Idkhir (Ibn al-Baytar)

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Adrîs
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Adryoûn


29 Īdḫir - Idkhir, SCHOENANTHE, Σχοινος.

Nom accepté : [[]]

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ABOU HANIFA. Il a une tige souterraine et des rameaux grêles, d’une mauvaise odeur. C’est une espèce de jonc, comme le jonc dit coulân al-kūlān, sinon qu’il est plus large et a les nœuds plus petits. Il a un fruit qui ressemble au balai du roseau, sinon qu’il est plus petit et plus mince. On le pulvérise et on le fait entrer dans les parfums. Il est rare que cette plante croisse solitaire : dès qu’elle a paru une fois, d’autres se montrent, et souvent elle couvre tout le sol. Elle croît sur les rivages et les endroits déserts. Elle blanchit en séchant. — ISHAK IBN AMRAN. L’espèce qui croît dans le Hedjaz, et c’est la meilleure, est dite haramy al-ḥaramī. Vient ensuite celle d’Antioche. Quant à celle qui croît à Kafsa Qafṣa et sur les rivages de l’Ifrikiya, elle est d’une qualité inférieure. — DIOSCORIDES, I, 16. Il en est une espèce qui vient dans le pays appelé Libye (il faut lire Lībūī, au lieu de Līnūī). Une autre vient dans le pays appelé Nabathée (ici encore il faut restituer le texte et lire Nabāṭīat, au lieu Ānṭālīā), et c’est la meilleure. La seconde place appartient à l’espèce d’Arabie, que d’aucuns appellent de Babylone bāblī. Il en est qui l’appellent touchitis. Quant à l’espèce de Libye, elle est sans emploi. Il faut choisir celui qui est récent, chargé de fleurs, qui donne en se rompant une couleur rouge, d’une odeur pénétrante et rappelant celle de la rose. Écrasé dans la main, il pique légèrement la langue. Les parties employées sont les fleurs et le chaume de la souche. — GALIEN, livre VIII. La fleur de cette plante est légèrement échauffante et astringente. Elle, ne diffère pas beaucoup des substances subtilisantes ; aussi elle excite l’écoulement de l’urine et des menstrues, employée en fomentations, à l’intérieur, ou en cataplasmes. Elle est également employée contre les tumeurs du foie, de l’estomac et du cardia. La racine est plus astringente que la fleur, et la fleur est plus échauffante que la racine. Du reste l’astringence est accusée dans toutes les parties quand on les goûte, et elle est d’une intensité variable, tantôt plus, tantôt moins. C’est en raison de cette astringence qu’on l’associe aux médicaments administrés contre l’hémoptysie. — DIOSCORIDES. Il est astringent et légèrement échauffant; il est émollient et aide à la coction. Il rompt les calculs et dilate l’orifice des vaisseaux. Il provoque l’écoulement de l’urine et des règles. Il résout les flatuosités. Il rend un peu la tête lourde. La fleur est salutaire contre les crachements de sang, les douleurs de l’estomac, du poumon, du foie et des reins. On la fait entrer dans certains électuaires (Dioscorides dit : antidotes). La racine est plus astringente, c’est pourquoi on l’administre contre les nausées, l’hydropisie, la contusion des muscles, à la dose journalière d’un mithkal avec égale quantité de poivre. Sa décoction employée sous forme de bain de siège est avantageuse dans les inflammations de la matrice. — MASSIH DE DAMAS. Le schœnanthe est chaud et sec au second degré. — RAZES. On l’emploie avantageusement en cataplasme contre les tumeurs indurées du foie et de l’estomac. — AVICENNE. Il calme les douleurs internes et particulièrement celles de la matrice. Il fortifie les ulcères profonds et en dessèche les humidités. Sa fleur purifie la tête. - ANONYME. Flairé pendant longtemps, il alourdit la tête et endort. — Livre des Expériences. Sa décoction dans du vin, administrée à l’intérieur, est diurétique. Il réchauffe la vessie refroidie; employé de la même manière, il provoque les règles, et, pris à l’intérieur à haute dose, il les suspend. Il calme les douleurs qui surviennent à la vessie, résout les vents de tout le corps, employé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, et particulièrement les vents de l’estomac. Employé en poudre, il est plus actif qu’en décoction. La décoction de sa racine, prise pendant un certain temps, est salutaire contre les douleurs articulaires algides. On l’emploie aussi contre les fièvres de nature pituitaire avec du sirop d’oxymel, et il resserre en même temps qu’il excite l’écoulement des urines. — L’AUTEUR (IBN EL-BEITHAR). Sachez que Razès, dans son livre du Continent alḥāūī, dit qu’il est une espèce de schœnanthe appelée de marais āǧmīā, qu’il rapporte à l’illustre Galien, auquel il fait dire ce qu’il n’a pas dit. En cela, il a été suivi par la foule des médecins, comme le cheikh er-Raïs al-šīḫ al-ra’īs (Avicenne), l’auteur du Minhadj al-minhāǧ ṣāḥib (Ibn Djezla), l’auteur du livre dit El-lknaa’ al-īqnāc, et d’autres auteurs. Mais ils se sont trompés, et voici la cause qui a dû les induire en ces aberrations : l’illustre Galien parle du schœnanthe dans son huitième livre, et il lui donne en grec le nom de skhoûnous maritime sḫūnus al-baḥarī. Il en dit ce que nous avons rapporté précédemment en propres termes. A la fin de son discours il mentionne un autre médicament qu’il appelle skounoas des marais al-āǧāmī dont il y a plusieurs espèces, mais qui n’est pas le schœnanthe, ni même une de ses variétés. C’est une plante connue en arabe sous le nom d’acel āsal, et c’est ce qu’on appelle sommâr summār en Egypte et dans le Maghreb. Ce n’est autre chose que le dis al-dīs, dont on fait des nattes grossières. Il en est une espèce grêle, une qui donne des fruits, une autre qui n’en donne pas. C’est une plante connue, dont nous parlerons à cette même lettre alef, suivie d’un sîn, c’est là que vous la trouverez (1). Des gens irréfléchis, égarés par une similitude de noms, ont pensé que cette similitude entraînait nécessairement celle de propriétés et de formes; mais il en est autrement. J’ai du reste traité cette matière et signalé des erreurs pareilles relatives aux médicaments simples dans mon livre auquel j’ai donné le nom d’Exposition critique et signalement des erreurs et divagations contenues dans le livre dit El-Minhadj

(1) Voyez le jonc āsal au n° 65.