Monodora myristica (Fruitiers du Cameroun)
Monodora myristica (Gaertn.) Dunal
Dun. Monog. Anon. 80 (1817)
Synonymes
- Annona myristica Gaertn.
- Monodora borealis Sc. Elliott
- Monodora claessensii De Wild
- Monodora grandiflora Benth.
Nom commun
- Faux muscadier
Noms locaux
- Bakoko : gangat
- Bassa : ikoma
- Baya : biko
- Boulou : ozek
- Douala : pebé
- Ewondo : ding
- Pygmée Baka : dengo
Origine, distribution géographique et écologie
Espèce présente en Afrique tropicale de la Sierra Leone à l’Angola et à l’Ouganda, ainsi que sur les îles du Golfe de Guinée. C’est une espèce de forêt dense humide sempervirente, de basse et moyenne altitude, parfois de forêt dégradée.
Description
- Arbre atteignant 35 m de hauteur et 50-70 cm de diamètre ; tronc à fût droit ; écorce rugueuse, grossièrement striée, à tranche mince et fibreuse ; cime largement étalée ; jeunes rameaux pruineux, glabres.
- Feuilles simples ; limbe elliptique à obové, mesurant 9-50 cm x 3-20 cm ; membraneux ; base arrondie à subcordée, bords entiers et sommet courtement acuminé ; pétiole atteignant 14 mm de longueur.
- Fleurs odorantes, solitaires, pédicelle atteignant 25 cm de longueur, muni d’une bractéole plus ou moins ovale vers la moitié supérieure, bractéole mesurant 2-4 x 1-3 cm ; calice à 3 sépales verts tachetés de rouge violacé, lancéolé, oblongs, mesurant 2-3,5 x 0,7-1,5 cm, à marges ondulées - crispées ; corolle à 6 pétales en verticelle ; pétales externes jaune orangé et tachetés de rouge, largement ovés, mesurant 4-9 x 2-3,5 cm, glabres ; pétales internes blancs tachetés de rouge, largement ovés, mesurant 2,5-4,5 x 2-2,8 cm, auriculés au-dessus d’un onglet très court (3-6 mm), pubescent sur les bords et sur les oreillettes ; androcée de plusieurs étamines oblongues ; pistil à ovaire conique, atteignant 2,5 mm de diamètre.
- Fruit composé subsphérique, atteignant 15 cm de diamètre.
- Graines nombreuses noyées dans une pulpe blanche ; oblongues et légèrement comprimées, atteignant 1,8 x 1,2 cm, de couleur brun clair.
Variabilité et conservation de la ressource
L’exploitation des graines est limitée aux populations naturelles poussant à l’état spontané. Très peu d’arbres sont protégés et conservés dans les jachères ou en champs, et encore moins plantés. Toutefois, la pression sur cette espèce demeure assez faible ; elle n’est donc pas menacée.
Agronomie
Les fleurs sont hermaphrodites. Les fruits sont sphériques à coques épaisses, avec de nombreuses graines, de l’ordre d’une centaine. La régénération est essentiellement assurée par les graines. La germination a lieu en 2 mois, avec un taux élevé de l’ordre de 80 % après trempage des graines.
Utilisations
Les graines sont utilisées comme condiment et épice. Au Gabon, les fruits sont utilisés en pharmacopée traditionnelle comme vermifuge.
La graine est la partie de la plante la plus utilisée.
Les graines à saveur piquante et à odeur aromatique, condimentaires et stimulantes, s’utilisent sèches (préalablement brûlées ou grillées) comme condiment dans la confection de plusieurs mets camerounais (sauce jaune, pepe soup, mbôngô djobi, etc.).
Les graines ont également des propriétés médicinales. Elles font partie des produits entrant dans le traitement des fièvres. Elles s’utilisent également pour soulager de la constipation et des migraines et servent à combattre les poux. Enfin, ces graines sont réputées être des « porte chance » ; c’est ce qui justifie leur utilisation dans les cérémonies de bénédiction familiale (Vivien et Faure, 1995; Walker et Sillans, 1995).
Niveaux de production
Monodora myristica est vendu dans beaucoup de marchés camerounais en tas ou en petits sachets de 25 à 50 F CFA. Son rythme d’écoulement est assez lent. Monodora myristica est également vendu dans les marchés de Rio Muni et de Bioko en Guinée Equatoriale en de très petites quantités soigneusement emballées dans du polyéthylène. On le rencontre aussi dans les marchés du Congo Brazzaville et du Gabon notamment à Libreville (Sunderland et al., 2000 ; Kimpouni, 2000 et Yembi, 2000). Monodora myristica est aussi exporté et vendu dans les marchés européens (Tabuna, 2000a).
Mécanismes de fixation des prix
Van Dijk (1997) rapporte qu’un tas de trois graines de Monodora myristica coûtait entre 5 et 30 F CFA autour des années 1997.
Potentialités
Selon Ndoye (1995), Monodora myristica peut être stocké pendant 38 semaines en moyenne. Ceci constitue un réel atout au plan du stockage ; malheureusement, la demande de cette espèce est très faible sur le marché camerounais, ce qui limite considérablement les marges bénéficiaires.