, p. 22.
- 1852. Remarques sur quelques tubercules comestibles, par M. Weddell, aide-naturaliste au Muséum. Revue horticole, 1852, p. 148.