Imperata cylindrica

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Imperata cylindrica
(L.) Raeusch.

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Ordre Poales
Famille Poaceae
Genre Imperata

2n =

Origine : Asie

sauvage et cultvé

Français herbe à paillote
Anglais alang-alang


Résumé des usages
  • plante fourragère
  • médicinal
  • exsudations cueillies comme manne
  • plante à papier
  • combustible
  • mauvaise herbe redoutable


Description

Herbe vivace à rhizome vigoureux, à tige forte de 30 à 90 cm de haut, aux feuilles linéaires, lisses à bords coupants, au panache argenté.

Noms populaires

français herbe à paillote
anglais woolly grass, alang-alang
allemand
espagnol
portugais
lao nya kha
thaïlandais yar khar
vietnamien co tranh
cambodgien sbow

Classification

Imperata cylindrica (L.) Raeusch. (1797)

basionyme :

  • Lagurus cylindricus L. (1759)

Cultivars

Histoire

Très répandue dans toute l’Asie tropicale, cette espèce forme des savanes sur les espaces forestiers dégradés et défrichés et est désormais un élément constitutif du paysage du Nord de la péninsule indochinoise.

Usages

En Ahaggar, la manne ou miel végétal, exsudation de cer­tains végétaux, est recueillie au printemps en gouttelettes sur les Ta­marix, Imperata cylindrica (tam. : ébestéou), Erianthus ravennae L. (= Saccharum ravennae) (tam. = tesengelt) et entre les branchettes des régimes de palmiers dattiers (GAST, 1968).

Ayant un rendement en cellulose de 38 à 40 %, cette espèce est, en Libye, considérée d'un grand intérêt pour la fabrication du pa­pier (TROTTER 1915). Elle sert aussi occasionnellement de combus­tible.

Le Floc'h, 1983, Ethnobotanique tunisienne, 45


Mauvaise herbe Les agriculteurs et les amoureux de leur jardin s’en plaignent car elle est très envahissante et difficile à arracher, fort heureusement elle est aussi utile.

Fourrage A l’état jeune les feuilles constituent un fourrage estimé et abondant puisque la plante investit d’elle-même les espaces déboisés.

Toiture A l’état adulte ces feuilles sont employées à la couverture des maisons. L’herbe à paillote est récoltée au début de la saison sèche lorsque l’on refait les toits. C’est la femme qui récolte la plante parfois assez loin de l’habitation familiale ; elle la fait sécher sur place pendant 5 jours puis la ramène. Elle confectionne ensuite des tuiles d’environ un mètre de long et un demi de large à raison d’une vingtaine de tuiles par jour ; il en faudra entre 300 et 400 pour couvrir une maison. La pose sur des supports en bambou est collective, elle se fait en général au mois de mars ou avril. Ce toit durera environ 3 ans.

Papier et textile L’herbe à paillote donne une bonne pâte à papier qui peut remplacer celle fournit par les mûriers en cas de besoin et cela d’autant mieux que les deux plantes occupent souvent les mêmes territoires. En outre les inflorescences sont parfois utilisées comme du coton.

Médecine traditionnelle L’herbe à paillote est surtout utilisée pour les maladies de peau ; les rhizomes sont couramment vendus sur les marchés pour faire des bains destinés aux enfants atteints de gale et de divers boutons ; les inflorescences auraient un pouvoir cicatrisant. Avec les rhizomes on fait également des décoctions qui seraient diurétiques et dépuratives, bonnes donc pour la peau mais aussi pour les maladies vénériennes.

Fonction symbolique Au Laos, dans la région de Vientiane nya kha sert à faire des barrières symboliques contre les mauvais esprits lors de certaines cérémonies. Dans les villages autour de Louang Prabang un brin de nya kha est fixé sur la porte de la maison pour en interdire l’accès aux phi (génies). Lors du nouvel an hmong, dans la région de Xiengkouang la fête s’organise autour d’une corde faite de nya kha sur laquelle sont enfilés des anneaux de la même herbe représentant chacun une famille du clan.

Paysage Ces soi-disant mauvaises herbes ont aussi un rôle à jouer dans la construction des paysages ou plus modestement de nos jardins. Ainsi les horticulteurs, portés par l’engouement des Occidentaux pour les Graminées, ont créé des cultivars très décoratifs comme Imperata cylindrica red baron qui apporte des notes rouge dans les plates-bandes.

Dans la péninsule indochinoise, l’herbe à paillotte est désormais un élément constitutif des savanes et, comme telle, elle apparaît dans les récits des populations qui y vivent.

Chez les Cau Maa, Jean Boulbet rapporte l’invocation rituelle adressée chaque année à la « déesse » du paddy qui parcourt les savanes à Imperata cylindrica : « Suis le colibri écarlate qui perche sur l’énorme liane Entada, Traverse les savanes aux hautes herbes dures…. »

Chez les Hmong, Jacques Lemoine traduit le discours très émouvant adressé au mort pour qu’il retrouve le chemin de ses ancêtres à travers les collines couvertes d’ « herbe à chevaux » :

"Telle est la voie tracée par les Ancêtres... Tu vas ton chemin. Les herbes à chevaux s'enchevêtrent devant toi. D'une main tu tiens ton épée, de l'autre ton arbalète. Avec ton épée tu les écartes de ce côté-ci, de ton arbalète tu les repousses par-là. Et tu t'enfonces tête baissée. C'est ainsi que tu pourras arriver jusqu'à tes Ancêtres".

Références

  • Boulbet, Jean, 1975. Paysans de la forêt. Paris, Ecole Française d’Extrême Orient.
  • Lemoine, Jacques, 1983. L’initiation du mort chez les Hmong. Bangkok, Pandora.

Liens