Lentisque (Cazin 1868)
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Nom accepté : Pistacia lentiscus
(Cet arbrisseau croît en Provence et dans les contrées orientales de l'Europe, en Asie, en Afrique.
Description. — Arbrisseau rameux et tortu, à écorce brune ou rougeâtre. — Feuilles à huit folioles lancéolées, obtuses, glabres et à pétiole commun, ailé, plan. — Fleurs rougeâtres, dioïques, à pétales réunis en panicules axillaires, chacune d'elles portée sur un pédicelle muni d'une bractée ; fleurs mâles : calice petit, quinquéfide, cinq étamines insérées sur le calice ; leur centre est occupé par un rudiment d'ovaire: fleurs femelles : calice petit, à trois, quatre divisions appliquées sur l'ovaire. — Fruit: drupe sèche, rougeâtre, à noyau osseux monosperme.
Culture. — Dans les jardins, il pousse sous le climat de Paris, si l'on a soin de l'exposer au midi et de le mettre en bruyère pendant l'hiver. Il faut à cause de la diœcie placer les pieds mâles à côté des femelles. Sa multiplication s'opère par marcottes ou par semis, qu'on fait sur couche chaude couverte d'un châssis. On tient le jeune plant en pot pendant les jeunes années.
Propriétés physiques et chimiques.— Le bois de lentisque est jaunâtre, un peu aromatique, résineux et d'une saveur uu peu astringente. Les fruits sont susceptibles d'être mangés ; leur amande contient de l'huile usitée en Espagne et en Orient, et que du temps de Clusius on fabriquait en Provence. De petites incisions faites à l'écorce du lentisque laissent découler une matière résineuse liquide, qui ne tarde pas à prendre de la consistance, c'est le mastic. En Provence, il est peu abondant et n'est sécrété que dans les années très-chaudes. Il se présente sous deux formes : 1° le mastic en larmes ou mâle, constitué par de petites larmes sèches, fragiles, lisses, cassantes, d'un jaune pâle transparent et d'une odeur qui rappelle un peu celle de la térébenthine ; 2° le mastic commun ou femelle, mélange de mastic pur et de détritus divers.
Le mastic est une résine unie à de l'huile volatile et à un corps particulier, la masticine, résine difficilement soluble dans l'alcool, blanche, molle, ductile, devenant transparente par la fusion, dont la formule = C40 H31 02.)
(Poudre de mastic. — Codex de 1866, p. 317. |
l'éther, de manière à saturer celui ; après quelques jours de contact, décantez et distribuez le liquide épais dans des flacons à l'émeri, à large ouverture et de petite capacité.) (Codex de 1866.) |
(On a employé le bois de lentisque en décoction contre la goutte à l'intérieur, ou en gargarismes dans les affections pharyngiennes chroniques.
On a proposé les fruits comme balsamiques et expectorants. A Alger, on fait un usage heureux contre la diarrhée, des pilules suivantes : Extrait de lentisque, 1 gr. ; extrait thébaïque, 0.06 ; myrrhe, 0.30 ; poudre d'ipecacuanhna, 0.25 ; 10 pilules, 3 par jour.
Quant au mastic, nous ne répéterons pas tous les usages qu'il a en Orient. Rappelons-nous seulement qu'on l'employait comme masticatoire, et qu'en émulsion il a été préconisé dans l'hémoptysie, le catarrhe chronique, les flux intestinaux, vaginaux, utérins. En Allemagne, on le préconise actuellement comme expectorant dans la phthisie. Desbois, de Rochefort, dit qu'il était autrefois recherché comme diaphorétique. D'après cela, le mastic agit comme toutes les substances résineuses ; il possède une action élective modificatrice sur les organes de sécrétion en général.
Les dentistes emploient la teinture éthérée de mastic pour remplir
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vides qui se produisent dans les dents cariées. L'évaporation de l'éther laisse le mastic à l'état solide et en place.)