Jacquinia armillaris (Rollet, Antilles)

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Theophrastaceae
Bernard Rollet, Arbres des petites Antilles, 2006
Jacquinia berteroi
Planche 246 : THEOPHRASTACEAE. I. Jacquinia armillaris. A. Rameau fleuri. B. Feuilles. C. Écorce (coupe transversale). II. Jacquinia berteroi. D. Rameau. E. Feuille. F. Écorce (coupe transversale).
tranche

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Jacquinia armillaris Jacq. Enum. Syst. Pl. : 15 (1760).

Synonymes : Jacquinia arborea M. Vahl (1797) ; Jacquinia barbasco Mez (1903).

Noms vernaculaires : Fr : Bois-casse cou ; Olivier bâtard et Bois lézard (Marie-Galante) ; Bois-la-fièvre, Graine à fièvre (Vieux-Fort, Guadeloupe) ; Bois-Bouc (La Caravelle), Bois-bracelet (Martinique) ; Bois casse rose ; Flambeau blanc (Ste-Lucie). A : Torchwood, Pie crust (Barbade) ; Baylum (Barbuda) ; aussi Bay lum berry et Baylumby berries (Barbuda) ; Picrous-bark (Antilles néerlandaises). Esp : Azucares, Barbasco (Puerto Rico).

Description : Arbuste à petit arbre atteignant 6 m de haut et 28 cm de diamètre. Pied : pas de pattes. Écorce : épaisseur totale 6-7 mm pour un diamètre de 16 cm. Aspect externe : gris finement cannelé ; liège 2-3 mm d’épaisseur, crustacé, en grosses boutonnières allongées verticalement en quinconce, fauve sur fond noirâtre ou gris fer sur fond marron ; aspect général finement fissuré longitudinalement. Écorce vivante : blanchis jaune d’or vergeté orange, grumeleuse, cassante ; section transversale : externe, zone des rayons élargis confluents ocre jaune ; partie interne : phloème en coins orange sur fond jaune serin. Aubier : blanc jaunâtre ; très larges rayons (comme Rapanea ou Ouratea). Rameaux : beige ou fauve ou jaune verdâtre, très cassants (d’où le nom vernaculaire : Casse cou) ; fourche en 3-4 rameaux. Feuilles : alternes, souvent pseudoverticillées à l’extrémité des branches, coriaces, spatulées ou en cuiller, souvent émarginées à bords roulés ; 4-10 × 2-5 cm (la plus grande parmi toutes les espèces de Jacquinia) ; sans odeur, craquantes ; taille et forme très variable (sous-bois, exposée au vent...) ; limbe très décurrent sur le pétiole, orange, subsessile ; nervures peu marquées sauf 2 latérales à la base (triplinerve). Fleurs : 8-10 mm de long, blanches ou de couleur crème ; parfum de jasmin ou poudre de riz ; inflorescence en grappe terminale 8-20-flores. Fruits : 5-10 mm de diamètre, orange à rouges à maturité, luisants, mucronés (reste du style), renfermant une seule graine. Phénologie : sempervirent. Fleurs et fruits presque toute l’année. Habitat : disséminé ou grégaire dans les fourrés littoraux des côtes au vent souvent rabattus et nanifiés ; très commun en bord de mer sur rochers et falaises, sommets calcaires ou volcaniques soumis aux embruns, aussi sous-bois de forêts sèches et semi-décidues sur mornes calcaires de l’intérieur ; entre 0 et 100 m ; plutôt calciphile ; rare en côte sous le vent de Basse- Terre ; sur calcaire et diabase (Antilles néerlandaises, STOFFERS). Tempérament : xéro-sciaphile. Plantule : Type I. La germination est épigée à cotylédons foliacés. Les feuilles ultérieurement produites sont alternes, séparées par des entrenœuds très courts. Leurs limbes sont coriaces (comme celui des cotylédons totalement développés). Les marges roulées vers la face inférieure sont cartilagineuses (blanchâtres). Lorsque les feuilles basses tombent, il persiste sur l’axe des proéminences caractéristiques pilifères, comme les limbes foliaires. La face supérieure des feuilles et des cotylédons apparaît densément ponctuée à la loupe. Les ponctuations sont moins visibles sur les faces inférieures.

Usages : Fruit écrasé pour stupéfier les poissons d’où le nom vernaculaire « enivrage » ; on écrase aussi les parties jeunes. Graines des fruits montées autrefois en bracelets par les Caraïbes (DUSS). Feuilles broutées par les chèvres (POUPON & CHAUVIN) ; charbon de bois (NICHOLSON). Ornemental. Cultivé en Floride (TOMLINSON).

Distribution générale : Sud Floride, Bahamas ; Cuba, Jamaïque, Hispaniola, Puerto Rico, Virgin Islands ; Petites Antilles ; Trinidad, Vénézuéla, Brésil.

Distribution aux Petites Antilles : Toutes les îles des Petites Antilles.

Matériel examiné : SB : QUESTEL 94, chemin Grands- Fonds, 100 m (P). SM : BOLDINGH 2508, s.loc. (P) ; BÉNA s.n., s.loc. (P). Ba : COWAN 1659, dunes (P). BT : QUENTIN 684, Vieux-Fort, 200 m (P) ; QUENTIN 934, Pointe-Noire, 100 m (P). GT : BARRIER 2898, Ilet à Fajou, sur sable (GUAD) ; BARRIER 3128, Anse Bertrand, Anse Laborde (GUAD) ; HUC 1010, 1122, Trou à Madame Louis, Anse Bertrand, 0 m (GUAD) ; JÉRÉMIE 1866, Moule Ravine NW (P) ; LE GALLO 3052, Ste Anne du Gros Cap, Petit Canal (P) ; ROLLET 329, 466, Porte d’Enfer, 0-30 m (GUAD) ; ROLLET 602, Bois Eusèbe, 50 m (GUAD) ; ROLLET 793, Anse Castavia (GUAD) ; ROLLET 1082, entre Anse Bertrand et Porte de la Grande Vigie, 30 m (GUAD) ; SASTRE 1866, Moule Ravine NW (P) ; SASTRE 2025, Pointe des Châteaux (P). MG : BARRIER 3242, s.loc. (GUAD) ; JÉRÉMIE 757, Anse Bois d’Inde, N de l’Ile, 70 m (P) ; ROLLET 366, Anse Talise Ronde (GUAD) ; ROLLET 827, Anse Coq (GUAD). Dé : BARRIER 2991, Chemin du Souffleur (GUAD) ; BARRIER 3303, Phare N (GUAD). Chemin de la Montagne ; Ravine Cybèle, 100 m ; Ravine de la Rivière, 200 m ; Ravine de Baie Mahault, 100-150 m ; Plateau, 200 m ; pentes côté NW (DAVID & ROLLET).* D : CHAMBERS 2634, Salybia ; ERNST 2080, Anse Noire ; RAMAGE s.n., La Plaine ; cités par NICOLSON and al. M : PLÉE 617, s.loc. (P).

Observations : SB : Base Morne Grand-Fond, environs Gustavia, 100-200 m (FIARD & ROLLET). S : Spring Bay Gut (STOFFERS). SE : pentes du Quill ; bord de mer ; Venus Bay ; près de Concordia (BOLDINGH). SM : Côte NE Cul de Sac, 50-70 m (FIARD & ROLLET) ; Pic Paradis, 200-300


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m et nombreuses autres stations (BOLDINGH). SK : péninsule, 0-100 m (FIARD & ROLLET). At : Darkwood, 0-50 m ; Sugar Loaf, 50 m ; Wetherills Estate, 0-50 m ; Willikies, 0-50 m ; Mount Thomas, 0-50 m (DAVID & ROLLET). MG : Anse Piton (ROLLET). St : Terre-de-Bas (QUENTIN). M : Caravelle (DUSS). SL : Petit Anse ; Casenbas, 6 m (V. SLANE). Espérance Bay, 0-50 m ; Fond d’or Bay, 0-100 m (ROLLET). Gs : Isle of Ronde, Cannouan, Mustique, Petit St Vincent, Mayero, Tobago Cays (HOWARD). B : Bath, Mount Pleasant ; fourrés côtiers et falaises calcaires (GOODING and al.).

Bibliographie : (*Iconographie, **couleur). Anon 1893 ; BEARD 1944, 1949 ; BRITTON & WILSON 1925 ; CARRINGTON 1993* ; DUSS 1897 ; FOURNET 1978* ; GOODING and al. 1965 ; HOWARD 1952, 1989* ; HUGHES 1750 ; JACQUIN 1809** ; LITTLE and al. 1974* ; MARTIUS 1856* ; NICHOLSON 1979 ; NICOLSON and al. 1991 ; POUPON & CHAUVIN 1983* ; QUESTEL 1941 ; STOFFERS 1984 ; TOMLINSON 1980.

Anatomie du bois

Jacquinia berteroi : coupe transversale (en haut à gauche), coupe tangentielle (en haut à droite), coupe radiale (en bas) (P. Détienne & P. Jacquet)

Jacquinia armillaris, Jacquinia berteroi :

  • Bois parfait beige clair légèrement orangé, différencié de l’aubier jaune citron, à grain paraissant grossier, maille à reflets violacés large (environ 0,5 cm chez J. berteroi, 1 cm et plus chez J. arborea), plutôt dur et lourd (0,80-0,90 g/cm3).
  • Pores disséminés, tendant parfois à former une zone semiporeuse, d’environ 60-70 μm de diamètre et au nombre de 25-30 par mm2 chez J. arborea, légèrement plus nombreux et plus fins chez J. berteroi (40 μm et 40-50 par mm2). Perforations des éléments vasculaires uniques ; ponctuations intervasculaires de 4 à 5 μm de diamètre.
  • Parenchyme limité à quelques cellules juxtavasculaires, fusiformes et localement en disposition étagée.
  • Rayons larges de 10 à 20-(25) cellules, au nombre de 1 ou 2 par mm, de structure relativement hétérogène : cellules couchées à allongement horizontal moyen au centre et cellules plus ou moins carrées en bordure et aux extrémités. Ponctuations radiovasculaires identiques en taille aux intervasculaires. Présence de petits corpuscules de silice, rares à fréquents.
  • Fibres à ponctuations simples.